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Quelques remarques sur la dimension artistique des espaces de gratuité mobiles

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 01-09-2020
Rubrique: Les espaces de gratuité mobiles
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 16 novembre 2023 / Dernière modification de la page: 15 décembre 2023 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé : Texte extrait d'un projet initialement rédigé durant l'été 2020.



Il est tout à fait possible et souhaitable d'intégrer un espace de gratuité mobile dans une réalisation artistique. Cela semble vrai sous au moins quatre aspects résumées dans le tableau qui vient :

Tableau 1 : les différentes dimensions artistiques d'un espace de gratuité

dimensionexplication
l'espace de gratuité en tant que forme artistique« en tant que tel », l'espace de gratuité est une installation ayant une dimension artistique ; son esthétique se nourrit d'éléments plus ou moins fixes (le mobilier évolue, les objets changent, se déplacent) auquel le contributeur participe ; c'est une sorte de toile participative ! ; on peut aussi l'appréhender comme une performance
l'espace de gratuité en tant que vecteur de créations artistiquesl'espace de gratuité sert de vecteur pour la circulation non-marchande d’œuvres artistiques, sous la forme d'objets ou de performances artistiques
l'espace de gratuité en tant que producteur de créations artistiquesl'espace de gratuité peut être utilisé pour la création d’œuvres artistiques, pour peu qu'il soit partiellement destiné à cette fin : ateliers, restauration d’œuvres d'art abîmées, implantation d’œuvres d'art dans la rue pour les espaces de gratuité mobiles, etc.
l'échange non-marchand en tant que forme artistiquel'échange non-marchand par lequel les objets circule peut faire l'objet d'une investigation créative et artistique ; c'est le cas pour les conditions de circulation des objets nomades

Intérêt du point de vue du fonctionnement de l'espace de gratuité.

Une des premières raisons de l'intérêt à introduire la dimension artistique dans les espaces de gratuité mobiles est très pratico-pratique : mettre en avant la dimension artistique peut sans doute inciter davantage les contributeurs à participer.

En effet, il semble raisonnable de supposer que :

  • la création d’espaces de gratuité de rue est plus ludique et attractive si elle est accompagnée d’une démarche artistique ;
  • la pratique de l’art de rue est une manière d’attirer des personnes qui s'y intéressent ; elle a en outre, une fonction d'accroissement de la visibilité des actions de l'espace de gratuité mobile.

Art de rue fonctionnel et art gratuit

On entend par art de rue fonctionnel une forme d’art de rue qui met en avant, en plus du caractère artistique de l’oeuvre et de sa fabrication (entendu que l’action de production de l’art est en soi porteuse d’une composante esthétique), son caractère fonctionnel. Par exemple, une boîte à livre sauvage, un étendoir de gratuité, une zone de gratuité de rue. Notons qu’une oeuvre d’art de rue fonctionnel peut être « nomade » et « mutante » (l’usager peut la modifier et la refaire circuler).

Dans le cas présent, cet art de rue fonctionnel est de l’art gratuit. C’est à dire une forme d’art non marchande (une réflexion et une mise en pratique de l’échange artistique dans un cadre non-marchand), et une production non-marchande en tant qu’art : on considère l’échange non-marchand dans sa dimension artistique et on met en avant cette dimension.

Par exemple, faire une zone de gratuité peut se concevoir comme une démarche artistique. Construire et ressentir l’esthétique d’une zone relève à chaque fois d’une expérience particulière. La zone de gratuité est comme un spectacle, de rue le plus souvent, ou une sculpture éphémère et interactive, où l’art est approprié par les « spect-acteurs ». De même, un magasin gratuit est une sculpture immobile mais en transformation permanente.

Avec la gratuité, l’art renoue ainsi avec la convivialité, comme le montre le tableau 2.

Tableau 2 : art gratuit et convivialisme

l'art gratuitexplication
est mis au service d’une cause ou d’une fonction socialeil renoue ainsi avec la longue tradition de l’art, sous ses formes populaires ou savantes (art religieux, art spirituel, art représentatif…)
dérangecar il se pose sciemment comme le reflet inversé des pratiques sociales, comme la force subversive de l’imagination mise en pratique
n’est plus évalué exclusivement par sa valeur marchandele sens, la finalité et la valeur qu’on lui donne, en tant que créateur, spectateur, ou spect-acteur, ne sont plus exclusivement le produit artificiel du marché ; c’est sa valeur intrinsèque, esthétique, et son inscription dans des pratiques sociales complexes et réticulaires, qui prennent le dessus, qui construisent l’identité de l’œuvre
redevient autonomel’artiste n’est plus l’esclave du marché, puisque le divorce avec celui-ci est consommé (il n’attend pas d’être rémunéré pour créer et diffuser ses oeuvres)
est démocratiqued’abord parce qu’il fait tomber la distinction entre professionnels et amateurs ; et plus généralement, car l’art gratuit permet à tous, à égalité, d’intervenir aux différents processus de la production, de la création et de la diffusion de l’œuvre d’art

