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Quelques réflexions à propos des fameux « services publics gratuits »

Auteurs : Benjamin Grassineau, Philippe Huguenin (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 01-11-2019 16:27
Rubrique: Le journal de la culture libre et du non-marchand
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 01 novembre 2019 / Dernière modification de la page: 04 juillet 2021 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé :



Je précise d'emblée mon propos. Un service public financé par l'Etat n'est jamais gratuit !

Je recopie ici une réponse à Philippe Huguenin qui constitue l'ébauche d'une argumentation sur la question des services publics gratuits. Il y était question du forum de la gratuité organisé par l'observatoire international de la gratuité (rien que ça !). Un think-tank au sein duquel Paul Ariès joue un rôle significatif.

Ma vision de la gratuité n'est pas du tout la même. Mais j'y reviendrai dans un autre article. En attendant, voici quelques arguments.

Philippe Huguenin : « Il s'agissait surtout de présentations de services publics gratuits, pas tellement dans ton domaine d'intérêt me semble-t-il. »

Alors je ne suis pas vraiment contre, mais il y a plusieurs points qui me chagrinent !

Premièrement, si les services sont en libre-accès (et encore, pas toujours), ils ne sont pas gratuits puisque l'usager les finance par l'impôt. La situation ne diffère donc pas d'un abonnement (assez cher) à un service mutualisé que les usagers doivent payer « à posteriori », avec obligation d'entrer dans l'échange.

Deuxièmement, la fourniture du service étant presque toujours professionnalisée (au sens d'Illich), l'accès à la production est nécessairement verrouillé, quand il n'y a pas tout simplement monopole - cas de l'instruction obligatoire.

Exemple. S'agissant de « l'institution » des espaces verts, outre le fait qu'à mon sens, la « pénurie » en « services d'espaces verts » est totalement artificielle - rien ne vaut un beau terrain en friche -, elle peut constituer un véritable obstacle à la réalisation de jardins libres, gratuits et ouverts ; ou bien, à la plantation de fruitiers dans les rues. Soit en les supprimant purement et simplement pour ne pas faire de concurrence ; soit en décourageant insidieusement toute velléité à auto-produire le service.

Troisièmement, il est rare qu'une institution d'État prodiguant un service gratuit le fasse tout à fait « gratuitement » - dans le sens de désintéressé. Par exemple, l'école et l'université visent-elles à acquérir des savoirs ou à endoctriner ? Ont-elles pour but de transmettre les savoirs ou permettent-elles aux détenteurs du savoir académique d'asseoir leur supériorité, ou de trouver, tout simplement, un débouché économique à une activité qui n'en a pas naturellement - que feraient les historiens sans l'école ? On peut s'interroger. Car il n'est pas rare que l'usager n'ait même plus la liberté de refuser la consommation du service (typiquement, la vaccination). On peut ainsi rapidement glisser de la gratuité d'État vers la consommation obligatoire des produits de l'appareil d'État, voire, à l'élimination de toutes les formes de services concurrentes qui ne répondent pas aux normes fixées par l'institution qui prodigue le service public !

Enfin, les services publics d'État reposent sur un modèle hyper-centralisé et hyper-intermédié qui tend, me semble-t-il à renforcer l'hétéronomie. Prenons le cas de l'eau. On pourrait certes se réjouir du fait que l'eau du « réseau » - produite par « l'État » ou Véolia pour moi, c'est un peu kif-kif - soit gratuite, mais on connaît les effets délétères sur l'environnement. Alors, n'est-il pas possible d'encourager des formes d'usage ou de récupération de l'eau moins polluantes et davantage autonomisantes ou non-marchandes ? Par exemple, en distribuant ou en aidant à la fabrication de récupérateur d'eau de pluie, de toilettes sèches, etc.

De la même manière, l'État peut créer une école gratuite en inventant une soi-disant pénurie du « savoir », qui est en réalité le savoir officiel validé par l'État (pas de fake news !), et en distribuant ce savoir de force - et en faisant payer de force le financement du système de distribution - , mais il peut aussi mettre à disposition des espaces d'échange de savoir entre personnes libres d'apprendre et d'enseigner ce qu'elles veulent. Deux logiques complètement différentes ! Dans un cas, l'hypothèse de fond est qu'il y aurait une sorte de « manque », une « pénurie », qui est presque chosifiée, naturalisée - alors qu'elle ne va pas du tout de soi - et qui est portée par une catégorie sociale qui en porte le stigmate et qu'il faut « convertir ». Un système hyper-coercitif et hyper-contrôlé se met alors en place pour y remédier, pour définir, encadrer et distribuer cette « substance manquante » (le savoir, la santé, etc.). Dans l'autre, il n'y a pas de contrôle sur le savoir. L'État peut intervenir occasionnellement, mais juste pour mettre à disposition de toutes et tous, des espaces où chacun est libre de venir proposer et acquérir des connaissances.

Voilà la limite que je poserais aux services public : accompagner les personnes en respectant leurs volontés et non les diriger en leur imposant un modèle parachuté par des experts !




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