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Échanges non marchands : approches théoriques

Auteurs: Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Création de l'article: 2011
Etat de la rédaction: en cours de rédaction
Droit de rédaction: ouvert
Licence: Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 18 octobre 2011 / Dernière modification de la page: 19 avril 2024 / Créateur de la page: Benjamin Grassineau



Résumé:


(En cours de rédaction...)

Qu'est-ce qu'un échange non-marchand ? Pourquoi associer l'échange, le réciproque, au non-marchand, au don, à l'unilatéral ?

Il y a principalement trois raisons.

  1. On peut considérer que le don est en lui-même un échange. Don et réception d'un objet ou d'un service sont les deux termes de l'échange. Ex. Je prends un auto-stoppeur en voiture. Il m'offre sa compagnie, en échange, je lui off

re le trajet. L'échange est ici symétrique, il est à la rencontre de deux volontés, chacun souhaite donner et recevoir. Et il n'y a pas d'obligation. En revanche, s'il y a obligation de contre-partie pour que l'échange ait lieu (je demande à l'autostoppeur qu'il me paye), cela rompt la symétrie. Il n'y a plus échange, mais rapport de domination. Un terme de l'échange est censé être moins valorisé que l'autre. Idem pour le troc.

  1. Il est important d'insister sur le caractère non-marchand de l'échange. Le but, c'est de ne pas inclure dans la définition, des formes de gratuité ou de don, qui sont marchandes dans leur logique, bien quelle puisse revêtir la forme du don. Ex. Le fameux cadeau Bonux. L'échange doit donc répondre à des exigences bien précises : pas de contraintes de retour (pas de troc), et donc pas de monnaie en retour (même s'il s'agit d'une monnaie privée comme dans les SEL), pas de fausse gratuité (dépendance entre le don et un échange marchand), etc.
  2. S'il y a échange et non don, c'est que la personne qui donne peut espérer un retour indirect de la part de la communauté des donneurs. En ce sens, il y a bien échange. Je donne l'hospitalité sans obligation de contre-partie, mais en pariant que, si tout le monde le fait, je pourrais probablement en bénéficier plus tard.

Notes préliminaires

La définition que nous donnons de l'échange non marchand n'est pas la même que celle donnée par Alain Testart dans son ouvrage critique du don. Etudes sur la circulation non marchande, Syllepses, 2007. Rapidement, l'échange non marchand est pour A. Testart un échange, entendu comme opposé au don (transfert unilatéral d'un bien économique, dépourvu d'obligation de contre-partie qui pèse sur le receveur du bien), qui a la particularité de ne pas faire circuler des marchandises, mais d'être déterminé par des relations, des rapports humains, entre les échangistes - par exemple, une relation d'amitié - et de renforcer ces relations1. Nous préférons parler d'échange non marchand plutôt que de don pour rompre avec l'idée d'une asymétrie dans le don (le receveur a un gain, le donneur un coût) pour la reporter conceptuellement sur l'échange marchand, qui est déséquilibré du fait de l'obligation de contre-partie.

La distinction entre le transfert d'objets, le don, l'échange, l'activité mutuelle, les effets externes, la réciprocité, le partage, est très complexe. Dans de nombreux travaux académiques, cette complexité est noyée derrière un discours sociologique aride mais pas nécessairement rigoureux, et derrière une débauche de démonstrations empiriques toujours partielles (seules quelques observations viennent corroborer ou infirmer des thèses, et aucune étude statistique n'est avancée2) et largement douteuses, en particulier dans l'anthropologie (les commentateurs interprètent des textes produits dans un contexte colonial, qui traitent d'informations biaisées, et recueillies avec l'aide d'intermédiaires et parfois de manière peu rigoureuses). Ce n'est pas la voie que nous avons choisie, mais pour les besoins de l'action, dans le cadre du site http://nonmarchand.org, et de l'association Anomali, il nous a fallu opter pour une définition simplifiée, inductive (élaborée à partir de cas concrets, et le cas échéant, soumise à des discussions entre les échangistes) et opérationnelle (elle doit permettre de repérer facilement ce qu'est un échange non marchand, même si le processus de repérage n'est pas "scientifique") de l'échange non marchand, de manière à ne pas être ralenti dans la progression de notre action.

