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Citations après 2020 >>

Décembre 2019

« Des hommes de gauche glissent vers le fascisme non pas parce qu'ils veulent revenir à un âge d'or disparu, mais au contraire parce qu'ils veulent aller de l'avant, parce qu'ils en viennent à concevoir la société comme un atelier qu'il faut organiser, rationaliser, diriger. Très vite, ils parviennent à la conclusion que le pouvoir politique constitue le seul véritable instrument de changement de la société, très vite ils commencent à penser que pour réussir il ne faut surtout pas s'embarrasser des vaines procédures en vigueur en démocratie. Un pouvoir fort est indispensable pour sauver le monde du désastre qui guette la société dans son ensemble. La crise mondale nourrit cette nouvelle perception des choses et elle est toujours présente pour rappeler qu'il faut faire vite. »

Zeev Sternhell, Ni droite, ni gauche. L'idéologie fasciste en France, Editions Complexe, 1987, p. 192.

Novembre 2019

« Le premier but, et le plus urgent, de la nouvelle science sera de nous permettre d'assumer nos besoins matériels essentiels (nourriture, vêtements, logis), sans en être les esclaves par un travail épuisant et sans attrait. Elle n'y parviendra que dans la mesure où une large partie de la population s'associera créativement à son développement, en devenant chercheur, dans sa pratique quotidienne. C'est ainsi que notre travail, rendu à sa fonction première de moyen pour la satisfaction de nos besoins matériels, pourra en même temps se transformer en une "praxis", une activité créatrice complète, se rapprochant de plus plus du jeu, qui est à lui-même sa propre fin. »

Alexandre Grothendieck et Denis Guedj, « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? », Survivre... et Vivre, n°10, octobre-décembre 1971, p.19.

Octobre 2019

« Il n'est pas question de réclamer, ou d'admettre, que l'Etat octroie ou ordonne la mort de quiconque. Seule la mort de l'Etat comblera nos voeux. »

Claude Guillon et Yves Le Bonniec, Suicide mode d'emploi - histoire, technique, actualité, Alain Moreau, 1982, p.206-207.

Septembre 2019

« Aimez la liberté, n'appartenez à rien. »

Germain Nouveau, La Doctrine de l'Amour, in Lautréamont, Germain Nouveau, Oeuvres Complètes, Gallimard, 1970, p.520.

Août 2019

« Pour la liberté, il est salutaire que les peuples, comme les individus, conservent et développent leur autonomie... Renoncer à sa manière de vivre, à ses goûts particuliers pour se plier à la règle commune, c'est pour les peuples comme pour les individus aller à l'encontre du développement de l'humanité. »

Hendi Dhorr, « Le droit d'être juif », Le Libertaire, 24 septembre 1899.

Juillet 2019

« C'est un crime d'égarer l'opinion, d'utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu'on a pervertie jusqu'à la faire délirer. »

« Exploiter les révoltes populaires en les mettant au service d'une passion religieuse, jeter surtout le juif en pâture aux revendications des déshérités, sous le prétexte d'y jeter l'homme d'argent, il y a là un socialisme hypocrite et menteur, qu'il faut dénoncer, qu'il faut flétrir. »

Emile Zola, J'accuse, Mille et une nuits, 1994, p.24 et Pour les juifs, Le Figaro, 16 mai 1896.

Juin 2019

« - Tu as entendu parler de la révolution sociale ? Quelquefois, mon père parle de la révolution sociale.
- Qu'est-ce qu'il dit ?
- Il dit que la masse laborieuse est en marche et que le prolétariat fera la révolution sociale.
- Quand ça ?
- Quand ça ? ... Il le dit des fois, quand il est assis dans le salon. »

Quino, Mafalda et ses amis. Tome 8, 1984, p. 28.

Mai 2019

« A trois mètres au-dessus de la ligne de flottaison, on lisait : LE BATEAU LIBRE.
- Qu'est-ce que ça signifie ? demandait-on souvent à Sam.
- Exactement ce que les mots veulent dire, contrairement à la plupart des choses qu'on peut entendre ou lire en général. Ca signifie qu'il n'appartient à personne. Il n'est ni à vendre ni à louer. C'est un bateau libre et son équipage est libre comme lui. Il n'est l'esclave d'aucun homme. »

Philp Jose Farmer, Le bateau Fabuleux, J'ai Lu, 1984, p.294.

Avril 2019

« Signal est gratuit. Vraiment gratuit. Cela signifie tout simplement que vous — vos données — n’êtes pas transformés en une source de revenus publicitaires comme le font Facebook ou Google. »

Romain Aubert, Pourquoi j’ai conseillé à mes amis de supprimer WhatsApp et Telegram, 20 février 2017.

Mars 2019

« La pauvreté n'est pas la misère. S'il est souhaitable de consommer moins de biens marchands, c'est dans l'espoir de vivre mieux. »

Les enfants d'Aquarius, Manuel de la vie pauvre, Stock, 1974, p. 10.

Février 2019

« Chaque communauté créerait sa propre bricothèque et son marché gratuit où les surplus de légumes, de livres et de vêtements seraient partagés. On contribuerait à la cueillette urbaine en permettant aux autres de profiter de nos arbres fruitiers. (...) On aurait pas non plus besoin de posséder de vélos : ils seraient disponibles en libre-service dans des endroits stratégiques. Chaque ville ramasserait les matières organiques pour les composter (...), les objets inutilisables pour les recycler (...) et les objets utilisables pour les redistribuer. »

Béa Johnson, "Zéro Déchet", Les Arènes, 2013, p. 371-372.

Janvier 2019

« L’obligation vaccinale étendue contribuera probablement dans un premier temps à épargner quelques vies. Mais à terme, je suis certain qu’elle ruinera la confiance des français dans leurs autorités sanitaires. Les conséquences de cette perte de confiance seront lourdes et durables. Cette obligation va contre le sens de l’histoire, contre l’intelligence collective et la démocratie sanitaire. »

Dominique Dupagne, "L’obligation vaccinale est une fausse bonne idée", Atoute.org , 21 juin 2017

Décembre 2018

« Nous ne devons pas trouver et accorder à l'argent et aux deniers plus d'utilité qu'aux cailloux. »

Collectif, "Règles des moines", Seuil, 1982, p.151.

Novembre 2018

« Il n'y a aucune raison de croire que les petits groupes tendent particulièrement à être égalitaires tandis que les grands devraient nécessairement subir des rois, des présidents ou des bureaucrates. »

David Graeber et David Wengrow, "Comment changer le cours de l'histoire (ou au moins du passé)", in Le crieur, n°11, octobre 2018, p.12-13.

Octobre 2018

« Comment tu veux ton café ? lui demanda-t-il.
- Gratuit.
- Hein ?
- Je me fous de savoir comment est le café, du moment que je n'ai pas à payer. »

Anonyme, Le livre sans nom, Sonatine Éditions, 2010, p. 120.

Septembre 2018

« Toute la politique de Nicolas Sarkozy s'est fondée sur la confusion entre le droit à la sûreté, proclamé par l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789, et le droit à la sécurité, qui est une invention du populisme pénal actuel. Le droit à la sûreté est un droit des citoyens face au pouvoir des gouvernements de poursuivre, d'accuser, d'emprisonner. C'est le droit à la présomption d'innocence, à la défense par un avocat, à la garantie judiciaire du respect des libertés individuelles face à l'absolutisme, à l'État policier. Mais le Parti socialiste semble l'avoir oublié et tout son programme est innervé, envahi par le "droit à la sécurité", qui est celui de voir la police, le sécuritaire investir tous les champs de la société. »

Évelyne Sire-Martin, "la société du soupçon. Pucés, filmés, fichés, quelles alternatives ?", in Collectif, Contre l'abitraire du pouvoir, La fabrique, 2012, p. 112.

Août 2018

« Les hommes privés de liberté en viennent toujours à haïr quelqu'un. »

Haruki Murakami, l'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Belfond, 2014, p. 73.

