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La citation du mois

« Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus que vous, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. (...) Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le heurtiez, ni que vous l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse dont on dérobe la base, tomber de son propre poids et se briser. »

Étienne de La Boétie, Discours sur la servitude volontaire ou le contr'un (1549), Les classiques des sciences sociales, 2009, p.17-18.

Décembre 2023

« Pourquoi l'enseignement devrait-il éternellement se plier à des objectifs d'ordre économique et social tels qu'ils sont actuellement définis ? Remplacer la recherche du profit personnel par le sens des responsabilités collectives, cela vous paraît-il réellement impossible ?

En clair, croire à une école vraiment épanouissante, qui libère l'enfant, qui ouvre l'homme à l'univers, est-ce utopique ? (...)

Les Antiéducateurs »

Luc Bernard, Les écoles sauvages, Paris, Stock, 1976, p.107-108.

Novembre 2023

« Les dirigeants des grands groupes capitalistes comme ceux de l'appareil d'État s'efforcent avec persévérance de persuader l'opinion publique qu'il n'est pas de système plus économe des moyens de production et plus efficace que le leur. La réalité est assez différente. (...) la stérilisation des forces productives et le gâchis des ressources matérielles et humaines qui caractérisent le fonctionnement et conditionnent la survie du système capitaliste, ne peuvent être niés. (...) Périodiquement des milliers de tonnes de produits alimentaires sont jetés à la décharge publique ou longuement stockés pour être écoulés ensuite à des prix dérisoires grâce à des subventions publiques. Dans la plupart des branches d'activité, des mines et des usines ferment ou réduisent leur activité alors qu'elles ont été récemment modernisées. (...) le sous-emploi des capacités de production est permanent et la mise en place de l'automation fortement freinée. Parallèlement, la militarisation de l'économie s'affirme ; les activités parasitaires de toute nature et les faux frais de la production capitaliste se multiplient ; la spéculation monétaire et financière s'étale au grand jour. »

Claude Quin, « Ce que coûte le capitalisme à la société », Économie et politique, numéro hors série, Octobre 1972, p.5.

Octobre 2023

« Ne juge pas ton prochain tant que tu ne t’es pas trouvé à sa place »

Pirkei Avot 2:5

Septembre 2023

« Nous sommes habitués à une civilisation où les créations matérielles se multiplient et se diversifient sans fin, imposent leur présence toujours plus contraignantes et les formes les plus efficaces d'aliénation que l'homme ait jamais subies. Il ne paraît guère de journal qui ne nous rappelle l'esclavage où nous tiennent nos machines et les richesses que ces dernières fabriquent pour attiser nos convoitises. Nous annonçons une civilisation du travail, mais nous pressentons que nos servitudes se renforcent quand s'amplifie l'invasion de nos sociétés par les produits de ce travail. Nous avons, sans en prendre une claire conscience, un compte à régler avec les objets de l'industrie humaine, dans la mesure même où nous n'avons pas su aménager des rapports sociaux justement adaptés à leur irruption massive. »

Georges Balandier, Afrique ambiguë, Plon, 1957, p.133.

Août 2023

« Se libérer de la société d'abondance ne signifie pas retourner à une robuste, à une saine pauvreté, à la pureté morale, à la simplicité. Au contraire, si cessait le gaspillage qui est profitable à quelques-uns, la richesse sociale qui peut être distribuée augmenterait. Si la mobilisation permanente cessait, la société pourrait développer et satisfaire les besoins vraiment individuels. »

Herbert Marcuse, L'homme unidimensionnel. Essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée, Paris, Éditions de Minuit, 1968, p. 296.