En revanche, dans le cadre du laboratoire, la démarche de définition et de conceptualisation que nous adoptons se veut analytique (décomposition de l'échange en éléments simples), progressive (nous prenons notre temps), prudente (nous n'avançons que sur des choses sûres) et rigoureuse (nous essayons de développer des concepts clairs et de ne pas avancer des propositions théoriques et empiriques à la légère).

Définition

Voici les critères que nous retenons pour définir un échange non-marchand. Ces critères sont arbitraires, au sens où on peut très bien définir un échange non-marchand différemment et suivant d'autres finalités.

Echange

Cela peut paraître évident, mais l'échange non-marchand doit d'abord être un échange. Distinguons pour le voir de façon purement conventionnelle, l'interaction, l'échange et la contrainte.

Soit deux personnes A et B. Elles sont en interaction si A, par son action3Aa, provoque un effet Ea, qui modifie l'action Ab de B. L'interaction est alors asymétrique. Si, l'effet Ea entraîne une réaction de B qui a, à son tour, un effet Eb sur A, alors, l'interaction est symétrique.

Notons que l'effet Ea peut causer l'action Ab, par un simple vecteur représentatif. C'est là toute la difficulté. L'effet n'est pas forcément "matériel", au sens où il peut agir à travers les représentations de l'effet par B, qui ne correspondent pas nécessairement avec l'effet réel.

La nature de l'interaction dépend en tous les cas de l'effet. L'action est contrainte, ou contraignante (l'effet Ea se produit en tous les cas ou bien, il est conditionné à l'effet Eb), ou au contraire, fait l'objet d'un choix. Techniquement, cela revient à dire, en cas de contrainte, que B ne peut pas ne pas réaliser l'action Ab, ou ne peut pas la réaliser, à cause de l'effet Ea qui est la résultante de l'action Aa.

Remarque, l'action ou l'effet peuvent aussi être connus, ou inconnus de A et/ou de B. Ce point peut être important (voir plus loin).

Dans la suite, nous allons distinguer une interaction contraignante, une contrainte, d'une interaction volontaire, un échange.

Dans ce cas, nous dirons qu'il y a échange, s'il y a :

  • interaction asymétrique ou symétrique,
  • prenons une interaction symétrique :
  • A accepte que B réceptionne l'effet Ea de son action.
  • B accepte de réceptionner Eb

Annexes

Deux problèmes se posent dans la définition de l'échange non-marchand :

  1. Définir l'échange non-marchand n'est pas simple, et peut devenir très complexe suivant le niveau de précision recherché, # Aucune définition n'est neutre, car elle dépend de l'usage qu'on veut faire du concept.

Deux problèmes intimement liés, puisque, pour simplifier, disons qu'une orientation pragmatique de la définition du don suppose de trouver un ensemble de critères opérationnels et simples à l'usage, permettant de définir un échange non-marchand et de le différencier concrètement d'autres formes d'échange existantes. Dans l'idéal, ces critères sont en correspondance claire avec des propriétés observables de l'échange (si possible quantifiables) et sont dénués d'ambiguïté. De plus, ces critères, et la définition, doivent être utilisables dans l'action, voire dans l'échange proprement dit.

  1. Une orientation théorique. Il s'agit d'examiner la "pertinence" des concepts qui sont sous-jacents aux concepts, les à priori qu'ils cachent, les causalités masquées qu'ils présupposent, et de les positionner par rapport à un ou plusieurs champs théoriques.

Difficultés et avantages liés à chaque orientation.

Le problème, c'est que la démarche théorique est généralement peu opérationnelle (même si elle peut déboucher sur des résultats concrets) pour au moins deux raisons : 1. elle laisse flotter de nombreuses incertitudes : la critique ou la remise en cause de liens de causalité, de concepts, de préjugés, pouvant paralyser l'action qui s'appuie sur une simplification du réel (l'élimination des détails) et des hypothèses sous-jacentes ; 2. elle est difficilement communicable, dans la mesure où la communication s'appuie elle aussi sur des simplifications et sur des conventions communes (tel concept désigne à peu près telle chose, et c'est suffisant pour communiquer).