Juillet 2018

« Le saint se garde d'amasser ; en se dévouant à autrui, il s'enrichit, après avoir tout donné, il possède encore davantage. »

Lao tseu, Tao tö king, Gallimard, 1969, p. 188.

Juin 2018

« Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. »

André Gide, Journal, in C. Lavigne, Le petit Retz des citations modernes, 1986, p. 108.

Mai 2018

« Tu crains quoi ? La milice ? Ta milice c'est toi. »

H-Tône, Bousille-le, Youtube, 25 mai 2016.

Avril 2018

« Ce que Macron, Hulot et Collomb cherchent à annihiler sous les bulldozers, c’est l’idée même qu’il puisse être possible d’habiter quelque part en France et de travailler la terre en dehors des cadres et des normes de l’agriculture productiviste, de l’endettement au Crédit agricole et de la propriété privée.

Ce que ce gouvernement veut faire disparaître dans le fracas des grenades, ce sont les traces d’une victoire porteuse d’espoir. C’est l’écologie d’un laboratoire des nouveaux mondes. C’est la possibilité d’une brèche. »

Collectif Barricades de mots, Ce que vous ne pourrez pas détruire, Reporterre, 12 avril 2018.

Mars 2018

« Je me demande parfois comment il se peut que nous soyons assez frivoles, si j’ose dire, pour prêter attention à cette forme grossière, mais quelque peu étrangère, de servitude appelée l’Esclavage Nègre, tant il est de fins et rusés maîtres pour réduire en esclavage le nord et le sud à la fois. Il est dur d’avoir un surveillant du sud ; il est pire d’en avoir un du nord ; mais le pis de tout, c’est d’être le commandeur d’esclaves de vous-même. Qu’allez-vous me parler de divinité dans l’homme ! Voyez le charretier sur la grand’route, allant de jour ou de nuit au marché ; nulle divinité l’agite-t-elle ? Son devoir le plus élevé, c’est de faire manger et boire ses chevaux ! Qu’est-ce que sa destinée, selon lui, comparée aux intérêts de la navigation maritime ? Ne conduit-il pas pour le compte de sieur Allons-Fouette-Cocher ? Qu’a-t-il de divin, qu’a-t-il d’immortel ? Voyez comme il se tapit et rampe, comme tout le jour vaguement il a peur, n’étant immortel ni divin, mais l’esclave et le prisonnier de sa propre opinion de lui-même, renommée conquise par ses propres hauts faits. L’opinion publique est un faible tyran comparée à notre propre opinion privée. Ce qu’un homme pense de lui-même, voilà qui règle, ou plutôt indique, son destin. »

Henri David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, Editions de la nouvelle revue française, 1922, pp. 15-74.

Février 2018

« Je pense que les écoles manquent à leur raison d’être en n’apprenant pas à être créatif et à penser par soi-même. Nous ­enseignons aux gens à se souvenir des faits, et ce n’est qu’une toute petite partie de la vie. Une fois que l’on quitte l’école ou l’université, dans la plupart des emplois, il ne s’agit pas de se souvenir des faits mais de créer quelque chose. Qu’on soit journaliste ou responsable marketing. Qu’on travaille dans le domaine du droit ou celui de la comptabilité. Passer les examens n’est pas si important. Ce qui l’est plus, c’est la capacité de penser, de réagir, de communiquer avec les gens, de trouver de bonnes idées et de les faire fonctionner. »

James Dyson, O21. James Dyson : « Les écoles manquent à leur raison d’être en n’apprenant pas à être créatif », Le Monde, 09 février 2018.

Janvier 2018

« Ceux qui défendent la discipline et l’école ont de sales trognes tristes. Ça ne leur a pas tellement réussi l’apprentissage de la peur. Elle domine leurs jugements. Ce sont les mêmes, forcément, qui réclament plus de policiers. Ils ne conçoivent la vie que disciplinaire avec des écoles pour apprendre à se taire, des casernes pour apprendre à obéir, des prisons pour apprendre à mourir. »

Catherine Baker, Insoumission à l'école obligatoire, Tahin party, 2006, p. 80.

Décembre 2017

« Sortir de l'économie, c'est (...) repousser le plus loin possible les rapports hostiles, et la sphère de l'argent, de la comptabilité, de la mesure, de l'évaluation. (...) Il y a une foule de gens, de nos jours, qui tentent d'échapper au règne de l'économie. Ils deviennent boulangers plutôt que consultants. (...) Ils essaient de "travailler autrement". Mais l'économie est si bien faite qu'elle a désormais tout un secteur, celui de l'"économie sociale et solidaire" qui turbine grâce à l'énergie de ceux qui la fuient. (...) On a disposé toutes sortes de filets, de discours, de structures juridiques, pour recueillir les fuyards. Ils s'adonnent le plus sincèrement du monde à ce qu'ils rêvent de faire, mais leur activité est recodée socialement, et ce codage finit par s'imposer à ce qu'ils font. On prend en charge collectivement l'entretien de la source de son hameau, et un jour on se retrouve à "gérer les communs". (...) Celles [les entreprises de l'ESS] qui survivent finissent, tôt ou tard, par devenir des entreprises comme les autres. Il n'y a pas d'"autre économie", il n'y a qu'un autre rapport à l'économie. Un rapport de distance et d'hostilité justement. Le tort de l'économie sociale et solidaire, c'est de croire aux structures dont elle se dote. (...) Le seul rapport que l'on peut avoir aux structures que l'on se donne, c'est de les utiliser comme paravents afin d'y faire tout autre chose que ce que l'économie autorise. »

Comité invisible, Maintenant, La fabrique éditions, 2017, p. 104-105.

Novembre 2017

« De même que les structures industrielles sont fondamentalement des structures de domination, les structures économiques sont fondamentalement des structures de frustration. »

Jean Lacroix, L'échec, PUF, 1964, p. 38.

Octobre 2017

« Pour nous richesse et pauvreté désignent deux termes extrêmes et qui ne se touchent pas : on est riche si l'on a plus qu'il ne faut pour vivre "honorablement", on est pauvre si l'on a en dessous de ce minimum. (...) Le critère est la possession ou non d'un certain niveau de fortune, et non le travail en lui-même. On peut être riche et travailler, ou pauvre et oisif. Tout autre est la définition grecque (...). Le critère n'est pas la possession d'un certain niveau de fortune, mais la nécessité du travail. Pour un Grec, on est riche si l'on peut vivre sans avoir à travailler, on est pauvre si l'on ne possède pas assez pour vivre sans travail. (...) l'idéal, largement répandu, est celui de l'oisiveté. »

Michel Austin et Pierre Vidal-Naquet, Economies et Sociétés en Grèce ancienne, Armand Colin, 1996, p. 29-30.

Septembre 2017

« La violence est-elle dans la tentative de réélaborer le monde ou dans l'interdit réactionnaire ? (...) La violence est-elle dans le fait de violer la loi en traversant une frontière interdite ou dans l'existence même de cette loi qui éradique les porosités et condamnent certains à la misère quand d'autres jouissent de l'opulence ? (...) Peut-être la seule véritable violence, ou au moins la plus insidieuse et ravageuse, (...) est celle qui consiste à considérer comme donné ce qui est construit, c'est à dire à penser comme nécessaire ce qui est contingent. »

Aurélien Barrau, Des univers multiples. Nouveaux horizons cosmiques, DUNOD, 2017, p. 101-102.

Août 2017

« Les gens disent toujours : "Mais comment des enfants libres s'adapteront-ils jamais au côté fastidieux de la vie ?" J'espère bien que ces enfants seront les pionniers de l'abolition de ce qui est fastidieux. »

a.s. neill, Libres enfants de Summerhill, Maspero, 1972, p. 111.

Juillet 2017

« Loin de moi l'idée de rejeter la nouveauté et le progrès... mais s'il est partageable et partagé par tous. »

Rodolphe Grosléziat, Le potager anti-crise, Ulmer, 2010, p.103.

