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Lettre ouverte aux usagers de la maison non-marchande de Puivert

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 21-01-2020 09:49
Rubrique: Le journal de la culture libre et du non-marchand
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 21 janvier 2020 / Dernière modification de la page: 04 juillet 2021 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



Lettre diffusée sur la liste de discussion gratis_hva@lists.riseup.net le 22 janvier 2020

***

Bonjour à toutes et à tous,

je me permets d’apporter quelques précisions sur le fonctionnement et la finalité du magasin gratuit de Puivert.

Le magasin gratuit est privé et obéit à un règlement intérieur.

Tout d’abord, je rappelle que le magasin gratuit n'est pas un lieu public mais un espace privé accueillant du public. La propriétaire du lieu, X., engage sa responsabilité en ouvrant ses portes sans discrimination à celles et ceux qui souhaitent échanger différemment ; et nous devrions tou.te.s la remercier pour cela.

Elle est bien sûr libre de le faire selon ses conditions. Celles-ci sont en partie résumées dans un règlement intérieur officiel, affiché à l’entrée du magasin gratuit. Il va de soi que celui-ci n’est pas modifiable. Et lorsque l’on pénètre dans le magasin, il est réputé accepté - et il reste valable devant le magasin gratuit (devanture, entrée du lieu, etc.).

Ce règlement stipule qu'une personne peut être interdite d’accès si elle ne le respecte pas. Elle peut aussi l'être, ce qui relève du bon sens, en cas d’agression, de propos haineux envers un.e usager.ère, de détérioration de matériel, etc., chacun étant tenu.e à un respect mutuel des règles de courtoisie élémentaires.

Ce règlement ouvre également l'activité de maintenance à toute personne volontaire. Chacun.e peut donc le faire respecter à condition qu’il reste dans la légalité. Pour le comprendre, prenons un exemple. L’affichage sur les murs du magasin gratuit est exclusivement réservé à des évènements gratuits ou à prix libre. Hélas, cette règle n’est pas respectée. J’invite donc chacun.e à ôter les affiches qui font la promotion d’évènements ou de services payants, même s'il sont organisés par des associations, ou d’échanges conditionnels (troc, échanges de services, etc.). L’espace d’affichage ne leur est pas destiné. On peut en revanche déposer des flys commerciaux directement dans le magasin. C’est conforme au règlement, dans la mesure où ceux-ci peuvent être pris et/ou déposés comme n’importe quel objet.

Vous êtes libre de déposer des affaires, mais...

C'est un luxe devenu très rare : dans le magasin gratuit de Puivert, vous êtes libres de déposer des affaires ou pas. Malheureusement, certain.e.s confondent cette généreuse invitation avec le droit à se débarrasser de leurs poubelles. Alors, répétons-le :

LE MAGASIN GRATUIT N'EST PAS UNE DÉCHÈTERIE !

Il est indispensable et beaucoup plus agréable pour tout le monde que les affaires soient en bon état et que celui ou celle qui les amène les rangent proprement aux places qui leur sont dédiées. En cas de dépôt sauvage (c.a.d affaires non rangées), ou de dépôt d'affaires en mauvais état, la personne qui fait l’effort de les ranger le fait comme elle en a envie. Si son mode de gestion des affaires ne vous convient pas, prenez les rennes et organisez le rangement comme il vous plaira.

Il semble à ce sujet qu'une rumeur circule selon laquelle « on ne pourrait plus déposer d’affaires comme on le veut au magasin gratuit de Puivert » (entendu ici ou là). Cette rumeur est parfaitement fondée ! Mais seulement pour les déchets inutilisables qui y sont déposés. Le reste a toujours été accepté en fonction des besoins du magasin. Libre à tous et toutes de ranger et de déposer des affaires en bon état au magasin. Personne ne vous en empêchera !

Vous êtes libre de prendre des affaires.

Dans le magasin gratuit, chacun.e est libre de prendre les affaires comme il le souhaite et d’en faire l’usage qui lui convient. Il peut les utiliser pour lui, les revendre, les amener à la déchèterie, les redéposer dans une ressourcerie, les brûler, etc. Si vous n’êtes pas d’accord avec cette règle fondamentale, ne déposez pas d’affaires dans le magasin gratuit, ou créez-en un autre !

Je rappelle en effet que le magasin gratuit de la rue du Barry du lion n’est qu’un exemple parmi d'autres d'espace de gratuité. Depuis sa création, l'un de ses objectifs est de montrer, et de démontrer, qu’on peut créer des espaces de gratuité un peu partout, sans s’appuyer sur les pouvoirs publics, avec très peu de moyens, sur la base de règles d’échange simples fondées sur le principe de non-conditionnalité (liberté de prendre sans donner et réciproquement). Ces règles fondamentales ne sont pas négociables. Mais les règles de fonctionnement le sont !