Notes

1 Autant A. Testart a une démarche intéressante et rigoureuse, lorsqu'il oppose le don à l'échange, autant sa démarche est confuse et peu opérationnelle lorsqu'il oppose échange non marchand et marchand. Quant à son concept de marchandise (statut de la chose), il est largement critiquable. Nous reviendrons sur ces points dans un autre texte.

2 Par exemple, tel auteur va affirmer que le don est rare dans telle ou telle société, mais, il le fera sans procéder à une mesure globale des échanges (seul moyen d'avoir une base solide), à une définition rigoureuse des échanges (nécessaire pour la quantification) qu'il observe et du contexte d'échange (quantité d'échange, contexte domestique, festif, etc.), et sans tenir compte des limites de l'observation, telles que la part de l'invisible et du non observé dans les interactions sociales

3 Au sens large, l'ensemble de ses manifestations et des dynamiques qui affectent les biens qui lui sont rattachés


Comment caractériser

Echanges Non Marchands Theorie

Un échange non-marchand est un échange !

L'idée d'échange non-marchand n'est pas intuitive : comment l'échange, fondé sur la réciprocité, et donc, opposé au don, peut-il être non-marchand ? La réponse à cette question tient surtout dans la définition qu'on donne de l'échange non-marchand.

Deux problèmes surgissent à cet endroit : 1. définir l'échange non-marchand n'est, d'une manière générale, pas simple, et peut devenir très complexe suivant le niveau de précision recherché, 2. aucune définition n'est neutre, car elle dépend de l'usage qu'on veut faire du concept.

Deux problèmes intimement liés. Pour simplifier, disons qu'il existe deux orientations globales pour définir l'échange non-marchand.

  • Une orientation pragmatique.

Il s'agit de trouver un ensemble de critères opérationnels permettant de définir un échange non-marchand et de le différencier concrètement d'autres formes d'échange existantes. Dans l'idéal, ces critères sont en correspondance claire avec des propriétés observables de l'échange (si possible quantifiables) et sont dénués d'ambiguïté. De plus, ces critères, et la définition, doivent être utilisables dans l'action, voire dans l'échange proprement dit.

  • Une orientation théorique.

Il s'agit d'examiner la "pertinence" des concepts qui sont sous-jacents aux concepts, les à priori qu'ils cachent, les causalités masquées qu'ils présupposent, et de les positionner par rapport à un ou plusieurs champs théoriques.

Difficultés et avantages liés à chaque orientation.

Le problème, c'est que la démarche théorique est généralement peu opérationnelle (même si elle peut déboucher sur des résultats concrets) pour au moins deux raisons : 1. elle laisse flotter de nombreuses incertitudes : la critique ou la remise en cause de liens de causalité, de concepts, de préjugés, pouvant paralyser l'action qui s'appuie sur une simplification du réel (l'élimination des détails) et des hypothèses sous-jacentes ; 2. elle est difficilement communicable, dans la mesure où la communication s'appuie elle aussi sur des simplifications et sur des conventions communes (tel concept désigne à peu près telle chose, et c'est suffisant pour communiquer) 1.

Par exemple, si je considère, à juste titre, l'échange marchand comme un couple d'actions (interdépendantes) donnant lieu à une contre-partie monétaire, c'est suffisant pour savoir, à peu près si deux personnes réalisent ou non un échange non-marchand. Néanmoins, même ainsi, des problèmes persistent ; problèmes que le Droit, souvent considéré comme l'autorité compétente en la matière, peine à solutionner sans recourir à une forte dose d'arbitraire.

Maintenant, si je m'attache à comprendre ce qu'est concrètement un échange marchand, il y a de quoi s'arracher les cheveux ! D'abord, où est quand s'arrête les actions incluses dans l'échange ? Ensuite, comment déterminer que les actions s'entraînent bien l'une et l'autre ? Autre problème, doit-on inclure le troc ? Sinon, comment définir la monnaie ? Enfin, dois-je tenir compte des intentions des personnes qui échangent ?