Juin 2017

« Si des enfants et des jeunes deviennent violents, c'est qu'ils ont eux-mêmes subi des violences d'autant plus inacceptables qu'elles proviennent soit d'adultes qui sont éducateurs professionnels ou parents, soit d'une "logique" institutionnelle intrinsèquement violente. (...) Si, dans l'enfance, le seul rapport à l'autre possible se vit sur le mode de la soumission ou de la domination, on ne peut s'étonner des résultats. Et les résultats les plus graves ne sont pas du côté des comportements ouvertement violents ou des révoltes destructrices et autodestructrices, mais bien du côté de ceux qui, intériorisant les normes de la violence institutionnelle, réussissant donc à l'école, pourront alors "prendre la place du maître", exercer grâce aux diplômes acquis leurs "pouvoirs" sur autrui. »

Bernard Defrance, La violence à l'école, Syros, 1997, p.87.

Mai 2017

« Ce type de réflexion m'a conduit à considérer la justice dans la réciprocité du donner et du recevoir; c'est là que réside non seulement la justice, mais la source de la fiabilité. (...) La justice de l'ordre humain ne tient dans aucune cour. Elle s'élabore dans le dialogue entre deux personnes, chacune d'elles s'efforçant honnêtement d'éclaircir son point de vue et, jusqu'à un certain point, d'écouter aussi le point de vue de l'autre. Dans cette interaction ils définissent l'un avec l'autre où se situe la fiabilité. De cette façon, par conséquent, elle n'est ni subjective ni objective. Elle ne dépend assurément pas de valeurs universelles. Elle repose sur la réalité de ce qui est donné et reçu entre chacun. »

A. Van Heusden et E. Van Den Eerenbeemt, Thérapie familiale et générations. Aperçu sur l'oeuvre de Ivan Boszormenyi-Nagy, PUF, 1994.

Avril 2017

« Un dîner est une Zone Autonome Temporaire. Personne ne vous dit quoi faire lors d’un dîner. Personne ne donne d’ordres. Personne ne collecte des taxes. C’est une expérience de l’offrande et de la réception du don, de remplier le corps et de vider l’esprit, d’avoir d’agréables conversations, du bon vin, etc. C’est déjà une TAZ, mais vous devez le conceptualiser de cette manière afin que cela devienne tel. C’est une affaire de conscience. Mais une fois que vous avez pris conscience de cela, les formes de l’organisation commencent à s’ouvrir. Vous voyez alors les différentes formes d’organisation que cela peut prendre. Cela peut être n’importe quoi, du pique-nique au bord de la rivière à la communauté destinée à durer 2 ou 3 ans. »

Hakim Bey, Zone Autonome Temporaire, Anarchie Ontologique, Terrorisme Poétique, Autonomedia, Anti-copyright, 1985, 1991, 2003.

Mars 2017

« Le salariat présente les mêmes caractères que l'esclavage. Le prolétaire est contraint, sous peine de mourir de faim, de vendre sa seule marchandise, sa force de travail, au capitaliste ; il est contraint de se soumettre à la volonté de son maître ; il est toujours rémunéré au taux le plus bas : il reçoit comme salaire les moyens de subsistance que recevait l'esclave. »

Félicien Challaye, Histoire de la propriété, PUF, 1958, p.98.

Février 2017

« Le propre du "discours publicitaire" c'est de nier la rationalité économique de l'échange marchand sous les auspices de la gratuité. »

Jean Baudrillard, La société de consommation, Denoel, 2003, p.261

Janvier 2017

« L'une des grandes tragédies du long voyage de l'homme sur les grandes routes de l'histoire a été la restriction du souci du prochain à la tribu, à la race, à la classe, à la nation. »

Martin Luther King, La force d'aimer, Casterman, 1965, p.39.

Décembre 2016

« Négociants, notaires, gens de robe, recherchent le profit. A l'exploitation des terres en commun, aux droits d'usage qui conduisent obligatoirement à la limitation de la propriété individuelle, ils opposent l'enclosure des terres, l'interdiction de la vaine pâture, la renonciation au regain ou deuxième herbe annuelle - la propriété privée des prairies était limitée à la première fauche, le regain devenait propriété commune. Les victimes, ce sont les millions de petites gens qui ont besoin de l'usage des droits collectifs pour survivre ; droits qui "appartiennent à tous les habitants individuellement et collectivement pris aux femmes comme aux hommes, aux mineurs comme aux majeurs". »

Hervé Luxardo, Les paysans. Les républiques villageoises. 10e - 19e siècles, Aubier, 1981, p.152.

Novembre 2016

« Quand on ne se sert pas ou qu'on ne se servira pas d'une chose, qu'on la possède ou qu'on ne la possède pas, le dommage n'en sera ni augmenté, ni diminué. »

Antiphon le Sophiste, Les présocratiques, Gallimard, 1988, p.1113.

Octobre 2016

« Obliger un mec à vous filer du pognon pour nourrir les mômes qu'il vous à faits... C'est déjà pas de la tarte ! Mais quand en plus, il n'a même pas tiré un coup pour vous les faire... Alors, là... Il a beaucoup, beaucoup de mal à digérer ! A ta santé, vieux con... tribuable ! »

Reiser, Jeanine, Albin Michel, 1987, p.19.

Septembre 2016

« L'université travaille à rendre naturels la division des dirigeants et des exécutants, de ceux qui savent et ne savent pas, le cloisonnement des activités, la fixation de chacun à sa fonction, la stricte séparation du public et du privé, de l'activité professionnelle et de la vie politique, de telle sorte que la loi du capitalisme moderne rencontre partout l'obéissance - ce qui veut dire aussi bien prise en charge de la domination que soumission à l'autorité. (...) L'interdiction faite aux étudiants de prendre part collectivement à la gestion de l'université, aux décisions qui concernent les moyens et les fins de la formation, cette interdiction n'est pas accidentelle; elle pourrait être tournée par des artifices, pour peu que des étudiants, cédant à la séduction d'une nouvelle pédagogie, d'apparence démocratique, intériorisent une contrainte qui est encore largement externe, acceptant par exemple de mesurer et sanctionner leur propre travail, de se faire eux-mêmes les artisans d'une propre réglementation qui les enferme dans le cadre d'une formation étroitement spécialisée et quasi professionnelle. En revanche, toute tentative pour rompre le cloisonnement existant entre les disciplines, pour refuser le système des sanctions, pour institutionnaliser la contestation de l'autorité des professeurs, ou pour développer un nouveau mode de socialisation, par l'introduction dans chaque faculté d'un débat politique permanent est incompatible (du moins à la longue) avec les objectifs qui sont assignés à la faculté. »

Claude Lefort, "Le désordre nouveau", in Edgard Morin et al., Mai 1968 : la Brèche, Fayard, 1968, p.56-57.

Août 2016

« Nous nous battons... parce que nous refusons de devenir

  • des professeurs au service de la sélection dans l'enseignement, dont les enfants de la classe ouvrière font les frais,
  • des sociologues fabricants de slogans pour les campagnes électorales gouvernementales,
  • des psychologues chargés de faire "fonctionner" les "équipes" de travailleurs "selon les meilleurs intérêts des patrons",
  • des scientifiques dont le travail de recherche sera utilisé selon les intérêts exclusifs de l'économie de profit.

Nous refusons cet avenir de "chien de garde".

Nous refusons les cours qui nous apprennent à le devenir.

Nous refusons les examens et les titres qui récompensent ceux qui ont accepté d'entrer dans le système.

Nous refusons d'être recrutés par ces "mafias". »

Mouvement du 22 mars, Ce n'est qu'un début, continuons le combat, François Maspero, 1968, p. 44.

Juillet 2016

« La plupart des hommes ne font pas autre chose que "gagner leur pain". Et le pain pour lequel l'homme a sué, c'est, en définitive, la terre qui l'absorbe. »

Barjavel, Romans extraordinaires, Omnibus, 1995, p. 252.