Juillet 2023

« Nous désirons que la méthode qui succédera à la science moderne parte des aspirations des hommes et de l'utilisation intensive de l'imagination sociale et individuelle. Cela permettra de réaliser un projet plus social et de s'intégrer dans le monde sans provoquer nécessairement plus de problèmes qu'on n'en résout. Une telle perspective demanderait évidemment, à notre culture, un retournement total de point de vue. Cela signifierait en effet que, de tribu conquérante, nous nous transformions en une société où les valeurs seraient en communion avec les autres et l'intégration imaginative de notre environnement. Une telle transformation demanderait évidemment une mutation fondamentale de l'idéologie de la science et ne peut donc s'envisager hors de conflits politiques, économiques et sociaux. (...) Comment relier la pratique et l'éducation scientifique à une authentique libération des hommes ? (...) une réflexion profonde sur les sciences ne peut s'arrêter à celles-ci. Elle doit percevoir les intérêts sous-jacents et les conditions économico-sociales de leur production. Une "science critique" renvoie finalement à une analyse critique de la société toute entière. »

Gérard Fourez, La science partisane, Gembloux, Duculot, 1974, p. 159-161.

Juin 2023

« L'un des effets de la vie civilisée et en sécurité est une hypersensibilité qui fait apparaître toutes les émotions primaires quelque peu répugnantes. La générosité est aussi pénible que la méchanceté, la gratitude aussi détestable que l'ingratitude. »

Georges Orwell, Sur le nationalisme. Et autres textes, Paris, Payot et Rivages, 2021, p. 85.

Mai 2023

« Au lieu d'établir une communication, l'éducateur fait des "communiqués" et des dépôts que les élèves, simples figurants, reçoivent patiemment, mémorisent et répètent. C'est la conception "bancaire" de l'éducation, où la seule marge de manoeuvre qui s'offre aux élèves est celle de recevoir ces dépôts, de les conserver et de les archiver. (...)

Dans la vision "bancaire" de l'éducation, le savoir est un don de celles et ceux qui se jugent savants à celles et ceux qui se considèrent comme des ignorants. Un don fondé sur l'une des manifestations instrumentales de l'idéologie de l'oppression : l'absolutisation de l'ignorance, qui constitue ce que nous appelons la projection de l'ignorance, puisque c'est toujours l'autre qui est tenu pour ignorant. »

Paulo Freire, La pédagogie des opprimés, Marseille, Agone, 2022, p. 59.

Avril 2023

« Dans la mentalité de consommation comme dans l'idéologie du progrès, la nouveauté est bonne en soi, car elle constitue une nouvelle étape vers le mieux : la meilleure maîtrise, le meilleur plaisir. De fait, l'adhésion mentalitaire à la consommation suppose chez l'individu une constante activité de projection, c'est à dire l'insatisfaction de l'objet possédé et l'investissement du désir sur un nouvel objet. (...) Ce qui était hier perçu comme disruptif, nouveau, original, spectaculaire, une fois banalisé par le marché et diffusé par la consommation, est naturalisé dans l'esprit des consommateurs. Ainsi s'étend indéfiniment la perception des besoins. La tension du désir est constamment réinvestie dans de nouveaux objets : le sentiment d'insatisfaction, toujours ravivé, joue dans cette économie un rôle central. »

Anthony Galluzo, La fabrique du consommateur. Une histoire de la société marchande, Paris, La découverte, 2023, p. 120-121.

Mars 2023

« J'ai donc été accueilli par les consolations du lait humain. Mais ce n'était ni une mère ni mes nourrices qui en remplissaient leurs mamelles. C'était vous qui, par leur entremise, me donniez la nourriture de la première enfance, selon vos desseins qui distributent vos richesses jusque dans les profondeurs de la création. C'était vous qui me donniez, et qui inspiriez à celles qui me nourrissaient la volonté de me donner ce que vous leur donniez. Car une affection préordonnée les inclinait à me donner ce qu'elles recevaient abondamment de vous. C'était un bien pour elles, les bien que je recevais d'elles, et dont elles étaient l'instrument, sans en être la cause. »

Saint-Augustin, Les confessions, Paris, Flammarion, 1985, p. 19.

Février 2023

« Nous disons : "Aux écoles !", comme nos pères disaient "Aux armes !", écrit et s'écrie Jules Simon1. C'est qu'il s'agit en effet de la levée en masse des enfants. L'école n'est pas un mode de formation parmi d'autres, elle est conçue d'emblée comme le premier, et, finalement, comme le seul. Ses horaires occupent toute la journée des enfants, ses programmes avantagent la connaissance indirecte au détriment de l'expérience, y compris dans l'enseignement professionnel, sa discipline définit un savoir-être enfant fait de passivité, d'obéissance aveugle, dans une pédagogie de l'intimidation.

