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Chroniques de la fascisation contemporaine. Partie 2. Croissancisme et fascisme

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 20-03-2020 16:08
Rubrique: La revue de sociologie lo-fi
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 20 mars 2020 / Dernière modification de la page: 17 juillet 2022 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



Les technocrates sont discrets - pourvu que les ministres signent et édictent ce qu'ils décident.

Gabriel Delaunay, Le piéton des nuages. Feuillets d'un temps volé., Albin Michel, 1973, p.61.

Les régimes fascistes1 des années 1920 - 1950 sont volontiers décrits comme étant réactionnaires et hostiles au progrès2. Rien n'est pourtant plus inexact. Les différents programmes fascistes se sont en effet construits sur l'exaltation du progrès et l'adhésion à une doctrine croissanciste qui s'articule autour de quatre objectifs :

  1. la croissance démographique et l'« amélioration » de la « race » et de la population,
  2. la croissance technique avec la survalorisation du progrès techno-scientifique,
  3. la croissance économique,
  4. le « progrès » spirituel et moral.

Dans l’imaginaire fasciste, ces dynamiques sont censées se soutenir, se renforcer mutuellement dans un « élan grandiose », porté par le peuple communiant directement avec son leader, et face auquel les désirs et les libertés de l'individu doivent nécessairement s’effacer. L’embrigadement des citoyens qui en résulte se doit d’être total devant la volonté collective du peuple, même si elle est fictive, de marche en avant vers un avenir meilleur.

Les fondements croissancistes et scientifiques du fascisme

Tout d'abord, dans le programme fasciste, la croissance démographique est la clé de la relance économique et une des armes majeures du combat contre le « déclin civilisationnel », phénomène considéré comme allant de soi par une large partie des intellectuels dans l'entre-deux guerres. C'est ainsi que le démographe Alfred Sauvy (impliqué dans la fondation de l'INED3), le médecin Alexis Carrel, lauréat du Prix Nobel, et bien d’autres scientifiques, architectes et intellectuels « éminents », sont placés à des postes clés du régime de Vichy ou le soutiennent ouvertement4. Carrel, notamment à travers la fondation qu'il crée5, prône dans cette optique une croissance « qualitative » (eugéniste) de la population pour lutter contre la « dégénérescence » de la race. Il s'agit pour lui « d'améliorer » la race en améliorant le capital humain à travers l’éducation. Il s'agit de développer une race forte et saine qui s'épanouit dans le travail6. Sont ainsi jetées les grandes lignes du programme démographique fasciste. Notons qu'on retrouve les mêmes thèses démographiques dans le fascisme italien ou le national-socialisme.

Cette doctrine croissanciste n'est pas portée par l'irrationalisme, comme on l’affirme souvent, mais au contraire, par la science et la technique. Une des caractéristiques du fascisme réside en effet dans sa volonté indéfectible de faire croître la techno-science en vue de maîtriser et d'améliorer l'Homme7 quitte à éliminer ses éléments génétiques et culturels jugés défectueux. Il est donc inexact de croire que les scientifiques et l’élite de l'entre-deux guerres, même s'il y eut de nombreuses exceptions, rejetèrent l'irrationalité du fascisme et ses soubassements racistes. Dans certains domaines, comme la médecine et l'archéologie, ils furent même au contraire largement majoritaires dans le régime nazi8. Et trop rares furent les voix dissidentes qui s'opposèrent à la montée et à la mise en œuvre des thèses racistes et eugénistes, cohérentes avec l'idéologie du darwinisme social qui prédominait à l’époque.

La conséquence de l'adoption de ces thèses scientifiques9 est l'adulation du progrès technique, fruit de la science, mais aussi de l'hygiène médicale (sacralisation de ce qui est pur, sain, retour à la nature, dont le mouvement pour l’agriculture biologique est par exemple tributaire10) et d'un racisme de l'intelligence qui émaille nombre d'ouvrages scientifiques de cette période. Politiquement, ce mouvement « progressiste » se traduit par l'exaltation du nationalisme, expansion sans limite de la race, et par la mise en œuvre d’une économie socialiste (le planisme11) qui glorifie le travail (valeur opposée à la paresse bourgeoise), le professionnalisme (corporatisme12) et pose l’amélioration des conditions économiques comme étant la garante de l’amélioration technocratique de la race, dans une vision élitiste, paternaliste et bienveillante (nul ne pouvant douter que l’élite savante et la science oeuvrent pour le bien de la nation).