Juin 2016

« Peu importe comment la moisson va tourner, s'il y aura assez à manger, il y a de la joie simplement à semer et à prendre soin des plantes guidé par la nature. »

Masanobu Fukuoka, La révolution d'un seul brin de paille. Une introduction à l'agriculture sauvage, Guy Trédanier, 2015, p. 139.

Mai 2016

« J'ai envie d'apprendre à faire des chemises, de grands vêtements pour te recevoir. Ce doit être une grande satisfaction d'assembler des tissus qui envelopperont l'être que l'on aime, c'est comme si l'on pouvait faire la coquille de l’œuf à son poussin. »

Consuelo de Saint-Exupéry, Lettres du dimanche, Plon, 2001, p. 38.

Avril 2016

« Je vous demande maintenant si elle est bien juste, la loi qui ordonne à celui qui n'a rien de respecter celui qui a tout. Quels sont les éléments du pacte social ? Ne consiste-t-il pas à céder un peu de sa liberté et de ses propriétés pour assurer et maintenir ce que l'on conserve de l'un et de l'autre ? (...) mais, encore une fois, de quel droit celui qui n'a rien s'enchaînera-t-il sous un pacte qui ne protège que celui qui a tout ? Si vous faites un acte d'équité en conservant, par votre serment, les propriétés du riche, ne faites-vous pas une injustice en exigeant ce serment du "conservateur" qui n'a rien ? »

Sade, Français, encore un effort si vous voulez être républicains, Éditions Mille et une nuits, 1995, p. 37.

Mars 2016

« Ce système fait de nous des esclaves. Sans dignité, sans profondeur. Avec un diable dans la poche. L'argent qu'on a dans la poche. Cet argent, cette merde. Ce n'est rien. Ce papier n'a rien à l'intérieur. »

Alejandro Jodorowsky, dans Jodorowsky’s Dune, 2014, 73 min.

Février 2016

« La vie n'a de sens que quand on la pratique volontairement. »

Paul Gauguin, Avant et après, éditions avant et après, 2003, p.196.

Janvier 2016

« L'intervention de l'Etat dans les domaines culturel, scientifique, technique, artistique, se développe à la fois par la propagation de modèles institutionnels créés par l'Etat et par le soutien aux initiatives prises dans un cadre proposé par l'Etat. (...) En favorisant la création intellectuelle, l'Etat peut l'orienter. »

Robert Descimon et Alain Guéry, "Un Etat des temps modernes", in L'Etat et les pouvoirs, Seuil, 1989, p. 321.

Décembre 2015

« Contre le spectacle, la culture situationniste réalisée introduit la participation totale.

Contre l'art conservé, c'est une organisation du moment vécu, directement.

Contre l'art parcellaire, elle sera une pratique globale portant à la fois sur tous les éléments employables. Elle tend naturellement à une production collective et sans doute anonyme (au moins dans la mesure où, les oeuvres n'étant pas stockées en marchandises, cette culture ne sera pas dominée par le besoin de laisser des traces). (...)

Contre l'art unilatéral, la culture situationniste sera un art du dialogue, un art de l'interaction. Les artistes - avec toute la culture visible - en sont venus à être entièrement séparés de la société, comme ils sont séparés entre eux par la concurrence. Mais avant même cette impasse du capitalisme, l'art était essentiellement unilatéral, sans réponse. Il dépassera cette ère close de son primitivisme pour une communication complète.

Tout le monde devenant artiste à un stade supérieur, c'est à dire inséparablement producteur-consommateur d'une création culturelle totale, on assistera à la dissolution rapide du critère linéaire de nouveauté. (...)

Nous inaugurons maintenant ce qui sera, historiquement, le dernier des métiers. Le rôle de situationniste, d'amateur-professionnel, d'anti-spécialiste est encore une spécialisation jusqu'au moment d'abondance économique et mentale où tout le monde deviendra "artiste", à un sens que les artistes n'ont pas atteint : la construction de leur propre vie. »

« Manifeste, 17 mai 1960 », Internationale situationniste, Van Gennep-Amsterdam, 1970, p. 38.

Novembre 2015

« On se donne en donnant. »

Marcel Mauss, Dictionnaire des citations françaises et étrangères, Larousse, 1995, p. 384.

Octobre 2015

« Chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art d'exploiter le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. »

Karl Marx, Le capital. Critique de l'économie politique. Livre premier. Le développement de la production capitaliste. II., Editions sociales, 1969, p. 181.

Septembre 2015

« Si je prenais ce dont je n'ai pas besoin, je n'obtiendrais jamais ce dont j'ai besoin. »

Ursula Le Guin, Les dépossédés, Robert Laffont, 1979, p. 188-189.

Août 2015

« Outre la suppression de la sexualité, il y a d'autres formes d'exclusion qui n'ont pas été analysées. Il y a l'exclusion des fous ; il y a, jusqu'à un certain point, cette forme d'exclusion par laquelle nous court-circuitons ceux qui sont malades et les réintégrons dans une sorte de circuit marginal, le circuit médical. Et puis il y a l'étudiant : d'une certaine manière, il est, lui aussi, pris dans un circuit qui possède une double fonction. D'abord, une fonction d'exclusion. L'étudiant est mis à l'écart de la société, relégué sur un campus. En même temps qu'on l'exclut, on lui transmet un savoir de type traditionnel, démodé, académique, un savoir qui n'a aucun rapport direct avec les besoins et les problèmes du monde d'aujourd'hui. Cette exclusion est renforcée par l'organisation, autour de l'étudiant, de mécanismes sociaux fictifs, artificiels, d'une nature quasi-théâtrale (les rapports hiérarchiques, les exercices universitaires, le tribunal des examinateurs, tout le rituel de l'évaluation). Enfin, l'étudiant se voit offrir une sorte de vie récréative (...); moyennant quoi, les jeunes gens de dix-huit à vingt-cinq ans sont, pour ainsi dire, neutralisés par et pour la société, rendus fiables, impuissants, castrés, politiquement et socialement. C'est là la première fonction de l'Université : mettre les étudiants hors circulation. Sa seconde fonction, cependant, est une fonction d'intégration. Une fois qu'un étudiant a passé six ou sept années de sa vie dans cette société artificielle, il devient assimilable : la société peut le consommer. Insidieusement, il a reçu les valeurs de cette société. Il a reçu des modèles de conduite socialement désirables, des formes d'ambition, des éléments d'un comportement politique, de sorte que ce rituel d'exclusion finit par prendre la forme d'une inclusion et d'une récupération, ou d'une réabsorption. En ce sens, l'Université, sans aucun doute, est assez peu différente des systèmes par lesquels, dans les sociétés dites primitives, les jeunes gens sont tenus à l'écart du village pendant leur adolescence, et soumis à des rites d'initiation qui les isolent et les privent de tout contact avec la société réelle, active. Une fois cette période écoulée, ils peuvent être entièrement récupérés ou réassimilés. »

Michel Foucault, Dits et écrits I, 1954-1975, Gallimard, 2001, p. 1052-1053.

Juillet 2015

« Il s'est créé récemment une industrie de l'antipollution, souvent issue de firmes existantes, qui cherche à prendre le relais des lucratives productions militaires, aériennes, spatiales et automobiles. En France, au premier Salon de la protection de la nature (Rouen, fin octobre 1971), les stands de l'industrie antipollution donnaient une telle impression de foire commerciale que Le Monde du 21 octobre 1971, pourtant pas ennemi acharné de l'industrie, titrait: "Croisade ou marché". Non seulement il est immoral que des criminels crient "au voleur", mais l'antipollution telle que la conçoit l'industrie est un leurre. Sans changement d'esprit, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Sur le plan pratique, l'idée de ces industriels est, en gros, d'adjoindre à un dispositif polluant un autre dispositif qui avale sa pollution. Mais où ira la saleté récupérée, puisque "toute chose doit aller quelque part" ? Faudra-t-il inventer un troisième dispositif pour corriger les méfaits du second, un quatrième et ainsi de suite ? Tout cela sous le signe du cycle infernal, signe que notre société industrielle paraît affectionner, et qui revient constamment lorsque l'on cherche des solutions purement techniques à des problèmes dont les sources sont économiques et politiques. »

Pierre Samuel, « Pollution et antipollution », Survivre... et Vivre, n°12, juin 1972, p. 31-33.

