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Quelques réflexions qui ont jalonné la non-implantation de la caravane de la gratuité à Couiza

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2019
Rubrique: Les espaces de gratuité mobiles
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert sur invitation
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 01 mars 2021 / Dernière modification de la page: 10 juillet 2022 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



Projet finalement abandonné d'implantation de la caravane de la gratuité sur Couiza


Petit compte-rendu très subjectif et partial (!) de la réunion du 28 novembre 2019 pour l’implantation de la caravane de la gratuité près de l’espace ado de Couiza.

Contexte

  • Personnes présentes : 3
  • Lieu : Espace Accueil des ados de Couiza.

Il s’agissait de la première réunion et l’objectif était de se rencontrer, d’apprendre à se connaître et de fixer les grandes lignes du projet.

Thèmes abordés

Les discussions se sont dirigées vers plusieurs thèmes.

Les finalités

Quelles sont les finalités de chacun.e, quelles seront les finalités des jeunes, et, bien que la question ne se soit posée qu’en filigrane, comment concilier le projet avec les finalités des habitants et de la mairie ? Faut-il se limiter à des finalités bien précises et proches des préoccupations des jeunes du moment : trouver un truc à faire ensemble, s’occuper, avoir un espace où être un peu « tranquille » ? Dans quelle mesure faut-il leur faire part de nos propres finalités (politique, recherche, réinsertion...) ? Et peuvent-ils les partager ?

La caravane peut-elle être pour ces jeunes un lieu de rencontre avec l’altérité ? Un lieu de revalorisation à travers le regard de l’autre qui se transforme, via la possibilité de valoriser leurs propres savoirs et savoir-faire ? Quelle finalité les jeunes peuvent-ils trouver au projet ? Comment vont-ils trouver une finalité à leurs actions dans le cadre de l’économie du don ?

L’appropriation du projet par les jeunes

Les jeunes peuvent-ils s’appropier « l’outil caravane » ? Si oui, comment et jusqu’où ? Quelle sera la part de responsabilité qui leur sera laissée ? Comment allons-nous nous positionner par rapport à eux ? N’y a-t-il pas un risque qu’en leur laissant trop de responsabilité ou de liberté d’action, le projet capote et qu’ils s’en désintéressent ?

L’hypothèse de fond est que si les jeunes s’approprient le lieu, ils le respecteront peut-être d’avantage. Est-ce vraiment certain ? Comment le lien possible avec d’autres jeunes, ceux de Puivert d’un côté et ceux de Paris (XIXe) de l’autre, pourrait servir de moteur à cette appropriation ? Notamment à travers le format Vidéo.

J’ai évoqué également la possibilité que les jeunes s’approprient l’ensemble du processus : mise en place de la caravane, décoration de la caravane, communication avec l’extérieur, voyage et communication avec la bande de Paris (pas encore en place), etc.

Au niveau du rapport que nous pourrions avoir avec eux, la réponse n’est pas simple. Est-ce qu’on négocie les finalités, les moyens de réalisation ? Faut-il garder une certaine distance (leur laisser le lieu à eux) ? Ou au contraire, les intégrer dans le processus en leur proposant de nous accompagner ?

La question du risque qu’ils soient mis en situation d’échec dans la réparation des vélos a également été posée.

Frontières du projet

La question de ce qu’on va faire avec la caravane a été débattue mais il semble que nous soyons arrivés à un consensus sur le fait qu’il était préférable de procéder par étape. Dans un premier temps, limiter le projet à un lieu où les jeunes peuvent être un peu « tranquilles » et où ils peuvent réparer des vélos. Puis, les autres potentialités du projet viendraient se greffer, s’ils le souhaitent, ultérieurement. Il y aurait notamment, la possibilité de faire une vidéo, faire un espace de gratuité, etc.

Le rapport avec l’extérieur pose également question. Ateliers fermés ou possibilité que d’autres personnes participent ? N’y a-t-il pas un risque qu’ils fuient le lieu s’ils se retrouvent en présence d’adultes ?

A venir

La date d’installation de la caravane est fixée le dimanche 8 décembre 2019.