Toutes ces questions peuvent sembler simples, elles sont en fait très ardues ; et il existe des quantités d'ouvrage considérables pour tenter de les élucider, en particulier, dans la philosophie de l'action ou l'anthropologie économique. Pour risquer une analogie, ce sont un peu les "équations diophantiennes de la sociologie". Actions élémentaires, en apparence "simples" (ce ne sont pas des abstractions complexes, et éloignés de notre perception directe, comme l'Etat, le paradigme ou le PIB), mais qui donnent pourtant lieu à des développement théoriques redoutables - et qui n'aboutissent pas toujours à des résultats véritablement intéressants...

Tout cela ne signifie pas que la démarche théorique soit sans intérêt, Cependant, il paraît nécessaire de la différencier d'une démarche plus pragmatique. Dans la pratique, je n'ai pas besoin de la philosophie de l'action pour réaliser une action. Et, comme le disent à juste titre les partisans de la phénoménologie sociale2, la sociologue professionnelle va peut-être trop loin en plaquant sur la réalité sociale une définition de l'action limitative et arbitraire, alors que les acteurs sociaux disposent eux-mêmes de leur propre analyse, de leur propre sociologie profane de l'action.

Ce point doit toutefois être relativisé. Car dans la pratique, nous avons aussi souvent besoin d'une définition de l'action, d'une catégorisation de l'action, "artificielles". C'est à dire, que, bien qu'elles soient construite selon des procédés complexes et collectifs, et qui donc, échappent à notre emprise directe, permettent de se repérer et d'agir dans l'action. Typiquement, il s'agit par exemple du Droit, qui, en tant qu'institution, produit une certaine typologie du réel, et en particulier, une typologie de l'action à laquelle, dans la pratique, nous allons probablement nous référer dans certaines situations. Par exemple, la définition formelle de la propriété privée, si elle s'appuie certes sur la coutume, n'en a pas moins a un impact direct sur notre conception de la propriété, et nos actions correspondantes.

Ce faisant, le Droit n'est pas seulement une "institution" qui produit de la connaissance et l'applique mécaniquement au corps social, c'est une institution qui, par cette connaissance, modèle directement, avant de s'appliquer, le social. Autrement dit, la règle produit un certain impact sur les pratiques sociales, du simple fait qu'elle est énoncée et incorporée dans les représentations sociales. Néanmoins, la règle, en général, s'appuie presque toujours sur un travail de théorisation (collectif ou non) et de définition.

Quelles finalités pour une définition ?

Ceci nous conduit à admettre qu'il est, en quelque sorte, parfaitement légitime d'élaborer une définition "artificielle" de l'échange non-marchand, en gardant à l'esprit qu'une telle démarche n'est pas neutre. Par conséquent, pour éviter tout malentendu, précisons quelles sont les finalités que nous rattachons à cette définition. J'en retiendrai trois.

La première, déjà mentionnée, est que cette définition doit être opérationnelle, et, si possible, "cohérente".

La deuxième est que celle-ci doit "éliminer" des pratiques, des actions qui pourraient être confondues avec l'échange marchand. Entendons par là éliminer de la définition, puisque l'objectif n'est bien sûr pas d'éliminer ces pratiques sociales dans la réalité - en gardant cependant à l'esprit qu'une telle définition peut toutefois impacter sur les pratiques réelles !!

Il s'agit en effet, grosso modo, d'exclure de la définition les pratiques suivantes :

  • les pratiques de gratuité marchande. La liste serait longue : un service non-marchand est fourni au consommateur, mais, en échange, celui-ci doit acheter ou consommer un service payant (payé directement par le consommateur ou par un tiers au fournisseur du service payant). Ex : journaux gratuits avec publicité marchande, revente de bases de données, extension payante, services payants sur bien offert gratuitement, etc.
  • les pratiques de gratuité aliénante. En gros, nous y reviendrons, ce sont des pratiques qui, bien que, effectivement non-marchandes, créent une aliénation asymétrique ou réciproque entre les personnes qui échangent, ou, envers d'autres pratiques marchandes ou aliénantes. Par exemple, la construction gratuite d'école en Afrique sous certains aspects, produit une nouvelle forme d'aliénation.
  • les pratiques de gratuité contrainte. Entendons par là, toute forme d'échange non-marchand qui repose sur une coercicition exercée à l'égard d'un tiers (pour la captation des ressources) ou d'un participant à l'échange. En gros, l'un des participants à l'échange est contraint de recevoir ou de donner un bien ou un service, ou bien, un tiers l'a été pour que l'échange ait eu lieu. Ex : esclavagisme, subventions associatives, bien public fournis par l'impôt, etc.
  • les pratiques marchandes alter ou non-monétaires. Souvent, à tort, considérées comme non-marchandes. Par exemple, le troc, les SEL, etc.

