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Pourquoi lo-fi ? Par opposition radicale à ceux qui prétendent qu'il y aurait de la « bonne » et de la « mauvaise sociologie ». Lo-fi car on peut faire de la sociologie sans être mutilé, limité, aliéné par le style académique pompeux, réactionnaire, ultra-sérieux et politiquement correct qui colonise les revues académiques.
Conséquence, la sociologie lo-fi peut être mal écrite, traiter de sujets introuvables (ou pas), être non-marchande, anti-système, etc. Cette orientation « atypique » et le flou qui entoure la notion, font que certaines analyses sortent parfois du cadre du laboratoire.
 

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Quesaquo oune réseau ouvert ?

Auteurs : BenjaminGrassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2008
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 06 mai 2014 / Dernière modification de la page: 03 avril 2016 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



La structure fermée, c'est pas génial,...

Commençons par le commencement. Quand des personnes désirent réaliser une activité quelconque, mettre en place un projet lambda, faire un festival X ou Y, en général, ils décident, disons dans 97 % des cas, de le faire à l'intérieur d'une structure fermée : association, organisation, entreprise, fondation, club, secte, etc. Ca veut dire qu'ils vont décider de faire un truc organisé, hiérarchisé et fermé, où consommateurs et producteurs seront chacun de leur côté. En gros, une structure fermée.

Une structure fermée, ça répond à au moins un des deux critères suivants.

  • C'est hiérarchisé. Tout en haut, il y a le grand chef suprême, qui prend parfois l'allure d'un comité d'experts, d'une bande de joyeux lurons ou d'un petit groupe de dirigeants. Ce grand chef suprême (gloire à lui) donne des instructions à ses caporaux-chefs juste en dessous de lui, qui doivent les exécuter sans trop discuter (sinon qu'ils aillent voir ailleurs). Ou encore, autre cas, il sélectionne de manière impitoyable, les contributions que lui envoie les gentils bénévoles, afin de garder celles qui lui plaisent le plus - ca, c'est le cas du label, de la maison d'édition, de l'association informelle, etc. Les caporaux-chefs ont différents noms. On les appelle des modérateurs, des cadres, des administrateurs, des contre-maîtres, etc. Parfois, dans les associations très informelles comme les collectifs, ce sont juste les copains du leader. Ils sont en général supers fiers de leur statut, peut-être même d'avantage que le leader. Pour faire appliquer les ordres du grand chef suprême, les caporaux-chefs donnent des ordres aux petits pions qui sont bien obéissants et conciliants (sinon qu'ils aillent voir ailleurs). Parfois, on donne le droit à ces petits pions d'élire leur grand chef suprême, mais ça ne change pas grand chose à l'affaire. Ces petits pions dociles s'affairent alors à produire un truc, qui est consommé par des consommateurs passifs et obéissants (sinon qu'ils aillent voir ailleurs).
  • C'est fermé de partout. D'une manière ou d'une autre, pour rentrer dans la structure, c'est pas évident. Parfois, la fermeture est assez traître. C'est à dire que vous pouvez rentrer comme vous voulez dans l'association, mais il faut rester à sa place, commencer par un stade de petit pion, et ne pas trop l'ouvrir. En gros, la structure est ouverte pour les petits pions, tant qu'ils ne prennent pas de décisions. Car pour réaliser leur petite production tranquillement, la bande de joyeux lurons décide dans 99,99 % des cas, de fermer les portes de la structure aux estrangers (c'est à dire ceux qui ne font pas partie de leur structure), et bien souvent, de vendre une partie de leur production pour pouvoir continuer à pratiquer leur activité tranquillement. Souvent, ils le font car ils n'ont pas vraiment le choix. En effet, ça leur sert à s'acheter des trucs qu'ils ont pas le temps de produire eux-mêmes, à cause du temps qu'ils perdent à faire marcher leur structure fermée. En fait, si nos joyeux lurons laissaient les portes ouvertes, n'importe qui viendrait piocher dans leur caisse, ou prendre des décisions à leur place, ce qui les énerverait probablement.Généralement, comme ils mettent l'argent en commun au sein de la structure fermée - en fait, ce sont des communistes -, ça crée pas mal de problèmes de répartition. Le cas standard, c'est : le grand chef suprême a beaucoup d'argent, de gloire, de célébrité et une grosse voiture de fonction. Les petits pions ont beaucoup de motivation, de quoi se nourrir, se loger, se vêtir et donner du travail aux institutions qui les encadrent (police, médecine, école, etc.). Voilà, c'est pas plus compliqué que ça. Ah si, de temps en temps, pour permettre à tout le monde d'avoir du boulot, et pour éviter que tout le monde se marche sur les pieds, on crée des statuts bien différenciés au sein de la structure. Untel s'occupe de la programmation, l'autre du transport et un autre de la projection proprement-dite. Du coup, ça fait un truc un peu moins pyramidal, mais tout aussi rigide...

...le réseau ouvert, c'est vachement mieux...

Le cas standard, c'est la structure fermée. Mais ce petit groupe de gens sympas peut aussi décider - par exemple, après avoir lu ce texte - de s'organiser sur le principe d'un réseau ouvert. Le réseau ouvert, c'est l'inverse d'une structure fermée. C'est désordonné, peu organisé, horizontal et ouvert, et consommateurs et producteurs peuvent se mélanger dans un gros bric à brac.

