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Pourquoi lo-fi ? Par opposition radicale à ceux qui prétendent qu'il y aurait de la « bonne » et de la « mauvaise sociologie ». Lo-fi car on peut faire de la sociologie sans être mutilé, limité, aliéné par le style académique pompeux, réactionnaire, ultra-sérieux et politiquement correct qui colonise les revues académiques.
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Internet ou l'illusion de la révolution technologique...

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2007
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 26 novembre 2013 / Dernière modification de la page: 26 mai 2022 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



Article écrit en 2007

Voilà maintenant plus de 10 ans que j'ai découvert Internet et aujourd'hui, je me demande quel bilan on peut bien tirer de son évolution ? A-t-il vraiment révolutionné nos vies, comme on l'avait espéré dans les années 1990 ?

Je retrace d'abord mon parcours. Excepté ma CBS au début des années 1980 et les jeux vidéos, pour moi, l'informatique commence vraiment en 1996, quand mon père achète un ordinateur et se connecte au réseau des réseaux. À l'époque, c'était encore des connexions 56 Ko, et ça ramait. Pour afficher les pages, ça prenait un temps infini et on s'énervait vite. Mais bon, on faisait avec. Je crois me souvenir qu'à l'époque, on présentait Internet comme la révolution totale. Et c'est vrai que ça avait un côté sympa. Quand on tapait un mot-clé sur Yahoo, on tombait sur un nombre raisonnable de pages, et on trouvait des sites délirants. C'était assez incroyable d'avoir ainsi accès à des sites qui parlaient de trucs complètement à côté de la plaque, et qui filaient de l'info gratos. Car tout semblait libre. On avait vraiment l'impression que tout était en libre-accès. Ça paraissait complètement naturel que ça soit gratuit. À l'époque, j'envisageais de faire un site sur la botanique, et je comptais sincèrement prendre de la matière à droite à gauche, parce que vraiment, tout ce qui se trouvait sur le réseau semblait libre d'accès par définition. Progressivement, les mails sont arrivés, les chats, les forums.

En 1998, si je me souviens bien, j'ai commencé à découvrir la musique libre, Linux et tous ces attrapes-pigeons de l'Open Source. Ça me faisait bien kiffer. Pas vraiment l'aspect communautaire, ça je m'en suis toujours foutu, mais disons le côté libre. Le fait que ça correspondait assez bien à l'idée que je me faisais d'Internet et de la musique. Pour moi, quand on balançait sur la toile, c'était forcément libre. À l'époque, dès 1998, j'avais tenté d'installer une Red Hat sur mon PC tout neuf, puis une Suse. J'avais même acheté le boîtier de la Suse. De l'argent foutu en l'air. Mais c'est vrai que durant une courte période, j'étais bien branché informatique. Il s'en est fallu de peu pour que je ne devienne pas un informaticien. Cela dit, ça marchait pas Linux, trop compliqué. J'ai donc laissé tomber. Quant à mes idées de site, j'ai voulu m'y mettre, et puis ça s'est jamais vraiment fait. Le truc, c'est qu'à l'époque, faire un site, c'était plus tendu qu'aujourd'hui. Il fallait se procurer les logiciels, c'était le bordel. Mais quoi qu'il en soit, j'aimais bien cette période du Net. Ça avait un côté aventureux, neuf, mystérieux, qu'était vraiment sympa. On découvrait les sites de blagues, les sites de culs, les sites de gothique. C'était l'émerveillement à chaque fois. À l'époque je surfais vraiment. J'allais de pages en pages, en me laissant porter par le courant des liens.

Puis petit à petit, il y a des trucs nouveaux qui ont commencé à apparaître ou à s'améliorer. Les sites à accès payant, les jeux en réseaux virtuels, les chats, les sites officiels, les blogs, le WEB 2.0. Bon, je crois qu'aujourd'hui, avec tout ça, on a à peu près l'Internet de demain. Il va sûrement y avoir des petites améliorations ou des gros changements. Il y aura par exemple des trucs à la second life ou à la Warcraft. On évoluera dans des univers virtuels, des méga-réseaux, avec des possibilités d'action démultipliés, mais globalement, ça sera à peu près comme aujourd'hui. Il y aura la même inflation d'informations. La même architecture sociale et technologique, en 100 fois plus rapide, 100 fois plus large en terme de potentialité. Par exemple, tout ce qui est Web 2.0 va rapidement se muter en des trucs plus second life, où on pourra donner des cours virtuels en vrai, etc. Mais ça sera un peu comme aujourd'hui, en 100 fois plus grave.

