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Pourquoi lo-fi ? Par opposition radicale à ceux qui prétendent qu'il y aurait de la « bonne » et de la « mauvaise sociologie ». Lo-fi car on peut faire de la sociologie sans être mutilé, limité, aliéné par le style académique pompeux, réactionnaire, ultra-sérieux et politiquement correct qui colonise les revues académiques.
Conséquence, la sociologie lo-fi peut être mal écrite, traiter de sujets introuvables (ou pas), être non-marchande, anti-système, etc. Cette orientation « atypique » et le flou qui entoure la notion, font que certaines analyses sortent parfois du cadre du laboratoire.
 

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Oscillation

Auteurs : BenjaminGrassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2009
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 06 mai 2014 / Dernière modification de la page: 03 avril 2016 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



Ce qui rapproche l’art de l’aristocratie c’est, d’une part, le caractère inné du talent (naissance vocationnelle) et, d’autre part, le fait que le privilège soit attribué non pas seulement à des individus, mais à toute une catégorie (les artistes, les créateurs en général) ; ce qui, à l’opposé, le rapproche de la démocratie c’est, d’une part, l’indexation de la grandeur sur le mérite personnel (méritocratie) et, d’autre part, l’accessibilité de cette grandeur à tout un chacun selon ses efforts ou sa chance; et, ce qui, enfin, l’éloigne tant des valeurs aristocratiques que des valeurs démocratiques, c’est que l’excellence y est définie dans la singularité, au double sens d’exceptionnalisté (excellence) et de marginalité (exclusion). (…) D’où le partage de l’artiste en trois idéal-types, renvoyant chacun à l’une de ces dimensions axiologiques, ainsi conjuguées dans une chimère aussi robuste qu’improbable : l’artiste mondain, incarnation d’une aristocratie désormais renvoyée au passé; l’artiste engagé, incarnation de la démocratie expérimentée au présent; et l’artiste bohème, incarnation de la singularité projetée dans l’avenir. Ainsi peuvent se conjoindre, ne fut-ce qu’imaginairement, les trois substrats fondamentaux de la grandeur que sont le privilège (aristocratie), le mérite (démocratie) et la grâce (vocation). Le résultat forme une configuration saugrenue (…), nous vivons dans un monde où toute une partie de l’élite se tient dans la marginalité, revendiquant le refus de la société même qui la reconnait.

Nathalie Heinich, L’élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Gallimard, 2005, p. 274.

Vint la nuit. Quelqu’un pleurait dans le noir. Nous dérivions Desespérés, la voile oblique, vers l’inconnu. Mais nous étions ensemble sur le pont, en silence, A fixer les ténèbres. La lumière disparut.

Seul un nuage resta, au loin, encore longtemps, Avant que tombe la nuit, planant dans l’univers, Pourpre, comme - en un beau chant Sur les abîmes sonores de l’âme - un rêve.

George Heym.

Le réseau alternatif est-il vraiment alternatif ?

Je réfléchis dans cet article à un problème très concret : quelles peuvent être, ou vont être, les alternatives au réseau alternatif ?

L’idée peut sembler absurde. À quoi bon trouver des alternatives à l’alternatif ? Mais tout dépend de ce que l’on entend par réseau alternatif. Car le « réseau alternatif », ça regroupe trois réseaux distincts. Je prends pour le montrer l’exemple de la musique alternative.

  • Le réseau peut être dit alternatif parce que des gens y écoutent et y jouent une musique alternative. C’est à dire une musique qui passe pas sur NRJ, RTL ou SkyRock, et qui se démarque, par les sonorités, le style, les paroles, etc., de la musique commerciale ou populaire… Généralement, une musique difficile à écouter, mais pas toujours. Le seul hic, c’est que dans cette perspective, l’alternatif se mélange avec des pratiques de distinction sociale qui n’ont pas grand chose d’alternatif. Pour caricaturer, le rézo alternatif, c’est le citadin branché et cultivé qui écoute de la musique alternative pour se distinguer de la masse des auditeurs imbéciles et ignorants qui écoutent de la soupe commerciale !
  • Le réseau peut être dit alternatif parce que des gens y tiennent un discours politique, social alternatif. Le discours, véhiculé ou non par la musique, est alors un discours qui prône une alternative au système existant. Ce qui rejoint la tradition de La Marseillaise. Sauf qu’au lieu de chanter La Marseillaise, les rézoteux chantent en choeur les Sex Pistols, des chants gothiques, ou bien leur haine de l’État et de Microsoft !
  • Le réseau peut être dit alternatif parce que les musiciens et les spectateurs essaient de pratiquer la musique d’une façon alternative. C’est à dire qu’ils essaient de diffuser et produire la musique d’une manière différente de celle qui est courante dans le marché musical. Par exemple, ils vendent des concerts « équitables » à un prix honnête - allez, au hasard, 5 euros. Ils essaient alors de se positionner en porte-à-faux des pratiques commerciales et hiérarchiques du marché culturel.

Voilà en gros ce qu’est le réseau « alternatif ». Quant au mot réseau, il signifie seulement que des gens s’échangent des trucs et se connaissent potentiellement de près ou de loin. Sinon, c’est un concept suffisamment vide pour qu’on puisse l’utiliser à peu près n’importe comment.

Bon. Avec cette définition, peut-on affirmer que la nébuleuse de pratiques, de discours, de concerts, d’expos, de projections, d’assoces, de locaux, de musicos, de bozardeux, d’étudiants boutonneux en manque de rapports sexuels, de zonards, de chiens de zonards et de plein d’autres trucs, est vraiment alternative ?

