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Blog sur l'économie non-marchande et la culture libre
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Pourquoi lo-fi ? Par opposition radicale à ceux qui prétendent qu'il y aurait de la « bonne » et de la « mauvaise sociologie ». Lo-fi car on peut faire de la sociologie sans être mutilé, limité, aliéné par le style académique pompeux, réactionnaire, ultra-sérieux et politiquement correct qui colonise les revues académiques.
Conséquence, la sociologie lo-fi peut être mal écrite, traiter de sujets introuvables (ou pas), être non-marchande, anti-système, etc. Cette orientation « atypique » et le flou qui entoure la notion, font que certaines analyses sortent parfois du cadre du laboratoire.
 

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Lettre ouverte à un ami critique à l'égard du site...

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2015
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert sur invitation
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 27 juin 2015 / Dernière modification de la page: 27 mars 2016 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



9 juin 2015

Cher X,

Je me permets de revenir sur la discussion d'hier qui m'a quelque peu mis sur les nerfs !

Alors, premier point, je t'invite à faire un tour du côté de l'association FDN. Tu pourras constater que la dernière annonce sur le site date du 16 mars 20151.

Je prend cet exemple pour deux raisons.

  • C'est un projet avec lequel je partage de nombreuses valeurs, aussi, en le parcourant, tu pourras mieux comprendre la philosophie d'action dans laquelle je m'inscris.
  • Tu pourras constater que le site http://nonmarchand.org est dans la norme du point de vue des mises à jour. En fait, les annonces et les actualités du site sont plus régulières et récentes que dans de nombreux projets de la culture libre. Pour l'occasion, j'ai revisité le site d'un projet que j'apprécie : entropy killed the cat, et tu noteras que les nouvelles les plus récentes datent de 2014 !

Pour aller plus loin, je pense que cette "absence de nouvelles", choquante pour les partisans de la vieille école, s'explique relativement bien par deux caractéristiques qui sont généralement présentes dans les projets de la culture libre2:

  1. le souci de simplicité et de transparence (les sites sont sobres et on ne maquille pas une absence d'activités par de faux « rapports » !),
  2. le faible financement et la volonté de sortir du modèle coercitif des organisations traditionnelles (chacun participe s'il en a envie), qui se traduit par une efficacité moindre.

Je te renvoie à ma thèse si tu souhaites approfondir ces points.

Au risque de me répéter, le site s'inscrivant dans cette mouvance, si le projet nonmarchand.org t'intéresse, il te suffit d'y participer ! Sans vouloir te diriger, tu peux par exemple contribuer au projet nautisme de l'encyclopédie, où tout reste à faire. Tu peux également participer à la rédaction de la prochaine lettre d'information.

Dans le cas contraire, si contribuer n'est pas dans tes intentions, le propos va peut-être te paraître un peu brutal, mais tes critiques ne sont pas forcément les bienvenues et je t'invite à ne pas me les adresser directement – tu peux par exemple les poster sur le site de manière à ce qu'elles soient transparentes ou en parler à tes amis. Car en toute honnêteté, j'ai d'autres choses à faire que d'y répondre, et je ne les ai pas trouvées constructives, mais déplacées et démotivantes. Or, c'est d'autant plus malvenu que :

  1. le projet s'inscrit dans un courant de pensée minoritaire et contesté, et s'appuie sur une méthodologie d'action non-coercitive, ce qui le rend doublement difficile à tenir,
  2. je suis personnellement débordé en ce moment par mes diverses activités et effectivement, je suis obligé de ralentir sur le projet, mais c'est à contre-coeur ; et c'est faire preuve de manque d'empathie que de remuer le couteau dans la plaie en ne s'en rendant pas compte ou en feignant de l'ignorer.

J'approfondis. C'est malvenu car je trouve qu'il est injuste et malsain de s'en prendre à des initiatives minoritaires qui peinent à s'imposer et à se faire reconnaître comme légitimes. C'est s'en prendre aux faibles ! Ce que je réprouve. D'autant plus que le projet sur lequel Y et moi nous travaillons est entièrement pacifiste et inscrit dans une éthique du volontariat, et il est donc inconvenant de le traiter de "secte" comme tu as pu le faire au cours d'une discussion. Si toute organisation minoritaire, déviante, est une secte, alors, ta conception de la liberté diffère très largement de la mienne !