Juin 2015

« Il est aujourd'hui extrêmement difficile de publier des articles décrivant une cosmologie qui n'est pas dans les normes et tout à fait impossible d'obtenir des fonds pour réaliser des programmes d'observations qui lui seraient consacrés. Il ne faut dès lors pas s'étonner que les rangs des opposants au Big Bang soient si clairsemés : un étudiant choisissant de travailler sur un modèle non standard n'aurait pratiquement aucune chance d'avoir un jour un poste. C'est un cercle vicieux ! De ce point de vue, je ne trouve pas que nous ayons fait beaucoup de progrès depuis le temps de Copernic ou de Galilée. Ce n'est peut-être plus du fondamentalisme religieux, mais je crois que le terme de fondamentalisme scientifique est tout à fait approprié. »

Jayant V. Narlikar, « Croire au Big Bang est un acte de foi », Entretien réalisé et traduit par Stéphanie Ruphy, La recherche, n°35, Mai 2009, p. 44.

Mai 2015

« Il y a généralement peu d'approches nouvelles dans la biologie actuelle. Le problème est que les chercheurs suivent tous le courant dominant. Certains se vantent de faire la même chose que tel célèbre groupe du MIT. Ils devraient avoir honte de dire cela ! Ce sont des perdants. Or, on donne l'argent aux perdants. Les propositions les plus audacieuses s'entendent répondre "c'est risqué". Eh oui, bien sûr que c'est risqué. Car ce qui n'est pas risqué n'est pas nouveau, et ce qui n'est pas nouveau ne vaut pas la peine. La société attend des chercheurs, à raison, de l'innovation. Reste qu'elle ne peut être décrétée sur mesure par des bureaucrates ! Imagine-t-on le ministère de la Culture dire : "Cette année, seuls auront un soutien financier les peintres qui peignent les tankers en vert, et les compositeurs qui composent en bémol" ? On a peine à l'imaginer, mais c'est exactement ce qui nous arrive en sciences. »

Miroslaw Radman, Entretien réalisé par Cécile Klingler, La recherche, Octobre 2010, p. 46.

Avril 2015

« Pour vous cela va de soi qu'un homme puisse avoir le droit légal de vous commander pendant toute votre vie. Mais réveillez-vous donc, fous que vous êtes ! Vous n'avez qu'une vie. Ne laissez pas un homme vous dicter comment vous devez la vivre. (...) Je suis né sur ce vaisseau sans qu'on me demande si je voulais y vivre ou non. Je ne reconnais à personne le droit de me dire ce que je dois faire. »

A. E. van Vogt, Pour une autre terre, Marabout, 1966, p. 46.

Mars 2015

« L'adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. »

Pierre Desproges, Manuel de savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis, éd. Seuil, 1981, p. 32.

Février 2015

« [Le projet de loi HADOPI est] rétrograde comme méthode. En plus, ça ne va pas pouvoir fonctionner, c'est inapplicable pour plein de raisons (...) le tout répressif me gave, c’est un peu la solution proposée à tous les problèmes en ce moment. (...) Moi, en tant que chanteur et musicien, qu’on me télécharge, je m’en moque ! Au contraire, ça veut dire qu’on m’écoute, que je touche les gens. Et je le comprends très bien : les jeunes d’aujourd’hui, ça fait 15 ans qu’ils téléchargent de la musique. Acheter un CD pour eux c’est un peu comme aller à la messe. Évidemment, le facteur économique m’intéresse moins qu’il n’intéresse les grosses maisons de disques. (...) Avec Massilia Sound System, chaque fois qu’on vend un CD, je gagne 15 centimes d’euros. Alors, quand on en vend 30 000, je vous laisse faire le compte. Mes morceaux, je peux les donner, c’est pas avec ça que je mange ! Mais Universal, Carrefour, la Fnac, eux, ils mangent avec ça. Nous, on se fait baiser. »

Gari Greu, Massilia Sound System en guerre contre la Loi Hadopi, 23 novembre 2009.

Janvier 2015

« Nous allons vers une économie de partage, de la gratuité, du logiciel libre. ».

Bernard Maris, Surmonter la crise politique grâce à une économie de la gratuité, dans Le Monde, 16 septembre 2014.

Décembre 2014

« Contrairement à ce qu'il est fréquent de dire, l'augmentation des rencontres "virtuelles" n'isole pas, mais se double de celle des rencontres réelles. Internet et les nouvelles technologies participent à ce changement de valeurs et à la construction de nouvelles formes de socialité, plus émotionnelles, plus sensibles, mais ne sont en aucun cas un obstacle à la relation. ».

Michel Maffesoli, entretien dans « Le Figaro », 17 décembre 2014, p.18.

Novembre 2014

« Et je pensais : Que l'homme est étrange... car, comme le dit la Bible, qui peut connaître l'esprit de l'homme qui regarde vers le ciel ? Ce garçon a dix ans de moins que moi et devant lui je me sens stupide ; j'oublie tout ce qui fit ma joie et mon idéal au cours de ces dernières années, passées à boire et à désespérer. Peu lui chaut d'être sans le sou. Il n'a pas besoin d'argent. Son sac lui suffit ; avec une paire de souliers et quelques sachets en plastique recélant des aliments déshydratés, il va son chemin et s'octroie des plaisirs de millionnaire dans un cadre comme celui-ci. D'ailleurs, un millionnaire goutteux pourrait-il grimper jusqu'à ce rocher que nous avons atteint après une pleine journée de marche ? Et je me promis de commencer une vie nouvelle. Je vais errer désormais à travers les terres de l'Ouest et les montagnes de l'Est, et le désert du Sud, sac au dos, à la recherche de la pureté. »

Jack Kerouac, Les clochards célestes, 1977, p.120-121.

Octobre 2014

« Je prie le lecteur de réfléchir à ceci, que le vote à bulletin secret, si on l'interprète clairement, n'est pas un symbole de liberté, mais d'esclavage. Qu'est-ce qui présente à tous les yeux l'image de la liberté et amène chaque coeur à reconnaître le temple où elle réside ? Un visage sincère, un regard ferme et assuré, un commerce habituel et ininterrompu entre les coeurs et les langues. L'homme libre communique avec son voisin non dans les recoins et les endroits cachés, mais sur les marchés et les lieux fréquentés de tous ; et c'est ainsi que l'étincelle sacrée passe d'un homme à l'autre, jusqu'à ce que la flamme commune les inspire. La communication et la notoriété sont essentielles à la liberté : c'est l'air qu'elles respirent, sans lequel elles périssent. »

« Le maître d'école est un despote en son école ; car tout homme est un despote qui distribue son jugement selon sa seule volonté. »

William Godwin, cité dans Alain Thévenet, Wiliam Godwin, des lumières à l'anarchisme, Atelier de création libertaire, Lyon, 2002, p.128, 130.

Septembre 2014

« Le droit de propriété appartient à celui qui se baisse et ramasse. »

0. Foucher, Bons et mauvais champignons, Montsouris, 1945, p. 45.

Août 2014

« L'organisation de l'abondance quantitative aboutit au rationnement qualitatif. (...) Au peuple toute la quantité et à l'élite toute la qualité. »

Bernard Charbonneau, Notre table rase, Seuil, 1974, p. 75,82.

Juillet 2014

« L'Etat, l'école notamment, ont participé directement à la création systémique des patries et du patriotisme. (...)

