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Les « espaces de gratuité » comme réponse de l’action sociale aux effets du milieu technique et de l’économie marchande sur l’intégration sociale

Auteurs: Charles Péchon (voir aussi l'historique)
Création de l'article: 2022
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction: fermé
Licence: Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 30 avril 2022 / Dernière modification de la page: 20 avril 2024 / Créateur de la page: Contributeurs



Résumé: Projet de thèse proposé par Charles Péchon et actuellement en cours de validation.




Introduction : la confrontation d’un type d’action sociale spécifique et de différents champs de recherche

L’idée principale de cette recherche est d’analyser le contexte de production des obstacles à l’intégration sociale afin d’envisager un type d’action nouveau. Plus précisément, ce contexte sera caractérisé par l’imbrication entre des dimensions sociales, techniques et économiques qui impliquent des modifications du lien social : cela impacte les processus d’intégration et génère des écarts par rapport aux normes. Si les différents aspects du contexte s’avèrent pertinents pour apporter un éclairage nouveau de ces obstacles, alors cela permettra de penser un type d’action sociale qui en tiendrait compte. Celui-ci pourrait en outre correspondre aux « espaces de gratuité » qui, bien qu’encore assez rares en France, se développent de plus en plus1.

Afin de préciser le cadre théorique qui autorisera l’analyse de terrain, il convient de présenter d’abord le contexte technique et économique dans lequel apparaissent les obstacles à l’intégration sociale ( Partie 1 ) puis d’envisager ensuite la démarche méthodologique de recueil des données empiriques, qui s’accompagnera d’un calendrier prévisionnel ( Partie 2 ).

Présentation du champ de recherche et problématisation : le contexte technique et économique des phénomènes de marginalisation pour concevoir un nouveau type d’action sociale

Questionner le contexte dans lequel a lieu, ou pas, l’intégration sociale renvoie aux phénomènes de marginalisation et d’exclusion relevant de la catégorie plus générale de la déviance. Ces situations apparaissent liées à un certaines évolutions sociales. Il s’agit du développement du « milieu technique » et de celui de l’économie marchande, car ils produisent des effets spécifiques sur les processus d’intégration ( a ). En tenir compte permet d’envisager un type d’action sociale particulier, pensé autour des notions d’économie non-marchande et non-monétaire et d’outil convivial, car celles-ci ont été construites comme des réponses possibles aux effets de ce contexte ( b ).

Les effets sur l’intégration sociale du milieu technique et de l’économie marchande

Les écarts par rapport à la norme ont constitué un objet privilégié d’étude depuis la naissance de la sociologie. À partir des années 1960 un courant de recherche se constitue autour des phénomènes de déviance. Cependant les définitions de ce terme diffèrent ensuite selon les auteurs, en fonction des paradigmes utilisés, des théories de l’action, de la conception de la conformité, etc. ( Ogien, 2012 ). Malgré la complémentarité qui peut ressortir de l’ensemble des études ( Pereti-Watel, 2001 ), le terme de déviance demeure problématique car il désigne un ensemble hétérogène de phénomènes ( Ellul, 2013 ). Il s’avérera tout de même utile de mobiliser les recherches portant sur ce concept, mais il conviendra aussi d’envisager des termes plus précis pour caractériser la réalité sociale étudiée. Ceux d’exclusion et de marginalisation apparaissent alors plus scientifiquement délimitables. En effet, bien qu’eux aussi renvoient à des phénomènes parfois différents, leur emploi reste plus précis ( Damon, 2014 ; Castel, 2009 ). Ainsi il s’agira de mobiliser aussi et surtout les études portant sur ces deux objets. Un élément central de celles-ci est d’insister sur l’importance de l’intégration sociale. En effet dans le contexte de production des phénomènes de marginalisation et d’exclusion, des groupes d’individus rencontrent de plus en plus de difficultés d’intégration. Cela « menace la société d’une fragmentation » ( Castel, 1995, p. 477 ), constat partagé par une majorité de chercheurs, bien qu’en des termes différents ( Ellul, 2013 ). Se produisent en effet, de plus en plus, des « troubles dans l’ordre de l’interaction » ( Ogien, 2012, p. 9 ). Par rapport à un ensemble de normes, les phénomènes de marginalisation et d’exclusion peuvent être représentés comme un « continuum » allant du centre vers la périphérie ( Castel, 2009 ), c’est pourquoi il semble pertinent de mieux « articuler les notions de centre et de marge » ( Godrie, Fournier et Mcall, 2017 ). C’est-à-dire que la marginalisation correspond à un processus plus ou moins marqué de déplacement vers la périphérie, qui peut conduire jusqu’à l’exclusion. Les individus et groupes marginalisés rencontrent des difficultés d’intégration, c’est-à-dire des obstacles à la construction d’un sujet autonome capable de tisser des liens sociaux.