C'est malvenu car, même si ce n'était probablement pas dans tes intentions, je pourrais l'interpréter comme une référence tacite de ta part au large temps libre dont je dispose, du fait de mon statut de bénéficiaire du RSA. Las ! Ce temps libre, je le cherche encore !

Je continue sur un des points sur lequel nous nous sommes accrochés hier. Je n'ai peut-être pas compris l'ensemble de ton propos, mais tu suggérerais que je m'enferme dans une sorte d'autisme, ou de "pseudo-scientifisme", en évitant de publier mes articles, et que, d'autre part, je commets une erreur tactique en refusant de me plier aux règles sociales de la communication (il faudrait que je publie dans des revues à comité de lecture ou sur Le Monde !).

Si tu veux approfondir ma réponse d'hier, je te renvoie encore une fois à ma thèse. Mais pour t'en éviter la lecture, je résumerai ma position ainsi : elle est construite autour d'un mix entre les travaux des épistémologues qui s'ancrent dans la critiques des institutions scientifiques, en particulier, Paul Feyerabend et Ivan Illich, et le mouvement pour la culture libre, notamment, le mouvement pour la science ouverte et citoyenne, dont l'auto-publication est une composante logique. Je précise que c'est un mélange peu courant dans le champ intellectuel francophone, il n'y a pas beaucoup de représentants ! Je comprends donc qu'il te soit difficile de le situer.

Quoi qu'il en soit, la partie laboratoire du site s'inscrit dans cette logique. Ce qui est cohérent avec les principes fondamentaux d'une économie non-marchande et ouverte promus par l'association. Il n'y a aucune raison de soumettre le fonctionnement concret du marché techno-scientifique à une critique moins dure et tenace que les autres marchés. En fait, il y a même quelques très bonnes raisons de refuser de collaborer avec ce milieu, quand on en connaît le fonctionnement concret et quand on mesure son rôle central dans la fabrique des institutions contemporaines, dont le caractère oppressif n'est à mon sens plus à démontrer (je te renvoie à Michel Foucault).

Il n'empêche, la question de l'efficacité entre bien entendu en compte dans mon action - j'essaie de réussir ce que j'entreprends -, mais exclusivement à l'intérieur de ce paradigme. Il n'est pas question pour moi de m'enfermer dans mon monde, mais au contraire, de réintroduire l'activité de recherche dans un processus ouvert, dynamique et libre.

Chaque terme a ici son importance.

  • Ouvert indique que tout le monde peut potentiellement y participer.
  • Dynamique signifie qu'il n'est pas sclérosé par l'inertie de théories dominantes.
  • Libre implique qu'il n'est ni professionnalisé, ni marchandisé. Tu noteras à ce propos que le site du laboratoire est ouvert à tous, tant pour l'évaluation que pour la création de nouvelles recherches, d'articles, la critique des articles, etc. Rares sont les laboratoires scientifiques qui peuvent en dire autant !

Le revers de la médaille, que tu n'as cessé de souligner hier, est mon isolement et le manque de succès du projet. Soit ! Eh bien que répondre à cela ! Un artiste doit-il arrêter de peindre sous prétexte qu'il ne suit pas la mode, ne rencontre pas le succès, ou pire - honte à lui ! - ne le recherche pas car il préfère se consacrer à l'élaboration d'une œuvre qui le satisfait personnellement. Ici, la sociologie, l'histoire de l'art et la psychologie des motivations montrent que les raisons d'agir sont diverses autant que les arcanes du succès sont mystérieuses ! Ce faisant, elles ouvrent un espace de liberté dans lequel je m'engouffre. Et pour revenir à ce qui est davantage qu'une simple analogie - si, comme l'affirme Feyerabend, la science est un art -, chaque artiste est libre de conserver ses toiles dans son atelier, jusqu'à ce qu'il les brûle dans un accès de fièvre ; ou de cracher sur les galeries dans lesquelles, pour rien au monde, il n'irait les salir ! Eh bien ! telle est ma conception de la science académique ! Je fais de la science participative et ouverte, plus proche de la techno minimaliste que la musique classique, qui a ses propres circuits de diffusion – même s'ils sont encore à construire - et tant pis pour ceux qui considèrent que ce n'est pas de la science (ou de la musique) parce que, murés dans leur conception surannée du fait culturel, ils confondent le mode de diffusion et d'évaluation qui fait autorité, avec le contenu !

