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Pourquoi lo-fi ? Par opposition radicale à ceux qui prétendent qu'il y aurait de la « bonne » et de la « mauvaise sociologie ». Lo-fi car on peut faire de la sociologie sans être mutilé, limité, aliéné par le style académique pompeux, réactionnaire, ultra-sérieux et politiquement correct qui colonise les revues académiques.
Conséquence, la sociologie lo-fi peut être mal écrite, traiter de sujets introuvables (ou pas), être non-marchande, anti-système, etc. Cette orientation « atypique » et le flou qui entoure la notion, font que certaines analyses sortent parfois du cadre du laboratoire.
 

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Manifeste cyno-scatologique

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 05-08-2020 09:27
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 05 août 2020 / Dernière modification de la page: 17 juillet 2023 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé : La politique de l’animal, et en particulier celle de l’animal d’élevage, s’inscrit dans une logique d’exclusion et d’enfermement. Ségrégation spatiale de l’animal par exclusion de l’espace humain, enfermement dans un statut, dans une représentation figée, mais aussi, cloisonnement fonctionnel. La mise en œuvre de cette politique, notamment en Europe occidentale, a et a eu pour effet d’accélérer ou d’aggraver la disparition de l’animal d’élevage des zones urbaines et désormais des zones rurales avec l’extension des règles de l’élevage industriel et des représentations urbaines au petit élevage et à la campagne.

Cette politique obéit-elle à des pures considérations pratiques, techniques, hygiénistes, comme elle le prétend ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un discours de domination qui masque l’emprise d’un bio-pouvoir, au sens foucaldien du terme ; qui cherche à se légitimer en s’appuyant sur une réalité soi-disant intangible désignée par le vocable flou de « nature animale » ?

Seulement, dans une perspective latourienne, en quoi cette politique d’exclusion et d’enfermement appliquée à l’animal diffère-t-elle de celle qu’on applique à d’autres minorités humaines ou objectales. Au delà du contenu, il y a en effet à l’œuvre la structure, le contenant, qui obéit à ses logiques endogènes, et notamment ses logiques d’assignation et d’enfermement. Il y a des institutions manipulatrices au sens illichien du terme, qui, suivant leur propre logique, leur propre dynamique, agissent comme une force instituante et produisent l’exclusion et le confinement de minorités en situation de domination ; notamment lorsque le Droit ne reconnaît pas pleinement leur « existence » en tant que Sujet, comme c’est le cas pour l’Animal.

La fameuse convergence des luttes passe alors aussi par la réhabilitation du pouvoir animal et de celles et ceux qui le soutiennent et le portent, à travers des pratiques aujourd’hui menacées comme le pastoralisme et l’élevage libre, ou à travers des pratiques innovantes comme l’élevage urbain ou le développement des fermes ouvertes.

En illustration, une critique argumentée et comparative de la politique anti-canine.



Il existe deux types de pollution, celle qui se voit, ou plutôt se perçoit, et celle qui ne se voit pas, ou plutôt ne se perçoit pas. Soit donc, la pollution visible et la pollution invisible.

Dans la première catégorie, distinguons la pollution qui l’est parce qu’elle provoque une gêne perceptive (pollution sonore, pollution olfactive, fumée âcre) que nous appellerons la pollution perceptive ; et celle que l’on perçoit, mais sans que notre perception n’en soit particulièrement affectée, soit la pollution non-perceptive (par exemple, une belle nappe de pétrole flottant sur la mer d’Iroise).

Encore une distinction, il y a la pollution immédiate, dont on reçoit immédiatement et directement les effets, et la « pollution longue » dont les effets sont diffus, longs, invisibles et par conséquent, souvent difficiles à mettre en évidence.