Il s'avère que celles du magasin gratuit de la rue du Barry du Lion se rapprochent de l'auto-gestion. C’est super. Mais cela n'a pas été le fruit d'un choix délibéré. Ce mode de fonctionnement s'est imposé dans la pratique. A l'origine, moi et Sarah avons voulu expérimenter un modèle courant dans les projets de la culture libre qui repose sur deux principes :

  1. la modération à posteriori, c'est à dire que vous pouvez faire ce que vous voulez (en accord avec le règlement), prendre des initiatives, tant que personne ne s'y oppose,
  2. les conflits sont traités, les nouvelles règles sont proposées, via la liste de discussion gratis_hva@lists.riseup.net, qui est un outil simple, ouvert à tou.te.s et transparent. Notez que ce n'est pas un fonctionnement associatif « démocratique ». Les décisions ne sont pas forcément prises par vote, et en dernier recours, la décision revient au propriétaire du lieu (dans la culture libre, on parle parfois de « dictateur bienveillant » !).

C'est un très bon modèle et je vous encourage à le propager pour gérer d'autres espaces de gratuité que vous aurez initiés ! Mais s'il ne vous convient pas, pourquoi ne pas créer votre propre structure avec d'autres règles de fonctionnement (retrait limité, horaires d’ouverture, types d'objets admis, etc.) ?! Il vous suffit pour cela d’aménager une petite partie de votre garage, de votre grange, de votre habitation et le tour est joué ! Vous pouvez ensuite référencer le lieu directement via une plateforme que nous avons créée : http://nonmarchand.org.

A quoi sert le magasin gratuit ?

Que deviennent les affaires dont vous vous séparez ? Vous pouvez les revendre, les donner, les amener à la déchèterie, les confier à des organismes de réinsertion (elles seront alors revendues...), les réparer, les recycler, les prêter, les rendre « nomades », etc. Ce ne sont pas les options qui manquent ! Tout un panel de possibilités s’offrent à vous pour le faire de la manière qui vous semble la plus utile possible.

Alors pourquoi les déposer dans le magasin gratuit ?

La philosophie des initiateurs du magasin gratuit, regroupés au sein de l’association GratiLib, a toujours été claire à ce sujet. Le but est de promouvoir le droit à vivre librement sans acheter et sans vendre – mieux, sans coercition. Pour cela, nous faisons le pari qu’on peut œuvrer au développement de ce droit en ayant recours à une « économie du don locale, désintermédiarisée et en réseau ».

Il faut bien comprendre à ce sujet que si le lieu vise à maximiser ce droit, chacun.e reste libre de ses motivations quand il y prend part. Les motivations d’un usager ne regarde que lui. Il n’est pas obligé de partager les mêmes objectifs, mais son droit est garanti à l’intérieur de cet espace.

Pour autant, afin d'éviter tout malentendu, gardez à l’esprit que le magasin gratuit n'est ni une ressourcerie ni un organisme caritatif. Le réemploi des affaires dans un but environnemental ou social ne font pas partie de ses objectifs.

En revanche, la possibilité d'acquérir librement et gratuitement des affaires dans le magasin gratuit, permet à celles et eux qui le désirent de limiter leurs achats ; et donc, indirectement, d'être moins contraints de vendre leur travail pour acheter des biens d'occasion ou acheter du neuf, qui aura nécessité du travail, etc. L'augmentation des libertés et de l'autonomie vis à vis du marché qui en résulte, voilà l'objectif.

Pensez-y quand vous y déposez des affaires et comprenez également que :

  • Vous devriez prendre et utiliser les affaires du magasin quelque soit votre situation économique, et même si vous n’avez rien à donner. C'est l'objectif du lieu. Donner dans le magasin est possible mais tout à fait optionnel. Nous n'encourageons personne à soulager sa conscience et son espace d'habitation surchargé en biens manufacturés usagés et polluants en les donnant au magasin gratuit pour la bonne cause afin de racheter du neuf. Pour les affaires de ce type. Donnez-les de chez vous ! La liste de discussion vous permet de le faire. Ou bien le site http://nonmarchand.org. Il vaut donc mieux prendre que donner et surtout donner utile. Ou encore mieux, réparer ses affaires - je rappelle à ce sujet que j'ai lancé, dès 2012, des ateliers de réparation et de fabrication d'objets, aujourd'hui déplacés à Limoux.
  • Si vous défendez le droit à vivre librement et sans argent, vous devriez peut-être y réfléchir à deux fois avant de confier vos affaires à des revendeurs « solidaires » qui prétendent agir pour l’environnement et la réinsertion de populations déjà précarisées dans le salariat précaire. N’ayons pas peur des mots. Ces structures sont immorales et inefficaces parce que : 1) l’impact environnemental de leur action si souvent mis en avant est illusoire, 2) elles font leur bizness grâce à des affaires que nous leur donnons généreusement, 3) l’objectif de réinsertion par le travail - qui échoue presque systématiquement - est contraire à l’esprit du magasin gratuit qui vise justement à s’affranchir au maximum de l'oppression du travail et de l’échange marchand - en grande partie à la source des désordres environnementaux que nous traversons aujourd’hui. Non, le travail ne rend pas libre… !
  • Nous n’encourageons pas - mais nous ne pouvons et ne souhaitons pas non plus l'interdire - la revente des affaires trouvées au magasin gratuit, notamment sur les vide-greniers. Nous proposons comme alternative le partage des ressources via des dispositifs d’échange en réseau comme le don, le prêt gratuit, rendre les objets « nomades » et plus généralement la circulation gratuite d’objets entre personnes, et ceci sans tenir compte de leur niveau de richesse. Vous trouverez des informations supplémentaires à la gratuiterie de Limoux ou sur le site http://nonmarchand.org.