Par contre, je remarquerai que le côté open, libre-accès, et tout ça, ça a changé assez rapidement. Ça a vite commencé à être plus tendu sur tout ce qui concerne le droit d'auteur et toutes ces conneries. C'est venu progressivement, et insidieusement, mais c'est venu. Aujourd'hui, un truc qui circule sur le Net, si c'est pas open-sourcé, c'est privé.

Maintenant une question : Internet a-t-il tout changé ? Pour sûr, non. Internet n'a pas apporté grand chose de plus que le Minitel. C'est d'ailleurs bien dommage que la France ait abandonné ce formidable outil. On s'est fait bouffé par les américains. Elle aurait simplement dû l'améliorer pour qu'il intègre certaines innovations propres à Internet, et qu'il permette à des indépendants de se connecter plus facilement. Parce que en gros Internet, ça n'a amené que cinq grands avantages :

On peut avoir accès aux biens culturels dans des coins paumés. On a plus facilement accès aux biens culturels qu'avant (quand je cherche une info, je vais sur le Net). Des voix minoritaires ont pu s'exprimer. Ça a rendu certaines communication-papier obsolètes (c'est bon pour l'écologie). Ça a apporté de nouvelles formes de communication en groupe (jeux virtuels, chats, blogs, réseaux, etc.).

Sur ces aspects là, il n'y a rien à redire. Disons que c'est pas trop mal. En revanche, tout le baratin sur l'information libre, sur la révolution de l'information libre où chacun s'échangerait des infos comme il voudrait, sur le village planétaire et les mondes virtuels, sur la révolution en terme de circulation et de traînement de l'information, sur l'intelligence collective, sur le fait qu'on pourrait travailler aux quatre coins du globe sur un pied d'égalité, tout ça, c'est complètement tombé à l'eau. À l'époque pourtant, on y a vraiment cru. Mais les vieilles habitudes ont repris le dessus. Les clans se sont formés, un immense bruit de fond, croissant, a rendu la plupart des sites, et même les sites de qualité, complètement anonymes et introuvables. Il y a aujourd'hui de plus en plus d'informations payantes, notamment dans le milieu scientifique qui a toujours fait valoir que c'est grâce à lui qu'Internet était libre – ce qui à mon avis est parfaitement faux. L'information libre à laquelle on a accès, hormis par le Peer-to-peer ou les sites officiels, est d'une qualité parfois douteuse. Il n'y a jamais eu de village planétaire : on observe plutôt un accroissement de la hiérarchie partout sur le net et des clivages « communautaires » (par tribus) de plus en plus marqués. En gros, en terme de révolution sociale, Internet est un échec sur toute la ligne. Je ne conteste pas le fait qu'il a conduit à de nouvelles pratiques, ce qui fait de l'emploi pour les sociologues qui n'ont rien d'autres à foutre, mais fondamentalement, Internet n'a rien changé. Dans les années 1990, il y a eu une période où il a effectivement apporté une nouveauté radicale. Nouveauté que personnellement j'ai cru retrouver sur Wikipédia en 2005, mais bon, de ce côté là, j'ai vite déchanté, puisque Wikipédia est rapidement devenue un repère d'informaticiens endoctrinés et blindés de préjugés de scientifiques, ou bien d'universitaires qui ont le même niveau d'intelligence que des universitaires moyens, c'est à dire un niveau très bas.

Aujourd'hui, de toute façon, c'est fini. Internet est soit marchandisé, soit noyé sous un bruit de fond de plus en plus élevé, soit contrôlé par toute une armée de modérateurs ou d'administrateurs, si bien qu'il n'existe plus de possibilité de faire entendre, ou d'entendre des voix originales. Au mieux on retrouve ce genre de voix sur des sites douteux. Je dirai donc que l'utopie est complètement tombée à l'eau. Aussi bien pour les utopistes d'un Web indépendant et libre, c'est à dire ceux qui rêvaient d'une grande communauté où tout le monde s'aimerait dans le miracle technologique, que pour ceux qui s'imaginaient se faire des tunes facilement avec le Web. Parce que ça a pu marcher au début, mais rapidement, les grosses boites sont arrivées et ont repris leur place. Il y a eu quelques nouveaux riches, mais finalement assez peu.

En gros, je dirai que le bilan est mitigé.

Catégories: Culture libre




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