Il y a encore la pollution environnementale qui affecte les écosystèmes et menace le biologique dans son ensemble ; la pollution sanitaire qui détériore la santé humaine ; la pollution culturelle, qui n’a pas forcément d’impact environnemental ou sanitaire, mais qui est liée à la notion d’impur, de sale, de pourrissement, etc. Disons qu’elle est perçue comme menaçante, dégradante au sein d’une culture. Ces trois catégories ne sont pas forcément disjonctives. De choses considérées comme impures dans certaines cultures constituent une menace sanitaire : de là naissent des règles d’hygiène, à priori culturelles, mais ayant en fait un impact positif sur la santé humaine. On peut aussi fort bien concevoir qu’une pollution environnementale ne soit pas perçue comme culturelle, surtout si c’est une pollution longue.

Au fait ? Qu’est-ce que la pollution ? Elle est rattachée, en règle générale, à des transformations physiques, à des intrants, qui produisent des dégradations, des effets indésirables, des processus parfois irréversibles sur un système : écosystème (dans son acception la plus stricte), santé, culture. Cette définition laisse place à une certaine incertitude sur la réalité de la pollution qui s’estompe avec sa gravité. Par exemple, des enfants qui jouent dans la rue constituent, pour certains, une pollution sonore, mais elle n’est pas grave. La déflagration d’une bombe provoquant des lésions aux tympans l’est davantage. Enfin, le bruit et la puissance destructrice d’une bombe atomique constituent une « pollution » particulièrement grave. Tout le monde en conviendra ! Cela étant, au niveau sociologique, la définition demeure un peu floue puisqu’elle fait intervenir des paramètres culturels (l’attention et la perception sont influencées par la culture) ; mais sur le plan écologique, elle est sûrement plus rigoureuse.

Cet exemple introduit en tous les cas une autre distinction importante : certaines pollutions sont facilement évitables ou réversibles, il suffit de s’éloigner de quelques mètres de la zone affectée (évitement), de se boucher le nez s’il s’agit d’une pollution perceptive (protection) ou de se nettoyer la chaussure (réparation), tandis que d’autres sont omniprésentes et irréversibles. L’irradiation entre dans cette catégorie, puisqu’à part derrière un mur de plomb, il est impossible de s’en protéger et ses dégâts sont quasiment irréversibles.

Où se situe la crotte de chien là dedans ? Facile. C’est une pollution :

  • Culturelle, ou sanitaire dans des cas extrêmes.
  • Immédiate, elle affecte instantanément le promeneur qui par malheur bonheur marche dedans.
  • Sans gravité.
  • Perceptive, elle est surtout gênante par l’odeur qu’elle génère et lorsqu’on la touche.
  • Visible.
  • Évitable et réversible.

Les divagations de la politique canine

La politique canine est un ensemble de dispositifs, de réglementations, d'actions et de discours, ayant pour objectif l'éradication de la pollution canine, plus spécifiquement, toutes les nuisances générées par les chiens, et par inclusion, la pollution générée par les crottes de chien.

Si l'on s'en tient au volet anti-crottes, plusieurs aspects de cette politique sont très problématiques.

Premier hic : les distributeurs de sacs à crottes. Où est le bug ? Eh bien, on remplace une pollution immédiate par une pollution longue. Le plastique, ainsi produit, distribué et mis à la poubelle (il est normalement à usage unique), errera en effet inévitablement dans la nature ou sera incinéré. D’où énergie grise et pollution à tous les niveaux - même pour les sacs dits « biodégradables » (nouvelle technologie verte de pointe !) qui ne solutionneront évidemment le problème qu'en surface. La politique canine a donc remplacé une pollution culturelle par une pollution environnementale. Super ! Et que ce soit avec les poches anti-crottes polluantes ou les processus industriels de nettoyage des crottes de chien. D’une nuisance faible et sans gravité, on passe à une pollution environnementale relativement grave. Euh… Cherchez l’erreur… Il existe toutefois un remède : récupérer des papiers dans une poubelle ou prendre avec soi des papiers usagés pour ramasser la crotte de chien. Seulement, ce n’est pas toujours simple, on passe pour un clochard (moi ça ne me dérange pas, mais je le mentionne quand même parce que ça peut en freiner plus d’un) et il faut être bien organisé !