Que reste-t-il dès lors de la transmission directe des cultures, voire des cultures elles-mêmes ? De longues bribes persistantes, mais le plus souvent vécues honteusement2, et identifiées à la misère. »

Philippe Meyer, L'enfant et la raison d'État, Paris, Seuil, 1977, p. 22-23.

Janvier 2023

« Ne me libère pas je m'en charge »

Ascenseur. Bâtiment GH. Nanterre. Journal mural mai 68, Sorbonne, Odéon, Nanterre, etc... Citations recueillies par Julien Besançon, Tchou, 2007, p.46.

Décembre 2022

« C'est (...) sa science, son art, sa forme de culture, son idéal que l'on prétend imposer. (...) Comment ne pas chercher à contraindre les autres à ce qu'on croit être bien et plus encore à ce qu'on croit être le Bien. Et plus on aime les autres, plus il est naturel de désirer les amener à ce Bien, par n'importe quelle voie ! (...) En fait, cette forme d'amour n'est peut-être pas aussi pure qu'elle n'y paraît ; sous des dehors trompeurs, elle peut être essentiellement dominatrice. (...) Gagner quelqu'un à ce qu'on croit être "le Bien" comporte souvent un désir d'annexion qui n'a rien de désinteressé. »

André Berge, La liberté dans l'éducation, Éditions du scarabée, 1964, p.19-20.

Novembre 2022

« Un système devient problématique, et il ne suffit pas de le croire ou changé ou justifié avec des mots : c'est un système d'échanges quantitatifs entre objets créés par un savoir (une connaissance, finalement une production) ou possédés grâce à lui (un statut social, des biens, finalement une consommation). Il mue en rapport de pouvoir les relations humaines; en échanges d'objets, la réciprocité créatrice des sujets. »

Michel de Certeau, La prise de parole et autres écrits politiques, Seuil, 1994, p.86.

Octobre 2022

« Y'a des gens qui pensent que l'être humain il est mauvais
Qu'il est méchant, qu'il changera jamais parce qu'il est mauvais
Si les gens pensent ça, on va droit vers la guerre
Et si on va droit vers la guerre y'a plus qu'à faire ses prières »

Stupeflip, Understup, Stup Virus, 2017.

Septembre 2022

« Ai-je fait acte utile à la communauté ? Je me suis donc rendu service. »

Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, Flammarion, 1992, p. 156.

Août 2022

« L'ordre, l'activité, l'unité, l'existence de l'Etat apparaissent comme purement conventionnels, c'est à dire résultant de conventions passées on ne sait où ni on ne sait comment par une poignée d'hommes qui se seraient trouvés là comme des pierres éboulées au pied d'une montagne. Une mafia parmi d'autres qui a pris le pouvoir, en imposant ses règles et sa domination. Cet ordre, cette activité, cette unité, cette existence sont arbitraires. L'Etat est l'ordre de quelques-uns tournés contre tous. L'Etat est l'institution de l'injustice, l'Etat naturalise l'existence de l'injustice. L'Etat fonde l'injustice comme abstraction commune. Cette abstraction commune est cette communauté abstraite, l'incarnation factice de la communauté de tous, cet absolu qui s'appelle l'Etat. Par ce processus d'abstraction et d'absolutisation, l'Etat se place hors de toute critique et occulte la base injustifiable de son existence. Comme Hegel l'a montré habilement et à mots couverts dans sa critique du droit, l'Etat n'a aucun fondement : il n'est qu'une convention - un "fantôme matérialisé", une "excroissance parasitaire" - qui parle et agit au nom de tous pour le compte de quelques-uns. »

Ariel Fatiman, Détruire l'Etat, infokiosques.net, 2015, p. 4-5.