  • S’agissant de savoir si les spectacles et produits culturels qui y circulent sont alternatifs, je laisse la question aux étudiants de philo en deuxième année. Passé le cap de la première année, ils commencent généralement à développer des théories sur la question. Et ça ne manque jamais d’intérêt. Nan…, je veux dire, c’est un discours pour citadins urbains en manque de sensations fortes. Aucun intérêt. C’est vrai qu’il y a plusieurs marchés musicaux. Le marché du jazz passe rarement à la radio dans mon bled perdu. En revanche, je capte bien Fun Radio. Voilà tout. Quant à savoir si le free jazz branché est plus alternatif que le jazz de la Nouvelle Orléans, que répondre à une question aussi insignifiante ? Ben rien. Si ce n’est que ça dépend du contexte, des goûts et du temps qu’il fait…
  • Deuxième truc. Le discours alternatif. Mouais… Je dirais déjà que ça dépend de quel côté politique on se situe… Et puis, il faut bien voir que ça change pas la face de la planète. Les Sex Pistols et John Lennon n’ont pas empêché la masse silencieuse des anglais d’élire Margaret Thatcher et Tonny Blair. Pas plus qu’ils n’ont empêché l’agriculture intensive, la famine en Afrique, l’enseignement de masse et toute la merdasse que nous recrache quotidiennement la société industrielle. De plus, plein de groupes qui se disent alternatifs, ou sont stigmatisés comme tels, ne tiennent pas du tout un discours alternatif. Ajoutons que des groupes ou chanteurs franchement commerciaux ont au contraire un discours alternatif. Et que dire de Rage Against The Machine ?
  • Donc, à la limite, le seul truc qui pourrait être alternatif, c’est la volonté de proposer une alternative concrète aux pratiques exclusionnistes et hiérarchiques du marché culturel. Soit. Par exemple, l’alternatif, ça peut être de faire des concerts et des expos gratuits. He bé, figurez-vous que récemment, la mairie de La Rochelle a organisé un superbe spectacle pyrotechnique gratuit dans la rue, avec une distribution gratuite de vin chaud, de soupe de poissons et de pain d’épices. C’était pas mal. Je me serais cru à l’Athénée libertaire à Bordeaux, un jour de cantine Mac No, où on peut bouffer de la cuisine bio gratos - pas terrible, mais ça change des pâtes au gruyère - avant de se faire détruire les oreilles par un excité qui joue du R&roll. Hormis le fait qu’à La Rochelle, l’évènement organisé par la mairie était ouvert à tout public et qu’on pouvait facilement engager la conversation avec le premier venu, sans se prendre une rasade de snobisme urbain dans la face (un luxe de bord de mer que les bordelais ne connaissent pas). Tout cela pour dire que les concerts et les expos gratuits, ça court les rues et les locaux. En ville, il y en a partout. Ce qu’on paye, en général, c’est l’oeuvre. Réfléchissez-bien, selon vous, quel est le pourcentage d’artistes, rebelles ou non, qui donnent gratuitement leurs oeuvres matérielles (toile, sculptures…) ? Et puis de toute manière, la gratuité dans le réseau alternatif, c’est plutôt l’exception que la règle. Ou alors, c’est une gratuité à double tranchant. La plupart des concerts sont payants, ou si ils ne le sont pas, les musiciens y revendent leurs vinyles ou leurs cd’s. Ah oui, tiens, dans le genre pratiques alternatives, il y a aussi l’idée qu’on est alternatif quand on enregistre sur des cassettes, des vinyles, ou des trucs comme ça. L’idéal c’est de vendre des disques qu’on ne peut écouter qu’avec des gramophones… Non… C’est vraiment pas sérieux. Pire, pour de nombreux rézoteux engagés, le truc qui est vraiment alternatif, c’est de faire ses concerts pas chers pour ne pas faire de profit. De payer juste la bouffe, l’essence pour les tournées, le PQ, les croquettes pour le chien et les putes à Amsterdam. Ça, c’est censé être honnête. Du coup, un concert au dessus de cinq euros, c’est un truc de vendu. Quant à la bière à 3 euros, c’est un pêché capitaliste. Hum, hum… Je ne voudrais pas briser le sens profond de ces pratiques religieuses, mais bon, c’est franchement illusoire. J’ai pas trop envie de m’attarder sur le sujet, j’en ai déjà parlé ailleurs. Mais le truc, c’est que de toute façon, c’est la loi du marché qui joue. Pareil que le reste. Vous faites un concert d’électro expérimental à 30 euros, personne ne vient. C’est le marché. À moins de s’appeler Jean-Michel Jarre. Faudrait donc arrêter de se donner bonne conscience en disant que c’est un choix parfaitement libre et consenti. Le pauvre musicos alternatif subit le prix, comme les autres. J’ajoute que ce n’est pas toujours possible de faire payer super cher le spectateur quand on fait de la musique qui n’intéresse qu’un public de spécialistes autistes.

Pour conclure. Ce qu’on appelle réseau alternatif n’est pas plus alternatif que le courant continu.

Et pourtant, il y en a, des trucs alternatifs… Probablement plein. Des milliers de jeunes ou de moins jeunes, ont des idées, des projets alternatifs démentiels et fabuleux. Et que se passe-t-il ? Rien. Tous ces beaux projets alternatifs s’évanouissent dans 99,99% des cas derrière la machine implacable du marché urbain de produits culturels qui, non content de briser dans l’oeuf les initiatives et la joie de vivre des jeunes idéalistes, prétend être un truc alternatif.

Bon. Mais avec la sagesse de l’âge, je dois dire que j’ai fini par ne plus en vouloir à ce système impitoyable. J’ai décidé d’opter pour des approches plus constructives - et donc plus radicales. Enfin, ce que j’aimerais surtout, c’est que les jeunes qui rentrent dans ce truc, sachent à quoi s’attendre, et ne se fassent pas prendre au piège des marchands de la rebellion. Donc, je vais essayer de continuer ma petite réflexion. Que proposer comme alternative à ce réseau alternatif ?

Quelques pistes

Ce que je vais faire est simple. Je vais prendre tous les trucs qui sont censés être alternatifs et je vais leur trouver une alternative assez basique. Rien de bien compliqué, et je précise qu’il y a probablement plein d’autres alternatives possibles. Mais bon, je mets celles qui me passent par la tête. J’en ai déjà expérimenté certaines, d’autres sont purement spéculatives. Pour pas avoir de problèmes, je précise que je n’encourage personne à les faire. Et surtout, prenez connaissance des problèmes légaux que ça peut causer. Si vous souhaitez rajouter d’autres idées dans l’article, mettez-les. Ces alternatives doivent tout de même répondre à quelques critères : ouvertes (si possible), non-marchandes, conviviales, amusantes, non-hiérarchique, avoir un sens (j’entends par là ne pas se résumer à un échange bête et méchant de produits culturels).

Je rajouterai aussi un autre critère un peu plus complexe. Je me focalise sur des pratiques qui soit, 1. Ne font chier personne. 2. Ne font chier que le régulateur public. C’est à dire que tout le monde s’en fout qu’on les fasse, mais c’est écrit dans la loi ou demandé par le préfet, donc il faut l’interdire. Ou alors, ça plairait à tout le monde, mais de toute manière, c’est interdit. 3. Ne font chier qu’une minorité de gens particulièrement intolérante (les nichons à l’air sur la plage). Notons que ça inclut les trucs qui ne font chier que les professionnels. Par exemple, je diffuse Harry Potter dans la rue, tout le monde est content, sauf les multiplexes. 4. Ne présentent pas un risque trop important pour celui qui les accomplit. Ou alors j’essaie de l’indiquer. Mais ça reste un choix perso…

En revanche, les pratiques où n’importe qui de sensé, en se mettant à la place de celui qui les subit, pourrait comprendre que ça le fait chier, je les exclus. Je prends un exemple. Vous faites votre concert super fun tendance jusqu’à 4 heures du mat dans un local mal insonorisé. Le voisin descend gueuler un bon coup. Ca vous prend la tête. Bon, mais mettez-vous à sa place. Faut le comprendre…

Allez, venons-en au fait.