Projet finalement abandonné.

Quelques échanges de courriel pertinents

J'ai choisi de conserver l'anonymat de la personne avec qui j'ai échangé et de ne pas divulguer ses réponses. BenjaminGrassineau 01-03-2021

Courriel du 31 octobre 2019

Re-salut X. je n'ai pas pu rester à la conf donc j'ai le temps de te transférer le texte sur le projet de gratuiterie ambulante à Paris qui devrait peut-être se mettre en place en impliquant plusieurs structures (APSAJ, CEDREA, IRTS Paris, CNAM, association de papas). Je l'avais écrit un peu vite donc il y a sûrement des coquilles. Mais qu'importe ! L'essentiel des idées y est. A savoir aussi que le projet n'est pas encore lancé. Donc, rien n'est fixé.

A priori, ça te semblera peut-être assez éloigné de ce qu'on pourrait faire sur Couiza, surtout au niveau des finalités, mais il pourrait y avoir des points de convergence sur la mise en œuvre. L'intérêt serait aussi de conduire une recherche-action en parallèle afin de voir où et comment les deux projets divergent, comment ils peuvent interagir et ce qui peut résulter de cette interaction. La question que je me pose, personnellement, c'est dans quel cadre ? Mais peut-être est-il prématuré de se la poser d'emblée. Je suis partisan pour expérimenter d'abord et organiser ensuite ! Note qu'on pourrait peut-être mettre Y sur le coup qui fait des stages vidéos avec des ados sur ... ? Il faudrait que je lui en parle.

Bon en tous les cas, ça pourrait être un projet vraiment passionnant et très intéressant sur les plans recherche et développement de la gratuité.

Sur la question de la philosophie sous-jacente à ces projets, il est sûr qu'on ne partage pas nécessairement tous les mêmes motivations et les mêmes opinions. Par exemple, désolé, mais je ne suis pas à fond sur les gilets jaunes ! Mais c'est ça qui est intéressant : créer une convergence par l'action, par une confrontation commune au réel, à partir de principes d'action simples et épurés au maximum de toute considération idéologique. Il faut parvenir à s'extraire de toute la gangue idéologique et symbolique qui entoure l'échange pour revenir à la spontanéité de l'acte en lui-même, au fait brut qui consiste à faire circuler l'objet. Et c'est autour de ça que la communauté se crée. Et c'est ça le but ultime, créer un lien qui libère en libérant l'échange, voire les objets eux-mêmes ! Reconstruire un lien, ou même une économie, en dehors de l'échange marchand. Une économie vraiment libre !

Bon mais ce serait cool si on pouvait en reparler assez vite. Tiens-moi au courant si tu as des disponibilités. Et si tu as besoin d'aide pour la (...), je veux bien aider.

A bientôt.

Benjamin

Courriel du 03 novembre 2019

Bonsoir X,

l'investissement en terme de recherche ne serait pas forcément énorme. Et pourtant, on pourrait faire avancer les choses de manière significative, tant au niveau global que local, si l'on parvenait à mener une telle recherche-action et à en diffuser les résultats. Cela permettrait de mieux comprendre le rapport des personnes à la gratuité (et donc au marché) et de mettre en évidence toutes les potentialités d'action que la gratuité peut offrir en terme de changement social et économique. C'est énorme ! Et en fait très peu exploré, du moins pour l'instant.

(…)