Juillet 2022

« Sous Staline et Hitler, et même chez Franco à la belle époque les Universités offrent un spectacle idyllique. Une belle jeunesse travailleuse et sportive s'avance au pas vers des lendemains qui chantent. (...) Gavée de saines vérités, de travail et de loisirs éducatifs, la jeunesse est comblée par un régime qui lui offre un idéal en même temps qu'un uniforme autrement beau que celui des "hippies". Elle est heureuse, car elle peut fixer tous ses maux sur le juif ou le bourgeois abhoré ; elle peut objectiver son mal dans un Ennemi, qui est celui de l'État. (...)

La société honore aujourd'hui la jeunesse pour la même raison qu'elle honorait les vieux : pour durer. Qu'importe que celle-ci crie contre la société de consommation pourvu qu'elle consomme ! Quand bébé aura bien crié, il s'endormira détendu ; ses cris ne sont pas vains, ils informent maman sur l'état de son ventrou. Et bientôt elle voit se dessiner sur les traits poupins de la larve rose ceux de l'insecte parfait : le futur cadre, moyen ou supérieur, que la couveuse universitaire a pour fonction de fabriquer. (...)

L'étudiant passe, il peut se révolter contre la société, il est sa future bourgeoisie : graine de prof ou de ministre. Sa révolte est en partie due au retard qu'on lui impose dans l'exercice de ses fonctions de direction, et à l'incertitude où il est d'y accéder. Tôt ou tard, s'il n'est pas détruit par la drogue, l'ex hippy bien rasé et parfumé à l'after shave, fera un manager très présentable. Jeune, il refusait totalement la réalité, c'est a dire la société. S'il n'en meurt pas, comme il faut bien vivre, on peut être sûr que cet idéaliste repenti l'acceptera totalement. »

Bernard Charbonneau, « L'émeute et le plan », in La table ronde, n°251-253, déc.-jan. 1968-69, p.38-40.

Juin 2022

« La perte totale de toutes mes possessions matérielles a été le premier tremplin de ma libération. »

Marie Cardinal, La clé sur la porte, Librairie Général Française, 1985, p. 89.

Mai 2022

Mandrill Johnson, Gad, Bathroom Quest, Glory Owl, T01, Même pas mal, 2014.

Avril 2022

« Le miracle qui permet à notre civilisation de survivre, c'est que l'instinct humain de coopération se réaffirme si fortement et de façon répétée. Malgré tout ce qu'on met en oeuvre pour l'étouffer, il ne cesse de réapparaître. »

Desmond Morris, Le zoo humain, Grasset, 1970, p.28.

Mars 2022

« Qui rend un service a par la suite plus d'obligation que celui qui le reçoit. »

Alberto Breccia et Héctor OEsterheld, Mort Cinder. Tome I. Les yeux de plomb, Vertige Graphic, 1999.

Février 2022

« Une économie au delà du travail emploi, de l'argent et de la marchandise, fondée sur la mise en commun des résultats d'une activité comprise d'emblée comme commune, s'annonce possible : une économie de la gratuité. C'est la fin du travail ?

Au contraire : c'est la fin de la tyrannie qu'exercent les rapports de marchandise sur le travail au sens anthropologique. Celui-ci peut s'affranchir des « nécessités extérieures » (Marx) ; recouvrer son autonomie ; se tourner vers la réalisation de tout ce qui n'a pas de prix, ne peut être ni acheté ni vendu ; devenir ce que nous faisons parce que réellement nous désirons le faire et trouvons notre accomplissement dans l'activité elle-même autant que dans son résultat. La grande question est : que désirons-nous faire dans et de notre vie ? (...)

Il s'agit là d'une utopie (...) concrète. Elle se situe dans le prolongement du mouvement des logiciels libres qui se comprend comme une forme germinale d'économie de la gratuité et de la mise en commun, c'est à dire d'un communisme. »

André Gorz, « Crise mondiale, décroissance et sortie du capitalisme », Entropia, Revue d'étude théorique et politique de la décroissance, N°2, printemps 2007, p.57-58.

Janvier 2022

« L'abondance précède l'essence ! »

Slogan affiché dans la gratuiterie de Limoux, décembre 2021.

