Laboratoire indépendant de recherche conviviale sur l'auto-production, la gratuité et la culture libre
∏ - À propos / Fonctionnement \ Admin - ∃ - Collecter des données / Évaluer \ Publier / Discuter \ Décider / Les contributeurs - ∈ - La Fabrique / Recherches \ Textes / Blog \ En chantier / La gratuiterie - ∑ - Le Boomerang / CEDREA \ Entrez sans payer / nonmarchand.org
Autoproduction / Culture libre / Économie non-marchande / Libertés / Recherche conviviale / Critique de la science économique / Critique de l'économie marchande alternative / De tout et de rien
La fabrique - Blog / Textes
Blog sur l'économie non-marchande et la culture libre
Le journal des gratiférias / La revue de sociologie lo-fi / Le journal de la culture libre et du non-marchand / Les espaces de gratuité mobiles
Pourquoi lo-fi ? Par opposition radicale à ceux qui prétendent qu'il y aurait de la « bonne » et de la « mauvaise sociologie ». Lo-fi car on peut faire de la sociologie sans être mutilé, limité, aliéné par le style académique pompeux, réactionnaire, ultra-sérieux et politiquement correct qui colonise les revues académiques.
Conséquence, la sociologie lo-fi peut être mal écrite, traiter de sujets introuvables (ou pas), être non-marchande, anti-système, etc. Cette orientation « atypique » et le flou qui entoure la notion, font que certaines analyses sortent parfois du cadre du laboratoire.
 

Vue - Éditer - Historique -

Inscription - Connexion

Ajouter un article

A quoi sert le mouvement des casseurs de pub ?

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2014
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 21 juin 2014 / Dernière modification de la page: 31 mars 2016 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



A quoi sert le mouvement casseurs de pubs ?

Je réponds d'emblée : à rien !

La raison en est facile à trouver. C'est un « mouvement » composé essentiellement de râleurs, dont les rares actions n'ont quasiment aucun impact sur la politique officielle de la rue.

Le fait est que depuis que les casseurs de pub se sont mis en tête de casser de la pub, il y en a toujours autant, pour ne pas dire plus.

Il faut dire qu'on a rarement vu une revendication aussi incohérente, et professée avec autant de hargne, de dogmatisme et d'inintelligence.

Que vise le mouvement ? La pub.

D'accord, mais qu'est-ce que la pub ? Là, il n'y a plus aucune réponse claire et sensée. Doit-on inclure l'affichage libre, la publicité des associations, les tags, les inscriptions d'un poète dans la rue, le marchand qui harangue le client, les affiches politiques du NPA, les tracts de la CGT, les manifs de rue, les banderoles des casseurs de pub... ? Eh bien, il le faudrait pour rester cohérent. Car, en somme, tout est publicité. Dès lors qu'on rend public un message dans la rue, on fait de la publicité.

Pourtant, la plupart des adeptes du mouvement anti-pub tolèrent, voire encouragent cette publicité à but plus ou moins lucratif, communautaire, etc. Ils circonscrivent leurs attaques à une certaine publicité.

C'est une première contradiction qui en dit long sur leur profonde tolérance. On peut afficher ce que l'on veut, tant qu'ils le décident... Voilà donc l'ambition secrète du mouvement : contrôler la rue pour proscrire la mauvaise publicité.

Deuxième point. A chaque fois que j'ai discuté avec l'un de ses adeptes - qui, au passage, ont un fonctionnement très hiérarchisé -, il n'y a aucune critique de la radio dans la rue - ni de la musique dans la rue qui pourrait très bien entrer dans leur ligne de mire ! A deux ou trois reprises, j'ai eu affaire à des groupes de province, et j'ai suggéré l'idée d'élargir les actions à cette pratique qui est bien plus oppressive. Eh bien non, rien ! Ça n'entre pas dans le cadre idéologique du parti anti-pub ! Allez savoir pourquoi !

Qu'y a-t-il pourtant de plus agressif, oppressif que la radio diffusée à tue-tête dans la rue ? Pratique de propagande vieille comme les ondes, qu'on nous ressert avec une sauce édulcorée du star-system et du marché tout-puissant. Voilà une nuisance réelle à laquelle il est impossible d'échapper, et surtout, qui trahit une appropriation exclusive des outils d'expression par l’État. Car c'est bien lui, in fine, qui contrôle les canaux de diffusion de la radio en ville.