Je ne connais pas bien les coopératives intégrales. Il pourrait sûrement être intéressant de s'en inspirer pour théoriser, ou pourquoi pas, tenter de mettre en œuvre (mais quel travail !) les bases d'une économie non-marchande.  Mais cela étant, je suis plus adepte d'une approche « pragmatique» (proche de celle de John Dewey j'imagine) ou plutôt inductive, et non-directive (à la Carl Rogers). Édicter un nombre très restreint de principes qui encadrent l'action et ne plus agir, ou du moins, ne plus tenter d'infléchir l'action collective (éventuellement, la faciliter). Par exemple, à l'intérieur d'un espace délimité (un local), on fixe deux ou trois règles simples (liberté de donner et prendre, premier arrivé, premier servi, consensus pour les prises de décision), et on « laisse faire ». Il me semble que les ressorts de l'action collective, le cadre symbolique dans lequel elle va s'instituer et évoluer, ne peuvent être prédéterminés de manière trop rigide et trop précise. Les petites combines, les techniques, les règles de base émergeront alors à partir d'un tâtonnement, à partir d'une friction, d'une exploration du réel, à l'intérieur de ce nouveau contexte. Mon avis est que les concepts, les motivations, les représentations émergent dans l'action, il n'y pas d'antériorité des motivations sur l'action. Nous le croyons parce qu'en réalité, nous intégrons des motivations « de l'extérieur », nous les héritons d'un contexte culturel déjà là, allant de soi, qui s'est imposé à nous et agit comme une instance déterminante (il façonne nos motivations). Voilà pourquoi, à mon avis, concernant la gratuité, il faut « repartir de zéro », mettre en place les conditions socio-techniques de la gratuité sur la base de principes simples, et laisser les règles, les pratiques, les représentations, les motivations, les routines, émerger de l'action. Dans un sens, cela revient à transposer certaines idées de l'agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka à l'activité organisée !! On laisse les plantes faire et elles n'en seront que plus robustes !

Alors tu vas me dire, quel est le rapport avec la coopérative intégrale ? Eh bien je ne pense pas que le principe d'autogestion soit adapté à toutes les situations. Cela me paraît trop rigide de tenter d'imposer un même modèle partout. A chaque fois le contexte change, les personnes aussi, de même que leurs motivations et leurs intentions, et je pense que la structure qui en émerge peut prendre des directions très différentes. Je crois qu'il y a un paradoxe dans l'autogestion puisqu'en voulant appliquer le modèle de l'autogestion à un groupe, on s'écarte de facto d'un processus « naturel » où ce sont les personnes du groupe qui construisent par elles-même la structure dans laquelle elles vont déployer leur action collective. Cette structure sera-t-elle forcément hiérarchique ? Je pense que non. Même s'il peut arriver que ce soit le cas pour des raisons techniques (sur un bateau, par exemple). C'est au contraire en voulant imposer un modèle organisationnel au groupe (hiérarchique ou non) qu'on crée intrinsèquement une hiérarchie.

D'autre part, l'auto-gestion n'implique pas la non-directivité. Au contraire. La décision collective va l'emporter, va ordonner, diriger, la multitude des actions individuelles qui sans cela, se seraient sûrement croisées, complémentées, heurtées parfois, dans un joyeux désordre !! Alors, c'est vrai, la non-directivité a ses limites, puisque dans un « champ de force » donné, les structures qui ordonnent l'action sont déjà en place et nous orientent en arrière-plan, consciemment ou non. On achète parce qu'on achète. Tout nous y pousse : l'effet d'imitation, la crainte imaginaire du manque et de la pauvreté, la Loi, le marketing, etc. Nous avons incorporé le cadre hiérarchique et marchand dans lequel nous baignons depuis l'enfance au plus profond de nous-mêmes. D'où, j'y reviens, la nécessité de créer des sortes de TAZ, des espaces interstitiels où ce « champ de force global » est momentanément annihilé, ou tout au moins atténué. Je vois les espaces de gratuité ainsi. Des lieux physiques ou virtuels qui constituent des turbulences, des tourbillons obéissant à leurs propres lois, au sein d'un courant bien plus vaste. Et effectivement, s'ils parviennent à s'agréger, à se connecter, ils gagneront en force et durabilité. Ce n'est pas un seul pan de l'économie qui doit se libérer du marché, mais toute l'économie !

Bon, enfin, je cause, je cause...  Et je suis content de voir que le projet t'intéresse, même si on verra bien si on passe à l'action ou pas ! De toute façon, il n'y a pas d'enjeu vital ! Il faut juste que ça fasse kiffer tout le monde !! Moi, je ne te cache pas que je suis aussi énormément pris, alors, aurais-je le temps ? C'est à voir. Il faudrait en reparler.

(...)

Amicalement.