  • Les squats. Les squats, c’est un truc de rebelles où les opprimés sont censés pourfendre les méchants propriétaires capitalistes en squattant leur bien immobilier. En fait, le squat, c’est un peu la guéguerre d’expulsion. Le propriétaire veut expulser le squatteur. Le squatteur expulse le propriétaire et tous les non-squatteurs de la terre pour déclarer que c’est son territoire à lui. Eh bé oui. Pour moi, un squat, ce n’est pas un bien public… Un squat ça appartient aux squatteurs. Le squatteur ne libère pas, il s’approprie. Nuance… Je passe sur le fait que ça se transforme bien souvent en plateforme de commerce de produits ou services illicites. Le principal, je pense, c’est que c’est quand même assez chiant pour le proprio. Je sais que les squatteurs occupent en général des maisons inhabités, mais bon… Par ailleurs, est-ce qu’on va vraiment changer le monde en habitant dans une maison de base… ? J’en doute. Et à mon avis, on pourrait imaginer des trucs quand même plus excitants. Tout d’abord, beaucoup de jeunes rebelles l’ignorent, mais en se cotisant, on peut acheter un terrain agricole ou un terrain non-constructible pour pas cher. C’est environ 3000 à 5000 euros l’hectare. Les avantages sont évidents. 1. On s’éloigne des villes qui craignent, polluent et sont rongées par la spéculation immobilière. 2. On peut vivre en réelle harmonie avec la nature. 3. On emmerde pas un pauvre proprio en jouant sur les failles d’une législation mise en place pour protéger les locataires. 4. On emmerde pas les voisins avec de la musique poubelle. 5. On cultive ses légumes. 6. On apprend l’auto-construction écologique, et on s’aperçoit qu’on peut construire une habitation vivable avec des pierres, de la terre, du bois coupé dans la forêt et des matériaux de récupération, pour à peu près deux ou trois mille euros. Vous me croyez pas ? Renseignez-vous, vous verrez bien. Le seul truc, c’est de prévoir un terrain avec une arrivée d’eau. Mais comment croyez-vous que les agriculteurs arrosent leurs champs ? Et puis, il faut savoir ce qu’on veut. Soit on est un rebelle, soit on vit dans un appart de ville avec le confort ! Quant à l’électricité. Un groupe électrogène, une éolienne, des panneaux solaires, etc. C’est pas le choix qui manque. Vous allez me dire, c’est illégal de construire sur un terrain non-constructible. Oui ça l’est. Mais squatter l’est aussi. Donc, je dis juste qu’entre deux maux, ils faut choisir le moindre mal…
  • Les tournées - et les expos. Ca c’est le tradition la mieux ancrée dans la culture alternative. De mon point de vue, la tournée classique, c’est un truc nul. Ca pollue, ça crée de la hiérarchie entre les groupes, ça favorise la circulation des musiciens sur de longues distances plutôt que les échanges locaux et ça sert d’argument pour faire payer les concerts ou les expos. J’ajoute que ça concentre la musique dans des endroits clos, et que ça fonctionne comme un marché tout ce qu’il y a de plus basique ou des musiciens rencontrent des spectateurs passifs contre quelques bouts de papiers ou quelques pièces de métal. Soit. Mais quelle alternative à la tournée ? Là, je peux répondre car j’ai déjà expérimenté. Vous voulez faire une tournée ? Pas besoin de sortir votre carnet d’adresses. Vous prenez votre matos, éventuellement un groupe électrogène ou un convertisseur dc/ac 12v > 220v, ou bien vous taxez l’électricité à droite à gauche, et vous partez en vacances. Voilà ce qu’est une tournée. Pas besoin d’aller vous enfermer comme des moutons dans les mêmes salles, comme des adeptes de camping-car qui vont se ranger comme des moutons sur les mêmes parkings… Vous allez me dire, y a quand même deux inconvénients. 1. « Et le public ?… » Comme je l’ai déjà dit ailleurs, le public des réseaux alternatifs, c’est un public malsain, squelettique et démoralisant. Mieux vaut viser le public de rue : les vieilles dans la rue, les cadres, les commerçants, les jolies cagoles et les vieux croûtons. Croyez-moi, ils sont plus réceptifs et ouverts que les spectateurs livides et blasés des soirées alternatives ! Et puis c’est quand même plus marrant d’amuser des gens que de se faire chier devant un public qui a déjà écouté 10000 fois la musique « alternative ». Faudrait savoir ce qu’on veut ? Jouer dans des ghettos devant un public acquis, ou faire découvrir sa musique ? 2. « Mais ça fait du bruit et la police rôde… » Ca dépend où. Si vous allez jouer dans un bled paumé, tout le monde s’en fout. Et puis, vous n’êtes pas obligé de mettre l’ampli à fond. J’ajoute qu’il y a d’autres moyens de faire des tournées. L’un d’entre eux : la tournée des vide-greniers. Ben oui, pourquoi ne pas faire un stand dans un vide-grenier où vous filez vos disques, exposez quelques toiles, faites connaître votre site perso, parlez de choses et d’autres ? Bon. Apparemment, les vides greniers ça intéresse pas trop les rézoteux parce que j’en ai jamais vu là bas… Y a aussi la solution d’aller jouer direct chez les gens, d’aller animer des soirées, etc. C’est pas les possibilités qui manquent. Vous sonnez à une soirée qui fait du bruit, et vous proposez vos services gratos… Pourquoi pas…
  • Les concerts. Je dois faire une confession. Je ne me suis jamais amusé dans un concert et ça fait bien longtemps que je les boycotte. Trop chiant. Mes derniers bons souvenirs de zic ? Ben quand j’étais à Tahiti et que j’ai vu des danses tahitiennes dans un village. Le spectacle était super convivial, y avait plein de danseurs et danseuses qui foiraient. Là où je veux en venir, c’est que là-bas, enfin du moins pour le peu d’expérience que j’en ai eu, tout le monde participe ou essaie de participer, même si il est nul. C’est pas ça qui compte, le but, c’est de s’amuser. Parce que pour eux, la musique c’est un truc collectif et convivial où tout le monde joue, danse, chante, rigole, pleure, etc. C’est pas un truc lamentable comme un concert de Sting, Rage Against The Machine, Les Wampas, Apy Wiz ou Chocolat Billy (remarquez l’ordre décroissant), où des pauvres étudiants gavés de poulets aux hormones se prosternent devant l’autel sacré où on expose un produit commercial (pardon le groupe) qui distribue ses hosties aux fidèles. Bon. Et au pire, sans remettre en cause le rapport consommateur/producteur, il y a plein de manières originales de faire des concerts. Je sais pas, par exemple, dans des endroits insolites, derrière un rideau, à distance, en incorporant le concert dans une autre activité (un repas, un voyage en train, un mariage, etc.), sur un stade de foot, dans une gare, en jouant à l’envers, en foirant les notes, que sais-je ! Rien qu’à ce niveau-là (la forme, le contenu), il y aurait plein de moyens de rendre le truc moins barbant. Je dois reconnaître qu’il arrive qu’il y en ait qui le fassent. Seulement, le problème, c’est que quand c’est le cas, non seulement on en entend parler pendant 10 ans, comme si ils avaient réinventé la musique, mais de plus, ils deviennent en quelque sorte les propriétaires du concept. Du coup, y a toujours un bouffon pour sortir, « nan mais ça on l’a déjà fait mon vieux, t’arrives à la bourre ». Ca m’énerve… !!! Y a rien qui m’excède plus… Et alors… ? C’est déjà fait, tant mieux ! C’est plutôt positif dans le fond… Y’en a un qui l’a déjà fait, et personne n’a pensé à le refaire… ? Ben alors ? Faut s’y mettre… En annexe quelques exemples.
  • Vendre ses oeuvres ou ses services. J’ai rien contre les gens qui vendent leurs concerts ou leurs cd’s. Surtout si il les vendent chers (à quoi bon brader sa soupe ?). Même si je pense qu’il y a des manières plus originales de vendre sa petite production que le traditionnel concert / assoce / cd (par exemple, vide-greniers, vente dans la rue, vente liée, etc.). Mais comme dans le cas présent, je cherche une alternative non-marchande - ce qui n’implique pas que je sois anti-capitaliste… -, je me cantonne à cet exercice. Pour ce qui est de la diffusion non-marchande de la musique, des photos, des peintures, de nos jours, il y a Internet. Merveille technologique qui fait que le pire des imbéciles peut diffuser ses fichiers sur le net. Pour ce qui est des concerts et des tournées. Voyez ça comme un loisir. Vous vous faites une petite virée en Europe et vous partagez les frais.
  • Les assoces et les collectifs. Il y a trois spectacles dans ma vie qui m’ont réellement aflligé et m’ont fait prendre conscience de l’impuissance qu’on peut éprouver face à certains évènements. Le premier, c’est quand j’étais gosse. Lors d’une promenade, mon petit chat favori m’a sauté des bras pour aller se jeter sous un bus. Je me souviens du salto qu’il a fait avant de retomber sur le sol, inerte. Ca se passait à Nouméa. Je jouais des heures avec ce chat. J’ai ressenti alors toute la fatalité de la nature qui peut briser ce qu’on aime en un instant. Le deuxième, c’est, toujours en Nouvelle-Calédonie, quand j’ai vu des forêts quadrillées de pins plantés sur des pans de montagne entiers à la place de la forêt originelle. Moi qui adore la botanique et les arbres, ça m’a foutu un choc. Je me rappelle, j’étais en voiture avec ma mère et en voyant ça, elle m’a dit, “décidément la bêtise humaine est sans limite”. Le spectacle lamentable de cette logique économique franche, impitoyable, sans complexe, froide et délirante, était démoralisant. Enfin, le dernier spectacle, c’est le réseau alternatif bordelais. Au contact de la branchouille bordelaise, j’ai vu toute l’hypocrisie malsaine de quelques pauvres types, rivés aux postes de contrôle d’une assoce, qui font des choses insignifiantes tout en étant persuadés de faire des trucs géniaux, et qui sont méprisants, hautains, malsains, impolis, tarés, égoïstes, conformistes, soumis, roublards et franchement désespérants. Ce sont là trois formes de violence différentes : la violence des forces naturelles, la violence économique et la violence symbolique. Pour moi, le spectacle le plus insupportable, le plus démoralisant, c’est la violence symbolique. Ce n’est peut-être pas le plus grave, mais c’est le plus affligeant et le plus révulsant. Voir des individus aussi méprisants envers l’humanité, le rêve, la vie, se pavaner dans des concerts, contrôler des assoces, tout en se prétendant rebelles et du bon côté de la barrière, tout en affirmant être à gauche, je trouve ça lamentable. Vivre ainsi de l’espoir des gens, de leurs rêves et de leurs bonnes intentions, c’est abject. Bon. J’ai conscience que c’est un point de vue très subjectif. Mais qui confirme tout de même que ces assoces et ces collectifs informels, dans lesquels se regroupent ces bouseux alternatifs, sont franchement immondes et réactionnaires. La plupart du temps, tout y est contrôlé - sans que cela soit dit, naturellement. C’est fermé à mort et quelques tyrans franchement très cons, contrôlent une assoce loi 1901, ou un “collectif”, de manière dictatoriale. C’est affligeant… M’enfin… Venons-en à la question. Quelle alternative ? L’alternative est très simple : le réseau ouvert.
  • La drogue. Dans le réseau alternatif, ça a souvent tendance à circuler pas mal. À mon avis, la meilleure alternative à la drogue, c’est la sexualité débridée. Si on revenait aux préceptes de base de la contre-culture « tout le monde à poil les uns sur les autres », plus personne n’aurait envie de se droguer. Je sais, ça peut paraître idéaliste, voire pervers pour certains. Mais bon, où est la perversion dans notre société ? Et est-ce qu’on n’est pas franchement arriéré à vivre avec de tels tabous sur tout ce qui est relatif au sexe ? Je sais que c’est quand même mieux quand deux êtres qui s’aiment et vivent ensemble en toute simplicité. Bon, mais ça, ça ne marche pas longtemps, ou alors rarement, ou alors pas du tout. Je veux dire, il faut voir les choses en face. Aujourd’hui comme avant, pour choper une meuf, il faut remplir au moins une des quatre conditions suivantes, 1. être beau et pas trop idiot, 2. savoir tchatcher, séduire, draguer, 3. avoir les signes d’une bonne position sociale ou des facilités matérielles, 4. être particulièrement insistant et obstiné. Je sais, c’est que de la théorie, mais en ce qui concerne mon expérience perso et ce que j’ai vu autour de moi, ça me semble vérifié. Et à mon avis, c’est vérifié depuis des millions d’années. Bon, la question est, est-ce qu’on en reste là ? Soit on se décide à faire un saut civilisationnel et évolutif, soit on en reste au stade du harem, en le mâtinant en public des contraintes de monogamie imposées par l’idéologie chrétienne. Nan, je veux dire, il faudrait arrêter de diaboliser ou dramatiser la sexualité. Il faut au contraire y voir un truc simple, sans complication, basique, sur lequel on peut réfléchir sans passion pour trouver le meilleur moyen de se rendre ça plaisant. Ca devrait être un truc pragmatique. Tu veux coucher ? Moi aussi. Ok, on couche. Si on arrive à faire ça sans se prendre la tête, mais tant mieux… Quoi qu’il en soit, si on libère la sexualité, plus besoin de drogue.