Je reviens également sur la question de l'effet de mode sur laquelle nous sommes tombés en désaccord3.

Je pense qu'il faut opérer une distinction rigoureuse entre deux cas de figure :

  1. Un effet de mode qui concerne le champ discursif, ou plus précisément, celui des représentations collectives (une idée devient à la mode : statistiquement, elle mieux diffusée, revient souvent dans les médias, etc.), dont la portée doit à chaque fois être précisée (dans quel champ discursif l'effet de mode opère-t-il ? celui des médias conventionnels ? des revues de vulgarisation scientifique ? des bistros ?).
  2. Un effet de mode qui concerne la praxis (une pratique devient à la mode, mais encore une fois, il est important de préciser l'envergure de la diffusion de la pratique : milieu professionnel, grand public, élite, etc.).

En fait, la subtilité est qu'un effet de mode dans le champ discursif peut concerner un discours qui traite d'un effet de mode dans la praxis. Le marketing viral s'appuie sur l'effet levier qui naît lorsque ces deux effets de mode se renforcent mutuellement – ce qui s'apparente à la prophétie auto-réalisatrice.

C'est précisément ce qu'on observe aujourd'hui. Les médias, en quête de sensationnel, orientent tous en chœur leurs regards sur des projets « non marchands », et les décrivent comme étant en plein essor, alors même qu'on ignore s'ils le sont vraiment ! Certes, il y a bien émergence de nouvelles pratiques, ou tout au moins, formalisation et mise au grand jour d'anciennes pratiques par le biais d'Internet, mais les enquêtes statistiques sur ces "nouvelles pratiques" sont parcellaires, incomplètes et très difficiles à réaliser. On ne peut par exemple se fier aux nombres d'inscrits sur un site, car il n'indique pas grand chose...

Tout cela pour dire qu'en tant que chercheur, je ne m'intéresse pas à l'effet de mode qui secoue le champ discursif des médias conventionnels – celui-ci est de tout manière bien moins intéressant que la blogosphère. Du moins du point de vue de la diffusion de mes idées - car pour le reste, c'est une donnée sociologique dont il faut tenir compte. La mode, par définition, ça va, ça vient. Et je préfère perdre du temps à construire un travail cohérent et solide qu'à surfer sur des buzz.

Dernier point, s'agissant des controverses scientifiques, tu faisais référence à la controverse Einstein-Bohr et à l'affaire Sokal4.

Tout d'abord, l'affaire Sokal n'est pas une controverse scientifique mais un canular. En fait, il en existe d'autres bien plus pertinents, qui s'attaquent non pas à la philosophie post-moderniste, mais aux revues de science dure5.

S'agissant du rôle des controverses dans la recherche scientifique, je prétends qu'il est difficilement évaluable. D'abord, il dépend des disciplines et des théories controversées (par exemple théorie dominante ou théorie minoritaire). La grande majorité des publications et du travail des chercheurs portent sur l'exploration de micro-champs d'étude bien balisés : la toxicité d'une molécule, l'étude d'une espèce, l'immersion au sein d'un groupe social pour mieux le comprendre, etc. Ces recherches peuvent certes engendrer des controverses, mais c'est rare. En fait, chacun publie de son côté... et voilà tout. Il n'y a guère de discussions.

Certes, quelques champs de recherche portent davantage à la controverse : ceux qui sont traversés par des intérêts religieux, économiques, politiques, mais ils n'ont pas force de loi ! Et il opposent généralement un milieu scientifique professionnel dominé par un corpus théorique à un milieu périphérique qui peine à trouver sa légitimité et des financements. L'opposition entre les partisans et les adversaires du Big Bang l'illustre bien.

Par ailleurs, il faut faire preuve de discernement, ce qui n'est pas évident, pour déterminer si la controverse a réellement eu lieu ou si elle n'est qu'une construction historique à posteriori insérée dans le mythe qui peut entourer une découverte scientifique. Il faudrait pour cela établir dans quelles circonstances historiques et sociologiques elle s'est déroulée. A cet égard, la controverse Einstein-Bohr me paraît trop spécifique et entachée d'une symbolique trop pesante, pour être représentative de la réalité sociologique et du rôle des controverses dans le champ scientifique.