Cet impératif de croissance économique global, qui concerne tout le peuple et tous les secteurs du bien-être et de l'économie, et qui rejoint en cela les préoccupations socialistes les plus banales, marque le discours fasciste mais également ses réalisations. Götz Aly13 a remarquablement montré comment la croissance économique fut l'un des principaux moteurs de la marche en avant, puis de la fuite en avant du régime nazi, notamment dans la mise en place de la Shoah. La croissance économique, même si elle fut plus ou moins bien contrôlée, fut à ce titre un des objectifs centraux du régime, puisqu'il s'agissait d'alimenter l'effort de guerre, mais aussi de la conjuguer le plus efficacement possible avec la croissance technique et démographique. L'expansionnisme et l'impérialisme allemands s'inséraient dans une logique de relance keynésienne avant l'heure, misant sur le plein-emploi et le soutien massif de la consommation des ménages. L'investissement et la redistribution étant rapidement assurés par la spoliation des pays occupés ou des populations persécutées14.

Croissance démographique, croissance technique, croissance économique forment donc, dans la logique fasciste, les éléments indissociables d'un triptyque qui est tout entier tendu vers la réalisation d'un idéal collectif enraciné dans le progrès moral et spirituel. Alexis Carrel15 par exemple, figure importante du fascisme français, l'assimile au christianisme, qui en est l'aboutissement, la perfection incarnée. Ce progrès chrétien, cet élan spirituel et moral est associé à l'amélioration biologique de l'homme, à travers une politique eugéniste volontariste et une politique d'éducation ou plutôt d'endoctrinement des jeunes. Ce curieux mariage entre la religion catholique et la science nous paraît aujourd'hui contre-nature, mais il est parfaitement assumé dans le corps doctrinal de la Révolution Nationale, au côté d'approches plus laïques, comme celles de Marcel Déat, plus proches en cela de la mystique raciste des fascismes italiens et européens. Et de fait, la technocratie scientifique fasciste dispose, dès les années 1920, d’outils de contrôle des masses de plus en plus puissants et centralisés dont l'efficacité redoutable n'a depuis lors jamais été démentie.

L'un d'entre eux est sans conteste l'enseignement de masse, auquel on peut rattacher les structures visant à embrigader les jeunes, comme les MJC, les foyers de jeunes travailleurs, les structures d'éducation et de prévention spécialisée, qui s'institutionnalisent durant cette période16, ainsi que les structures d'« aide » à l'enfance17. Ces organisations naissantes, loin d'être portées par une volonté d'apporter une aide philanthropique et désintéressée aux jeunes et aux familles, visent au contraire à les contrôler, à les endoctriner, les sélectionner, les catégoriser, les orienter, les enfermer, et surtout à terme, à en éliminer directement ou indirectement (stérilisation) certains en fonction de leurs aptitudes supposées, conformément à un dessein eugéniste et raciste consensuel au sein de la Révolution Nationale. La transmission des valeurs morales qui sont considérées comme à la pointe du « progrès » à travers ces dispositifs naissants ou en pleine transformation, est au cœur même de ce sinistre projet fasciste. Ces structures d'encadrement de la jeunesse, comme l'école, les structures sportives et d'éducation populaire, le font avec une efficacité certaine.

Car elles ne se contentent pas d'admonester ces valeurs verticalement en recourant à la contrainte ; elles puisent au contraire leur force dans la participation active et volontaire des jeunes à leur propre exploitation et exclusion. En faisant porter la responsabilité de son échec ou de sa réussite sur l’élève, elles inversent de façon très perverse l'origine de la performance, la détermination du classement. L'élève devient responsable de son auto-endoctrinement, il doit exceller dans cet art. Et, du fait de la structure extrêmement pyramidale de l'école, il est également happé de fait dans un modèle bureaucratique et autoritaire. Ce processus pervers permet à l'école d'amener insidieusement les plus jeunes vers des objectifs qui « échappent à leur contrôle » : fabrication d’un Homme nouveau, glorification du progrès scientifique et technique, mise en exergue d’une forme d’intelligence élitiste, contrôle et éducation de la famille, intégration de l’autorité et de la hiérarchie et soumission à des objectifs professionnalisants (corporatisme). Pour les adeptes de la révolution nationale, l’école devient ainsi l’arme la plus redoutable pour embrigader les jeunes dans la poursuite effrénée d’une croissance illimitée et illusoire, dans une fuite en avant économique qui ne peut se terminer, au bout du chemin, que par l’asservissement voire l’élimination (à défaut l’exclusion ou la conversion) de populations prises dans l’escarcelle d’institutions qui entretiennent la promesse d’une croissance infinie et qui tentent, coûte que coûte, d’atteindre cet objectif sans cesse repoussé18.