Décembre 2021

« La nouvelle bienfaisance fait passer une ligne à l'intérieur de la vie familiale (...) distinguant entre la possibilité de l'autonomie par l'épargne et celle d'une assistance associée à une tutelle sourcilleuse. L'autonomisation de la famille par rapport aux anciennes allégeances et aux réseaux de solidarité s'accompagne d'un déplacement de la moralité du niveau des relations publiques vers le rapport privé à l'économique. Soit la mise en place d'une technologie du besoin qui fait du besoin la pierre angulaire de l'autonomie à partir de l'alternative suivante : contrôler ses besoins ou être contrôlés par eux. (...)

Mais par quel moyen va-t-on diffuser cette norme dans le corps social ? (...) Ce moyen, c'est l'école. (...) Mais, si l'école est la solution à cette somme de problèmes qui menacent l'ordre politique, par quels moyens va-t-on l'imposer ? Décréter l'école publique pour tout le monde ? Ce n'est pas suffisant. (...) Décréter l'école obligatoire et unique ? Mais ce serait contrarier gravement la logique libérale. Pourquoi ne pas alors inverser les tactiques ? Faire jouer la gratuité pour attirer les familles imbriquées dans des blocs de dépendance et l'obligation contre ceux qui vivent en marge dans les lambeaux suspects de vieux réseaux de solidarité. »

Jacques Donzelot, La police des famille, Paris, Les éditions de minuit, 2005, pp.68-75; .

Novembre 2021

« Il n'y a guère de différence entre l'imaginaire religieux des sociétés sacro-magiques et l'imaginaire techniciste de la société moderne. »

Daniel Cérézuelle, « La technique et le "rez-de-chaussée de la civilisation", Entropia, Revue d'étude théorique et politique de la décroissance, N°2, printemps 2007, p.180.

Octobre 2021

« La liberté, c'est quand on est libre. »

Luz, École publique élémentaire Télégraphe, 2021.

Septembre 2021

« Ce n'est pas la médiocrité des ressources, c'est la surenchère des désirs qui fait que l'on est pauvre. Qu'importe ce que tel homme compte d'or dans son coffre (...), s'il convoite le bien d'autrui, s'il suppute non ce qu'il a acquis, mais ce qu'il pourrait acquérir ? Quelles sont donc, me diras-tu, les justes bornes de la richesse ? Le nécessaire d'abord ; ensuite ce qui suffit. »

Sénèque, Lettres à Lucilius, Tome I (Livres I-IV), Paris, Les belles lettres, 1964, p. 7.

Août 2021

« Partout où est apparue une activation des petits groupes de base, on a vu un changement irréversible apparaître, non comme un moteur abstrait valable pour tout un continent et imposé abstraitement, c'est à dire par la coercition, la terreur ou la bureaucratie, mais comme une libre pratique des aspects divers et multiples de la collectivité elle-même. Il s'agit sans doute d'une option, puisque la sociologie ou l'anthropologie sont inséparables de l'idée latente et impensée que les hommes se font de leur intervention dans la trame de la vie collective et que les techniques globales sont partout en train d'échouer ou de se heurter à d'insurmontables obstacles, que ne résolvent ni la technocratie appuyée sur l'information moderne ni la société de consommation, ni la planification astraite, ni la terreur. Une seule méthode ouvre une possibilité sans doute jusque-là inconnue et constitue peut-être la dernière chance de la sociologie et de l'anthropologie.

La microsociologie n'est pas seulement une question d'échelle et il ne suffit pas d'opter pour un "petit milieu" plutôt que pour la réglementation des grands ensembles ; il faut en outre admettre que des groupements réels, les communautés organiques possèdent leur autonomie, leur histoire, leur dynamisme, leur invention propre. »

Jean Duvignaud, Le langage perdu, Paris, PUF, 1973, p. 34.