On remplace également une pollution visible par une pollution invisible qui, si elle ne se voit plus, n’en a pas pour autant disparu ! Y compris avec les sacs biodégradables puisque la pollution est juste déportée en amont de l'usage. On participe, ce faisant, à une invisibilisation de la pollution. Processus très pervers qui est sans aucun doute bien pire que le mal. Car en masquant la pollution, où en l’évacuant « loin de chez nous », on fait croire et on finit par se convaincre que le problème a été résolu. Mais pas du tout ! Il demeure tout aussi vif ! Certes, pour les crottes de chiens, cet argument n’est pas valable puisqu’à partir du moment où elle disparaît, étant donné que c’est une pollution principalement perceptive, elle s’efface dans la foulée. Mais c’est peut-être là le problème ! Car ce faisant, on valide la « méthode » de l’invisibilisation. « Ah… Grâce à la mairie, maintenant les rues sont enfin propres » s’exclame la mémé du quartier. Mais c’est une absurdité ! La pollution doit se voir. Il faudrait par exemple forcer les industriels à rendre les polluants qui émanent de leurs produits et leurs effets immédiatement visibles. Il faut mettre tout en œuvre pour dévoiler la pollution et la rattacher à sa source, grâce à un message, une coloration du polluant, etc. C’est un des seuls moyens, à mon sens, de lutter efficacement contre la pollution. Dans un autre registre, les pharmacologues l'ont bien compris. Pour éviter la surconsommation, surtout chez les enfants, de certains médicaments toxiques à haute dose, ils rendent leur goût désagréable. Et ça marche...

Mais c'est loin d'être la direction qui est aujourd'hui suivie et les pouvoirs publics - enfin publics, c'est ce qu'ils prétendent - préfèrent s’attaquer à une pollution sans gravité, visible et culturelle, tandis que la pollution grave, invisible, sanitaire et environnementale, continue bien tranquillement à frapper les zones urbaines. A ce sujet, la liste est longue : produits hyper-polluants utilisés dans le bâtiment1, produits d'entretien ménagers, pollution automobile, pollution industrielle, etc. Quels critères retenir pour la comparaison ? Si on s’en tient au nombre de morts, la pollution canine est dérisoire. Le principal risque, outre celui de glisser sur une crotte de boxer et de trouver la mort en tombant dans une bouche d’égout malencontreusement ouverte à ce moment précis et infestée de rats affamés qui vous déchiquetteront sauvagement, est qu’un enfant en avale une infectée par une maladie parasitaire très rare. Bon. Quelques précautions permettront d’éviter ces deux évènements plutôt improbables. Prudemment, gardez toujours sur vous une poignée de mort aux rats. On ne sait jamais. A l’inverse, combien l’amiante, la pollution de l’air, les voitures, font de morts tous les ans ! Et quelles nuisances ne génèrent-ils pas ! Et il ne faut pas s’arrêter à ce décompte macabre, songez au bruit, à l’odeur, au risque, généré par la circulation automobile...

La politique canine s’est fixée pour objectif, sans qu’on sache bien pourquoi, de chasser un animal (le chien) de certaines zones urbaines, ou du moins de lui rendre la vie bien difficile. Mais n’est-ce pas un problème éthique en tant que tel ? On stigmatise une population animale et on l’empêche d’accéder à la mer ou aux espaces verts. De quel droit ? Cette terre est aussi la leur. De plus, ce n’est même pas par cupidité2 ou pour contrer un risque réel, c’est juste pour éviter que des crottes de chiens, compostées en quelques jours dans un espace vert, salissent les pieds ou les fesses de demoiselles et damoiseaux un peu précieux ; alors qu’il est parfaitement possible de les éviter en faisant un minimum attention à l’endroit où l’on marche ou s’assied. C’est pas un peu limite comme argument...