Le processus de légitimation de la propriété privée, dans l'Etat moderne, se renforce et se stabilise avec la démocratisation croissante de la souveraineté : et précisément, l'idée que l'ensemble de la société exerce une propriété abstraite sur le domaine territorial conforte aussi, indirectement, la reconnaissance du capital accumulé et abstrait des riches particuliers. Le territoire est la propriété commune de tous les "actionnaires" de la nation ; il est même la propriété de ceux qui ne possèdent rien, tandis que ceux qui disposent de modestes biens privés se sentent également propriétaires de vastes biens nationaux. Ce sentiment de propriété procure une satisfaction émotionnelle et une impression de sécurité qu'aucune utopie politique ou promesse d'avenir n'a pu concurrencer. (...)

Le façonnement définitif du territoire national a été réalisé avec le soutien ardent des sujets appelés à devenir ses citoyens, autrement dit, ses propriétaires légaux (...)

Le processus par lequel la terre se transforme en propriété nationale est généralement engagé d'en haut par le pouvoir central, mais il devient au fur et à mesure un élément de la conscience sociale élargie, qui, par en bas, la pousse et la complète. A la différence des sociétés prémodernes, les masses s'intronisent elles-mêmes comme prêtres et sentinelles de la nouvelle terre sacrée. (...) dans le monde nouveau, chaque centimètre du patrimoine commun est devenue partie intégrante du lieu saint national, absolument inaccessible. »

Shlomo Sand, Comment la terre d'Israël fut inventée. De la Terre sainte à la mère patrie, Flammarion, 2014, p. 92-99.

Juin 2014

« Ville/campagne, c’est quand l’État est là, quand il y a le chef, et sa résidence, et sa capitale, et ses dépôts, ses casernes, ses temples, etc. Les villes sont créées par l’État ; c’est pour ça que les villes, les cités sont aussi anciennes que l’État : là où il y a État, il y a ville ; là où il y a exercice de la relation de pouvoir, il y a distinction ville/campagne. Forcément parce que tous les gens qui habitent dans la ville autour de celui qui commande, il faut bien qu’ils mangent, il faut bien qu’ils vivent, et alors ce sont les autres, ceux qui sont hors de la ville, ceux qui sont dans la campagne qui travaillent pour eux. D’ailleurs, c’est pour ça qu’on pourrait même dire que la figure du paysan, en tant que tel, apparaît à l’intérieur de la machine étatique, le paysan étant celui qui vit et travaille dans la campagne partiellement au profit de ceux qui sont dans la ville et qui commandent, c’est-à-dire qu’il paie le tribut, il paie le tribut sous forme de services personnels qui sont soit des corvées, soit des produits de ses champs... »

Pierre Clastres, Pierre Clastres : entretien avec L’Anti-mythes, L'Anti-mythes, n°9, 1975.

Mai 2014

« La science du XXe siècle a renoncé à toutes ses ambitions philosophiques pour devenir une grosse affaire commerciale. Elle ne menace plus la société, elle en est l'un des plus puissants soutiens. Les considérations humanistes y sont mises en veilleuse, de même que toute forme de progrès qui irait au-delà d'améliorations purement locales. Un bon salaire, de bonnes relations avec le patron et les collègues au sein de leur unité de recherche sont les principaux objectifs de ces fourmis humaines passées maîtres dans l'art de résoudre de petits problèmes, mais qui ne peuvent trouver de sens à rien qui transcende leur champ de compétence. Qu'un chercheur fasse une grande découverte - et la profession ne manquera pas de la transformer en instrument d'oppression.

Nous avons également découvert que les résultats de la science n'ont aucune solidité, que ses théories tout comme ses énoncés factuels sont des hypothèses, qui, souvent, sont non seulement localement incorrectes mais entièrement fausses, et concernent des choses qui n'ont jamais existé. (...) la science est un ensemble d'alternatives concurrentes. La conception "généralement acceptée" est celle qui possède un avantage provisoire, en raison soit de quelque astuce, soit de certains mérites réels. Il y a des révolutions qui ne laissent rien debout, aucun principe inchangé, aucun fait intact.

(...)

Ni Lakatos ni personne d'autre n'a prouvé que la science est meilleure que la sorcellerie et que la science opère de façon rationnelle. C'est le goût, et non l'argumentation, qui guide nos choix en science"; c'est le goût, et non l'argumentation, qui nous fait agir dans les sciences (ce qui ne veut pas dire que les décisions prises sur la base du goût ne sont pas entourées, voire complètement recouvertes, d'arguments, tout comme une pièce de viande savoureuse peut être entourée, voire complètement recouverte, de mouches). Un tel résultat ne doit pas nous déprimer. La science, après tout, est notre créature, et non pas notre maîtresse"; ergo, elle devrait être l'esclave de nos caprices, et non le tyran de nos désirs. »

Paul Feyerabend, Thèses sur l'anarchisme épistémologique, Alliage, numéro 28, 1996

Avril 2014

« Au début du XXe siècle, (...) on a commencé à se dire qu'ils [les enfants] avaient besoin de plus de protection et d'éducation, ce qui impliquait une scolarisation systématique. Ca n'a pas manqué de restreindre la liberté de mouvement de l'enfant, bien sûr, ainsi que son rôle dans la société. Au sein des fratries et des petites bandes, les aînés étaient désormais moins disponibles pour veiller sur leurs cadets. Dans le même temps, les familles élargies se morcelaient en cellules lesquelles se dispersaient à travers le pays. Howard P. Chudacoff surnomme cette période "l'âge d'or du jeu et des jouets", car la raréfaction des compagnons de jeu est allée de pair avec l'émergence des jouets fabriqués en usine. (...)

A partir des années 1970, le verbe "jouer" et le mot "jouet" sont presque devenus des synonymes. Les petits Occidentaux ont pris l'habitude de s'amuser seuls, d'autant que beaucoup d'entre eux disposaient désormais de chambres privatives - alors qu'avant avoir toujours ses frères et soeurs dans les pattes obligeait à l'interaction. Cet isolement n'a fait qu'empirer lorsque les jeux électroniques sont arrivés sur le marché. Aujourd'hui, nos enfants passent le plus clair de leur temps confinés à l'intérieur. Et quand on les laisse jouer dehors, c'est entre les grilles du parc, et pas ailleurs, en tout cas en ville. Avec toujours au moins un adulte pour les surveiller. Dans le même temps qu'on a restreint les libertés de notre progéniture, on est tombé dans la sur-stimulation (...).

Les parents s'inquiètent de plus en plus du bienfait et de la sécurité de leurs petits chéris, préférant les garder bouclés à la maison (...). Même à la maison, on est pas complètement tranquille, on se méfie un peu. (...)

Dans un tel climat, comment faire confiance à des enfants pour en surveiller d'autres, même quand ça se passe entre frères et soeurs ?

C'est ainsi que les parents qui en ont les capacités financières se sont mis à remplir à bloc l'emploi du temps de leurs enfants, remplaçant les intervalles de liberté à courir les rues avec les copains par une heure d'étude après l'école, un cours de danse, de piano... »

Mei-Ling Hopgood, Comment les eskimos gardent les bébés au chaud et autres aventures éducatives du monde entier, JCLattès, 2013, p.266-268

Mars 2014

« - Et que fais-tu de ces étoiles ?
- Ce que j'en fais ?
- Rien. Je les possède.
- Tu possèdes les étoiles ?
- Oui. (...)
- Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ?
- Ca me sert à être riche.
- Et à quoi te sert-il d'être riche ?
- A acheter d'autres étoiles, si quelqu'un en trouve. (...)
- Comment peut-on posséder des étoiles ?
- A qui sont-elles ? riposta, grincheux, le businessman.
- Je ne sais pas. A personne.
- Alors elles sont à moi, car j'y ai pensé le premier.
- Ca suffit ?
- Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n'est à personne, il est à toi. Quand tu trouves une île qui n'est à personne, elle est à toi. Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter : elle est à toi. Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n'a songé à les posséder. »