Comment le magasin gratuit se finance-t-il ?

Le magasin gratuit s’inscrit dans une démarche non-marchande promue par l’association GratiLib, qui consiste à mettre en place des outils conviviaux directement au service des usagers (sans intermédiaires). Il paraît donc logique que le lieu ne soit pas subventionné par un organisme public. Sinon, nous serions indirectement tou.te.s obligé.e.s de participer à son financement via l’impôt.

Pour rester cohérent avec cette orientation, le lieu fonctionne sur un principe simple : s’appuyer sur la propriété privée pour fournir un service à des usagers qui ne crée pas trop de « frais supplémentaires » pour le propriétaire. C’est le même fonctionnement que l’auto-stop ou les réseaux d’hospitalité. Sauf qu’on y accueille des affaires !

Cela fonctionne très bien, mais il y a trois limites à ce modèle.

  1. Le service ne peut être rendu qu’à la condition que le propriétaire puisse assumer les coûts afférents à la propriété privée. Pour faire le parallèle avec l’auto-stop, sans voiture, personne n’avance !
  2. En destinant le lieu à cette cause, le propriétaire encaisse un « coût d’opportunité ». A nouveau, prendre un auto-stoppeur, c’est potentiellement se priver d’un covoitureur.
  3. Les usagers risquent de créer des frais supplémentaires. Il arrive ainsi que vous preniez un auto-stoppeur dans votre voiture et qu’il vous pourrisse la banquette. Au final, ce qui ne devait rien vous coûter vous aura coûté très cher !

Il va sans dire qu’en centralisant le dépôt et le retrait d’affaires, on alourdit les deux derniers coûts (le premier restant à priori invariable).

Pour que cela reste viable, nous avons donc opté pour plusieurs stratégies :

  1. Faire appel au maximum au volontariat en favorisant un usage ludique et sympathique du lieu. Ce qui demande un changement de représentation car il faut se sortir de la tête que participer au magasin gratuit est un travail ! Les activités sont libres, ouvertes et non-contraintes, donc, chacun.e y trouve ses propres motivations en y participant. Pour faire un parallèle, surfer est un plaisir, même si c’est parfois éprouvant ! C’est exactement pareil pour le magasin gratuit. Si ça n’est pas un plaisir pour vous, laissez tomber ! Néanmoins, il paraît évident que pour que cela reste un plaisir, il faut que toute la charge ne repose pas sur une seule personne. Il faut donc que plusieurs personnes s’y investissent.
  2. Réduire au maximum les frais techniques de fonctionnement (le lieu n’est par exemple pas raccordé aux réseaux).
  3. Réduire au maximum les « frais supplémentaires » en tentant d’une part, de limiter les usages non-respectueux du lieu, et d’autre part, de répartir la charge et le coût financier sur tous les usagers (par exemple, c’est à chacun.e d’amener ses affaires sur place, de ranger, etc.). C’est une des raisons pour lesquelles le lieu est entièrement ouvert.
  4. Encourager la multiplication des magasins gratuits pour tenter de répartir la charge en s’appuyant sur « l’effet réseau » - c’est un peu technique, mais plus il y a de participants dans le réseau, plus le service est fourni, plus il augmente en qualité, plus les motivations à participer sont variées, moins les « offreurs » sont sollicités pour rien, etc.
  5. Faire appel au financement participatif. Dans cette optique, nous avons choisi, il y a deux ou trois ans, de mettre une caisse en place devant le garage – qui hélas est régulièrement vandalisée et pillée. Pour couper court à tout fantasme, elle rapporte environ 20 à 30 € / mois en moyenne. C’est un peu juste. Aussi avons-nous opté récemment pour une campagne de financement participatif. Cela a bien fonctionné et nous vous en remercions.

Mais je rappelle que les donations n’engagent en rien le propriétaire du lieu. Ce ne sont pas des subventions. C’est un don qui récompense un service apporté à chacun.e depuis sept ans et qui permet de compenser les frais vus plus haut. A ce titre, l’utilisation de cet argent regarde exclusivement le propriétaire du lieu. Si cela vous choque, je vous invite à vous interroger sur le devenir de l’argent que vous dépensez dans une grande surface ou pour une formation quelconque... Allez-vous demander aux prestataires de ces services ce qu’ils font de l’argent qu’ils vous ont forcé à leur verser pour bénéficier de leurs services – en vous excluant de force, dans certain cas, de l’accès à la production du service ? Non ça les regarde.