Or ce qui permet la cohésion sociale est lié à une société spécifique, c’est-à-dire à des structures sociales et à une vision du social particulières ( Becker, 2020 ; Bouhouia, 2017 ; Damon, 2014 ; Ogien, 2012 ; Castel 2009 ; Cérézuelle, 1996 ; Ellul, 1985 ; Basaglia, 1970 ; Merton, 1970 ; Szabo, 1970 ). Il convient donc d’analyser ces phénomènes en lien avec leur contexte. Celui-ci peut être utilement caractérisé par le développement d’un « milieu technique »2 ( Dubey, Gras, 2021 ; Mumford, 2015 ; Ellul, 2008 ; Gras, 2003 ; Hottois, 1984 ; Szabo, 1970 ; Friedmann, 1966 ) et par celui de l’économie marchande ( Cérézuelle, 2021 ; Laville, 2006 ; Caillé, 2007 ; Roustang et al., 2000 ; Cérézuelle, 1996 ; Verschave, 1994 ).

En effet, les analyses du développement technique et de l’économie marchande ont mis en évidence leurs impacts sur la construction d’un individu capable de s’insérer dans un groupe social. De manière générale cette capacité repose sur l’existence et la transmission « de systèmes symboliques très complexes et cohérents, opérant à des niveaux très divers d’interactivité » ( Cérézuelle, 2021, p. 210 ). Cet ensemble symbolique est en outre caractérisé par l’imbrication des dimensions sociales, techniques et économiques. Il se construit sur le temps long et se transmet au niveau « des mœurs et de la vie quotidienne » ( Cérézuelle, 1996, p. 186 ). Or ce socle indispensable subit des altérations liées au « milieu technique » ( Ellul, 2012, p. 40 ) ou « technocosme » ( Hottois, 1984, p. 63 ) – les techniques sont des faits sociaux ( Gras, 1997 ) – et au secteur économique. Le milieu technique exige en effet une adaptation de tous ( Mumford, 2008 ) et modifie certains aspects du lien social : par exemple le changement technique a tendance à rendre le corps obsolète, ce qui « affaiblît la constance de la personnalité » et peut « augmenter le mal-être » ( Le Breton, 2013, p. 21 ). De même les espaces de socialisation apparaissent menacés par le développement des techniques numériques ( Dubey, Gras, 2021 ), la numérisation du travail peut entraîner certains risques psycho-sociaux ( Dubey, Gras, 2021 ) ou encore l’attachement affectif donné à certains objets techniques peut représenter « une perte de familiarité avec le vivant »3. En effet « l’emprise progressive du milieu technique sur le milieu naturel à l’échelle mondiale, crée un nouveau milieu physico-psycho-socio-culturel au sein duquel le processus de socialisation se heurte à des obstacles nouveaux » ( Szabo, 1970, p. 194 ). Ainsi, l’émergence et le développement d’un milieu technique signifie concrètement que les individus vivent dans un milieu produit par un ensemble de techniques, inscrites dans des structures globales désignées par le terme de « macro-système technique » ( Gras, 1997 ). Ce milieu implique un rapport au monde nouveau qui disqualifie les conceptions de l’homme héritées de l’humanisme et de la philosophie ( Hottois, 1984 ) et modifie de façon globale et en profondeur les rapports sociaux. Il est donc pertinent de contextualiser les phénomènes de marginalisation grâce au concept de milieu technique.