Je termine en m’embrouillant les pinceaux sur l’épineux problème de la sexualité et de la drogue (et finalement, je m’en fous), mais le truc surtout, c’est que je trouve franchement désolant ces concerts, ces soirées, cette société mornes, conformistes, hiérarchiques et sans vie. Et je me pose la question. Y en a-t-il qui y prennent vraiment goût ? J’ai du mal à le croire. Au mieux a-t-on la satisfaction éphémère d’avoir dominé son rival le temps d’une soirée. Mais pour le reste, qu’est-ce qu’on s’emmerde. Je ne suis pas blasé, j’ai plein de centres d’intérêts. Mais sur plein de trucs, il faut se rendre à l’évidence, on ne fait rien. On copie, on se fait chier, on frime.

Nous sommes théoriquement libres dans nos sociétés. On vit dans l’abondance et on pourrait refaire le monde. Partir dans des voyages fabuleux, organiser des trucs délirants, faire des trucs bien plus barrés que les surréalistes. Et au lieu de cela, on fait quoi ? Des concerts et des expos. On va se faire chier dans des concerts déprimants au lieu de faire des trucs complètement barrés.

Tout le monde a eu des longues discussions où on invente, le temps d’une soirée, des trucs géniaux à faire. Personnellement, je n’en ai plus beaucoup ces derniers temps, car j’ai du mal à trouver du monde de mon âge que ça intéresse encore. Mais bon, j’en ai tellement eu que si je les avais notées, j’aurais de quoi m’occuper jusqu’à la fin de mes jours. Tiens, je repense à un dernier truc, y a pas longtemps, c’était d’aller vendre des conneries, des mégots, une bouteille vide, une poche plastique dans un vide grenier à des prix prohibitifs (2000 euros). C’était pas génial, mais sur le moment, on avait imaginé plein de trucs annexes marrants à faire.

Et au lieu de ça, qu’est-ce que on est obligé de faire ? Rien. Y a personne qui se bouge, et on se fait chier. On galère pour ragasser une meuf, toper de la dope. On va dans des bars se saouler, et ça s’arrête là. On vit dans un monde sans imagination, où être créatif, c’est être seul et voir ses rêves s’envoler. C’est ça la vérité. Les seuls qui tiennent sont des pauvres débiles qui friment entre eux parce qu’ils font des concerts là où il faut et comme il faut. C’est pas glorieux.

Pourquoi c’est si dur d’être alternatif ?

