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Projet pour une recherche-action autour de la circulation d'un espace de gratuité mobile entre les campus toulousains

Résumé : projet proposé à une association d'éducation populaire à la Science par Benjamin Grassineau.

Introduction

Si l’économie non-marchande est aujourd'hui en plein développement, son fonctionnement et ses effets demeurent à bien des égards encore mal compris et mal connus. Les recherches sont peu nombreuses et cette économie est encore appréhendée comme un phénomène à la marge auquel sont appliqués des outils d’analyse initialement développés pour comprendre, critiquer ou légitimer l’économie marchande.

Le présent projet s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche déjà bien avancée qui vise à mieux comprendre le fonctionnement et l’impact de ces systèmes d’échanges non-marchands, selon leurs types1, sur d’autres systèmes2, en élaborant des concepts et des outils de recherche (production, diffusion) fonctionnant sur les mêmes bases (recherche conviviale).

L’état de la recherche

Depuis 2009, suite à ma thèse de doctorat, j’ai démarré une recherche-action consistant à démontrer la faisabilité de l’économie non-marchande en dehors de la sphère numérique. Après une première expérience concluante au Café Citoyen de Lille en 2009, j’ai créé une maison non-marchande dans la commune de Puivert vers 2011, ainsi que le premier portail généraliste francophone consacré aux échanges non-marchands et à la culture libre (https://nonmarchand.org). Ce portail répertorie et facilite la localisation des espaces de gratuité tout en permettant, sur le modèle de la publication ouverte, de produire et d’organiser de l’information sur leur fonctionnement. Ce portail a été accompagné de la création d’un laboratoire de recherche citoyenne sur les échanges non-marchands et à la culture libre (GratiLab). Ces deux initiatives sont encore en activité, en particulier la maison non-marchande de Puivert qui a rencontré localement un succès indéniable.

Au fil de mes réflexions et de l’avancée de la recherche-action, j’ai été amené à forger et à mettre en œuvre le concept d’espace de gratuité mobile. Ce concept présente de nombreux avantages et s’est concrétisé sous la forme d’une caravane de la gratuité, désormais maintenue et déplacée par Laure Alligier, et qui a son « port d’attache » à la Maison de l’Economie Sociale et Solidaire à Ramonville.

Ce dispositif a inspiré une autre recherche-action démarrée en 2019 dont je participe au pilotage. Elle implique plusieurs chercheur.se.s et partenaires à Paris dont, entres autres, l’APSAJ, le CEDREA, GratiLib, Lignes de Crête et l’IRTS Parmentier. Un espace de gratuité mobile (caddie ou camion avec des barnums), intitulé le boomerang, circule entre des quartiers en rivalité dans les XVIIIe et XIXe arrondissements. Un des objectifs recherché est, à travers la mise en place de ce dispositif d’échange, d’élargir l’identité d’appartenance des jeunes et de produire une réflexion sur la notion d’échange. Il est aussi d’engager les jeunes dans des formes d’échange non-violentes et valorisantes qui sont des alternatives à la spirale de la violence. Cette recherche-action en cours de réalisation s'avère très prometteuse en terme de production de connaissances inédites et elle pourrait permettre une comparaison intéressante avec le présent projet de recherche, s’il venait à se concrétiser.

Le projet en pratique

La caravane de la gratuité est un espace de gratuité mobile (une caravane) dans lequel chacun.e peut venir utiliser, proposer, prendre, demander et donner librement tous types de ressources, biens matériels et immatériels, ou activités. En théorie, elle pourrait être déplacée selon le même format (déplacement libre), mais on peut aussi le faire selon d’autres modalités plus restrictives.

Dans la présente recherche-action, nous pourrions ainsi envisager un déplacement et un stationnement temporaire :

  • sur le campus de l’université Jean-Jaurès,
  • entre les campus des universités toulousaines,
  • entre les campus et d’autres lieux stratégiques.

La pertinence et le choix de tels ou tels types de déplacement est à adapter en fonction des finalités de la recherche-action.

Les attendus du projet

L’espace de gratuité tel que nous l’envisageons est une « hétérotopie » dans laquelle les modalités d’accès et d’échange « normales » sont localement modifiées. Il centralise des échanges d’un certain type et des informations sur ces échanges. Quelles en sont les conséquences ?

  • Tout d’abord, il révèle l’existence de ces échanges. Il leur « donne corps » et les rend potentiellement plus « accessibles » et plus formels, notamment en « mimant » le fonctionnement d’un espace marchand similaire (« magasin » gratuit). Quel impact cela peut-il avoir sur les représentations des personnes qui l’utilisent ? C’est une question qu’il faudrait approfondir.
  • Une autre conséquence est qu’il agit sur le système relationnel : un espace de gratuité mobile est un espace de socialisation libre et ouvert qui échappe à l’emprise marchande. Il pourrait ainsi potentiellement avoir un effet sur l’isolement. Problématique que l'on sait très prégnante dans le milieu étudiant.
  • L’espace de gratuité peut également avoir un effet rapide et efficace en terme de réduction de la pauvreté subie. Nos observations sur le fonctionnement de la maison non-marchande de Puivert semblent le confirmer, mais elles n’ont toutefois jamais été étayées par des études quantitatives rigoureuses. L’intervention du dispositif sur Toulouse pourrait permettre d’en dégager une image plus fine.
  • Les espaces de gratuité, en particulier lorsqu’ils s’accompagnent d’un service de prêt gratuit, permettent de maximiser localement la disponibilité et l’usage de certaines ressources. L’impact environnemental de ce système d’échange serait intéressant à étudier.
  • L’espace de gratuité, étant mobile, amène à faire circuler des affaires ou des personnes d’un point à un autre et joue ainsi un rôle de connecteur entre des territoires. Cette dimension que nous explorons dans la recherche-action menée sur Paris gagnerait à être développée sur Toulouse, notamment pour essayer de créer des relations avec d’autres espaces (ex : les quartiers du Mirail).
  • S’il prend la forme d’un outil convivial, il peut s’avérer être un lieu d’innovation, de réflexion, de recherche et d’expérimentation autour de l’échange, voire de transformation sociale. Reste à déterminer les paramètres qui rendent ce processus possible. Il pourrait s’agir de l’un des objectifs de cette recherche-action.
  • Enfin, l’espace de gratuité, lorsqu’il permet le partage d’activités libres et gratuites, peut laisser place au déploiement ou au partage d’activités de recherche (à l’instar d’autres activités). Il pourrait s’avérer, à cet égard, un outil pertinent pour la mise en œuvre et le suivi de recherches citoyennes.

Équipe

Nous sommes une équipe constituée de plusieurs acteur.rice.s-chercheur.se.s intéressé.e.s pour amorcer le projet. Nous pouvons prendre en charge la partie « matérielle et administrative » liée à l’installation du dispositif en faisant intervenir l’association Les Architectes de la Gratuité et en partenariat avec les acteurs institutionnels des différents campus intéressés par le projet. Un premier réseau de chercheur.se.s pourra également rapidement être mobilisé par le biais du CEDREA.

Références

Notes

1 On peut par exemple retenir comme variables : degré d’ouverture, présence ou non d’une obligation de contre-partie dans l’échange, modes de propriété, étendue et continuité de l’espace d’échange, etc.

2 On peut par exemple retenir comme variables : degré d’ouverture, présence ou non d’une obligation de contre-partie dans l’échange, modes de propriété, étendue et continuité de l’espace d’échange, etc.


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