Depuis plusieurs années, moi, Sarah, Colette, Marie, Maud, et bien d’autres, dépensons beaucoup de temps et d’énergie pour faire fonctionner ce lieu qui vous a sûrement servi plus d’une fois. Si vous estimez que cela vaut quelque chose et que c’est utile, et bien donnez pour rémunérer ce service et pour motiver l’équipe. Mais rien ni personne ne vous oblige à le faire. Il faut bien comprendre que c’est un don volontaire qui ne conditionne en rien le service que vous recevrez. Ce n’est pas comme un service marchand dans lequel vous n’obtiendrez le service que si vous avez payé. Cela ne vous confère aucun droit supplémentaire sur la réalisation et l’obtention du service.

Pour faire une analogie, donner des chocolats à un professeur est un « don de remerciement ». Donner des chocolats à une personne sans ressource pour qu’il puisse en manger est un « don caritatif ». Bien souvent, dans le don caritatif, le donateur s’autorise à s’ingérer dans la vie de la personne pour vérifier si son don a été bien utilisé. C’est une pratique extrêmement malsaine. Alors ôtez-vous d’emblée cette idée de la tête : nous ne fonctionnons pas avec du don caritatif. Nous ne sommes pas des mendiants à qui on donne 20 centimes avec une petite remarque acerbe : « et n’allez pas tout boire, hein »...

Bien sûr, l’argent sera utilisé par moi et Sarah pour faire avancer le lieu, la gratuité et la culture libre, sans comptabiliser nos dépenses, comme nous le faisons depuis des années. Mais c’est parce que nous avons foi dans le projet ; et de le voir avancer au fil des années grâce aux contributions de chacun.e, de le voir tenir bon malgré parfois, hélas, de bien mauvaises énergies, nous ravit, nous remplit de fierté et nous motive pour construire l’économie du futur. Alors, pour cela, faites-nous confiance ! Nous n’allons pas dilapider l’argent ! Et d’ailleurs, l’investissement que nous mettons dans la gratuiterie de Limoux montre bien qu’on ne va pas lâcher l’affaire !

Il n’empêche, Sarah est confrontée à des frais incompressibles. Et si depuis des années, elle sort des sous de sa poche pour les couvrir, il y a un risque de banqueroute. C’est aussi simple que ça. Alors soyons transparents, Sarah paye annuellement 263 € de taxe foncières (eh oui, c’est cher, mais c’est le prix à payer pour bénéficier du service public de qualité que nous offre la mairie de Puivert) et 90 € d’assurance. Les 580 € qui ont été récoltés via le pot solidaire serviront en partie à couvrir ces frais. Le reste sera utilisé à bon escient, notamment pour mettre la terrasse à disposition.

Soutenez le lieu, créez d’autres magasins gratuits !

Pour cela, nous allons avoir besoin d’un peu de main d’œuvre. Alors si vous soutenez la cause, si vous pensez que la gratuité et la culture libre sont des principes d’action révolutionnaires et réalistes, venez nous aider et venez participer à la soirée de soutien organisée Chez Marius le 01 février. Venez prouver par votre présence que ce lieu est bien le vôtre et que les habitants de Puivert et de la haute vallée de l’Aude peuvent être fiers d’avoir accueilli le premier magasin gratuit ouvert 24h/24h qui fonctionne en auto-gestion. C’est une expérience unique en France, et peut-être même en Europe. La soutenir, c’est la valoriser.

Alors venez ! On vous attend, on vous espère ! Venez célébrer la gratuité dans la Haute-Vallée de L’Aude.

C'est vrai, le magasin gratuit de Puivert atteint aujourd’hui ses limites en terme de capacité et d’efficacité. Il est donc temps d’en créer d'autres. Il est temps d'en implanter un dans chaque village de la haute vallée. Et pour cela, c'est à chacun.e de s'y mettre. Il faut que chaque village accueille un espace de gratuité, une boîte à livres, un espace de prêt gratuit, etc. Vous ne savez pas comment faire ? Venez en parler. Venons tou.te.s ensemble pour nous coordonner, nous informer, explorer de nouvelles idées, en apporter. Nous sommes l’organisation qu’il faut pour cela. Nous sommes intègres, efficaces et déterminés. Notre seul objectif est de faire avancer la cause.

Multiplions les lieux de vie. Cessons de tourner autour du pot. La solution, la voilà ! Elle est dans votre garage ! Ou si vous ne vous sentez pas, vous pouvez aussi accueillir momentanément une caravane de la gratuité. C’est un moyen simple, économe et efficace de propager le virus de la gratuité.

Alors, en avant toute ! RV le 01 février Chez Marius (Puivert).

Benjamin Grassineau pour l'association GratiLib.