Dur constat, hein ! Mais bon, si ça peut vous rassurer, je suis un éternel optimiste. Les choses vont mal ? Eh bien il faut que ça change ! Oui mais qu’est-ce qui nous en empêche ? Eh ben voilà une bonne question. Pourquoi nous n’arrivons pas à faire des trucs sympas, délirants, alternatifs ? Si ça marche pas, il y a bien une raison. Où est-ce que ça bloque ? Encore une fois, je vais essayer d’être très pragmatique. Je vais chercher à comprendre pourquoi, depuis que j’ai quinze ans, j’ai voulu faire des micro-révolutions, et pourquoi ça a pas marché. Je répète, je ne parle pas de révolution marxiste, mais de trucs sympas à faire, sans grande ambition, assez délirants, amusants, funs. Des trucs qui changent du quotidien. Pas des sports à la con comme escalader une montagne, mais plutôt, visiter une ville à pile ou face (un truc qu’on avait essayé avec un pote, dès que on arrivait à un croisement, on tirait à pile ou face, pile à gauche, face à droite). Donc, j’essaie maintenant de repérer d’où viennent les blocages.

  • On peut tout d’abord penser que c’est à cause de l’État. Ça, c’est l’explication la plus courante. Si on ne peut pas faire des trucs alternatifs, c’est parce que l’État nous oppresse. Je pense par exemple au sinistre mouvement pour l’affichage libre de Bordeaux, où les résoteux s’étaient ligués pour pouvoir continuer à placarder leurs affiches polluantes sur les murs bordelais. Plus généralement, si on écoute un tant soit peu les membres de cette corporation, dans leur monde imaginaire, les pouvoirs publics leur en veulent et les oppriment. Ce sont des victimes. Je ne veux pas être désagréable, mais à mon avis, c’est complètement faux. Je ne nie pas que l’État puisse parfois être oppressif. Par exemple, pour ce qui est d’organiser des alternatives dans la rue, c’est clair que le régulateur public n’est pas toujours très bien avisé et très conciliant… Mais globalement, pour ceux qui veulent faire les trucs dont j’ai parlé plus haut, ça change rien. Politiser ainsi les pratiques sociales marginales est même stérile et contre-productif. Ca sclérose tout et ça appelle la répression. La vérité, c’est que l’État, les mairies et tout le bataclan, ils s’en foutent des trucs alternatifs. Ou alors, ils n’interviennent que lorsque ça fait du bruit et que ça dérange la population. Dans le cas contraire, la plupart des fonctionnaires n’en soupçonnent même pas l’existence.
  • C’est à cause des professionnels de la culture (les méchants capitalistes). Je pense que ça joue un peu. Les professionnels de la culture essaient en général qu’on ne leur fasse pas de concurrence. Bon, mais ça reste quand même assez marginal. Enfin, de mon côté, j’ai rarement rencontré le problème.

J’en viens à deux explications plus convaincantes.

  • Si les expériences marrantes et délirantes dont j’ai parlé plus haut ne marchent pas dans 99% des cas, c’est tout simplement parce qu’elles n’intéressent personne et qu’elles se heurtent au conformisme de la populace ou de la bourgeoisace. Par exemple, le nombre de fois où j’ai proposé à des personnes de mon entourage de faire un truc cool et où personne n’a suivi, je les compte plus. À vrai dire, j’ai de moins en moins la motivation de le faire. Maintenant, je me force à faire les trucs tout seul et à pas me reposer sur les autres, parce que sinon, il ne se passe rien. Je veux dire, il faut être réaliste. Les gens sont des moutons passifs qui bouffent la nourriture toute prête que les industries culturelles ou matérielles leur refourguent. Ou bien, des trouillards qui craignent plus que tout de se taper la honte en public. Voilà, tout est dit. Vous pouvez donner toute la liberté du monde à un mouton, que fera-t-il de plus qu’avant ? Rien. Il continuera à brouter l’herbe. Eh ben c’est pareil pour les humains, si ce n’est que chez les humains, il y a en plus des mécanismes de pression sociale qui les poussent à se conformer et à brouter l’herbe. C’est pas très marrant, mais c’est comme ça. Que font 99% des gens, lorsqu’il s’agit de défendre une bonne cause, de faire un truc qui sort de l’ordinaire, de se rebeller ? Rien. Vous pouvez leur proposer la meilleure idée du monde, la meilleure cause, ils se contenteront de hausser les épaules en ricanant… Ils préfèrent aller bosser pour se payer un nouveau frigo. Un exemple, depuis quelques temps, la législation sur les prénoms s’est considérablement assouplie. Désormais, chacun peut appeler son enfant comme il veut. Résultat des courses : des montagnes de Jeanne, Clément, Arthur, Théo… Ce sont les mêmes prénoms qui reviennent à la charge. Comme avant. Conclusion. Rare sont ceux qui ont profité de cette nouvelle liberté. En fait, ça a pas bougé. Et donc l’État n’y était pour rien. Comme avant, on trouve les mêmes prénoms partout. À mon avis, c’est ça la principale cause des blocages. Il faut arrêter de s’en prendre aux méchants capitalistes ou aux méchants politiciens. Si les gens font rien d’intéressant, c’est parce qu’ils aiment ça. Ca ne les intéresse pas de faire des trucs intéressants ! Ou ils n’y pensent pas. Tout simplement. Ils préfèrent mater la télé et jouer au foot, plutôt que d’aller refaire le monde. Ou alors, si ils font un truc original, c’est qu’un autre aura déjà bien labouré le terrain avant eux. Ca peut paraître élitiste comme propos, mais malheureusement, c’est réaliste. Il y a très peu de gens qui sont capables de s’engager dans une voie sans qu’elle ait d’abord été balisée. Ils ne la suivront que si c’est un truc bien impersonnel et que ça a déjà été un minimum développé. Ou alors, il faut avoir du charisme pour réussir à les manipuler et leur faire faire ce qu’on veut. Mais bon, ça, je trouve pas ça franchement cool.
  • Dernière source de blocage, le réseau alternatif. Pourquoi donc ? Eh bien parce que le réseau alternatif a un gros défaut, il accapare toutes les initiatives pour les formater, les encadrer, les marchandiser. C’est assez insidieux, mais c’est très efficace. Je veux dire par là, quand vous faites un truc tout seul, en couple, ou avec une bande de copains, vous faite un truc par vous-même. Parfois, c’est un truc complètement barré, d’autres fois non. Mais bon, le fait est que vous vous amusez bien… Le risque, c’est quand vous commencez à trainer dans le milieu alternatif. Parce que là, ça peut plus marcher. Ca peut plus marcher parce que c’est pas la même logique. Le réseau alternatif, c’est une logique commerciale. Il faut que ça soit formaté, conditionné, empaqueté. Et c’est là où ça constitue un gros blocage. Ceux qui vont dans le réseau alternatif en espérant innover, changer le monde, ils sont contraints de s’engager dans des voies déjà bien balisées, bien rodées. Et en définitive, ils font rien. Ils font comme tout le monde. Ils ont pas le choix. Ils font des concerts et des expos. Je dirai que le principal problème du réseau alternatif, à ce niveau là, c’est qu’il pompe les ressources de ceux qui pourraient être vraiment alternatifs, pour en faire de la mouise standardisée. Plutôt que de s’amuser à faire n’importe quoi, à suivre des gars délirants, les jeunes étudiants vont s’enfermer dans des salles de concerts croyant être alternatifs. Et au final, les gens qu’ont des idées se retrouvent seuls, comme des cons, avec leurs idées sur les bras.