En gros, un réseau ouvert répond aux principes suivants:

  • C'est un réseau. C'est le minimum ! Un réseau, ce sont des gens, des associations, des structures fermées (eh oui !), mais aussi des chèvres, des ânes et des oursins, qui sont reliés à un moment ou un autre par quelque chose qu'ils ont en commun. C'est à dire qu'à un moment ou un autre, ils s'échangent quelque chose : idées, projet, matériel, histoires drôles, histoires tristes, montres rolex, porsche, stylo bics, etc. Bien souvent, ce qu'ils ont en commun, c'est tout simplement de pratiquer la même activité en suivant une idée commune. Mais il y'a bien eu échange, car à un moment ou un autre, ils ont échangé l'idée. Admettons par exemple qu'ils pratiquent des projections ouvertes durant le Festival International du Film de La Rochelle - qui soit-dit en passant, est un très bon festival. Mais je prends cet exemple complètement au hasard.
  • C'est un réseau ouvert. On pourrait définir un réseau ouvert ainsi. Ce qu'un membre du réseau peut faire, n'importe qui peut le faire, et donc un autre membre du réseau peut le faire. Ou du moins, le réseau tend vers cet idéal. Par exemple, si il y a du matos pour faire des projections, on essaie de le faire circuler dans le réseau, et pas de le monopoliser. Autre exemple, si le projeteur peut assister gratos aux projections, tout le monde peut le faire. En gros, tout le monde est dans le même panier. La base, c'est l'horizontalité. Celui qui souhaite participer au réseau ouvert ne rencontre pas de barrières pour le faire, comme il en rencontrerait dans une structure fermée. Personne ne lui donne d'ordres, personne ne l'oblige à adhérer à quoi que ce soit, personne ne lui dit d'aller voir ailleurs. Mieux, il fait ce qu'il a envie, il contribue comme il le désire, il s'en va si il en a marre. C'est un peu l'auberge espagnole, chacun trouve dans le réseau ce qu'il y apporte et ce que les autres ont déjà apporté. Revers de la médaille, un membre du réseau doit se débrouiller tout seul pour apporter sa contribution et il n'est pas certain que sa contribution au réseau intéresse grand monde.

...parce qu'un réseau ouvert, ça se régule tout seul...

Tout cela est bien beau, mais comment ça se passe si un gugusse prétend appartenir au réseau alors - exemple particulièrement bien trouvé - qu'il veut transformer le réseau ouvert de projections, en un centre d'apprentissage du brossage de caniche, et que les projections ne font pas partie de ses préoccupations premières ? Eh bien, le principe, c'est qu'un réseau ouvert, comme chacun est libre de suivre qui il veut comme il veut, obéit à deux lois : 1. la loi de la contribution, 2. la loi des grands nombres.

  • La loi de la contribution. N'importe qui peut monter son projet, et avoir la chance de le voir prospérer si il arrive à convaincre un minimum de personnes qui vont le suivre et lui apporter ses contributions. Sinon, son projet tombe à l'eau et il reste tout seul avec sa brosse à caniches. Snif !
  • La loi des grands nombres. Comme la plupart des gens sont là pour des projections, il y a peu de chances que son projet de brossage de caniche les intéresse. Donc, quoiqu'il arrive, on ne s'écartera pas trop de la finalité première du réseau : faire des projections. Et donc, pas besoin d'exclure les déviants, ou de chercher à faire obéir les récalcitrants. Il n'empêche, notre pro-caniche isolé peut continuer à faire partie du réseau, tout en brossant son caniche. Qui sait, un jour peut-être fera-t-il école. Et on n'envisagera alors même plus d'assister à une projection sans brosser son caniche - ce qui risquerait de provoquer de graves problèmes à cause du boom démographique des caniches, mais bon, c'est un autre problème... Car à la différence d'une structure fermée, chacun est libre d'apporter sa contribution au réseau, comme il en a envie, même si celle-ci ne correspond pas à la vision du grand chef suprême (gloire à lui) ou aux caporaux-chefs - car de toute façon, il n'y a pas de grand chef suprême ou de caporal-chef - ou à celle de la masse des petits pions.

Ajoutons un autre moyen de régulation des réseaux ouverts. Admettons que ça marche pas fort entre deux partenaires d'un même projet, ou entre deux contributeurs qui sont en conflit. Eh bien, c'est pas compliqué, chacun dit bye-bye à l'autre, et monte son propre projet. Comme ça, plus personne ne se marche sur les pieds, et tout le monde est content.

...et puis ça a plein d'autres avantages.

Qu'est-ce qu'un réseau ouvert apporte de plus qu'une structure fermée ?

  1. Ca pose moins de problèmes légaux qu'une structure fermée. Car le réseau ouvert n'est pas une personne morale. Il n'a pas de responsabilité. Chacun est responsable individuellement de ce qu'il fait.
  2. Au moins, on peut faire ce qu'on a envie. Il n'y a pas de grand chef suprême, et surtout de caporaux-chefs, pour prendre la tête. Mieux, un réseau ouvert, c'est une collection de grands chefs suprêmes indépendants. Dans le cas de projections ouvertes, chacun peut donc répertorier les sites qui l'intéresse, faire sa petite cuisine, donner sa propre définition du réseau, et ça c'est quand même plus sympa.
  3. Ca permet de laisser émerger toute sorte d'idées. On peut laisser tout ça en bordel, c'est aussi bien. Le réseau part dans tous les sens, chacun fait n'importe quoi, personne ne comprend rien à rien, et c'est aussi bien comme ça.
  4. A chacun de voir.

Ben voilà.

Catégories: Libertés / Culture libre




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