Juillet 2021

« La soi-disant révolution dans l’industrie du disque des années 50 aux années 60 fut précisément la victoire de cette industrie sur une partie insatisfaite de la population par le biais de célébrités et de symboles autochtones, une sorte de "libération nationale" de la jeunesse qui avait laissé de côté les maîtres indigènes et les illusions de liberté. Les festivals de rock n’étaient rien d’autre que la célébration du triomphe d’un assaut néo-impérialiste sur la consommation culturelle de la jeunesse essayant désespérément d’apparaître comme le succès de la "révolte de la jeunesse". La musique rock - ce point central de la "nation" jeune - exprime dans ses paroles l’idéologie de la révolte de la jeunesse. Transcendant les frontières de classe, de nation, le rock unit une brigade globale de jeunes consommateurs militants en un service fervent pour leurs marchandises star. Durant les festivals de rock la passion sexuelle est transformée en extase contemplative ; les enfants du spectacle pur ondulent en un désir orgiaque devant la présence totalitaire des célébrités du rock. C’est le magnétisme des marchandises qui assure fondamentalement la cohésion de cette communauté réifiée. (...)

Le projet initié par les Diggers dans le quartier du Haight-Ashbury - à savoir la construction d’une "ville libre" dans la ville de San Francisco qui se nourrirait des déchets de son hôte et distribuerait librement les moyens de sa survie - a exposé le fait de l’abondance matérielle et la possibilité d’un nouveau monde fondé sur le principe du don. Mais comme le projet n’a pas mis directement en cause la pratique sociale du capitalisme, c’est resté un simple geste, un programme militant d’assistance sociale d’avant-garde. Malgré les espoirs des Diggers, cette autogestion des déchets fut loin de faire tomber l’État.

Au début, la pratique des Diggers était une réponse opportune aux besoins du moment dans le contexte d’une activité insurrectionnelle : ils furent les premiers à organiser la distribution de nourriture après l’émeute des Noirs de San Francisco (1966) et que le couvre-feu qui s’est ensuivi avait rendue difficile à obtenir. Mais en continuant ce projet dans un contexte non-révolutionnaire, en l’étayant avec une idéologie de communisme primitif, ils ont fétichisé l’idée de la distribution gratuite et ils sont devenus en quelque sorte une institution anti-bureaucratique. Ils ont fini par faire le boulot des travailleurs sociaux mieux que ceux-ci n’en étaient capables, désamorçant la critique radicale de la famille qui était vécue par les fugueurs en leur conseillant, dans le "langage de la rue", de rentrer chez leurs parents. »

groupe Contradiction, De la misère en milieu hippie suivi d’un extrait de « Confession d’un ennemi débonnaire de l’État », infokiosques.net, juin 2005 (première parution: 1972).

Juin 2021

« Nous appelons tous les chercheurs en sciences sociales, sciences dures et sciences humaines (...) à combattre les comités « sauvons la recherche » et unir leurs forces dans un comité de promotion du sabotage et de répression du scientisme ayant pour charge de :

- dénoncer la responsabilité de la recherche scientifique dans la dévastation du monde
- dénoncer les sciences sociales, productrices d’idéologie (économie), et de contrôle social (sociologie)
- combattre le scientisme, le progressisme et l’étatisme jusqu’à leur discrédit total dans l’espoir de fonder une connaissance libre et émancipatrice, totalement impossible à l’intérieur d’une organisation sociale sans autre fin que la surenchère technologique. »

Comité de libération des intellectuels non gouvernementaux, « Des crédits, pour quoi faire ? », Objecteurs de conScience face aux Etats Généraux de la Recherche (Grenoble - Alpexpo - Octobre 2004), infokiosques.net, décembre 2004 (première parution: octobre 2004).

Mai 2021

« Je veux pouvoir autogérer ma vie, comme je veux pouvoir comprendre, modifier et créer mes outils. »

darkveggy, Manifeste d’un anargeek v1.0a, anargeek.net, décembre 2002.

Avril 2021

« Il y a des droits, comme, par exemple, (...) l’inviolabilité corporelle de l’homme, (...), qui ont été pris de haute lutte, et qui sont assez chers au peuple pour qu’il s’insurge si on venait à les violer. »

Pierre Kropotkine, Les droits politiques, infokiosques.net, 2016 (première parution: février 1882).