Courriel du 05 novembre 2019

C'est effectivement le plus simple. On pose la caravane et on voit. Soit on se le tente vers noël. Soit on pourrait faire ça en début d'année 2020. Qu'en dis-tu ?

(...)

Oui, dans ce sens là, je suis tout à fait partisan d'approches intégrales. A mon avis, il faut explorer la gratuité, l'auto-production et la culture libre dans tous les domaines et jeter des ponts entre eux.

En revanche, je suis sceptique sur la capacité des alternatives qui se situent dans un cadre marchand à réellement transformer le monde. Je suis partisan d'une rupture radicale avec l'échange marchand, c'est à dire, l'échange qui s'appuie sur une obligation, directe ou indirecte (cas du financement public) de contribuer pour accéder à une ressource. Par conséquent, je suis contre l'économie marchande conventionnelle, bien sûr, mais aussi contre les services publics (obligation de financement par l'impôt), contre l'économie sociale et solidaire, contre le localisme marchand, contre les SEL et contre les monnaies locales (ouf ! ça fait beaucoup !).

S'agissant des monnaies locales, non seulement je n'adhère pas au principe. Mais, à l'intérieur même de la logique marchande dans laquelle elles s'inscrivent, je n'en vois pas l'intérêt. Le seul bénéfice que je leur concéderais, à la rigueur, c'est d'échapper en partie au dispositif socio-technique titanesque qui fonctionne en arrière-plan pour maintenir et faire fonctionner la monnaie officielle (et qui nous plonge régulièrement dans des crises macro-économiques dramatiques et dans une obligation collective de croissance délirante !). Pour autant, si la monnaie locale est indexée sur la monnaie « publique » ou si elle est subventionnée, comme cela commence à se faire, ou à être suggéré ici ou là, elle perd tout intérêt...

Alors, il est vrai que je pourrais me contenter d'une position de retrait. Considérer que les monnaies locales sont inoffensives et qu'il ne sert à rien de s'y opposer. Mais je ne le pense pas. Car les monnaies locales, et les SEL, participent à la marchandisation de la vie, au sens large. Ils agissent comme des chevaux de Troie ! Ils font entrer le poison du marché, même si c'est sous une forme en apparence plus inoffensive, dans des secteurs jusqu'alors plutôt épargnés par celui-ci. Le risque, c'est qu'ils étendent ses ramifications jusqu'aux tréfonds de notre quotidien ! Avant, on rendait service à son voisin sans rien lui demander, désormais faudra-t-il le payer en monnaie locale ou passer par un SEL ?!! Je pense que ces monnaies locales remplacent le vernaculaire par du formel et poussent à la quantification de l'action et des ressources locales.

Donc voilà. Quitte à me faire quelques ennemis..., je rejette sans concession ces « alternatives marchandes ».

Une citation que j'aime bien à ce sujet :

« Sortir de l'économie, c'est (...) repousser le plus loin possible les rapports hostiles, et la sphère de l'argent, de la comptabilité, de la mesure, de l'évaluation. (...) Il y a une foule de gens, de nos jours, qui tentent d'échapper au règne de l'économie. Ils deviennent boulangers plutôt que consultants. (...) Ils essaient de "travailler autrement". Mais l'économie est si bien faite qu'elle a désormais tout un secteur, celui de l'"économie sociale et solidaire" qui turbine grâce à l'énergie de ceux qui la fuient. (...) On a disposé toutes sortes de filets, de discours, de structures juridiques, pour recueillir les fuyards. Ils s'adonnent le plus sincèrement du monde à ce qu'ils rêvent de faire, mais leur activité est recodée socialement, et ce codage finit par s'imposer à ce qu'ils font. On prend en charge collectivement l'entretien de la source de son hameau, et un jour on se retrouve à "gérer les communs". (...) Celles [les entreprises de l'ESS] qui survivent finissent, tôt ou tard, par devenir des entreprises comme les autres. Il n'y a pas d'"autre économie", il n'y a qu'un autre rapport à l'économie. Un rapport de distance et d'hostilité justement. Le tort de l'économie sociale et solidaire, c'est de croire aux structures dont elle se dote. (...) Le seul rapport que l'on peut avoir aux structures que l'on se donne, c'est de les utiliser comme paravents afin d'y faire tout autre chose que ce que l'économie autorise. » Comité invisible, Maintenant, La fabrique éditions, 2017, p. 104-105