« Progrès » technique, progrès de la population, progrès de l’économie, progrès architecturaux, progrès spirituels doivent ainsi entrer en synergie, au prix de l’élimination de tout ce qui pourrait les entraver : les « tarés », les handicapés, les infertiles, les groupes racisés, etc.

Les racines fascites du croissancisme.

Le fascisme de cette période, en tant que régime ou en tant qu’idéologie, est donc intrinsèquement croissanciste ; mais inversement, le croissancisme est-il fasciste ? Si notre réponse à cette question sera indéniablement plus nuancée, il faut toutefois souligner le fait que le croissancisme partage bon nombre des objectifs « progressistes » du fascisme ; et, quand bien même il prône des méthodes d’action politique moins brutales et monopolistes, il partage aussi bon nombre de moyens.

Au conservatisme libéral du début du XXe siècle, au régime du statu-quo et de l’équilibre (qu’on retrouve en économie avec l’équilibre walrasien), au laissez-faire, le fascisme oppose une marche en avant forcée portée par une technocratie et une élite scientifique dominante. Le croissancisme s’appuie indiscutablement sur ces bases fascistes qui modèlent durablement le paysage socio-économique et culturel d’après-guerre. Il se cristallise, se matérialise, en prenant appui sur des institutions nées durant le fascisme et véhiculant ses valeurs – et bien souvent, avec les mêmes protagonistes qui n’ont fait que changer d’étiquette19 :

  1. le contrôle et l’amélioration de la population, du capital humain, avec un investissement massif dans l’enseignement de masse et dans les politiques hygiénistes,
  2. la glorification du progrès technique20,
  3. la croissance de l’économie nationale (le PIB) à travers le planisme et la lutte contre le chômage
  4. la soumission de l'éthique et de la morale au champ scientifique.

Tous ces objectifs s’inscrivent dans la continuité des valeurs fondamentales et du programme amorcé dans les régimes fascistes (voir tableau). Ainsi en est-il de l’objectif d’élimination du chômage, qui n’est qu’une façon détournée de défendre et sacraliser la valeur travail. C’est aussi une manière de conforter l’ordre établi en rejetant à l’arrière-plan des solutions qui s'attaqueraient au problème à la racine, en dynamitant les intérêts et les structures professionnels ou corporatistes. De même, l'attention portée à la famille demeure au cœur de l’idéologie de la croissance d'après-guerre. Le « ménage » devient la molécule sociale qui concentre toutes les attentions. Il est mesuré, étudié, normalisé, pour se fondre dans l’idéal des trente glorieuses. L’être humain est censé s’épanouir d’un côté, dans son ménage et sa famille, de l’autre, dans des institutions d’Etat. Et pas n’importe quelle famille... C’est durant cette période qu’est instauré, dans la continuité de ce qui avait pu être mis en place durant la seconde guerre mondiale, tout un ensemble d’instruments visant à contrôler la famille, à la normaliser. Patrie, enfin, avec la valorisation et la défense de l’économie nationale ; tout cela présenté comme étant dans « l’intérêt du peuple » réduit au statut de consommateur en quête de bien-être.

Tableau : similitudes et continuités entre les programmes croissancistes d'après-guerre et les programmes fascistes.