En définitive, dans cette société moderne, on est coincés. Si on reste au niveau individuel, ou au niveau du petit groupe, mais on est confronté au conformisme et à la pression de la famille ou du groupe d’amis. Ou alors, on tourne en rond dans un petit cercle d’amis à se faire ses propres délires. Soit on rentre dans les institutions culturelles, et alors là, pas la peine d’espérer se faire plaisir… Soit on rentre dans le réseau alternatif et on s’imagine être rebelle, alors qu’on fait des trucs marchands de base.

A propos des marchands de la culture alternative

John Maynard Keynes aspirait à une société où l’Homme se serait libéré des contraintes économiques pour se consacrer aux arts et aux choses de l’esprit. Sage idée. Mais ce qu’il n’avait pas anticipé, c’est que les gens sont assez tordus pour faire des arts et des choses de l’esprit de nouveaux produits et contraintes économiques. Car, dans la mesure où ils attribuent une valeur ostentatoire, économique, sociale à ce moaï qu’ils appellent le travail, libérez-les des contraintes matérielles et de la hiérarchie qui en découle, et ils s’empresseront d’en recréer d’autres ailleurs, peut-être pire que les précédentes. Prenez Second Life, un paradis ? Eh bien non, un espace à la con qui commence déjà à être rongé par la spéculation immobilière. La vérité, c’est que le peuple, il lui faut son travail. C’est sa fierté. Même le prolo de base, son travail, c’est toute sa vie… Quant au bof du rezo alternatif, il défend son « travail » de musicien, ses fameuses compétences (ou celles des autres), son assoce sans vie, son droit ridicule à exclure les groupes qui ne lui plaisent pas, avec une hargne bien plus forte que celle d’un grand propriétaire terrien qui défend ses terres.

Quoi qu’il en soit, le chômage, la hiérarchie, la pollution, ce n’est pas dû à la méchante élite capitaliste. C’est lié au fait que le travail a une valeur marchande et qu’il est sacré. Le travail, c’est un emblème, un blason, un moaï. Supprimez cet objet sacré, et je ne suis pas sûr que les occidentaux moyens continueront à enfanter - je pense, en disant cela, à la civilisation marquisienne qui s’est effondrée démographiquement suite à l’arrivée des occidentaux qui remettaient en cause leurs croyances… Comment voulez-vous, après ça, dire à un type moyen, « tu vas arrêter d’être un esclave consentant », « tu vas arrêter de pêcher et de bousiller les océans », « tu vas te mettre à vivre de la cueillette et de la chasse » ? Pour 95% des gens, un type qui ne travaille pas et qui le fait par conviction, c’est un looser, un moins que rien, un déviant, un paria, un hérétique. Ses proches le méprisent, sa femme le plaque et il est sans arrêt emmerdé par les institutions parasites qui vivent sur le dos des honnêtes non-travailleurs (Assedic, politiciens, RMI, services sociaux…) ! Je sais, je caricature. Mais le fait est là. Quand bien même un choc technologique sans précédent nous libérerait des contraintes matérielles, nous continuerions quand même à travailler. La production culturelle deviendrait une contrainte, un travail marchand, un enjeu économique, une marchandise. D’ailleurs, pourquoi parler de l’avenir, puisque finalement, ça y’est, c’est déjà fait ? Au fur et à mesure que la technologie nous libère du travail manuel, on observe un asservissement de plus en plus marqué du travail intellectuel. Tout loisir devient travail. Même le simple bloggueur de base lutte pour augmenter son blog-ranking. Et le rezoteux alternatif de base est devenu le nouveau soldat du capitalisme culturel, frustré de ne pas posséder le grade de général, qui fait sa promo à coup d’affiches underground pour vendre sa soupe insipide sur le grand marché de la soupe musicale alternative. La seule chose qui le différencie du musicien capitaliste, c’est que sa soupe étant vraiment très mauvaise, ou réservée à un public de connaisseurs raffinés, il est obligé de la brader.

Pour conclure, je dirai que la marchandisation de la culture à laquelle nous assistons depuis bientôt une cinquantaine d’années est un problème sérieux, et qui nécessite d’engager une réflexion radicale, ouverte et pluraliste. Réflexion qui, pour des raisons évidentes, ne doit surtout pas être laissée entre les mains exclusives des marchands de soupe de l’alternatif, puisque la réflexion sera alors aussi biaisée, partiale et malsaine que les discours irréfutable des grands lobbys industriels. Car leur parole a la même finalité et utilise la même rhétorique que celle d’une corporation défendant ses intérêts, fussent-ils dérisoires - et ils le sont. Certes, il me paraît souhaitable qu’ils prennent part au débat, mais à condition que ce soit à égalité avec leurs détracteurs. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, puisqu’ils censurent ou dénigrent la parole de ceux qui les critiquent.

Naturellement, la marchandisation culturelle n’est pas un phénomène nouveau, mais elle a pris ces derniers temps une ampleur inégalée, notamment avec l’essor du réseau alternatif qui fait de la contestation sociale, de l’invention humaine, des nouvelles pratiques, du rêve, des marchandises de mieux en mieux cotées sur le marché de la culture urbaine. Certes, ce ne sont pour l’instant que des marchandises peu lucratives, mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand serons-nous libres de réinventer le monde sans qu’un marchand de rêve vienne nous voir pour nous dire, « eh toi, ce que tu fais, on l’a déjà fait, c’est interdit ça mon gars, tu vas te faire verbaliser » ?! A quand la première bourse de l’alternatif et de la contestation sociale ? A quand le premier ministère de la contestation sociale ? La culture libre n’est donc pas seulement une histoire de licence ou de concerts à cinq ou à trois euros. C’est plus fondamental. L’enjeu, c’est la possibilité de garder libre ce qui est libre depuis des temps immémoriaux. À savoir, le droit d’imaginer et d’inventer sa propre vie et son propre espace de vie.

Annexe

J’insère ici un texte, remanié pour l’occasion, sur des alternatives auxquelles j’avais réfléchies il y a quelques années. C’est un peu daté, mais je le mets quand même par principe. Vous pouvez insérer également vos idées dans cette partie.

Il faudrait que n’importe qui puisse participer aux concerts, sans avoir à sortir son “book”. Qu’il n’y ait pas de barrières à l’entrée. Et aussi, que n’importe qui puisse contribuer à les organiser et à les désorganiser. Il faudrait mettre en place des systèmes virtuels de mise en relation permettant à ceux qui sont motivés pour réaliser un projet quelconque, de se trouver et de s’associer d’un mutuel accord, c’est à dire selon le principe du volontarisme. Sans toutefois empêcher la commercialisation des produits relatifs aux projets. Du moins tant que le consommateur reste le producteur, et vice-versa, et qu’il n’y ait pas de restrictions aux participations. Dans le pire des cas, c’est la loi du “premier venu, premier servi”. Mais de toute façon, on peut refaire des projets si il y a des “lésés”. Sauf dans les concerts dont la programmation serait décidée et organisée par des votes ouverts à tous, il n’y aurait pas de dates. Car pour qu’un concert ou une action ait lieu, il faudrait qu’au moins 2 ou 3 personnes soient motivés pour le faire. Pour se mettre en contact, des listes de discussion ou des wikis faciliteraient la tâche. Principe de l’association libre, pas de statut pour personne. Le but ne serait pas de faire des performances, d’avoir des “concepts”, au contraire, ce serait de trouver de nouveaux moyens et canaux d’expression permettant de s’éclater, de faire passer une révolte ou de bouger les choses. Ces formes de concerts n’auraient pas pour but d’assurer une notoriété dans le milieu des beaux-arts ou du rock contemporain, mais de donner libre cours à des délires persos, de se regrouper, de découvrir d’autres moyens d’expression. Naturellement, les projets seraient amenés à être refaits. Dès qu’un projet serait complet, il serait reproduit. Et donc, si quelqu’un met en pratique une idée, il ne peut prétendre y mettre officieusement son “copyright” dessus. Une idée ne prend de l’importance que quand elle est répétée dans le temps et dans l’espace. Et ces idées sont plus des guides d’action que des dogmes. Notez que tout le monde pourrait contribuer au développement des projets au jour le jour, en inscrivant des liens sur le Net, en demandant des emails pour assurer la diffusion des morceaux, en participant à un wiki, etc.