D’un autre côté, le développement de l’économie marchande influe aussi sur les conditions nécessaires à l’intégration sociale. Même si le salariat, c’est-à-dire l’économie marchande, a joué un rôle intégrateur jusqu’aux années 1980 ( Barel, 1990 ), il est apparu, avec par exemple l’augmentation du chômage, que l’intégration ne pouvait plus reposer essentiellement sur cet élément. De plus, l’insertion dans un ordre social, quelle que soit la période historique considérée, s’est effectuée à travers l’existence d’une économie non-marchande et non-monétaire, où le don avait une importance considérable ( Cérézuelle, 2021 ; Caillé, 2007 ; Verschave, 1994 ). La notion d’ « économie plurielle » rend compte de la multiplicité des pôles économiques qui ont existé historiquement et qui se sont avérés nécessaires à la cohésion sociale ( Laville, 2006 ). Or le pôle économique caractérisé par les échanges non-marchands et non-monétaires, c’est-à-dire l’ « économie du rez-de-chaussé » (Cérézuelle, 2021 ) ou encore l’« économie première » ( Caillé, 2007 ), semble menacé par le développement de l’économie marchande4. En effet les situations marginales sont liées à des « restructurations de l’appareil productif » ( Cérézuelle, 1996, p. 22 ) et aux évolutions du système économique ( Castel, 2009 ; Roustang et al., 2000 ). Ces évolutions diminuent le rôle intégrateur du salariat d’une part, mais disqualifient aussi la production et les échanges domestiques et communautaires centrés sur le don, d’autre part. Ces derniers, en grande partie non-marchands et non-monétaires, sont non seulement remis en cause par le développement du pôle économique marchand, mais aussi par le développement technique : « tout un ensemble d’évolutions, liées à la modernisation, qui favorisent la montée de l’exclusion » ( Cérézuelle, 1996, p. 33 ). En effet « le changement technique favorise donc une érosion du capital symbolique qui permet aux individus de se construire comme sujets autonomes et responsables, capables d’entrer dans une relation quotidienne maîtrisée et constructive avec leur environnement social, technique et naturel » ( Cérézuelle, 2021, p. 222 ).

Ainsi les phénomènes de marginalisation qui peuvent conduire jusqu’à l’exclusion sont éclairés par les aspects techniques et économiques de leur contexte de production. En présence de ce constat, l’hypothèse est qu’il convient d’analyser un type d’action sociale qui tiendrait explicitement compte de ces conséquences. En particulier, les « espaces de gratuité » élaborés à partir de la notion d’ « outil convivial » paraissent représenter des exemples permettant de tester l’hypothèse formulée. Cela s’inscrit par ailleurs dans une démarche réflexive sur les pratiques de l’action sociale, qui correspond à une nécessité politique, sociale et professionnelle inhérente au travail social. Le travail de recherche pourra alors être mené à partir de la problématique suivante :

Problématique :

En quoi un « espace de gratuité » conçu comme un « outil convivial » permettrait d’agir sur les phénomènes de marginalisation dans un contexte de développement technique et économique ?

Les espaces de gratuité comme outils conviviaux pour un nouveau type d’action sociale

