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Fonctionnement et philosophie des réseaux non-marchands

Auteurs: Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Création de l'article: 2012
Etat de la rédaction: en cours de rédaction
Droit de rédaction: ouvert
Licence:


Création de la page: 26 décembre 2012 / Dernière modification de la page: 21 novembre 2024 / Créateur de la page: Benjamin Grassineau



Résumé:


Fonctionnement, philosophie.

La logique qui sous-tend le fonctionnement et la philosophie des réseaux non marchands est simple. Lorsqu'on réalise une activité, il est souvent non-coûteux (ou très peu), voire avantageux, d'en faire profiter d'autres. Par exemple, si je veux aller avec un moyen de transport en ma possession d'un point A à un point B, il m'en coûtera le même prix d'y aller tout seul, ou de faire profiter d'autres personnes. Dans certains cas, ce sera même pour moi plus avantageux, plus agréable, d'y aller avec d'autres personnes. Par exemple, si je pars en bateau en croisière, je peux avoir envie d'inviter d'autres personnes.

Autre exemple, si je donne un objet qui ne me sert plus, ou que j'aimerais faire partager, ou qu'il m'en coûte de jeter, alors, c'est en quelque sorte plus avantageux pour moi que de le garder, ou de le jeter !

Un grand nombre d'échanges non-marchands se sont déjà construits autour de ces pratiques : l'auto-stop, le bateau-stop, l'entraide de voisinage, les relations conjugales, les sorties nocturnes, les sports de loisirs, etc.

Il existe bien sûr plusieurs configurations possibles à ces échanges. La nature des échanges varie par exemple :

  • si X demande à Y de partager une activité qu'il est déjà en train de réaliser
  • ou au contraire, si Y demande à X de l'accompagner sur une activité qu'il est déjà en train de réaliser
  • ou encore, si X demande à Y de l'aider dans une tâche qu'il ne parvient pas à réaliser.

La différence entre ces configurations, et l'asymétrie entre l'offre et la demande, tient souvent, à première vue, au fait que Y possède quelque chose (du temps, une compétence, de la place, un outil, etc.) que X n'a pas.

Pour la plupart des gens, et pour la plupart des économistes, cette asymétrie entre offre et demande semble aller de soi. Et elle expliquerait la nécessité d'une contre-partie monétaire, ou d'un troc. Mais c'est un peu trop simple. Considérons en effet l'exemple suivant.

Que ferait un professeur sans ses élèves ? Un monologue !! Il a besoin d'élèves pour l'écouter ; il réclame, il demande une audience ! Donc, à la fois, si l'on suppose que les échanges sont volontaires1 l'élève est en demande de savoir, et le professeur est en demande d'audience. Il n'y a pas d'asymétrie entre offre et demande. Il y a bien échange non-marchand. Et c'est seulement l'ajout d'une contre-partie qui conduit à polariser l'échange, dans le sens d'une asymétrie entre offre et demande.

Au passage, l'erreur des économistes, y compris les marxistes, est de considérer que c'est le bien qui a une valeur, qu'il est offert, et que la perte de cette valeur doit être compensée par une contre-partie. Or ce n'est pas le bien qui a une valeur en soi2, mais l'échange en lui même, l'interaction sociale. Et il est d'ailleurs simpliste de réduire à la rencontre d'une offre et d'une demande un processus aussi complexe !

De la même manière, une personne qui jette un objet est souvent confrontée à plusieurs difficultés toutes simples : ce n'est pas évident de s'en débarrasser, elle ne veut pas polluer, elle préférerait qu'une personne "en difficulté" l'utilise, etc. En ce cas, celui qui accepte de recevoir le bien, d'en faire usage, offre son service d'accueil. En ce sens, il y a donc bien encore échange et non don, au sens anthropologique du terme.

Un tel schéma est également valable pour des activités réalisées en commun - ce qui correspond au "travail collectif". Personne n'offre son travail, ou n'en demande ! La seule différence, avec les activités précédentes, est que les effets de l'activité collective doivent être partagés, ils ne sont pas "inclus" dans l'activité. Néanmoins, cela ne change rien à la structure de l'échange.

En réalité, donc, si nous étions matérialistes, nous constaterions seulement que quelque soit la configuration retenue, un seul fait est invariant : Y réalise une activité avec X.

La particularité de l'échange marchand, c'est donc de déséquilibrer l'échange, qui sans ça, serait symétrique.:)



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