Voici un premier répertoire de projets.

  • Tournée bateau. Dès que les beaux jours arrivent, partir faire une tournée en bateau. S’arrêter dans les ports, un peu partout et jouer n’importe où (sur les pontons, dans les bars, dans la rue, etc.). Bon plan tourisme. Bon moyen de se faire des connaissances dans le monde de la Mer. On peut filmer la tournée, et commercialiser la vidéo (on l’envoie à Thalassa !).
  • Campagne anti-publicité associative. Campagne contre l’affichage libre. Rappelons que la plupart des associations alternatives pourfendent la pub tout en la pratiquant à outrance. Faire ostensiblement du marketing semble alors plus cohérent. Ou alors, des campagnes visant à entraver les actions d’affichage des assoces alternatives. L’idéal est d’envoyer des annonces à des sites anti-pub pour être accompagné par eux dans cette démarche.
  • Attaque de sites bien-pensants. De nos jours, l’opinion se fabrique en grande partie sur des forums ou des sites bien-pensants. De ce fait, pour rester dans la course, la plupart des sites libertaires pratiquent la censure. On peut dénoncer ces pratiques par e-mails piégés (tracking), ou par post, sur les forums.
  • Concert raté. Le concert de musique ratée consiste à jouer mal et à foirer des morceaux volontairement. C’est très difficile à faire sérieusement. Rien de plus dur que de réussir à rater un morceau de façon convaincante.
  • Concert cassette. Le musicien s’assoit sur une chaise et met Play sur le magnétophone, puis il joue aux cartes ou au monopoly pendant une bonne demi-heure. A réaliser dans une salle de concerts sans prévenir les organisateurs et le public, quitte à leur donner une fausse démo.
  • Concert caché. Les musiciens jouent derrière le rideau, personne ne les voit. Ca laisse plus de liberté…
  • Les tournées à thèmes. Une bonne occasion de découvrir des coins inexplorés. Ca peut être accompagné de tourisme à thème. Par exemple, faire la tournée des ronds-points et commercialiser les photos ou les vidéos (c’est le principe des produits dérivés). Tenter de jouer dans toutes les rues d’une ville qui commencent par un D, se fixer un itinéraire précis, faire la tournée des campings, faire la tournée des stations de ski, des petits villages dans les pyrénées, etc. Tounée des trains. Une variante de la tournée des campagnes d’inspiration plus railesque. Le musicien s’arrête dans les gares pour y jouer.
  • Diffusion dans la rue. Contrairement à de nombreux alternateux, je pense qu’il est souhaitable de diffuser sa musique au maximum et par tous les moyens. Il faut toucher un maximum de personnes de toutes catégories. Pour ça le meilleur moyen, c’est de vendre à l’arrachée et de viser le passant moyen. Il en va de même pour les techniques de promotion des actions et des concerts. Ca se passe in the street ou sur le net. Toutes les méthodes sont bonnes : hygiaphone, porte à porte, tracts, boites au lettres, mail, banderolles, tambour, démos, accoster les gens dans la rue, etc. Au moins c’est marrant, et en plus, ça fait de la promo pour tout le monde. Autre chose que ces collages d’affiches routinisés, polluants et ultra-ciblés.
  • Concerts énervants. Ce sont des concerts visant à énerver les gens, et à le faire contre leur volonté. L’antithèse du concert classique.
  • Concerts à domicile, animation de soirées. Animer des soirées, des anniversaires, des crémaillères. Eventuellement, il n’est pas exclu de jouer de la musique énervante et s’inviter. Toutes les méthodes sont bonnes pour pénétrer chez les gens. Il faut être un VRP. Faire du marketing.
  • Tracts, anti-concerts et concerts attentats. Manoeuvre pouvant être risquée. Il s’agit de distribuer des tracts dénonçant les agissements ou les pratiques d’une assoce, d’un bar ou d’un groupe. De la critique en temps réel. On peut prévoir des interventions orales (2 minutes avant le concert, ça tuera personne), des tracts distribués pendant les concerts. Le minimum, c’est d’ouvrir le dialogue. Reprenons les rênes de nos soirées, ne soyons plus des consommateurs passifs, il faut que ça discute là dedans. Une solution est également d’envoyer des textes contre les groupes où les associations visées qui se disent libertaires et de leur demander de le mettre sur leur site. Ca permet de savoir si elles sont si ouvertes que ça ! Il faut faire ça aux associations alternatives, aux groupes américains qui nous colonisent impunément, aux galeries d’artiste, etc. Je conseille de rester pacifique. La non-violence est la meilleure arme. Il serait également intéressant de faire des déclarations ayant un message politique marqué et provoquant, histoire de se faire un peu de pub. Autre possibilité, pratiquer l’anti-concert ou l’action coup de poing. Il y a plusieurs possibilités d’anti-concerts. On peut pratiquer les anti-concert à coup de baffles à fond dans les concerts officiels. Ou on peut géner le déroulement d’un concert en jouant pile devant la scène, ou dans un coin de la salle. Ou en en faisant des trucs bizarres pile devant la scène pour détourner l’attention. On peut également pratiquer de l’anti-radio (comme dans la fameuse chanson d’NTM), mais c’est plus difficile.
  • Concert Marathon. Idée d’une copine réunionnaise. C’est un jeu qu’elle aurait inventée en chantant avec des copains et des copines. Le principe : un participant chante un air connu, quand il arrête, il désigne quelqu’un pour qu’il chante. Instantanément, il doit chanter un morceau, jamais le même. Si il trouve pas dans les deux secondes, il a perdu. L’idée : reproduire ça dans un concert. Chacun doit jouer à tour de rôle dans la salle, en désignant celui qui sera le prochain. Une variante du Karaoké-Concert.
  • Concert je sais pas jouer mais je joue quand même. Tout le monde peut jouer. Le principe, c’est de sortir des appartements la musique inaudible. Tout le monde a fait des beufs musicaux, tout ça sans savoir jouer, avec les instruments qu’ils avaient sous la main. Ici les participants font pareil mais devant des gens ou dehors. Tout le monde peut donc potentiellement jouer, qu’il soit musicien ou non. Le musicien perd son statut, puisque tout le monde est en droit de le concurrencer.
  • La musique à diffusion forcée. Radio dans la rue. Ascenseurs. Gares. etc. Le principe : faire passer de la musique sans demander l’avis du public. C’est un moyen de diffusion qui fait peu de cas de l’auditeur. Ce dernier est perçu comme une cible potentielle et tous les moyens sont bons pour lui faire écouter la musique qui est produite, surtout si elle est pénible à entendre ! Le but est de détourner au profit du citoyen des pratiques étatiques qui sont quasi-totalitaires, comme la musique dans la rue les semaines avant noël. Bizzarement, on entend peu de voix s’élever contre ça. Mais il s’agit pourtant de techniques de propagandes, ici orientées pour l’accroissement de la consommation, qui sont liberticides. Nul ne peut échapper à cette musique. C’est une sorte d’audio-surveillance. Il faut donc détourner leur principe car rien n’est plus dangeureux que le monopole étatique. Mais tous les moyens sont bons pour diffuser sa musique et il ne faut pas hésiter à diffuser de la musique particulièrement exaspérante. L’idéal c’est de parvenir à s’immiscer dans les noeuds de diffusion musicale. Par exemple, un musicien peut squatter la musique des gares, des aéroports, des ascenseurs, des manifestations commerciales (vides greniers), etc. Au niveau individuel, les nouvelles technologies permettent peut être de faire des programmes qui diffusent la musique sur un ordinateur sans que l’utilisateur puisse l’arrêter. Le rêve. Bien sûr, tout ceci doit rester dans la légalité. Enfin, il y a aussi le poste dans la rue, c’est le même principe. Notons que dans les cas de musique de rue classique (faire la manche), mieux vaut ne pas faire de la musique douce à l’oreille ou banale. Il faut se lâcher ! Faites des trucs inaudibles, éprouvants. Il faut être émotif, faire peur aux passants. Il faut que la musique énervante devienne banale.