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Commentaires (2):


Posté par BenjaminGrassineau le 10-02-2021 à 07:47

Je rajoute à posteriori la réponse que j'ai donnée à une bénévole de la gratuiterie de Limoux qui n'a guère apprécié cette lettre ouverte. Comme elle venait d'arriver, sa critique, assez longue et qu'elle n'a pas voulu que je diffuse, faisait une confusion entre le magasin gratuit et la gratuiterie de Limoux, dont le fonctionnement n'est pas tout à fait similaire. Mais peu importe. Elle portait sur deux points : 1/ le fait que le lieu soit privé et non auto-géré, 2. le fait que je minimise la chance que j'ai d'être un mâle blanc dominant. Assez classique mais révélateur, de mon point de vue, d'une tendance récente : la « gauche » auto-gestionnaire ou post-communiste, jusqu'ici retranchée sur sa conception ouvrière du travail, s'empare de la question des magasins gratuits. Il faut dire que de l'argent public commence à pleuvoir, alors, tous les coups sont permis... Quoi qu'il en soit, voici la réponse (en deux coups).

Un mot sur le contexte. Ma réponse était courtoise car l'attaque était clairement violente.

Première réponse

(...) merci pour tes critiques argumentees. J'espère que tout cela t'amènera à créer un lieu "similaire" à Carcassonne qui fonctionne selon tes (vos ?) propres règles.

Mais tu devrais peut être envoyer ton mail sur la liste plutôt qu'à moi directement. Je pense que ta réaction intéresserait sûrement d'autres personnes.

D'autre part, si tu le veux bien, je la publierais volontiers en commentaire sur un site où j'ai déjà publié la lettre que j'ai envoyée à la liste. Je trouve toujours instructif qu'il y ait des points de vue contradictoires. Éventuellement la publication peut être anonyme si tu préfères.

Juste un point de détail pour répondre à tes propos. Le mouvement de la culture libre n'est ni pro ni anti autoritaire. C'est indépendant. Si on devait le rapprocher d'un mouvement politique quelconque, ce serait d'ailleurs davantage des libertariens ou des libéraux de gauche que de la gauche radicale. Et encore... Bien des libristes sont très à droite (ce n'est pas mon cas). Le journal La Décroissance ne s'y est d'ailleurs pas trompé puisqu'il part régulièrement en croisade contre le logiciel libre.

Bon bref, ce n'est effectivement pas du tout la même orientation politique que la tienne, je suppose. Mais conformément au règlement intérieur du lieu, rien ne t'empêche de venir faire des permanences, d'en être usager ou d'y organiser des ateliers, des conférences sur les thèmes que tu affectionnes. C'est ce qui nous différencie, je pense.

Un exemple, ton buraliste est sûrement très con (lepeniste probablement), mais je ne pense pas que tu évites de lui acheter des cigarettes pour cela et que tu vas lui suggérer de pratiquer l'auto gestion dans son magasin. (à ce sujet, est-ce que le lieu fonctionne en auto gestion ou non ? En partie sûrement. Est ce que la propriété privée est antinomique à l'auto gestion ? Je n'en sais rien et ça m'est bien égal. Je ne suis pas spécialiste du sujet, je répète ce que d'autres ont dit.) C'est sûrement un peu idéaliste, mais je pense qu'on peut faire plein de choses entre êtres humains, tous genres confondus, même si on ne partage pas les mêmes idées politiques.

Amicalement

Benjamin

Deuxième réponse

Bonjour, j'en tiens compte et je ne publierai pas ton message.

Je comprends ta position vis à vis des personnes qui n'ont pas les mêmes opinions que toi et qui sont remplies de haine à l'encontre des minorités. Moi aussi je suis profondément anti fasciste. Néanmoins, je te rassure, toute personne qui aurait des comportements illégaux de type transphobie, violence, racisme ou apologie du nazisme serait exclue du lieu sans délai. Cela étant, je ne peux pas et je ne veux pas leur interdire l'accès au lieu en fonction de leurs opinions supposées et de leur identité politique, tant que leurs actions restent légales et conformes au règlement intérieur. Ce serait leur donner trop d'importance et réagir comme eux en pratiquant l'exclusion... Je m'y refuse.

Par ailleurs, au passage, pour rebondir sur ton dernier mail, sache qu'en dépit des apparences, je suis, moi et ma famille, dans la catégorie pauvre et "racisé". La persécution des minorités, crois moi, c'est inscrit dans mon histoire familiale. Ma mère a évité la déportation de justesse. Quant à mon orientation sexuelle, elle ne regarde que moi.

Tu n'étais pas visée dans le programme ! Mais je crois que toi, comme d'autres n'avez pas conscience du temps que ce projet (Puivert, limoux et la caravane de la gratuité) me prend depuis plusieurs années (en tâches souvent très rébarbatives voire degradantes), de l'argent personnel que j'y ai dépensé en pure perte et des sommes dérisoires qui y sont récoltées ! Et tout cela sans l'aide de personne pendant bien longtemps. N'importe quelle asso touche en 1 ou 2 mois ce que nous avons collecté en 10 ans ! Franchement, ce n'est pas sérieux de s'en prendre à nous ! Et ça explique le manque de transparence que nous avions jusqu'ici ! À quoi bon tenir une compta quand on tourne avec 20 euros max par mois depuis 2016 (avant nous n'avions pas de boîte à dons et nous n'avions eu quasiment aucune inscription à l'asso) ! Bon mais là depuis la tambouille des initiatives 2018 on est presque riche ! Alors je tiens un livre des comptes depuis la création de la gratuiterie de Limoux. Tu peux y accéder sur demande.