 FascismeCroissancisme
Politique économiqueSoutien massif à la consommation / Investissements dans des secteurs clés / planismeSoutien massif à la consommation / Investissements dans des secteurs clés / planisme (plus ou moins selon les pays)
Politique démographiqueForte valorisation de la famille / programme eugéniste / programme racisteValorisation de la famille / programme de soutien à la croissance démographique / programme eugéniste résiduel
Politique techno-scientifiqueForte valorisation du progrès technique / technocratieTrès forte valorisation du progrès technique (moteur de la croissance) / technocratie
Politique éducativeEnseignement de masse / Sport / Structures d'encadrement des jeunesEnseignement de masse / Sport (moins encadré) / Structures d'encadrement des jeunes
Politique « morale »Christianisme (en Espagne et en France) / nationalisme / darwinisme social / Hygiénisme / anti-matérialismeDroits de l'Homme / Scientisme / Bonheur / libéralisme

Ce tableau résume l'évolution suivie par le fascisme après la seconde guerre mondiale. Il montre que ses principaux traits ont persisté sous bien des aspects dans les régimes croissancistes d'après-guerre. Il est vrai cependant qu'ils ont été reformulés, édulcorés, maquillés derrière un discours « scientifique », neutre et « philanthropique ». C’est ainsi que les politiques eugénistes et hygiénistes, œuvrant à travers le contrôle des familles et la stérilisation des « inadaptés », ont abandonné certains de leurs aspects les plus radicaux, mais elles n'en ont pas disparu pour autant. Elles se sont transformées en travail social et en aide sociale à l’enfance. Aujourd'hui, la stérilisation forcée des handicapés mentaux indigne. Elle n'en a pas moins perduré jusqu'à la fin du XXème sciècle, et cède la place à la contraception forcée, qui est encore régulièrement pratiquée21. De même, le développement technique, visant à soutenir la croissance et l’effort de guerre, s’est transformé en dynamique technique implacable au service de l’objectif du bonheur pour tous, nouvel eldorado moral qui se veut neutre et même, scientifiquement mesurable ! Enfin, les politiques hygiénistes et sécuritaires, qui ont propulsé des valeurs comme la pureté et la sécurité au cœur de la cité, se sont retrouvées groupées sous les vocables hypocrites de protection, de prévention ou de sûreté et connaissent aujourd'hui, malgré leur recul dans les années 1970, un succès populaire considérable. De partout les mesures liberticides pleuvent, se fondant presque systématiquement sur le risque que fait courir telle ou telle pratique à la population, et cela ne semble pas prêt de s'arrêter...

En définitive, il faut bien admettre que la perversion profonde des idéologies fascistes s’est imposée. A savoir, celle qui consiste à associer une morale qui se veut populiste et « philanthropique » à un régime coercitif, autoritaire et totalitaire ; une morale qui demande aux citoyens une soumission et une participation active et volontaire à leur propre domination.

Notes

1 Il existe d'interminables débats d'experts, visant à déteminer si le régime de Vichy, les dictaturs autoritaires, le national-socialisme, etc. entrent dans la catégorie des régimes fascistes. Ce n'est pas trop étonnant. Comme on le sait bien, les débats autour des catégorisations s'inscrivent dans des enjeux propres à une époque, des intérêts économiques, idéologiques, etc. Dans ce texte, nous en resterons à la vision la plus large possible de ce qu'on entend par fascisme. C'est à dire, grosso modo, un gouvernement autoritaire, technocratique et totalitaire.

2 Olivier Forlin s'interroge à ce sujet : « Le fascisme fut-il un phénomène révolutionnaire ? La question fut longtemps balayée d’un revers de main tant, dans l’imaginaire collectif, le fascisme était étroitement associé aux groupes politiques de conservation d’un ordre social et politique traditionnel. Plus encore, il était assimilé aux forces réagissant contre la montée en puissance des courants démocratiques et surtout des mouvements d’émancipation sociale incarnés par le prolétariat et ses organisations. Ainsi, fascisme et révolution recouvraient des réalités totalement antagonistes. (...) Le décentrage du regard à propos de l’analyse des rapports entre fascisme et révolution a toutefois suscité des réticences et des remous tant la conception du fascisme comme idéologie et force réactionnaires faisait l’objet d’un consensus puissant. », Olivier Forlin, « Chapitre 7 - Le fascisme, un phénomène révolutionnaire ? », Le fascisme. Historiographie et enjeux mémoriels, sous la direction d'Olivier Forlin, La Découverte, 2013, pp. 215-238.