Le travail social en général et en particulier la prévention spécialisée5 sont continuellement confrontés à des évolutions sociétales et aux transformations des modalités de mise en place des dispositifs d’action sociale ( Godrie, Fournier, Mcall, 2017, Bouhouia, 2017 ). Ainsi il s’agit de penser le rôle de l’intervention sociale en lien avec les enjeux contemporains afin d’adapter les dispositifs à un contexte en évolution rapide. Or certaines analyses de ces dispositifs mettent en évidence la vision « économiciste » et « techniciste » qui prévaut dans leur élaboration et leur mise en place, ce qui limite leur efficacité ( Bouhouia, 2017 ; Ellul, 2013 ; Roustang et al., 2000 ; Cérézuelle, 1996 ; Castel, 1995 ). C’est pourquoi le projet de thèse entend justement analyser ce contexte pour concevoir et analyser un type nouveau d’action sociale. Pour cela il convient d’envisager en quoi un « espace de gratuité » peut tenir compte des aspects mis en avant dans la partie précédente. L’ « espace de gratuité mobile » conçu par l’APSAJ6 relève du pôle économique non-marchand et non-monétaire et a été élaboré explicitement à partir de la notion d’outil convivial d’ I. Illich7, ce qui peut être mis en lien avec les obstacles à l’intégration sociale. Il sera donc pris comme exemple ici, même si d’autres espaces de gratuité seront étudiés dans le cadre de la thèse8. Tout d’abord la forme économique non-marchande et non-monétaire de ce dispositif apparaît clairement. Il s’agit d’un espace de gratuité mobile9, circulant à des endroits et dates prévus, dans le XIXème et le XVIIIème arrondissement de Paris. Le matériel ( par exemple tables, barnums, objets issus des dons ) nécessaire à son installation est contenu dans un camion. Le fonctionnement de cet espace est simple : ouvert à tous, il permet d’échanger gratuitement et sans contrepartie tout type d’objet de taille modérée ( jouets, livres, CD, DVD, etc. ) et de proposer des activités ( danse, musique, lecture, etc. ). Les objets disponibles proviennent des dons et les activités sont gratuites. Ce dispositif représente donc une forme économique caractéristique de l’ « économie du rez-de-chaussée », repérée comme essentielle dans les processus d’intégration. En effet la crise de l’intégration sociale « appelle donc de nouvelles articulations entre les activités économiques marchandes et non marchandes, formelles et informelles, monétaires et non monétaires, ainsi qu’avec les autres activités sociales » ( Cérézuelle, 1996, p. 201 ). De même, « pour rétablir la cohésion sociale, il faut faire appel à des solutions radicalement nouvelles et notamment rechercher une nouvelle articulation entre les différents pôles de l’économie. Les avantages à en attendre sont multiples : l’intégration sociale de tous dans une activité productive, l’amélioration du mode de vie, le développement des potentialités de création au niveau individuel et au niveau des territoires » ( Roustang et al., 2000, p. 69 ). Il s’agira donc d’envisager les espaces de gratuité dans une telle perspective.

C’est ensuite le caractère d’ « outil convivial » qui permet de tenir compte des conséquences sociales du milieu technique. En effet, la convivialité consiste par exemple à « substituer à une valeur technique une valeur éthique » ( Illich, 2014, p. 28 ). Il s’agit notamment de ne pas négliger l’impact social de ce milieu afin de construire des « outils conviviaux » qui sont définis par le fait que « chacun peut l’utiliser, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire, à des fins qu’il détermine lui-même. » ( Illich, 2014, p. 45 ). L’espace de gratuité comme outil convivial autorise donc une utilisation selon de multiples finalités : il peut à la fois représenter un espace de socialisation et de solidarité, mais aussi un lieu d’accès à certaines ressources ou encore un moyen d’échanger des savoir-faire. En outre il constitue une médiation sociale qui s’écarte des médiations relevant du milieu technique ( par exemple les outils numériques, dont certains usages peuvent représenter des obstacles à l’intégration ). Il peut être dans une certaine mesure considéré comme « low-tech », c’est-à-dire qu’il questionne la place des techniques dans un milieu donné. Enfin, l’outil convivial ne relève pas des « macro-systèmes techniques » qui caractérisent le milieu technique dans le sens où il ne s’inscrit pas dans la culture, la vision du monde et le système de valeurs qui ont déterminé le développement de ces derniers ( Gras, 1997, p. 12 ).

Méthodologie et calendrier prévisionnel

Pour aborder les différents aspects du projet de recherche, la méthodologie peut être présentée en trois parties ( a ) bien qu’il faille garder à l’esprit l’imbrication forte des multiples dimensions de la vie sociale. En effet ces trois parties correspondent à plusieurs aspects à étudier en même temps, même si il conviendra d’établir des priorités dans le temps ( b ).

Démarche méthodologique

La méthodologie doit permettre de saisir les principaux éléments du projet. Tout d’abord une analyse de la littérature scientifique portant sur les phénomènes de marginalisation et sur l’intégration sociale couplée à celle concernant les aspects sociaux du milieu technique et du secteur économique. Ensuite une étude de terrain sur les phénomènes de marginalisation et sur l’intégration sociale. Enfin une étude terrain sur les espaces de gratuité