Mars 2021

« L’anarchiste a pour ennemi l’Etat et toutes ses institutions qui tendent à maintenir ou à perpétuer sa mainmise sur l’être individuel. Point de possibilité de conciliation entre l’anarchiste et une forme quelconque de société reposant sur l’autorité, qu’elle émane d’un autocrate, d’une aristocratie ou d’une démocratie. Point de terrain d’entente entre l’anarchiste et tout milieu réglementé par les décisions d’une majorité ou les vœux d’une élite. L’anarchiste combat au même titre et l’enseignement fourni par l’Etat et celui dispensé par l’Eglise. Il est l’adversaire des Monopoles et des privilèges, qu’ils soient d’ordre intellectuel, moral ou économique. En un mot, il est l’antagoniste irréconciliable de tout régime, de tout système de vie sociale, de tout état de chose impliquant domination de l’homme ou du milieu sur l’individu, et exploitation de l’individu par l’homme ou le milieu. »

E. Armand, Petit manuel anarchiste individualiste, infokiosques.net, 2012 (première parution: juillet 1911).

Février 2021

« Notre système éducatif public est fossilisé et ne réussit pas à répondre aux besoins de la société. Dans un monde en mutation rapide, les membres du corps enseignant et leurs conseils d'administration - qu'il s'agisse de conseils d'écoles au niveau local ou d'administrateurs d'universités - se cramponnent obstinément au passé, en ne procédant qu'à d'infimes changements. Nos écoles nuisent plus qu'elles ne contribuent au développement de la personnalité et exercent une influence négative sur la pensée créatrice. Ce sont avant tout des institutions destinées à emprisonner les jeunes ou à veiller sur eux, pour les tenir à l'écart du monde adulte. »

Carl Rogers, Un manifeste personnaliste. Fondements d'une politique de la personne, Dunod, 1979, p. 206.

Janvier 2021

« Rejette l'industrie et son profit,
Les voleurs et les bandits disparaîtront. ».

Lao-tseu, Tao-tö king, Gallimard, 1967, p. 33.

Décembre 2020

« Dans la vie, il suffit de dire qu'une chose est impossible pour qu'elle le devienne. »

André Brahic, De feu et de glace : planètes ardentes, Odile Jacob, 2010, p. 39.

Novembre 2020

« J'aime la pauvreté (...). Elle est un cadeau que Dieu fit à l'homme. Un vrai trésor. Et qui ne coûte pas cher. (...) Pour moi, la pauvreté est un besoin. »

Rabbi Mikhal de Zlotchev, cité dans Elie Wiesel, « Célébration hassidique. Portraits et légendes », Seuil, 1972, p. 59.

Octobre 2020

« L'argent libère de la faim, à condition d'en avoir. »

G. Deleuze, « Instincts et institutions », Hachette, 1953, p. VIII.

Septembre 2020

« The creation of power is slow-wasted. »

Jim Morrison, « La nuit américaine », Éditions 10/18, 1994, p.160.

Août 2020

« Depuis sa mutation dans les pays anglophones, l'écologie ne reflète plus les conceptions des peuples premiers, des partisans de la théologie naturelle, des poètes romantiques, des pionniers de l'écologie ni celle des militants écologistes d'aujourd'hui. Ceux-ci continuent à croire à tort que l'écologie, en tant que science enseignée dans l'université anglo-saxonne, fournit des arguments à la protection de la planète. C'est la dévastation par les grandes entreprises irresponsables que cette écologie prétendument scientifique sert à justifier. »

Teddy Goldsmith, « Qu'est-il advenu de l'écologie », L'Écologiste, Vol. 5 N°1, avril-mai-juin 2004.

Juillet 2020

« Qu'est-ce qu'un esclave si ce n'est celui dont l'espace et le droit sont violés (...) ? L'esclave est celui (...) dont les frontières sont transgressées, parce qu'il n'en possède pas en propre : il se trouve dans la dépendance d'un tiers, privé de sa liberté et d'autonomie. »

Delphine Horvilleur, En tenue d'Ève. Féminin, pudeur et judaïsme, Grasset & Fasquelle, 2018, p. 79.

Juin 2020

« Ton trousseau de clés symbolise tes possessions. Tu le crois et tu te trompes. La clé est faite pour fermer, et seulement à l'occasion, pour ouvrir. Elle témoigne d'un mur plus que d'une porte. Elle est un accessoire de tes chaînes. Tu n'as jamais la clé qui coupe tes menottes et libère tes chevilles de leurs boulets.