Antoine de Saint-Exupéry, Le petit prince, 1946, p.47

Février 2014

« Quant à la formation progressive du capital essentiel, du capital spirituel, elle a pour cause non le vol, ni même l'épargne égoïste, mais, au contraire, le don et la dépense prodigue de soi. Songez à tout ce qu'il y a eu de tribulations et de fatigues dans la vie tourmentée des hommes de génie qui ont fondé la science et l'industrie modernes, et vous conviendrez que, comme chacun de nous, le plus humble des prolétaires, s'il est exploité par son patron, exploite aussi sans le savoir ces grands bienfaiteurs. C'est au surtravail non payé ou plutôt à la surdouleur mal récompensée de ces hommes qu'il doit d'être nourri, d'être logé, d'être vêtu, d'être gratuitement instruit comme il l'est, soigné dans ses maladies, transporté si rapidement et si économiquement d'un bout du monde à l'autre. ‑ Ce n'est pas sans raison et par un jeu puéril de mots qu'Auguste Comte rapproche si souvent, comme liés ensemble, les idées générales et les sentiments généraux. L'inventeur peut être égoïste dans sa vie ordinaire, mais il ne l'est pas quand il invente, quand, descendant dans l'abstraction et l'analyse plus profondément que ses prédécesseurs, il met la main sur des secrets de la nature qui sont des puissances nouvelles pour l'humanité 1. Par une suite, par un enchaînement de recherches désintéressées, d'enthousiasmes féconds, non par un entassement de calculs et d'efforts personnels, s'enrichit le vrai capital-humain. Que la source de cette curiosité amoureuse, de cette passion du vrai pour le vrai, vienne à tarir, que les conditions nécessaires de cette libre activité scientifique viennent à être supprimées, ce capital cessera de s'accroître, et le progrès industriel s'arrêtera avec le progrès scientifique dont il est l'effet. Ces conditions, quelles ont‑elles été jusqu'ici ? En général, un certain degré d'aisance et de loisir, d'aisance et de loisir héréditaires même, qui, dès les temps préhistoriques, a dû être le privilège de quelques-uns ; et, en second lieu, la connaissance non moins privilégiée des vérités déjà acquises. La réunion de ces deux privilèges dans les cités commerçantes de l'Asie Mineure ou de la Grande‑Grèce au Ve ou VIe siècle avant J.-C. a donné naissance aux mathématiques et à la physique. Supposez qu'une démocratie égalitaire ait de tout temps nivelé les fortunes dans la Grèce antique, l'aristocrate Archimède, parent de Hiéron, Archimède, de qui dérivent la géométrie et la mécanique, ne serait pas né ou aurait été un mort-né social. Tous les découvreurs de vérités, tous les inventeurs d'utilités même, ou peu s'en faut, ont été des hommes libres dans l'antiquité, des « bourgeois » dans les temps modernes 2. Qu'ils doivent cette inventivité supérieure à des avantages de situation sociale, nullement à une supériorité de race, j'en suis persuadé. Mais, si injustes qu'ils paraissent, ces avantages ont été nécessaires ; et, sans ces injustices, il faut avouer qu'une injustice autre‑ment profonde, quoique célébrée et admirée partout, à savoir notre supériorité sur nos aïeux, eût été impossible. Ce n'est donc pas, à vrai dire, le travail non payé de l'esclave ou le surtravail non payé de l'ouvrier qui a permis au capital de naître et de grandir, c'est, encore une fois, le loisir de l'homme libre antique et du « bourgeois » moderne, le loisir, père du plaisir qu'ils ont eu à découvrir et à inventer, après le tourment douloureux de la recherche, et qu'ils se sont fait payer quelquefois, mais jamais trop cher. ‑ Cette considération, à la vérité, est la seule justification possible des inégalités et des iniquités du passé et du présent ; mais elle suffit souvent. En sera‑t‑il de même des inégalités et des iniquités de l'avenir, qui ne seront peut‑être pas moindres ? C'est probable, mais nous n'avons pas ici à prophétiser. »

Gabriel Tarde (1944), Psychologie économique. Tome premier. Paris : Félix Alcan, Éditeur, 1902, 383 pp. Collection : Bibliothèque de philosophie contemporaine. Ancienne Librairie Germer Baillière et Cie. Les classiques des sciences sociales

Janvier 2014

« Comparons une famille indigène d'une réserve tribale avec son équivalent dans une réserve urbaine ou installé comme squatter dans une exploitation agricole europé­enne. Le foyer tribal est organisé selon l'ancien niveau de vie qui satisfait les besoins coutumiers et ses nécessités et qui est adapté à l'économie indigène. Les habitants savent quelle quantité de travail ils auront à fournir, les ressources sur lesquelles ils peu­vent compter et les récompenses que leur apporteront un dur labeur et leur compétence. Il y a peu de place pour une promesse non réalisée et pour les chocs causés par un déséquilibre inattendu entre l'effort et sa satisfaction. Même les cata­clysmes naturels sont généralement prévus dans le code tribal du comportement.

Le foyer détribalisé a été accoutumé à un niveau de vie beaucoup plus élevé, dépendant essentiellement du fait inhérent que c'est une famille partiellement euro­péa­nisée, avec les besoins créés par l'instruction, l'habillement, l'hygiène et la pro­preté. Le nouveau foyer dépend entièrement du point de vue économique des salaires - et ici intervient la réalité démontrée par la recherche sur le terrain dans la plupart des districts où l'on a étudié de grands groupes détribalisés. Les budgets familiaux mon­trent que les dépenses nécessaires au maintien du nouveau niveau de vie dépassent très souvent (presque invariablement) les gains réguliers du père de famille. Cela signifie : la sous-alimentation, une formation insuffisante des enfants et la surcharge de travail dans d'autres domaines, surcharge souvent illégale, assumée par la femme et les enfants. Tout cela crée des conditions incompatibles avec le niveau élevé des espérances, avec la santé et avec tous les avantages impliqués dans la règle de la transition. Nous trouvons ici des faits qui peuvent être objectivement vérifiés et qui montrent comment la différence entre promesse et réalisation conduit à des conditions sociologiquement malsaines.

Prenons un autre exemple : dans de nombreux districts, l'agriculture indigène est améliorée par un enseignement, des démonstrations, un apport d'outillage et des soins vétérinaires pour le bétail. Dans les mêmes zones, cependant, les indigènes ont été privés de si larges portions de leurs terres tribales que tout développement est rendu illusoire, alors que les méthodes améliorées pour l'élevage du bétail aboutissent à un excédent destructeur. Nous savons déjà que l'Africain instruit reçoit un type d'équi­pe­ment qui le prépare à un travail professionnel ou technique qui lui est rendu impos­sible, soit du fait de la législation raciale, soit simplement du fait qu'il ne peut exercer sa profession par manque de clients, puisque les indigènes détribalisés vivent de salaires artificiellement bas. »

Bronislaw Malinowski (1944), Une théorie scientifique de la culture et autres essais. Traduction française, 1968. Paris : François Maspero, 1968, 182 pages. Collection : Les Textes à l’appui. Les classiques des sciences sociales

Décembre 2013

« Dans le monde contemporain, il y a deux catégories de plans défectueux, les plans inventés et mis en exécution par des hommes qui n'acceptent pas nos postulats idéaux, et les plans inventés et mis en exécution par des gens qui les acceptent bien, mais qui s'imaginent que les fins proposées par les prophètes peuvent être réalisées par des moyens vicieux ou impropres. L'enfer est pavé de bonnes intentions, et il est probable que les plans conçus par des gens bien intentionnés de la seconde catégorie pourront avoir des résultats non moins désastreux que les plans conçus par les gens mal intentionnés de la première. (...) Tous croient qu'on peut atteindre des fins désirables à l'aide de moyens indésirables. Visant à atteindre des buts diamétralement opposés à ceux du fascisme, ils persistent cependant à prendre les mêmes voies que celles que suivent les Duces et les Fürhers. Ce sont des pacifistes, mais des pacifistes qui agissent d'après la théorie prônant que la paix peut être obtenue par la guerre ; ce sont des réformateurs qui s'imaginent que des actes injustes et arbitraires peuvent produire la justice sociale, des révolutionnaires qui se persuadent que la centralisation du pouvoir et la mise en esclavage des masses peuvent avoir pour résultat la liberté pour tous. »

Aldous Huxley, La fin et les moyens, Plon, 1939, p.36,39.