3 Voir Alain Drouard, « La création de l'INED », Population, 47ᵉ année, n°6, 1992. Hommage à Alfred Sauvy. pp. 1453-1466

4 Ce sera par exemple le cas des fondateurs français de l'agriculture biologique. Voir Christine César, « Les métamorphoses des idéologues de l'agriculture biologique. La voix de La Vie Claire (1946-1981) », Écologie & politique, 2003/1 (N°27), p. 193-206. Mais tous domaines confondus, ils seront très nombreux à se « reconvertir » et à jouer un rôle clé dans l'orientation des institutions et des politiques d'après-guerre. Par exemple : Georges Bertier, François Perroux, Jean Stoetzel, Le Corbusier pour ne citer qu'eux.

5 On pourra notamment consulter sur le sujet l'ouvrage d'Alain Drouard, Une inconnue des sciences sociales. La fondation Alexis Carrel. 1941 - 1945., Éditions de la maison des sciences de l'homme, Paris, 1992.

6 Voir Alexis Carrel, Réflexions sur la conduite de la vie, Plon, 1950. Les références à des thèses eugénistes et racistes constellent l'ouvrage.

7 Les travaux de la pédagogue Maria Montessori s'inscrivent à ce titre ouvertement et sciemment dans cette volonté de façonner l'enfant par une pédagogie scientifique et créer en cela même un Homme nouveau. Ce qui éclaire sa collaboration active avec le régime de Mussolini, qui ne fait aujourd'hui plus guère de doute. Voir pour un aperçu, Serge Franc, « Montessori et la Casa dei Bambini : Dimensions idéologique, épistémologique et spirituelle de la méthode », Tréma, 50 | 2018. ou encore, Helene Leenders, « A special meaning of health. Towards a theory-immanent explanation for the use of the Montessori Pedagogy in fascist Italy (1926-1934) », Annali di storia dell'educazione e delle istituzioni scolastiche, 25/2018.

8 Voir Jean-Jacques Salomon, Les scientifiques : entre pouvoir et savoir, Albin Michel, 2006 et Laurent Olivier, Nos ancêtres les Germains. Les archéologues au service du nazisme, Paris, Tallandier, 2012. Il ne faut pas oublier d'ailleurs, que la classe socio-professionnelle des enseignants adhéra très largement au NSDAP ou à défaut à l'idéologie nazie. A ma connaissance, ce travail de reconstitution historique de l'implication du corps enseignant et scientifique dans la machine gouvernementale fasciste, manque encore en ce qui concerne la Révolution Nationale en France.

9 Choix idéologique qui n'échappe pas aux stratégies visant à déterminer ce qui mérite d'être qualifié de scientifique ou non. Francine Muel-Dreyfus montre bien à cet égard la tentative du régime de Vichy de sortir la sociologie, en particulier la sociologie durkheimienne, du champ scientifique pour y substituer une sociobiologie en adéquation avec ses objectifs. Voir Francine Muel-Dreyfus, « La rééducation de la sociologie sous le régime de Vichy », Actes de la recherche en sciences sociales, 2004/3 (n° 153), p. 65-77.

10 Voir notes ci-dessus.

11 Voir sur le sujet Ni droite ni gauche : l'idéologie fasciste en France, Paris, Gallimard, 2013.

12 Voir par exemple Louis Terracol « La doctrine constitutionnelle du régime de Vichy », Jus Politicum, n° 19.

13 Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands, Paris, Flammarion, 2005.

14 Ibidem.

15 Ibidem.

16 Voir sur le sujet, Jean-Claude Richez, « L'INJEP et l'éducation populaire, dans toutes leurs histoires », Vie sociale, vol. 4, n°4, 2009, pp. 19-45)

17 Michel Chauvière, Enfance inadaptée : l'héritage de Vichy, Les Éditions ouvrières, 1980.

18 Voir Aly, Ibid.

19 Voir notes ci-dessus.

20 Herbert Marcuse va plus loin dans son anaylse et considère le national-socialisme comme une forme de régime technocratique radical. Cf. Herbert Marcuse, Sommes-nous déjà des hommes ? Théorie critique et émancipation, Alboussière, QS?, 2018, p. 250.

21 Voir pour un éclairage, Louise Hemmerlé, « Peut-on se passer de leur avis ? : la délicate question de la contraception des femmes handicapées mentales », FranceInfo, 30 juillet 2018.

Catégories: Libertés




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