Donc voilà, ça me semblait tellement absurde que dans le programme, j'ai préféré tourner ça en dérision. Note par ailleurs, que concernant celui-ci, tu peux te desinscrire de la liste à tout moment pour ne plus le recevoir.

Pour finir, etant donné la tournure que prennent nos échanges, je suggère que nous cessions de nous envoyer des emails. Sinon ça risque de virer en flame ! Mais bon pour éviter d'avoir le dernier mot (ce qui est très frustrant pour l'interlocuteur), j'en accepte un dernier de ta part !

Et bien sûr, sache que tu es toujours la bienvenue à la gratuiterie.

Bon courage pour tes projets et soigne toi bien.

Benjamin Grassineau



Posté par Benjamin Grassineau le 10-02-2021 à 11:06

Voici encore deux courriels de mise au point, rédigé en mai 2016. Le deuxième n'a jamais été envoyé ! Je pense qu'ils contiennent des éléments intéressants pour comprendre le fonctionnement et la philosophie du magasin gratuit de Puivert, c'est pourquoi je les rajoute ici :

Avis de trou noir !

Le magasin gratuit étant trop en désordre ces derniers temps, les affaires s'accumulant et le rangement - dont j'assume hélas quasiment tout seul la charge - devenant trop fastidieux, j'ai décidé de procéder à un vidage partiel ou intégral de celui-ci tous les mercredis (le trou noir !).

Pour être plus précis, tous les mercredis matin, je prendrai tout ou partie des affaires qui s'y trouvent (sauf les affaires de bonne qualité qui pourront rester maximum un mois avant de subir le même sort) et les amènerai à la déchèterie. Celles et ceux qui veulent m'aider à accomplir cette tâche sont les bienvenu(e)s.

Pour ma part, je choisis cette solution plutôt que de porter les affaires à Emmaüs ou au Parchemin, car je ne souhaite ni promouvoir la réinsertion par le travail (je serais plutôt partisan de la libération par le chômage !), ni encourager le marché de l'occasion, ni favoriser une économie du don fondée sur la charité chrétienne. Bien entendu, ceci n'engage que moi et celles et ceux qui souhaitent offrir une autre destination aux objets du magasin gratuit, peuvent venir les débarrasser le mercredi matin (ou un autre jour).

Pour celles et ceux qui ne veulent pas que les affaires qu'ils donnent partent à la déchèterie (problème parfois soulevé), plusieurs solutions sont possibles :

  • Ranger le magasin gratuit ! Ce qui permettra de repousser l'imminence du trou noir !
  • Amener les affaires le mercredi après-midi de manière à maximiser les chances qu'elles soient prises.
  • Récupérer le mardi après-midi les affaires qu'ils ont déposées auparavant.
  • Amener des affaires très attrayantes, en bon état (pour celles qui sont à réparer, il y a la fabricole tous les mercredi après-midi), peu encombrantes et les ranger proprement à leur place.

Je propose cette solution après trois ans de réflexions et d'expériences diverses - et je la mets en pratique dès aujourd'hui pour parer à l'urgence -, mais toute autre solution permettant de faire perdurer le magasin gratuit à Puivert est la bienvenue. Chacun peut contribuer à mettre en place le système qu'il trouve le plus approprié pour le gérer.

Merci en tous les cas à celles et à ceux, hélas trop peu nombreux, qui participent spontanément au rangement du magasin gratuit, qui, je le rappelle, appartient à ses usagers. C'est donc de la responsabilité de chacun de faire en sorte qu'il soit propre et accueillant. Le magasin gratuit est un lieu en expérimentation et innovant dans son fonctionnement, surtout dans un petit village comme Puivert, aussi, il apartient à ceux qui soutiennent le projet et qui en font usage, d'en faire la promotion en assurant un service de qualité (un beau magasin gratuit tout propre et bien rangé !). Le but etant de multiplier des endroits de ce type et de les faire accepter comme étant de droit.

Réponse à des critiques faites en réaction au mail du trou noir !

Je rappelle que l'objectif de la maison non marchande de Puivert est de proposer à toutes et tous la possibilité d'offrir et de recevoir des services et des ressources gratuitement (ateliers, biens, informations, jardin, etc). Concrètement, il vise donc à maximiser la disponibilité, le libre-accès sans conditions, à des biens et des services habituellement payants, et aussi, à des outils permettant d'offrir de telles ressources.

Son fonctionnement, au regard de cet objectif, repose sur deux règles simples :

  • la possibilité pour toutes et tous (ouverture maximale) de participer librement et de manière non-directive au fonctionnement du lieu (en apportant par exemple de compétences, des savoirs-faire, des objets, etc.), à sa maintenance et son amélioration,
  • l'utilisation, au maximum, de ressources gratuites (autoproduction, récupe, dons), pour faire fonctionner le lieu.