La diffusion d’objets « nomades »

L’idée est simple. Il s’agit d’utiliser la rue pour diffuser des objets nomades. On entend par là des objets qui comprennent une condition de circulation gratuite. Par exemple : « Prenez ce tableau, gardez-le pendant un mois, et donnez-le à votre voisin préféré ! ». Qui sait alors où l’objet atterrira quelques mois après son premier envol !

Le déplacement de ces objets nomades peut être suivi et enrichi via la plateforme numérique. On peut anticiper que plusieurs rôles émergent de l’interaction avec ces objets nomades :

  • des « déplaceurs » qui déplacent l’objet nomade,
  • des « informateurs » (qui se contentent de signaler sa localisation),
  • les « détenteurs », en principe temporaires,
  • les « modificateurs » (si l’objet est « mutant » ils vont lui apporter des modifications),
  • les « commentateurs » qui alimentent la fiche numérique,
  • les « chercheurs » qui tentent de les localiser et de les refaire circuler (surtout si la condition circulation impose que quelqu’un le demande au détenteur),
  • ...

Bien sûr, une même personne peut remplir plusieurs de ces rôles simultanément.

D’autres rôles sont hélas liés à des interactions moins utiles : les « vandales » qui détruisent l’objet nomade, les « égareurs » qui n’indiquent pas où l’objet circule et qui contribuent à en perdre la trace, les « appropriateurs » qui se l’accaparent définitivement ou qui le revendent !

Concrètement, des zones spécifiques, pourraient être destinées à accueillir des objets nomades temporairement. L’ambition est par ailleurs d’appliquer ce principe à tous les objets pouvant être déplacés facilement et sans risque pour le déplaceur ou pour l’objet : livres, tableaux, appareils éléctroménagers, bijoux, vêtements, etc. Concernant les vêtements, par exemple, on peut les déposer sur des étendoirs gratuits.

Ces objets nomades contiennent généralement sur eux la condition de circulation gratuite et un lien vers leur fiche numérique. Un atelier serait organisé régulièrement au sein de la caravane pour rendre les objets nomades.

Quel est l’intérêt des objets nomade ? Il est pluriel, mais avant tout, ils constituent une manière simple et ludique d’avoir accès librement et gratuitement à des ressources.

La création de zones de gratuité de rue

Dans la démarche d’art de rue fonctionnel, une zone de gratuité est une forme d’art. Mais celle-ci peut prendre différentes formes.

Pose de marqueurs sur des zones appropriées

L’idée est de concevoir des marqueurs indiquant quel emplacement dans la rue est approprié pour recevoir une zone de gratuité. Démarche qui doit être accompagnée d’une action de géolocalisation sur la plateforme numérique.

Ces marqueurs pourraient prendre des formes artistiques élaborées.

Le détournement du mobilier urbain

L’objectif est de détourner la fonction du mobilier urbain pour qu’il serve de zones de gratuité. Par exemple, une statue peut servir à porter des vêtements, des masques, etc.

L’implantation de meubles fonctionnels

Il s’agit d’étendre les fonctions du mobilier urbain à l’aide d’objets du quotidien. Le mobilier urbain remplit généralement des fonctions de base : le banc sert à s’asseoir, une fontaine sert à boire. Mais bien d’autres fonctions pourraient être proposées ! On connait le principe des frigos solidaires ou des dead-drop. Pourquoi ne pas tenter d’étendre ce principe à d’aures objets remplissant des fonctions uties : un hachoir, un divan, un four solaire, un séchoir de fruits, un barbecue, etc. ?

Le tout étant accompagné d’une démarche de personnalisation artistique des objets, en plus de celle qui consiste à détourner la nature d’un meuble, en le transposant dans un espace dans lequel il n’est pas traditionnellement attendu.

La réalité augmentée au service des espaces de gratuité ?

A titre purement expérimental, il serait intéressant de coupler le système de géolocalisation à un principe de réalité augmentée. L’emplacement de la zone de gratuité déterminé, un système de réalité augmentée montrerait une zone virtuelle à l’aide d’un smartphone ou des lunettes de réalité augmentée.




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