Analyse de la littérature scientifique

Dans cette partie il s’agira d’approfondir les relations entre l’intégration sociale, la marginalisation10, le milieu technique et le secteur économique. C’est-à-dire, d’abord, mener une recherche bibliographique sur l’ensemble des phénomènes relevant de la déviance, en ciblant plus précisément celles concernant les situations de marginalisation et d’exclusion. Cela permettra de mieux cerner le type d’individu désigné par ces termes et de repérer les obstacles à l’intégration sociale mis en avant par les chercheurs. Dans un second temps, il conviendra de rassembler les publications sur les conséquences sociales et institutionnelles du milieu technique et du secteur économique. Cela servira à croiser les conclusions des différents champs de recherche afin de repérer les principaux liens que ces phénomènes entretiennent. Ceux-ci constitueront alors des repères théoriques pour la suite du travail : c’est en effet ce qui déterminera en partie le type de données qui devra être recueilli dans la partie empirique. Enfin, cette partie théorique devra être poursuivie tout au long de la partie empirique car elles s’informent mutuellement.

Étude de terrain sur la marginalisation

Les relations théoriques entre la marginalisation, le milieu technique et l’économie qui auront été sélectionnées permettront de savoir ce qui devra être recherché sur le terrain : ces relations peuvent-elles être observées dans la réalité ? Le recueil de données empiriques s’effectuera principalement sur le territoire relevant de la compétence de l’association de prévention spécialisée au sein de laquelle la thèse sera réalisée. Pour cela, trois moyens seront privilégiés11. D’abord une description des différents aspects du territoire : population qui y vit, population considérée comme déviante ou marginale, dispositifs institutionnels et associatifs visant à agir sur ces situations, histoire sociale du territoire, caractéristiques économiques du territoire et de sa population, etc. Ensuite il s’agira de mener une enquête ethnographique sur certains individus12 pouvant être considérés comme marginaux. Les différentes actions de l’association permettront en partie de savoir quelles personnes correspondent au type visé et d’entrer plus facilement en contact. Concrètement il sera nécessaire de passer du temps avec elles, afin de décrire et d’analyser, le plus finement possible, la façon dont elles vivent, les représentations qu’elles ont d’eux-mêmes, du territoire, des dispositifs d’aide sociale, etc. Enfin, il conviendra de mener des entretiens semi-directifs avec ces jeunes et certaines personnes plus âgées en situation de marginalité13. En partie directifs afin de pouvoir questionner, dans leur expérience, les éléments qui auront été relevés dans la partie théorique, en partie libres afin de laisser place aux aspects qui n’auraient pas été envisagés. Enfin, l’ensemble des éléments recueillis dans cette partie devra toujours être mis en relation avec la partie théorique.

Étude de terrain sur les espaces de gratuité

Les espaces conviviaux de gratuité seront envisagés comme des dispositifs en « rupture » avec les caractères du milieu technique et du secteur économique qui peuvent représenter des obstacles à l’intégration sociale : dans quelle mesure et comment un espace de gratuité conçu comme outil convivial peut-il agir sur le contexte de production des situations marginales ? Pour répondre à cette question, la construction d’un modèle théorique d’espace convivial de gratuité s’avérera pertinente, de manière qu’il représente bien l’alternative recherchée.

Différents lieux de ce type ont été mis en place en France14, bien qu’il n’existe pas pour le moment de répertoire complet permettant de les dénombrer. Un première carte accessible gratuitement a été réalisée par l’association « Gratilib » au début des années 2010, reprise ensuite par quelques chercheurs du CNAM à la fin des années 2010, mais qui n’a pas été publiée. En effet, l’accélération de la création de ce type d’espace n’a pas encore été traitée de manière systématique. Néanmoins, Mr. Grassineau, membre de l’équipe d’éducateurs que j’intégrerai est aussi le fondateur de Gratilib et a donc une connaissance large de ce mouvement, grâce à son activité associative et de recherche portant sur la gratuité. Il m’apportera donc une aide précieuse dans cette partie du travail.