En tous les cas, s'agissant de mon travail de recherche, je n'exclus en aucun cas la possibilité de controverses. Je ne vois d'ailleurs pas comment je pourrais m'y prendre pour les éliminer ! De plus, j'en soulève constamment en tentant de remettre en question des théories qui s'appuient davantage sur des lieux communs que sur des faits établis. J'ai été ravi, par exemple, de lire dans le best-seller de David Graeber, Dette : 5000 ans d'histoire, sa critique de la théorie rabâchée dans tous les manuels d'économie, selon laquelle le troc est le précurseur de la monnaie.

Néanmoins, je suis partisan d'une approche moins guerrière de la recherche. S'il pouvait exister davantage de chercheurs enclins à discuter, à coopérer, plutôt qu'à camper sur leurs positions, ou à se tirer dans les pattes pour obtenir un poste, j'en serais ravi ! Mais il faudrait déjà pour cela qu'ils aient les possibilités matérielles de le faire. Or, la science académique ne le permet pas. Et c'est précisément pour cette raison que j'ai créé le laboratoire sur le site nonmarchand.org. La publication y est aussi facile que ce qu'elle devrait toujours être : un simple copier-coller.

C'est une initiative de science citoyenne parmi d'autres. Elle a peut-être ses défauts, ses limites, mais au moins, elle a le mérite d'exister et de ne contraindre personne à y adhérer ou à la financer. En cela, elle diffère radicalement des laboratoires publics. C'est aussi une initiative que je porte à bout de bras, si ce n'est le soutien et l'aide précieuse de Sarah, bénévolement et, dans une large mesure, à contre-courant. Voilà où se situe ma responsabilité, celle que tu évoquais hier, et à laquelle, selon toi, je me dérobe. Je n'ai pas le devoir d'alimenter le pseudo-débat à la mode des intellectuels qui viennent se mirer le nombril dans des congrès, ni de servir de leader intellectuel à des facebookers en quête d'un sens à leur vie. La guerre des idées, je la laisse aux think-tanks. Ils sont mieux armés que moi en la matière et sûrement davantage motivés. Plus modestement, j'essaie de construire une alternative concrète, un dispositif socio-technique économe et ouvert, qui pourra, je l'espère, resservir à d'autres, ou leur fournir une source d'inspiration pour créer à leur tour des outils favorables au développement de l'économie non-marchande, dont tôt ou tard, moi et d'autres - ou au moins les générations futures - nous pourrons profiter.

Amicalement.

Benjamin Grassineau


Merci de ton mail.
J'y répondrai bien sûr, et tu comprendras que sa densité demande du temps pour apporter ma réplique !
En tous cas il m'a fait plaisir, et cette obligation de rigueur dans la réponse ne peut que me ravir !
A bientôt !
Amicalement, jj

22 juin 2015

Bonjour,

je comprends tes arguments et je vais y répondre, mais je reviens auparavant sur l'essentiel : si tu souhaites recevoir la lettre d'information, il te suffit de l'envoyer ! Quoi qu'il faille d'abord l'écrire ! Ce que je t'invite à faire à cette adresse : http://wiki.nonmarchand.org/pmwiki/Encyclo.LettreInformationAnomali

C'est le principe de fonctionnement du projet. On y trouve ce qu'on y amène. Il est ouvert et participatif.

Par ailleurs, je tiens à préciser que d'un point de vue organisationnel, l'association est une structure juridique que nous avons créé dans le but de disposer, au besoin, d'une interface avec des interlocuteurs marchands et administratifs. Mais elle n'est pas centrale dans les actions et les prises de décisions du "collectif". Par exemple, le site nonmarchand.org est simplement soutenu par l'association qui, légalement, est juste propriétaire du nom de domaine nonmarchand.org. Mais l'association est parfaitement disposée à offrir des sous-domaines à d'autres collectifs qui en feraient la demande. Quant au laboratoire, il s'agit d'un sous-projet qui, potentiellement, a vocation à fonctionner comme une structure indépendante. Techniquement, le seul lien entre les projets est : 1. L'hébergement sous un même nom de domaine, 2. Le soutien commun par l'association, 3. De nombreux liens hyper-textes entre les projets, 4. ma participation quasi-exclusive !