Encore un problème de fond. La croisade contre la pollution canine, dont on peine à retracer l’origine, entretient la confusion entre pollution culturelle et pollution environnementale. Combien de badauds, se sentant investis d’une mission divine lorsqu’ils voient votre chien faire sa crotte dans la rue, et, se sachant dans leur bon droit, vous assassinent de propos injurieux ou de regards vénéneux. Et je n’exagère pas ! J’ai une bonne expérience en la matière ! Donc, outre le fait que cette politique donne un carton vert au gros con en 4x4 pour vous incendier pendant que votre chien fait tranquillement ses besoins au milieu de la route, elle dessert la cause environnementale. Car un discours écologico-politique absurde vient souvent se greffer à la politique anti-canine et aux revendications anti-crottes des écologistes de boulevard. Alors après, l’amalgame est vite fait… De surcroît, comme je l’ai suggéré, cela amène à croire qu’une politique de gestion des déchets consistant à les rendre invisibles et à s’attaquer prioritairement à des pollutions sans gravité, réversibles, évitables et culturelles, serait la bonne politique environnementale. Ce qui est ridicule. Ça l’est d’autant plus que la crotte de chien n’est pas une pollution environnementale. Au contraire. C’est un intrant naturel. Et indéniablement, il faut reconnaître qu’elle se composte très bien.

Reste enfin les aspects liberticides de ces mesures anti-crottes de chien. C'est ainsi qu'en 2012, « pour garantir la propreté de ses rues, Jérusalem emploie les grands moyens : la municipalité projette en effet de créer une base de données répertoriant l’ADN de sa population canine. Le but : retrouver les maîtres qui ne ramassent pas les crottes de leurs toutous. »3. Depuis, cette pratique liberticide s'est répandue dans le monde entier4. Je n'ai pourtant trouvé aucun article critique en langue française sur le sujet, dans la littérature contestataire. Mais au delà de cet exemple assez extrême, ces mesures sont liberticides pour l’animal, pour l’être humain dans son ensemble et pour le « maître ». Car en quoi un chien lui appartient-il ? Ce n’est pas un meuble comme un autre que je sache ! Il a coévolué avec l’être humain depuis au moins 30 000 ans… Restons sérieux. Dans bien des pays, les chiens divaguent dans les rues, et personne ne s’en soucie. Parfois, quand on ne veut pas qu’ils fassent leurs besoins devant la porte, on les chasse au moyen de menaces énergiques, et dans 95 % des cas, ça marche. Problème résolu ! Le chien va faire ses besoins là où on ne le voit pas, et tout se passe à merveille ! Mais c’est parce qu’il peut circuler librement sans être asservi à un maître qui l’aliène selon ses caprices. Quoique ce ne soit pas tant la possession du chien qui pose problème, que la responsabilité que l’on fait peser sur le maître et les contraintes de plus en plus drastiques qu’on lui impose. Comme tenir le chien en laisse. Avec pour conséquence que le chien fait ses besoins… là où il le peut. A l’heure où on commence à dresser l’être humain contre une pollution sanitaire invisible et incertaine, je m’interroge sur ce genre de pratiques…

Seulement, mon cas est isolé, et en France, il faut bien admettre que la politique canine est très populaire, à droite comme à gauche, et ailleurs. Donc, les pouvoirs publics, et en particulier les mairies, s’en donnent à cœur joie. Ça fait propre et ça crée même de l’emploi avec les redoutables brigades incivilités. Lol. Alors c’est vraiment top pour tout le monde. Ils feraient volontiers la même chose sur les sans-papiers, mais rooohh, quelques cathos et gauchistes râleurs viennent faire des vagues… Par contre, le nucléaire, ils peuvent toujours râler, on y touche pas : ça fait de l’emploi et la pollution est longue et invisible. Alors si on met le chien et une centrale nucléaire dans la balance… Désolé les gars, mais les hommes du futur et les écosystèmes, ça vote pas ! Petite digression qui ne manquera pas de nous rappeler la pertinence du fameux constat, quelque peu élitiste, d’Hannah Arendt : le fascisme a toujours été propulsé et acclamé par la populace. J’ajouterais quand même, sous la direction de l’élite savante…

Arguments en faveur de la crotte de chien

Mais restons positifs. La route est courte. Pourquoi faut-il aimer et promouvoir les crottes de chien ? Voici quelques bonnes raisons.