En effet il s’agira de comparer plusieurs espaces entre eux, pour ensuite évaluer les impacts sociaux de ces derniers selon leur plus ou moins grande proximité avec le modèle. Pour établir ce dernier, il faudra se demander en premier lieu ce que précisément l’outil convivial représente par rapport au milieu technique et dans quelle mesure est-il une alternative aux médiations techniques ? Ensuite dans quelles conditions un espace de gratuité corresLa troisième année sera consacrée principalement à la rédaction de la thèse. Néanmoins un temps sera nécessaire pour poursuivre et terminer les enquêtes de terrain commencées l’année précédente. pond-il à un outil convivial ? Une fois le modèle obtenu, il s’agira de sélectionner quelques espaces en les contextualisant : sur quel type de territoire sont-ils implantés ? Une fois ces derniers mis en lien avec leur environnement, il conviendra de voir, concrètement, ce qu’ils permettent ou non, ce qu’ils favorisent, au niveau des différents aspects des processus d’intégration sociale analysés au préalable comme liés au milieu technique. À partir de la définition de l’intégration sociale permise par les deux premières parties de la méthodologie, l’analyse de l’impact d’un espace de gratuité sur les divers aspects des processus d’intégration pourra être menée. Pour cela une série d’entretiens semi-directifs permettra de questionner les usagers de ces espaces, dans le but d’en repérer l’utilité par rapport aux obstacles à l’intégration et explorer les autres possibilités ouvertes par ce type convivial d’échange non-marchand et non-monétaire. Par ailleurs, il s’agira aussi de s’intéresser aux dimensions sociales du don, celui-ci étant partie intégrante du type d’échange faisant l’objet de l’analyse. Parmi les espaces de gratuité qui seront choisis, celui mis en place par l’association de prévention sera privilégié comme terrain d’étude car il se situe sur un territoire qui aura été analysé plus qu’un autre et qui rencontre des problématiques marquées par la marginalisation et l’exclusion. De plus, celui-ci a été explicitement conçu comme « outil convivial » : il correspond donc le mieux aux objectifs de la recherche. En outre, il a été pensé pour analyser la spirale de la violence dans plusieurs quartiers du XIXème et du XVIIIème arrondissement de Paris et pour modifier certaines dynamiques sociales qui contribuent à alimenter des rivalités entre quartiers. Il a donc été élaboré pour agir sur certaines formes de marginalité. Enfin, c’est à cet endroit que le contact avec des groupes marginalisés pourra être le plus facilement établi, du fait de l’expérience des éducateurs de rue et de ma présence prolongée sur le territoire.

Calendrier prévisionnel

Le calendrier prévisionnel est établi afin d’avoir une certaine vue d’ensemble dans le temps des étapes à suivre. Il pourra subir néanmoins quelques modifications en fonction du déroulement de la recherche.

Première année

Il s’agira principalement, au début de ce travail, de mener l’analyse de la littérature scientifique évoquée dans la partie précédente15. En effet cette première étape correspond à l’affinage des concepts par la critique. De manière générale l’intégration sociale, la marginalisation et les conséquences sociales du développement du milieu technique et de l’économie marchande seront questionnés grâce à la sélection des études portant sur ces thèmes. Des recherches sur les espaces de gratuité seront aussi menées, en développant notamment des contacts avec des personnes impliquées dans ces initiatives. Ce premier volet de la recherche amènera alors à écrire une synthèse théorique des éléments qui auront été repérés dans l’analyse et permettra aussi de préciser la méthodologie, notamment les éléments empiriques qui devront être recueillis. Néanmoins durant cette première année l’étude de terrain sera aussi entamée : l’espace de gratuité mobile est mis en place depuis plusieurs mois et j’y participe déjà activement, c’est pourquoi il conviendra de continuer à suivre son évolution, par exemple en poursuivant la rédaction des comptes-rendus des sorties ( cela s’effectuera d’ailleurs tout au long de la thèse étant donné que les impacts d’une telle action se perçoivent sur un temps relativement long ). Enfin, je participerai aussi à d’autres actions éducatives de l’association afin d’entrer en contact le plus tôt possible avec les personnes qu’il conviendra d’interroger plus tard. Recueillir les différents aspects qui caractérisent le terrain de l’association sera aussi une activité de recherche qui débutera lors de cette première année.