A vrai dire, pour qu'une ressource soit gratuite, il n'existe pas 30000 solutions :

  • Soit la ressource est "produite spontanément" par la nature, ou découle indirectement d'une activité humaine dont l'objectif premier n'était pas de la proposer gratuitement (ex: les déchets, le joli spectacle des surfers(euses) en activité, etc.). Dans ce cas, elle est gratuite tant qu'elle est librement accessible (hélas de moins en moins, ex: les bornes vêtements dans lesquels on peut déposer mais pas prendre),
  • Soit il est auto-financé et fondé sur la participation volontaire et gratuite de contributeurs motivés.
  • Soit il est financé par la contribution obligatoire, comme les "services publics", mais auquel cas, est-il vraiment gratuit ?
  • Soit il est financé par des services annexes payants qu'il contribue à développer (le fameux cadeau bonux).

Les deux dernières solutions me paraissent peu souhaitables pour de nombreuses raisons. J'ai donc décidé - tout seul, il est vrai - de ne promouvoir et mettre en oeuvre que les deux premières solutions.

En ce qui concerne le magasin gratuit, qui est un élément de la maison non marchande de Puivert, il remplit trois services complémentaires.

  • Il permet à des personnes de donner et de se débarrasser d'affaires gratuitement plutôt que d'avoir à les jeter. Service qui, au passage, vient compenser l'absence de borne-vêtements à Puivert et le fait que la déchèterie soit éloignée du village.
  • Il permet à des personnes de récupérer gratuitement et librement des affaires, de façon simple et conviviale, sans avoir à le demander, et à demander au donneur s'il est d'accord. Pas besoin d'aller fouiller les poubelles et de se couper avec des bouts de verre pour trouver un objet dont on a envie ou besoin ! Pas besoin non plus de devoir demander à son voisin de la vaisselle quand on arrive pas à en trouver, au risque d'essuyer un refus parfois humiliant.
  • Il permet de promouvoir une forme d'échange et un dispositif fonctionnel d'échanges fondés sur le don et la gratuité. De ce point de vue, il importe d'en donner une bonne image à travers un lieu propre, chaleureux et accueillant, de façon à ce que, rêvons un peu, les magasins gratuits éclosent comme des champignons dans tous les villages de France ! Ce qui n'est pas du tout impossible ! On pourrait par exemple recycler les églises quasi-désaffectées pour en faire des maisons non-marchandes. Eh ! Pourquoi pas !

Ces trois objectifs sont complémentaires. Par exemple, si l'image du magasin gratuit est bonne, davantage de personnes apporteront des objets, ce qui maximisera la possibilité d'en récupérer (hypothèse crédible). Mais ils sont aussi antagonistes. Par exemple, quand des personnes viennent fouiller ou déposer des affaires en vrac, elles ternissent l'image du magasin gratuit, et au final, ça démotive tout le monde pour donner ou récupérer des affaires. Mais si ceci constitue les trois objectifs du magasin gratuit, chacun, de son côté, participe au lieu pour des motivations qui lui sont propres : environnementales, économiques, sociales, etc. X, notamment, je partage ta motivation : il est préférable de maximiser le réemploi des objets pour éviter que de nouveaux soient produits et achetés. Ca fait moins de travail, et surtout moins de travail salarié, et moins d'échange marchand. Ceci est donc compatible avec les objectifs du lieu, à savoir, encourager les échanges non-marchands. En revanche, l'objectif environnemental qui peut accompagner un tel argument n'est pas dans les priorités du lieu. Il est une conséquence indirecte de son fonctionnement, mais non un objectif.

Pour remplir les trois objectifs que je viens d'énoncer, le magasin gratuit repose sur des règles de fonctionnement très simples :

  • chacun est libre de participer à son amélioration et à sa maintenance comme il l'entend, à condition qu'il ne dégrade, ne dérange ou vandalise le magasin gratuit.
  • chacun est libre d'y utiliser, d'y prendre et d'y déposer les affaires qu'il souhaite, selon deux règles informelles : 1. premier arrivé, premier servi, 2. les affaires qui y sont déposées doivent être « donnables ».

Voilà tout. C'est simple, sans chichi et ça marche ! Ce qui est déjà pas mal !

Pour en revenir aux évènements récents, lorsqu'un objectif tend à prendre trop d'importance par rapport aux autres, il importe de rééquilibrer la balance. Ces derniers temps, l'objectif des donneurs (que le bien qu'on donne serve à quelqu'un) devenait trop pesant et contraire aux objectifs relatifs à l'image du freeshop. Il fallait donc agir vite et sans tergiverser, tout en restant en accord avec les règles relatives au fonctionnement du magasin gratuit. Et c'est ce que j'ai fait. La deuxième règle peut en effet être utilisée pour réguler les stocks. Mon action était donc compatible avec celle-ci. Hélas, régulièrement, des personnes viennent « vider » le magasin gratuit pour faire des vide-greniers. Ca m'énerve beaucoup, mais je laisse faire. Car, concrètement - jusqu'à une date récente - aucune règle du magasin gratuit ne l'interdisait.

