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Les pianos dans les gares, une mélodie qui sonne faux...

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 2015
Rubrique: Le journal de la culture libre et du non-marchand
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 14 mars 2015 / Dernière modification de la page: 31 mars 2016 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



En apparence, le dispositif des pianos dans les gares SNCF est plutôt chouette :

  • il est ouvert, tout le monde peut jouer gratuitement du piano, sans distinction de niveau et sans contrainte de style,
  • il est en libre-accès, tout le monde peut en écouter gratuitement.

L'ouverture et la gratuité sont donc doublement respectés, côté producteur et consommateur.

Mais... il y a trois bémols de taille.

Premier bémol, cette ouverture sonne faux dans la mesure où elle s'accompagne d'une répression de la pratique de la musique sauvage dans les rues - et par inclusion dans les gares. Le dispositif est donc pervers... L’État, ou l'une de ses ramifications (la SNCF), commence par créer une pénurie culturelle en multipliant les interdictions de participer au bien public, la musique de rue - et d'y avoir accès -, puis, en dictateur magnanime, il autorise cette participation dans un périmètre très étroit, selon un tracé qu'il détermine de façon exclusive - exclusivité qu'il s'arroge de façon exclusive ! De surcroît, il s'offre même la paternité du concept de musique de rue ou de fête de la musique, reléguant les pratiques populaires dans les oubliettes de l'histoire !!

Deuxième bémol, le dispositif s'insère dans le cadre d'une gratuité marchande (c'est à dire, qui sert directement des intérêts marchands) et d'une culture propriétaire et hiérarchique. Il est en effet accompagné d'un concours (un « jeu » très hiérarchisé dans le principe) sponsorisé par la SNCF, Yamaha et la Cité de la Musique.

Quant aux droits d'auteur, voici, notamment, ce qu'on peut lire sur le site du concours - lui-même sous copyright :

La participation au jeu ne confère aucun droit aux Participants sur les éléments de propriété intellectuelle du jeu Concours, de la communication de ce dernier, de son support.

Toutes les données de quelque nature qu’elles soient et notamment les textes, graphismes, logos, icônes, images, créations graphiques, clips audio ou vidéo, marques, logiciels, figurant sur le site Concours et/ou sur le piano mis à disposition dans le cadre de celui-ci, sont nécessairement protégés par le droit d’auteur, le droit des marques et tous autres droits de propriété intellectuelle et appartiennent à SNCF ou à des tiers ayant autorisé SNCF à les exploiter.

On se croirait au moyen-âge ! Le seigneur magnanime vous autorise à venir pâturer sur ses terres, mais à condition que vous lui prêtiez allégeance et que vous deveniez sa « quasi-propriété » !

Troisième bémol, l'ouverture concerne exclusivement une ressource dont il n'y a pas d'équivalent marchand. Comme de par hasard, nulle boîte à livres dans les gares... Est-ce lié au fait qu'il existe déjà des marchands de livres dans la plupart des grandes gares ? Ce ne sont bien sûr que des spéculations, mais je m'interroge...

D'une manière générale, ce processus (construction de la pénurie puis création d'un dispositif contrôlé par l’État censé apporter une réponse à la pénurie) est très fréquent dans la gestion de l'espace public.

Prenons les tags. L’État commence par les interdire, puis crée des espaces d'expression urbaine ! Et on devrait s'émerveiller devant cette liberté qui nous est offerte !

Qu'en est-il de l'alimentation ? C'est encore pire ! L’État maintient des dispositifs qui empêchent l'auto-subsistance, par exemple, l'impossibilité légale de cultiver les espaces publics en friche, puis propose la location payante de jardins ouvriers à des prix censés être « adaptés à un public à faible ressource ».

Autre exemple du même acabit, l’État bannit l'art de la rue, puis dépense des millions d'euros pour des statues d'art contemporain!

Enfin, l’État définit et produit en grande partie le manque éducatif, avant de s'imposer comme le garant de l'éducation de ses citoyens !

Rien n'empêche pourtant l’État de proposer des services gratuits sans en détenir l'exclusivité.

Sauf peut-être les marchés publics...




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