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La caravane de la gratuité infiltrée à la foire bio de Couiza Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique) Création de la page: 14 septembre 2019 / Dernière modification de la page: 04 juillet 2021 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau
Résumé : Plus d'informations sur la page de la caravane de la gratuité.
Les foires bios sont devenues les nouvelles messes de la consommation responsable ! Une foule d'austères croyants s'y rassemble, soit pour distribuer leur produits saints sur lesquels le dieu AB, ou sa divinité concurrente Nature&Progrès, ont apposé leurs sceaux sacrés, soit pour se repaître de la semence sacrée de la nature. Et c'est ainsi que de grands prêtres-producteurs bio daignent, dans leur infinie mansuétude, distribuer à leurs ouailles, c'est à dire à leurs fidèles en manque d'achat, les augustes produits bio contre menue monnaie. Eh oui. Car sans votre porte-monnaie, si le monde était une immense foire bio, vous mourreriez rapidement de faim. Ou peut-être d'ennui... Car que peut-on faire d'autre qu'acheter, dans ces foires bios ? Pas grand chose... Tout est réduit, in fine, à un rapport marchand, qu'il soit direct ou indirect. Certes, on vous propose d'écouter quelques conférenciers vénérés comme des dieux (les clercs) au CV long comme le vent et qui brassent de l'air avec une élégance calculée face à une masse idolâtre. On vous propose également d'assister à des « ateliers », des « présentations », qui sont soit des séances d'expiation collective, soit des actions publicitaires destinées à promouvoir des technologies vertes high-tech , des formations à 120 € l'heure, des services verts, etc. Mais ne soyons pas dupes ! Non seulement ces foires bios sont d'un ennui consternant, mais de plus, elles consistent en une vaste opération publicitaire qui, derrière l'apparence trompeuse d'un rassemblement festif et écologique, génère un profit non-négligeable pour des commerçants vénaux ! Rien de bien non-marchand dans l'affaire, par conséquent. Il n'empêche, pratiquant le no-market washing, ces célébrations « offrent » quelques restes, quelques vieux bouts d'os à tous ces consommateurs béats - par définition, le commerçant a toujours un arrière-fond de mépris à l'égard de celui qui achète ses produits - tout en restant, bien sûr, dans le politiquement correct de la gratuité. J'entends par là que ce qui y est proposé gratuitement relève de ce qu'il est socialement convenu d'inclure dans la sphère de la gratuité : l'eau, les toilettes, les ateliers cirques, les tracts de GreenPeace, les « présentations » (ou plutôt les re-présentations) et, depuis peu, les espaces de gratuité. Eh oui ! Imaginez-vous un instant à Dubaï, baignant dans le capitalisme le plus dur, le plus destructeur, le plus « impitoyable », au coeur d'une nouvelle cité-dortoir labellisée « éco-quartier », quand soudain, entre deux néons aveuglants clignotant de leurs lumières aux couleurs chatoyantes, vous apercevez une modeste boîte à livres. Dans les tréfonds de votre conscience, vous ne manquerez certainement pas de vous indigner. « C'est une blague, vous direz-vous, ces urbanistes nous prennent pour des débiles profonds... ». Eh bien c'est un peu ce que l'on ressent dans ces foires bios. L'impression désagréable d'être pris pour un benêt ! Alors devons-nous abdiquer ? Nous contenter d'amuser la galerie avec nos espaces de gratuité « si ludiques et si sympathiques » ? Faudra-t-il se résigner à abandonner l'agriculture biologique aux marchands de soupe ? Sûrement pas ! Il faut au contraire s'infiltrer dans leur territoire pour ébranler leurs certitudes, faire vaciller leurs règles absurdes à ce point ancrées dans ces maudites habitudes qu'elles en sont devenues invisibles. C'est, à notre modeste échelle, ce que nous espérions faire en ce WE du 4 août. Sur invitation, nous avons posé la caravane de la gratuité dans la foire bio, avec l'accord de l'organisation (mais en cas de refus, nous aurions très bien pu nous mettre en marge de celle-ci) et nous avons affiché des banderoles résolument et ostensiblement hostiles à la marchandisation de l'agriculture biologique. Voici quelques slogans : Devenez abolitionniste alimentaire. La terre et Pour la gratuité totale et sans condition des ressources alimentaires. Et cetera. D'aucuns soutiendront que ça n'a pas de sens. Qu'il est absurde d'aller provoquer les personnes avec lesquels on est pas d'accord directement sur leur terrain. Je ne suis pas de cet avis. Car je ne crois pas qu'une foire soit, par définition, un espace dédié exclusivement aux échanges marchands. Pas plus, d'ailleurs, qu'un marché, si on le définit comme un « lieu géographique ou social de rencontre entre l'offre et la demande pour un bien ou un service » (WP) ne devrait être exclusivement accaparé par les échanges marchands. Quelles ont été les réactions ? Eh bien il n'y en pas eu ! Ou si peu. Deux personnes m'ont fait quelques remarques. Une jeune (la vingtaine) m'a demandé comment je pouvais prôner la gratuité de l'alimentation à notre époque. Elle trouvait cela absurde et indécent. Super ! Disons-le donc clairement, le monde du bio est bien devenu une église austère et sclérosée. De débats, il n'y en a plus, du moins pas sur le fond. Les combats, à la rigueur, se déroulent à la marge. A combien limitera-t-on le nombre de jours où un chevreau peut rester sous sa mère ? 7,8,9 ? Voilà l'essentiel de la réflexion. Actuellement, c'est 7 jours. Ce qui est, et je l'affirme en tant qu'ancien chevrier, un scandale, une abomination. Pensez-y la prochaine fois que vous achèterez votre fromage de chèvre bio ! Alors cette expérience sera-t-elle renouvelée ? Bien sûr. Il faut continuer à marteler le message. Et le format caravane de la gratuité a l'immense avantage de permettre des interventions en off, sans passer par la programmation officielle. La gratuité, ce n'est pas un concept sympathique qu'on utilise pour amuser la galerie et se donner bonne conscience, c'est le monde de demain. Demain, la nourriture sera gratuite et un jour, le déshonneur s'abattra sur tous ces vendeurs de soupe bio qui ont accaparé les terres pour nous affamer. Discours extrême ! Pas plus que celui du monde bio envers l'agriculture conventionnelle. A chacun sa religion. Amen. Catégories: Critique de l'économie marchande alternative
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