(…)

Yes, je te suis à ce niveau-là. Il faut agir en « facilitateur ». Réinventer des cadres qui permettent aux personnes d'agir différemment, tout en respectant leur volonté de le faire ou non. Toute la difficulté d'une authentique approche « libertaire », à mon avis, tient dans le fait qu'on doit inventer des manières de faire qui sont non-contraignantes et « sans garantie de rémunération ». Ce n'est pas évident ! D'autant que la logique marchande est ancrée dans nos habitudes. Combien de fois ai-je entendu, « oui, mais tu pourrais au moins faire payer ça pour le local » ? Mais non ! Il y a un principe de base et il faut s'y tenir ! Pourquoi vouloir changer les règles au profit d'un principe d'efficacité ! Je suis convaincu que l'économie du don peut se suffire à elle-même, et qu'il est parfaitement possible de laisser un champ entièrement libre à l'économie non-marchande.

(…)

Ton témoignage est super intéressant et il montre bien comment une seule personne peut perturber très négativement la dynamique d'un groupe.

Et je pense comme toi, en effet. L'individualisme, l'égoïsme, et bien d'autres défauts, font partie de notre nature. Mais deux points.

1. La capacité à agir pour le groupe (combien les gens sont relous avec le vote par exemple !) et pour autrui en font également partie. Et on peut s'appuyer dessus. Tout n'est pas perdu !! 2. Je n'oppose pas nécessairement le fait d'agir simultanément dans son intérêt et dans celui du groupe ou de l'autre. Au contraire. De nombreuses situations sociales montrent qu'on peut trouver un intérêt mutuel dans l'économie du don. Le « receveur » rend service au « donneur » et vice-versa (ex : le canapé, l'auto-stop, etc.). De même, la construction de réseaux, comme un réseau de prêt gratuit, profite à tout le monde, pour un faible investissement individuel (chacun donne un peu, tout le monde reçoit beaucoup). De même, la construction de communautés horizontales autour d'activités constitue un puissant moteur de l'action individuelle et collective non-hiérarchique et non-marchande, dans le sens où - et c'est là que je rejoins le « pragmatisme » -, la communauté va développer spontanément des concepts, des représentations qui vont donner un sens à l'action collective et individuelle. A mon avis, le caractère marchand est alors secondaire. La communauté de surfeurs n'a pas eu besoin du marché pour se développer ! Quand le marché commence à parasiter une activité, c'est d'ailleurs plutôt mauvais signe... C'est qu'on ne s'y amuse plus vraiment... En ce qui concerne l'activité qui consiste à faire circuler des objets de seconde main, il n'y a à ce titre aucune raison que cela se fasse à l'intérieur d'un marché. Et le magasin gratuit de Puivert l'a bien montré !

De toute façon, on a pas le choix. Une économie non-marchande et non-contraignante doit résoudre le problème de l'incitation en jouant sur d'autres dimensions que la contrainte ou l'obligation de réciprocité. Je pense qu'il faut pour cela créer des structures qui tiennent compte de cet individualisme et qui, en atténuent au besoin certains de ses effets, ou au contraire, l'utilisent à bon escient. Autrement dit, toute la difficulté est la suivante : il faut que les personnes qui participent à cette économie y trouvent un intérêt, tout en restant fidèles aux principes de non-obligation de réciprocité intrinsèques à la gratuité. Il y a alors beaucoup de choses à déconstruire, comme l'idée que le travail, la participation, ont un coût et doivent être nécessairement rémunérés. Ex: « non, on a besoin ni d'être payé, ni de payer pour surfer » !! On a surtout besoin d'aimer se geler les doigts de pied pendant des heures pour au final, prendre une vague dans la journée et se ramasser sur les cailloux !!

(…)

Bon, je manque un peu de temps pour appuyer mon argumentation, mais j'espère qu'on pourra se voir bientôt pour discuter de tout ça de vive voix !

(…)

Amicalement.




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