  • D’abord parce que ça porte chance de marcher dedans, évidemment !
  • Parce que c’est écolo.
  • Parce que ça égaie un peu les trottoirs. Ca met du piquant à la vie ! Il faut les éviter, ça fait causer ! Ouf ! Paradoxalement, on respire !
  • Parce que ça fait chier – au sens figuré je pense – les râleurs et que de toute façon, ils trouveront toujours un moyen de vous faire chier quoi qu’il arrive. Donc à tout prendre...
  • Parce qu’on ne sait pas ce qu’en pensent les chiens. Laissons-leur le bénéfice du doute. Peut-être y a-t-il une structure profonde, un sens caché, un message ésotérique dans l’alignement des crottes qu’ils déposent tous en chœur sur les trottoirs ! Peut-être veulent-ils nous avertir de l’arrivée imminente des Éholims qu’ils ont bien connus il y a 30 000 ans. C’étaient peut-être eux d’ailleurs…
  • Parce que certains chiens en raffolent ! Beurk ! Je maudis ma chienne. Rien à faire…
  • Parce que le vent l’emportera ; à défaut, la pluie…
  • Et parce que c’est l’ultime relique d’un temps perdu où les rues n’étaient pas ce morne désert minéral contemporain dans lequel la vie s’est volatilisée… et que ça nous rappelle qu’il serait temps de se dépêcher à planter des arbres fruitiers dans les rues, casser quelques trottoirs pour y mettre des plantes, et cesser de s’en prendre au genre canin qui n’est pas responsable de la bêtise humaine ! Wouf !

Comment agir ?

Quelques moyens d’action pour promouvoir la crotte de chien en ville :

  1. Si on vous embête, ignorez. Laissez râler… Ça leur fait du bien et ça meublera leur soirée.
  2. Expliquez-leur que si ça les gêne, ils n’ont qu’à la ramasser eux-mêmes. Puis partez en leur tournant le dos. Restez vigilant tout de même, au cas où ils tenteraient de vous poignarder…
  3. Si on vous harcèle, baissez votre pantalon, et accompagnez votre chien dans son action citoyenne et écologique, tout en chantant la marseillaise et en lisant ostensiblement Le Capital de Karl Marx ou Croc-Blanc de Jack London que vous aurez pris soin de prendre sur vous, au cas où.
  4. Si après ça, on insiste toujours, prenez les crottes de votre chien, et servez-vous en pour barbouiller quelques messages et affiches de prévention canine. Soyez un peu attentifs et vous verrez : il y en a partout ! Les collabos particuliers ne manquent jamais d’inventivité pour vous culpabiliser tandis que vous traversez une ruelle paisible et pittoresque ; certes agréablement fleurie mais globalement moche, parce qu’il y manque un élément essentiel : la joie de vivre et la tolérance envers le genre canin5
  5. Justement, convertissez-vous en graffeur cyno-scatologique. Ca peut marcher ! Peut-être même exposerez-vous un jour au MOMA au côté de Banksy, complètement éclipsé par la profondeur de votre génie provocateur. Hélas, votre chien, le seul artiste véritable dans l’affaire, ne recevra jamais les louanges qu’il aurait légitimement mérité. D’autant que débordé par les invitations que vous recevrez des quatre coins de la planète, vous n’aurez plus le temps de vous en occuper et qu’il croupira au fond d’un chenil humide. Wouf !
  6. Détournez le mobilier urbain. Transformez ces sinistres panneaux anti-chiens en panneaux anti-humains, anti-chauve-souris, anti-buveurs de sodas, anti-masques, anti-tout. Ca peut marcher ! Certes, Banksy l’a sûrement déjà fait, mais bon…
  7. Trouvez d’autres militants cyno-scatologiques et organisez des gigantesques manifestations cyno-scatologiques pour protester contre la dégradation du climat et l’augmentation du prix des croquettes. Ca peut marcher. Le gouvernement tombera et vous vous retrouverez à la tête d’une cynogarchie où vous serez le fameux mâle alpha. Eh oui, celui dont parlent tous les camtareux et les zonards qui eux, pour le coup, ramassent bien sagement les crottes de leurs chiens après leur avoir mis un petit coup de pied discret dans les fesses ! Nan… je critique pas mais c’est vrai que parfois, ils n’y vont pas de main morte.
  8. Attaquez-vous aux croyances pour les changer. Créez et enseignez une religion cyno-scatologique où la merde de chien sera un présent divin que les prêtres transformeront en onguent sacré dont ils s’enduiront le corps dans des cérémonies religieuses où des hordes de caniches affamés dépèceront sauvagement un mouton offert en sacrifice au dieu Anubis. Ça devrait marcher. Mais c’est moins sûr car la collaboration des caniches pourra s’avérer difficile : « ouais la viande n’est même pas cuite », « ben moi je préfère mes croquettes », « moi je mange pas tant que c’est pas dans ma gamelle », etc.
  9. Partez sur une île déserte avec votre chien. Mais faites quand même bien attention parce que dans certaines régions du monde, le chien reste un met de choix… Enfin pourquoi pas. Moi je n’ai rien contre, tant qu’on les laisse libre de faire leurs crottes là où ils le veulent...