En réalité, il n'existe aucun moyen à notre portée pour prévoir quelle sera la destination des biens qu'on dépose dans le magasin gratuit. Certains prennent les affaires pour les revendre, d'autres pour les utiliser d'une manière qui est peut-être incompatible avec celle qu'en espérait le donneur, d'autres pour les collectionner, d'autres pour les jeter, d'autres pour construire une fusée et partir sur la lune. Que sais-je ! C'est ça la liberté ! Et la maison non-marchande de Puivert étant un espace fondamentalement dédié à la maximisation des libertés individuelles, il serait dommage qu'elle devienne, du fait de l'égoïsme de certains donneurs qui s'imaginent faire un cadeau à l'humanité en déposant des affaires dont ils ne veulent plus, un espace voué à la répression des échanges marchands et à la haine de la consommation. Eh oui ! Car consommer sans acheter, pourquoi pas ! C'est bien ce que propose le magasin gratuit. A cet égard, jeter des affaires, ce n'est pas forcément mal, si elles sont récupérées gratuitement. Pour info, d'ailleurs, j'en ai jeté une grande partie dans des conteneurs. Et ceux qui sont motivés peuvent peut-être encore aller les récupérer.

En pratique, toutefois, pour conserver les objets dans le circuit d'échange non-marchand, c'est à dire pour éviter qu'ils soient revendus ou stockés sans être utilisés, deux solutions sont possibles : la première est la gratuithèque, qui permet de prêter gratuitement les objets (mais j'encourage plutôt le prêt à domicile, car la capacité du lieu est limitée), la deuxième est de tenter de rendre les objets invendables (en marquant GRATUIT dessus, par exemple) ou de faire en sorte qu'ils continuent à évoluer dans le circuit non-marchand en pratiquant quand c'est possible du bookcrossing, ou dans la même lignée, en rendant les objets « nomades ».

Autre point. La règle qui consiste à laisser le magasin gratuit ouvert en permanence, de manière à accroître la disponibilité des biens qui s'y trouvent et à faciliter les dépôts, rend très difficile le contrôle des usagers au niveau du rangement. Par conséquent, lorsqu'on range, on doit le faire en sachant que cela sera très vite dérangé. Bref, sous un certain angle, on le fait « un peu pour rien ». Et c'est dur ! Combien de fois l'ai-je rangé pour rien ? Je ne les compte plus. Désolé, X, mais tu viens d'apprendre le principe même d'une action « désintéressée ». On la fait pour rien ! Ou si, pour le plaisir de ranger, ou pour le plaisir éphémère de voir le magasin gratuit rangé l'espace d'une journée ! La liberté est à ce prix ! Deux points pour terminer. On me fait souvent remarquer que les activités de la maison non marchande pourraient être plus efficaces en dérogeant aux principes que j'ai évoqués plus haut. Par exemple, il y aurait plus de monde aux ateliers si on faisait payer un petit quelque chose pour motiver et responsabiliser les participants. Ou bien, il y aurait plus de monde si on pratiquait des ateliers professionnalisés, sur le modèle de l'expert compétent chichement payé pour venir dispenser sa science à des cruches vides ! Mais de tels objectifs d'efficacité, quand ils ne sont pas complètement faux (on peut très bien participer sans payer), sont à rejeter car ils sont intrinsèquement antinomiques aux objectifs et aux règles de fonctionnement du lieu. Le seul critère d'efficacité valable, à cet égard, est celui de la maximisation de la liberté d'accéder aux ressources. Ensuite, qu'il y ait ou non du monde, c'est secondaire. L'élément de référence, celui qui est déterminant, est que ceux qui veulent avoir la liberté de proposer et de recevoir des ressources gratuitement puissent le faire librement.

Enfin, sur un plan plus politique, je vais sûrement en choquer plus d'un, mais je rappelle un dernier principe de base : le lieu est privé et n'a pas un fonctionnement démocratique, mais libéral. Cela signifie qu'il existe quelques règles de base, édictées de façon très autoritaires (participation libre, gratuité, non-directivité, libre-accès...) par le gérant du lieu, et elles sont à prendre ou à laisser. Pour ceux qui ne sont pas d'accord avec elles, et surtout qui veulent en imposer des solutions incompatibles avec les règles et les objectifs de la maison non marchande de Puivert, ils peuvent naturellement créer ailleurs une initiative du même type. Et il serait temps ! C'est très simple à mettre en oeuvre et ça ne demande au pire qu'un jour de travail par semaine. On peut le faire intégralement, en mettant à disposition un local, mais aussi de manière plus modeste, en mettant une partie de son jardin à disposition sur le modèle du jardin libre (incroyables comestibles), une boîte à livres devant chez soi, un tableau d'annonces non-marchandes devant chez soi, etc. Ceux qui font cela pourront alors utiliser la liste de discussion pour se faire connaître (ou d'autres espaces numériques dédiés). De même, la liste de discussion permet de proposer des dons et des prêts gratuits directement de chez soi et je les encourage à le faire.



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