Enfin, une prison que l'on peut mettre dans sa poche est sans doute supportable ! Continuons à miniaturiser nos servitudes. »

Gabriel Delaunay, Le piéton des nuages, Albin Michel, 1973, p.138.

Mai 2020

« La free party produit un réseau de symboles qui malmènent le sens initial des signes de la société globale. Les questions du don, de la précarité volontaire, de la transe, de la consommation de stupéfiants, de la non-professionnalisation, sont angoissantes pour ceux qui sont censés perpétuer l'ordre normatif. Cette population a beau savoir par expérience que les déviances juvéniles finissent par se résorber, le doute d'une non-conservation perdure. C'est le topos de « cette jeunesse qui n'est plus ce qu'elle était ». La nouvelle donne symbolique ébranle l'ancienne. »

Lionel Pourteau, Techno 2 : Une subculture en marge, CNRS Editions, 2012.

Avril 2020

« Comment ne pas se sentir coupable de trouver plus de joie à cultiver les roses de son jardin qu'à s'ennuyer à son établi ou à son bureau quand la presque unanimité des moyens d'information ne cesse d'insister sur les mérites de la conscience professionnelle ou sur l'orgueil qui ne manque jamais de faire naître l'accomplissement de son labeur ? Quand la plupart des images de bonheur, d'équilibre et de créativité données en exemple dans les discours et sur les écrans, sont celles de réussites professionnelles, il est bien difficile de ne pas se sentir différent, et donc anormal, en prétendant à d'autres satisfactions. (...) Qu'il le veuille ou non, et qu'il en soit conscient ou non, chacun est soumis aux pressions de l'opinion publique telle qu'elle est définie ou présentée par les mass media. Est-il exagéré de prétendre que tant que les modèles sociaux et moraux qu'elle offrira s'inspireront en matière de travail des valeurs les plus traditionnelles et les plus rigoristes, ce sera se condamner à l'insécurité au plan matériel comme au plan psychologique, qu'oser affirmer et prouver dans l'action son dédain de tels principes ? »

Jean Rousselet, L'allergie au travail, Seuil, 1974, p. 241-242.

Mars 2020

« La charge assumée aujourd'hui par les savants et par tous ceux qui écrivent autour de la science est d'un poids tel qu'eux aussi, comme les historiens et même davantage, sont peut-être plus coupables des crimes d'Hitler qu'Hitler lui-même. »

Simone Weil, L'enracinement, Gallimard, 1949, p. 204.

Février 2020

« Les ONG profitent constamment du fait que l'État a besoin de récupérer la rage populaire. De riches donateurs et de nombreux organismes publics investissent d'énormes sommes d'argent afin que des dissidents aient l'impression de participer à un réel changement dans le monde. Ils fournissent des services qui, de toute évidence, ne sont qu'un pansement dérisoire sur les blessures béantes de la pauvreté et de la violence structurelle, tout en conditionnant les plus nécessiteux à accepter passivement l'aide qui leur est accordée au lieu de lutter pour prendre leur vie en main. Les organismes caritatifs permettent au puissants de distribuer quelques miettes aux plus obéissants, et donc d'écraser plus efficacement ceux qui se soulèvent pour créer directement le changement social. »

Peter Gelderloos, L'échec de la non-violence. Du printemps arabe à Occupy, Éditions LIBRE, 2019, p. 52.

Janvier 2020

« Partager c'est multiplier. (...) DONNER C'EST RECEVOIR. Partager, donner, c'est créer avec l'autre, pour l'autre, par l'autre qui doit créer par vous, pour vous. »

Martin Gray, Les forces de la vie, découvrir et guider notre énergie psychique, J'ai Lu, 1975, p. 200.

1 L'ouvrier de huit ans, Librairie internationale, Paris, 1867.

2 Cf. Pierre Jakez Hélias, Le Cheval d'orgueil, Plon, 1975 ; et la littérature mémoriale de plus en plus nombreuse, dont il faut souligner qu'elle parle de culture dans des termes qui auraient été tournés en dérision il y a seulement quinze ans.

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