Le 20 juin 2015 11:41, jj a écrit :

Benjamin,
Je t’interrogeais sur l’absence d’informations régulières, à l’initiative de l’association, à destination des lecteurs du site. Il apparaît que ce n’est pas un élément du projet, ce que tu étaies longuement. De plus, comment aurais-je pu savoir que tu étais débordé en ce moment et que cela t’amenait à ralentir le projet ?
Concernant l’effet de mode, il me semble qu’il serait intéressant de montrer en quoi, précisément une « lettre mensuelle » (appelons-la comme cela) serait automatiquement, constitutionnellement, structurellement signe, produit et producteur de celui-ci.

Pourquoi pas, mais il ne sera sûrement pas aisé de montrer tout cela en même temps !! Je charrie ! ;-) Plus sérieusement, si mes souvenirs sont bons, lors de notre discussion, la question de l'effet de mode s'est posée quand tu as parlé de médias qui relayaient des informations relatives aux initiatives non-marchandes. J'ai alors parlé d'effet de mode, notamment pour signifier mon positionnement par rapport à celui-ci. Et tu es revenu dessus en me demandant si j'étais sûr qu'il s'agissait d'un effet de mode. A posteriori, je me suis rendu compte que le débat s'enliserait tant que nous n'aurions pas clarifié la distinction entre effet de mode "réel" (des pratiques se répandent), effet de mode "cognitif" (une idée devient à la mode) et représentation des effets de mode - qui peut être fausse.

Cela dit, j'espère que tu ne sous-entends pas que, dans un accès délirant, je considère la petite lettre d'information d'Anomali comme un élément producteur de l'effet de mode ! Je n'en suis pas là ! Toutefois, un effet de mode étant la résultante d'un processus d'agrégation d'actions individuelles, elle y participe, assurément...

Je reconnais aussi que ta remarque, quelque peu sarcastique, sur le bulletin d'information mensuelle est justifiée. Avec une bonne dose de mauvaise foi, je pourrais affirmer qu'il est effectivement mensuel ! Nous n'en publions pas deux par mois. Mais bon... Eh bien ! il y a deux manières de le prendre ! On peut le voir comme un dysfonctionnement de l'association, d'un écart entre les objectifs fixés et le résultat obtenu ; mais on peut aussi considérer que ce qui est écrit sur le site n'est pas sacré ! On prend son temps, on corrige les erreurs au fur et à mesure... C'est ça Internet !

Enfin, merci pour ta remarque.

Mes remarques s’adressaient à une structure (Anomali) et non à une personne, quand bien même tu la représentais à ce moment.

Je ne suis pas d'accord, on ne peut s'adresser à une structure qui est une fiction juridique ! On s'adresse toujours à des personnes qui représentent une structure !

A ce titre elles étaient neutres d’affect. Et je ne détiens aucune autorité (institutionnelle, morale ..) pour m’en prendre aux faibles ou aux minoritaires.

J'entendais "s'en prendre à" à l'intérieur d'un débat, d'une discussion...

Pour le reste, tu développes les thèmes auxquels tu as choisi de te consacrer. Ils ont la légitimité de tes actes et de tes actions. Mais dois-je participer parce que ça m’intéresse ? On peut s’intéresser à quelque chose, une idée, un mouvement, une pratique … pour le seul plaisir de le faire. Et … qui sait ?

Bien sûr, tu n'as aucune obligation d'y participer ! Seulement, si le service ne te satisfait pas, tu as trois solutions :

  • soit tu tentes de le modifier de l'extérieur, en agissant directement sur lui via une institution disposant d'un pouvoir de coercition (ou sans institution !), ou indirectement, en modifiant son environnement (par exemple, via la voie législative),
  • soit tu fais marcher la concurrence (tu vas voir ailleurs),
  • soit tu "prends la parole" pour reprendre l'expression d'Hirschman au sein du projet pour tenter de le modifier dans un sens qui te convient, et dans ce cas, tu deviens un élément constitutif du projet, puisque tu agis comme une voix à l'intérieur du processus décisionnel. En ce sens, il te faut, au moins temporairement, accepter certaines de ses règles, ne serait-ce que pour interagir avec les autres membres du projet.