  • Concert et vente dans les vides greniers. Aujourd’hui, les gens cools, ils sont pas dans les concerts de rock, ils sont dans les vide-greniers. Le but c’est donc d’organiser des stands dans les vides-greniers pour promouvoir et diffuser sa musique, sa philosophie et ses actions. C’est une bonne ambiance, c’est pas cher (généralement 10 à 20 fr le mètre) et on rencontre des gens sympas. Faire ça, à la différence de toutes ces assoces dites alternatives, c’est rejoindre la vraie musique populaire. C’est prendre sa musique au sérieux, et il n’y a pas de raison que les gens ne s’en rendent pas compte.
  • Les E-Mail Party. Pour assurer la diffusion de ses idées et de sa musique, l’idée, c’est de choper un maximum d’e-mails. Le but c’est d’aller dans des concerts, des soirées et de récolter des mails. Ou de les récolter par internet. En tous les cas, plus le participant a d’email, plus la musique est diffusée et connue. Non seulement c’est sympa à faire : ça permet de tchatcher, faire connaissance, ragasser, etc. Mais en plus, c’est bénéfique pour tout le monde.
  • Concert de balance et de musique externe. J’entends par musique externe toute musique qui a lieu en dehors du cadre officiel dans lequel la musique se déroule habituellement (concert). Exemple : La musique que font les ados, les jeunes, les vieux dans les appartements, les baraques, etc. Les gens qui sifflent. Les balances avant les concerts. Les répétitions. La danse qu’on fait devant sa glace. La musique qu’on joue dans les parcs. Les tournées des champs ! La musique des oiseaux… La musique qui est diffusée dans la rue (radio, ascenseurs, gares, etc.) ou entre les concerts. La musique qu’on joue dans la rue. Les chants de scouts (même si les scouts sont des crétins), de colos (ou de prison) et d’éclaireurs (ca c’est des gens biens !) Les chants sur la plage. La musique qu’on joue dans la rue sans rien en avoir à foutre du public. Les chants de marins. Les chansons paillardes. La musique qu’on fait pour soi. La musique qui ne décolle pas des 4 pistes, des K7, des cd’s, qui sommeille donc sur divers supports. La musique dite “primitive”. La musique de jouets pour enfants. La musique faite dans des concerts qui ne ressemblent pas à des concerts. La musique pour animer des soirées. La musique techno à ses débuts. Les boeufs musicaux. etc. Il y a dans la musique externe un continent inexploré. Il faut partir à sa découverte. Par exemple, dans un concert de balance où les musiciens ne jouent que des balances. Ou bien un enregistrement des meilleures balances. Ou bien de la musique bidon enregistrée entre potes. Dans la foulée, c’est toujours sympa d’organiser des sessions de musique d’appartement, où de se faire des beufs dans les apparts de chacun. Ca permet de faire des connaissances et de passer des bons moments.
  • Afters dans les sorties de boîte. Le milieu des boites est bien plus open que le réseau alternatif. Sur les parkings de boites, il se passe généralement pas mal de trucs. C’est là qu’il faut intervenir avec ses instruments de musique, histoire d’animer les fins de soirées où ça bastonne !
  • Concert Séga et Kanéka. Il y a quelque chose de particulièrement navrant dans les jeunes alternatifs d’aujourd’hui, c’est leur intolérance musicale, leur fermeture ou leur ignorance vis à vis des musiques qui ne transitent pas par le réseau alternatif. Dans le milieu du rock, du reggae, de la funk, c’est pathologique. Ces consommateurs lambda sont incapables de découvrir de la musique en dehors de celle qui vient indirectement des states ou d’Angleterre. Ils écoutent tous du Ska, du Reggae, les musiques jamaïcaines, etc. mais ils ignorent le Séga, le Kanéka, etc. Le problème, c’est leur fermeture d’esprit et la fermeture des concerts. Pour y remédier, il faudrait faire des concerts qui permettent de se faire rencontrer des communautés différentes.
  • Concerts dans les restos, chez les routiers, etc. On peut jouer dans les bars routiers, les bars de nuit, les restos, les salles d’attente, etc.
  • Fausses annonces. Lorsqu’une association s’est mal comportée : snobisme flagrant, entrée payante obligatoire, elle refuse de vous laisser jouer, elle vous demande une démo, etc. Il existe des moyens de prendre facilement une revanche efficace contre elle. Le plus redoutable est la fausse annonce. Il y a deux techniques. La première, c’est de pratiquer des fausses annonces de concert. Dans ce cas, vous allez placarder partout dans la ville, que tel soir, un superbe groupe de rap passe dans cette association et que la bière sera gratuite. Vous attendez qu’il y ait du monde et vous lancez un scandale en sortant que l’association refuse de laisser jouer le groupe de rap. Inviter un public de rugbymen est aussi une solution. Vous pouvez également faire des annonces avec des groupes super connus et au final laisser une salle vide. L’intérêt, c’est de perturber un milieu on ne peut plus rôdé et routinisé. Il faut agir un peu comme des virus informatiques ! Dérégler le système communicationnel des concerts, aux annonces de concerts et affiches (les raccourcis bureaux) ne correspondent plus les vrais concerts (fichiers). Deuxième technique, plus risquée, balancer des fausses démos pour jouer dans les salles. Une fois arrivés le soir, jouer un truc complètement différent. Dans un bar techno, jouer du rock. Dans une soirée rock, mixer de la dance pendant une bonne heure. C’est risqué mais bon…
  • Concerts institutionnels pour les vieillards, les accouchements. Pourquoi ne pas jouer dans des moments ritualisés et institutionnalisés ? Autrefois, la musique accompagnait des moments importants de la vie : décès, enterrements, accouchements, etc. Je serais d’avis qu’on reprenne cette pratique.
  • Sociologie musicale. Musique de manifs. Le but, c’est de faire de la sociologie à travers la musique. Organiser des soirées où chacun explore à sa manière les comportements musicaux, ou essaie de faire de la sociologie avec la pratique artistique ou musicale. Inventer de nouveaux types d’action et les répertorier. Tout est bon. Il ne doit pas y avoir de limites conceptuelles. Aucune méthode n’est définie au préalable, tout est inventé sur place et au fur et à mesure. Le sens est construit ou déconstruit au fur et à mesure.

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