Le chant des partichiens (ou partichiants).

Ou sinon, plus simple, la prochaine fois qu'on vous importune avec ça, levez-le poing et chantez haut et fort :

« Libertad para la cani-república !
La mierda volverá a florecer
Los perros tendrán sus patatas
Y los humanos sus croquetas »

Notes

1 Qu’il est loin le temps où on réparait ses murs avec une truelle et une taloche...

2 Je fais ici référence aux organisations qui enferment ou parquent des animaux dans un but commercial ou économique. A l'instar de la SPA qui fait vivre de nombreux salariés et toute une économie du soin, en emprisonnant et en stérilisant des chiens ; tout en prétendant que c’est pour leur bien ou pour le fameux bien commun.

4 Une nouvelle fraîche vient appuyer mon propos. Robert Ménard, dont la couleur politique est suffisamment connue de tous et suffisamment limpide pour que j'évite un procès pour diffamation en l'énonçant clairement, a emboîté le pas. « Hérault : l’ADN canin est désormais obligatoire dans une partie du centre-ville de Béziers pour lutter contre les crottes de chien. Le maire de Béziers, Robert Ménard, impose à partir de ce dimanche à une partie de ses habitants de procéder au prélèvement salivaire de leur chien. Cet ADN pourra servir à sanctionner les propriétaires qui ne ramassent pas les crottes de leur animal. L'arrêté déposé dans ce sens le 12 mai dernier en sous-préfecture n'a pas été contesté, à l'issue des deux mois réglementaires. "L’expérimentation de deux ans peut donc commencer", jusqu'en juillet 2025, annonce dimanche 16 juillet Robert Ménard à France Bleu Hérault. Chaque animal devra désormais avoir un passeport génétique. Les propriétaires qui ne seront pas en mesure de fournir ce document, dans l'hyper centre-ville s'exposeront à une amende de 38 euros. Pire, s'ils n'ont pas ramassé les crottes de leur chien, la facture s'élèvera à 122 euros. Selon le maire de la ville, la municipalité va proposer aux habitants de se manifester pour procéder gratuitement au prélèvement salivaire de leur animal. », France Info, 16 juillet 2023. En ligne : < https://www.francetvinfo.fr/politique/robert-menard/herault-l-adn-canin-est-desormais-obligatoire-dans-une-partie-du-centre-ville-de-beziers-pour-lutter-contre-les-crottes-de-chien_5953979.html > consulté le 17 juillet 2023. Si cette mesure n'est pas typiquement néo-fasciste, alors, je ne sais plus quoi en penser !

5 Au point que certains vont même jusqu'à créer des milices anti-crottes... Voir < https://actu.fr/normandie/villerville_14755/a-villerville-brigade-anti-crottes-declare-guerre-dejections-sauvages_26933755.html > consulté le 07 août 2020.

Catégories: Libertés




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