Concernant nonmarchand.org, le projet fonctionne comme un projet ouvert, selon les principes de la publication ouverte, avec procédure de modération à posteriori. Cela implique qu'en l'intégrant, tu n'a pas à dire aux autres ce qu'ils doivent y faire ! C'est contraire aux principes - encore que rien ne t'interdit de proposer à d'autres membres d'être le dictateur bénévole d'un sous-projet ! Si tu constates un dysfonctionnement, un vide sur certains sujets, libre à toi de le réparer ou de le combler ! Un exemple, pour situer. Si tu constates une erreur sur Wikipédia, tu peux te contenter de pester contre ce projet d'amateurs incapables, comme beaucoup de gens très cultivés le font ; mais tu peux aussi, en toute simplicité, cliquer sur le bouton modifier pour la corriger et faire profiter à d'autres de tes connaissances. L'intérêt que tu porteras à la question ne sera alors plus seulement "passif", mais "actif" !

En revanche, tu es parfaitement légitime si tu contestes l'action de quelqu'un à l'intérieur du projet - s'il fait quelque chose avec lequel tu n'es pas d'accord. La procédure de résolution du conflit qui peut naître dans ce cas n'est pour l'instant pas codifiée, mais c'est tout simplement parce que le besoin ne s'en est pas encore fait sentir ! C'est ainsi que le projet est construit. Il l'est sur le modèle - certes idéalisé, comme tout modèle qui se respecte - d'autres projets issus de la culture libre. Ces règles fondamentales ne sont pas négociables car elles définissent l'identité du projet, ainsi que ses faiblesses !! On atteint ici une limite intrinsèque aux projets ouverts... Le projet la méduse, ainsi que l'encyclopédie et le laboratoire étant ouverts, quelqu'un peut entrer dedans et les fermer !! Pour résoudre ce problème, il faut soit élaborer une sorte de "constitution", ou contrôler certains rouages clés qui en empêchent la fermeture, soit laisser-faire et espérer que personne ne le fermera. J'ai choisi la première et la deuxième solution. Potentiellement - mais cela ne concerne pas l'association -, je (pour l'instant, j'exerce seul ce pouvoir, mais je suis parfaitement disposé à le partager) peux exclure quelqu'un qui menacerait les principes d'ouverture sur lesquels il est construit. Mais bon, par quels moyens s'y prendrait-il ? Tout cela est à replacer dans le contexte technique.

C’est le jeu du langage d’être, entre autre, sujet à interprétation. Il implique dans ce cas plus le récepteur que le locuteur. Je ne suggère pas « autisme » parce que je ne pense pas psychiatrie, je ne pense pas « secte » parce que je suis revenu il y a belle lurette, et sans difficulté, sur ce statut qui ne définit pas l’association Anomali,

Eh bien ! moi non. Ce qui me turlupine, ce n'est pas tant d'appartenir à un projet que tu qualifies de secte que l'usage qui peut être fait du terme pour réprimer ou stigmatiser les points de vue et les pratiques minoritaires. Le concept me paraît très complexe, populiste, utilisé par des pseudo-chercheurs dans un contexte quasi-inquisitorial et, d'un strict point de vue sociologique, je trouve qu'il trahit souvent une position d'exclusion de l'altérité et de la marginalité - d'où sa connotation péjorative. Aussi, oui, pourquoi pas, par solidarité avec les exclus des religions officielles, Anomali est une secte !! Et tant mieux !

Sur le sujet : http://erudit.org/livre/larouchej/2001/livrel4_div21.htm?lang=fr

je ne dis pas « RSA » parce qu’il n’en a jamais été question dans notre conversation.

Il me semble qu'au début de notre discussion, tu en a parlé. Mais bon...

Amicalement

Amicalement

1 Je réponds ici à la critique selon laquelle le site n'était pas tenu à jour.

2 Je précise que j'ai avancé cette idée dans le débat, mais elle demeure au stade de l'intuition. Je suis loin d'y voir une proposition validée par les faits ! Tous les projets ne présentent pas de telles caractéristiques et le lien de causalité n'est pas aisé à établir.

3 Pour résumer, j'avançais l'idée, dans la discussion, que le discours sur l'économie non marchande dans les médias s'inscrit dans un effet de mode, et que je n'ai pas envie de modifier ma position épistémologique et pratique pour m'accrocher au wagon.

4 Ce point, plutôt technique et relativement digressif, a pris place dans le débat lorsqu'il s'est orienté sur la problématique de la communication.

Catégories: Culture libre




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