Novembre 2013

« On voit comment nous avons réussi à remplacer la contrainte raciale, religieuse, militaire (en même temps que les colonialismes qui nous paraissent désormais déshonorants) par des contraintes médicales et thérapeutiques et d'autres types de colonialisme que nous trouvons aujourd'hui tout à fait honorables. Comme ces fameux contrôles sont ostensiblement justifiés par la Science et qu'ils visent seulement à protéger la Santé, et que ceux qui font l'objet de ces contraintes et de cette colonisation sont généralement des adorateurs de la déesse Médecine et du dieu Scientisme thérapeutique (avec autant d'ardeur que ceux qui exercent ces contraintes et ce colonialisme), les victimes n'ont même pas la possibilité d'exprimer leur infortune et sont, par conséquent, parfaitement impuissantes à résister à leurs tortionnaires. Il n'est pas exclu que cet espionnage de l'individu par l'individu, ce cannibalisme symbolique qui vise à donner une dimension à la vie de celui qui dépouille l'autre de cette même dimension, fasse inexorablement partie de la condition humaine et soit, de ce fait, inévitable. Ce qui n'est pas inévitable, c'est la propension qu'ont les individus à se persuader que la persécution rituelle des boucs émissaires (Croisades, Inquisitions, Solution finale ou Guerre contre la drogue) constitue un acte propitiatoire aux dieux ou qu'elle puisse vraiment prévenir les maladies. »

Thomas Szasz, Le mythe de la drogue, L'esprit Frappeur, 1998, p.6.

Octobre 2013

« Le consommateur est un être aliéné, livré aux hasards de la publicité, qui se laisse empoisonner sans protester. L'"anti-consommateur", lui, est un homme ou une femme décidé à se libérer des contraintes que fait peser, sur son alimentation ou sa santé, une société irresponsable.

Il refuse de payer cher des produits industrialisés, dont le coût de fabrication est faible, mais le pouvoir d'intoxication élevé. Sans panique et sans s'imposer de régime austère, l'anti-consommateur consomme, mais avec discernement.

Méfiant, il a appris le vrai langage des étiquettes ; économe, il a choisi de fabriquer lui-même un grand nombre de produits courants, faisant appel à des méthodes populaires et anciennes qui ont fait leurs preuves. »

Dorothée Koechlin-Schwartz et Martine Grapas, Guide de l'anti-consommateur, 1975, p.5.

Septembre 2013

« L'État est fondé sur l'esclavage du travail. Que le travail soit libre, et l'État s'écroule. »

Max Stirner.

Août 2013

« L’idée qu’il existe une possibilité de se mettre hors société si on le veut vraiment, cette idée qui était extrêmement présente dans notre littérature européenne, nous ne l’avons plus. Nous avons même le sentiment que celui qui a choisi de se mettre en retrait adopte en vérité un certain type de conduite sociale.

Donc il n’y a plus rien qui soit extérieur à la société et du coup la société est devenue illimitée puisqu’elle ne rencontre plus de limites. De la même manière, autrefois, jusqu’à une date très récente, on pensait que l’on pouvait, par exemple, faire vœux de pauvreté et se mettre hors des rapports d’argent, pratiquer le pur don, le don gratuit, faire l’aumône. Eh bien nous avons la conviction aujourd’hui que celui qui fait cela continue en réalité de s’inscrire dans la forme marchande, d’une manière particulière qu’il dénie dans son esprit, mais qui est perçue comme telle. »

Jean-Claude Milner: « le marché était devenu illimité », Marianne, 6 mars 2010.

Juillet 2013

« Science and technology are not bound to the peculiar notion, seemingly characteristic of the last 150 years of their application to production, that new knowledge of nature's laws has to be locked into increasingly more specialized and highly capitalized preparation of men to use them. The sciences, which specialized out of philosophy, have become the rationale for an increasing division of operations. The division of labor has finally led to the labor−saving division of tools. New technology is now used to amplify supply funnels for commodities. Public utilities are turned from facilities for persons into arenas for the owners of expensive tools. The use of science and technology constantly supports the industrial mode of production, and thereby crowds off the scene all tool shops for independent enterprise. But this is not the necessary result of new scientific discoveries or of their useful application. It is rather the result of a total prejudice in favor of the future expansion of an industrial mode of production. Research teams are organized to remedy minor inefficiencies that hold up the further growth of a specific production process. These planned discoveries are then heralded as costly breakthroughs in the interest of further public service. Research is now mostly oriented toward industrial development.

This unqualified identification of scientific advance with the replacement of human initiative by programmed tools springs from an ideological prejudice and is not the result of scientific analysis. Science could be applied for precisely the opposite purpose. Advanced or "high" technology could become identified with labor−sparing, work−intensive decentralized productivity. Natural and social science can be used for the creation of tools, utilities, and rules available to everyone, permitting individuals and transient associations to constantly recreate their mutual relationships and their environment with unenvisaged freedom and self−expression.

New understanding of nature can now be applied to our tools either for the purpose of propelling us into a hyperindustrial age of electronic cybernetics or to help us develop a wide range of truly modern and yet convivial tools. Limited resources can be used to provide millions of viewers with the color image of one performer or to provide many people with free access to the records of their choice. In the first case, technology will be used for the further promotion of the specialized worker, be lie a plumber, surgeon, or TV performer. More and more bureaucrats will study the market, consult their balance sheets, and decide for more people on more occasions about the range of products among which they may choose. There will be a further increase of useful things for useless people. But science can also be used to simplify tools and to enable the layman to shape his immediate environment to his taste. The time has come to take the syringe out of the hand of the doctor, as the pen was taken out of the band of the scribe during the Reformation in Europe. »

Ivan Illich, Tools for Conviviality

Juin 2013

« Il y a de nombreux cas dans l'histoire qui montrent que quand on s'accroche à une description, quand les pensées se figent et deviennent très peu perméables aux critiques, la science perd dix, vingt ans, voire des siècles. J'aimerais bien que la science bouge, que les débats s'instaurent, que les connaissances progressent, mais j'ai le sentiment personnel que cet aspect frigorifié ralentit l'avancée de la recherche. C'est peut-être lié à son économie : pour proposer un projet, il faut pratiquement que vous soyez sûr du résultat que vous allez trouver. Or ce n'est pas la démarche naturelle de la science : on devrait explorer et faire autant d'expériences pour invalider les concepts que pour les valider. »

Jean-Marc Bonnet-Bidaud, « Le modèle du Big Bang est fragile », Le Monde, 14 mai 2012.

Mai 2013

« Ce qu'il y a de particulièrement néfaste à imposer silence à l'expression d'une opinion, c'est que cela revient à voler l'humanité : tant la postérité que la génération présente, les détracteurs de cette opinion d'avantage encore que ses détenteurs. Si l'opinion est juste, on les prive de l'occasion d'échanger l'erreur pour la vérité; si elle est fausse, ils perdent un bénéfice presque aussi considérable : une perception plus claire et une impression plus vive de la vérité que produit la confrontation avec l'erreur. (...) Il se peut que l'opinion qu'on cherche à supprimer soit vraie : ceux qui désirent la supprimer en contestent naturellement la vérité, mais ils ne sont pas infaillibles. Il n'est pas en leur pouvoir de trancher la question pour l'humanité entière, ni de retirer à d'autres qu'eux les moyens de juger. Refuser d'entendre une opinion sous prétexte qu'ils sont sûrs de sa fausseté, c'est présumer que leur certitude est la certitude absolue. Étouffer une discussion, c'est s'arroger l'infaillibilité. »

John Stuart Mill, De la liberté


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