Toute la difficulté vient du fait que la notion d'échange marchand est mal définie. Car qu'entend-on, en définitive, par "échange marchand" ? Quelles sont les propriétés qui le caractérisent ? Quelles sont les caractéristiques qui, habituellement, permettent de le différencier des autres actions, des autres formes d'échange, en général ?

La liste n'est pas exhaustive, mais on peut repérer quelques éléments constitutifs :

  • C1. l'intérêt : c'est un échange intéressé. les échangistes trouvent un intérêt à faire ce qu'ils font,
  • C2. la contre-partie : le transfert d'un bien, ou la réalisation d'un service, donne lieu à une contre-partie, cela est censé le différencier du don, et impose qu'il y a bien interaction.
  • C3. l'obligation de contre-partie : la contre-partie est obligatoire (elle est définie par un contrat, garantie par la loi, etc.),
  • C4. l'échange est volontaire : il est effectué selon le principe de l'offre et de la demande, l'un vend, l'autre achète (ce qui sous-tend un certain nombre d'hypothèses implicites : asymétrie offre/demande, pas d'obligation de pratiquer le type d'échange en question - pas besoin de se nourrir... -, connaissance de ce qui est échangé et que l'échange est bien effectué, quand est déterminé ce qui est échangé, par qui, comment, etc.),
  • C5. la monnaie : la contre-partie se fait généralement sous une forme monétaire,
  • C6. le coût : toute action, et en particulier celle qui implique le transfert d'un bien vers autrui, engendre un "coût".
  • C7. la propriété : toute personne qui vend ou achète est ou devient propriétaire du bien - sauf bien sûr, si elle sert d'intérmédiaire dans la vente.

L'échange marchand est, dans cette optique, une action collective, caractérisée par un transfert volontaire d'un offreur, propriétaire, vers un demandeur, avec obligation de contre-partie, sous forme monétaire, dont la valeur est sensée compenser le coût du transfert, ou du service, et dans lequel les deux échangistes sont intéressés pour échanger.

Ces éléments constituent l'essence de l'échange marchand, ou disons le prototype, au sens de Rosch, et plus généralement la base des échanges qui vont construire le système marchand. Par ce dernier, il faut entendre un ensemble d'échanges répétés, de règles - en particulier, des règles de Droit extrêmement complexes, et de rituels qui modèlent la forme des échanges marchands.

À l'opposé de ce prototype, on trouve l'échange non-marchand, qu'on désigne habituellement sous la notion de gratuité. Avant de l'examiner, soulignons qu'au niveau intérmédiaire, il existe quantité de formes d'échange dont certaines propriétés de l'échange marchand sont absentes. Par exemple, une association à but non-lucratif qui fournit des services marchands, au sens classique du terme, sort du cadre, dans la mesure où elle agit - paraît-il - de manière "désintéressée". De même, un Système d'Échange Local, affaiblit la notion de monnaie. Et un système de troc, davantage. Enfin, certaines formes de gratuité marchande, affaiblissent la notion d'obligation de contre-partie. Quant à l'obligation de participer à l'échange, elle est affaiblie par le principe de concurrence, et sert, en théorie, à distinguer les systèmes d'échange marchand des systèmes d'échange étatique, fondée sur la contribution obligatoire - nous reviendrons sur ce point plus loin.

Maintenant, si vous demandez à une personne dans la rue pourquoi, selon elle, tout ne peut pas être gratuit, il est significatif, dans les réponses données, que la gratuité est toujours définie, et le plus souvent attaquée, en opposition à une ou plusieurs caratéristiques de l'échange marchand.

Une première appréciation montre qu'elle répond le plus souvent que :

  • rien n'est gratuit car toute action est intéressée,

(...a terminer...)



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