Mais, s'il est vrai que cette omission trahit surtout l'étroitesse d'esprit de ceux qui ont pris en main la revendication anti-publicitaire, puisqu'ils sont, visiblement, incapables de passer à un niveau d'abstraction supérieur qui leur permettrait de réfléchir à ce qu'est réellement la publicité, dans quelles conditions elle est consommée sous la contrainte, etc (à défaut d'une réelle réflexion, ils préfèrent adhérer à la croyance quasiment religieuse que la publicité est le nouveau Satan), cela ne signifie pas que leur revendication soit intrinsèquement mauvaise.

Alors, démêlons quelque peu leur sac d'inepties pour essayer de voir ce qu'ils attaquent précisément ?

Si je me fie à mes lectures (le fameux torchon haineux qu'est La Décroissance, par exemple) et aux quelques discussions que j'ai pu avoir avec des casseurs de pub, ce qui les ennuie dans la publicité, c'est la publicité industrielle des grands groupes industriels. Bien, voilà qui est déjà plus précis et qui va nous permettre d'avancer.

Donc, en gros, ce qui les ennuie, c'est de voir des affiches de Coca-Cola partout à travers le monde.

Soit, mais pourquoi ?

Alors, si on cherche à le savoir, on est effarés par le niveau des réponses.

D'une part, elles sont pour la plupart infondées, empiriquement parlant. On ignore tout de l'impact de la publicité, mais peu importe, on lui prête les pires conséquences sur le comportement de la population. La publicité abêtit les gens, elle les fait consommer à outrance, elle les rend dépendant du produit, elle les empêche de casser leur télé, etc. Fort heureusement, le casseur de pub, lui, est immunisé contre cette influence sournoise.

On lui prête aussi les pires intentions, car le discours des anti-pubistes s'accompagne du traditionnel et du très mystérieux « Ils ». Ainsi les entend-on proclamer, « ils mettent de la publicité pour nous endoctriner », « ils nous endorment avec la publicité », etc.

D'autre part, les réponses sont, il faut bien le dire, teintées de conservatisme. En creusant, c'est à peu près tout ce que j'ai réussi à obtenir: des filles à poil dans la rue, voilà l'objet du scandale ! D'ici peu, on les verra s'associer avec les néo-conservateurs pour réclamer la suppression de la pornographie.

Alors il est vrai qu'il existe de très bonnes raisons de critiquer les actions des groupes industriels. Cela me semble évident. Mais que vient faire la pub là-dedans ? Car après tout, la pub n'est qu'un moyen d'action, parmi des milliers d'autres, à la disposition des industries - ce qui inclut les industries de l’État (l'école, l'armée, les transports publics...). Donc, on ne peut s'en tenir à une critique de la publicité, il faut critiquer de manière très générale, la puissance des conglomérats industriels. Je suis tout à fait partisan de cette approche, seulement, ce qui me gêne, c'est d'avoir eu à subir à maintes reprises les diatribes interminables des anti-pubistes alors qu'ils tenaient une kronembourg à la main en écoutant de la musique commerciale et en mangeant un sandwich acheté à la boulangerie industrielle du coin, qui risquait fort bien de tacher leur pull H&M.

Là s'arrête pour moi la pertinence de leur mouvement.

Bon, mais je vais tempérer mon propos. Comme d'habitude, ces néo-chrétiens reconvertis dans l'anti-pubisme, s'attaquent au grand Satan, sans voir la vraie problématique qui se cache derrière. Car, le problème de l'affichage publicitaire, ce n'est pas la publicité en soi, c'est le contrôle exclusif des espaces de publication urbains par l’État. Une fois ces espaces appropriés, sécurisés et industrialisés, l’État les vend au plus offrant, ou les utilise pour son propre compte. Résultat des courses, l'affichage libre est de plus en plus restreint, la publicité populaire disparaît sous les coups de butoir de la répression de l'affichage libre. La rue urbaine, surtout en centre-ville, devient effectivement une zone exclusivement dédiée à l'écoulement des produits normalisants - en particulier lorsqu'il s'agit de produits issus des industries d’État. Ce qui revient à dire, en somme, que l’État, en quadrillant l'expression dans la rue, la publicité, renforce le quadrillage de la population.

C'est certes vrai, mais la publicité n'y est pour rien. Ce qui est en cause, c'est le mode d'appropriation des espaces de publication.




>

Ajoutez un commentaire:

Auteur:

Pas de commentaires pour le moment


Suivre...
le sitela pagela rubrique



Le contenu du site GratiLab, laboratoire de recherche conviviale sur la gratuité, le DIY et la culture libre, sauf mentions contraires, ainsi que toute nouvelle contribution à ce site, est sous licence culturelle non-marchande.
Site gratuit, sans publicité, à but non lucratif, ouvert à tous ceux qui souhaitent effectuer des recherches sur les échanges non-marchands et la culture libre ou simplement partager leurs savoirs et savoirs-faire. Construit avec PmWiki.