Deuxième année

Il conviendra en premier lieu de rédiger un rapport d’étape faisant le bilan de la première année de recherche. Ensuite, l’analyse de la littérature scientifique passera au second plan, de manière qu’il soit possible de se concentrer le plus possible à l’étude de terrain. Le territoire sera alors bien mieux connu et les entretiens pourront être préparés afin d’interroger, au cours de l’année, les personnes considérées comme marginales, ayant été repérées au cours de l’année précédente à travers ma participation aux actions de l’APSAJ. Le modèle théorique de l’espace convivial de gratuité devra aussi être construit. Après avoir progressé dans ces directions, il s’agira de se rendre dans différents espaces de gratuité pour comparer leurs impacts, à travers une analyse de leur fonctionnement et de leurs objectifs. Des entretiens avec les usagers seront aussi effectués. Cette seconde année permettra donc de tester la méthodologie et d’évaluer sa pertinence par rapport aux objectifs de la recherche et par rapport aux éléments théoriques. Des rectifications pourront être apportées si nécessaire, au niveau des concepts et de la méthode. Un rapport d’étape pourra alors être rédigé.

Troisième année

La troisième année sera consacrée principalement à la rédaction de la thèse. Néanmoins un temps sera nécessaire pour poursuivre et terminer les enquêtes de terrain commencées l’année précédente.

Bibliographie

Ouvrages

  • Basaglia. F, La majorité déviante, Paris, 10/18, 1976
  • Becker. H.-S, Outsiders, Paris, Métailié, 2021
  • Bouhouia. T, La contre-productivité des institutions socio-éducatives. De l’émancipation à l’assignation, Paris, L’Harmattan, 2015
  • Bouhouia. T, Le « refus de relation » un problème pour notre société. Les contradictions des organisations à visée émancipatrices, Paris, L’Harmattan, 2017hristophe
  • Caillé. A, Anthropologie du don, Paris, La Découverte, 2007
  • Castel. R, Les métamorphoses de la question sociale, Paris, Fayard, 1995
  • Castel. R, La montée des incertitudes, Paris, Seuil, 2009
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  • Cérézuelle. D, La technique et la chair, Paris, L’échappée, 2021
  • Chesneaux. J, De la modernité, Paris, La Découverte, 1983
  • Damon. J, L’exclusion, Paris, P.U.F, 2014
  • Dubey. G, Gras. A, La servitude électrique, Paris, Seuil, 2021
  • De Rougemont. D, L’avenir est notre affaire, Paris, Stock, 1977
  • Durkheim. E, De la division du travail social, Paris, P.U.F, 2011
  • Ellul. J, La technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Economica, 2008
  • Ellul. J, Le système technicien, Paris, Le cherche-midi, 2012
  • Ellul. J, Déviance et déviants, Toulouse, érès, 2013
  • Ellul. J, Charrier. Y, Jeunesse délinquante, des blousons noirs aux hippies, Nantes, Éditions de l’AREFPPI, 1985
  • Ellul. J, Le bluff technologique, Paris, Hachette, 1988
  • Friedmann. G, 7 études sur l’Homme et la technique, Paris, Société nouvelle des éditions Gonthier, 1966
  • Friedmann. G, Où va le travail humain ?, Paris, Gallimard, 1963
  • Gras. A, La fragilité de la puissance, Paris, Fayard, 2003
  • Gras. A, Les macro-systèmes techniques, Paris, P.U.F, 1997
  • Gras. A, Poirot-Delpech. S, Grandeurs et dépendance, sociologie des macro-systèmes techniques, Paris, P.U.F, 1993
  • Hottois. G, Simondon et la philosophie de la « culture technique », Bruxelles, De Boeck, 1993
  • Hottois. G, Le signe et la technique, Paris, Aubier, 1984
  • Illich. I, La convivialité, Paris, Seuil, 1973
  • Jarrige. F, Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences, Paris, La Découverte, 2014
  • Latour. B, Aramis ou l’amour des techniques, Paris, La Découverte, 1992
  • Latour. B, La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1988
  • Laville. J.-L. et al., Vers un nouveau contrat social, Paris, Desclée de Brouwer, 2000
  • Laville. J.-L., Cattani. A.D., Dictionnaire de l’autre économie, Paris, Gallimard, 2006
  • Le Breton. D, L’adieu au corps, Paris, Métailié, 2013
  • Maisonneuve. J, « Chapitre II. Le problème de la cohésion. Conformisme et déviance », Jean Maisonneuve éd., La dynamique des groupes, Paris, P.U.F, 2018
  • Mattelart. A, Vitalis. A, Le profilage des populations, Paris, La Découverte, 2014
  • Mumford. L, Technique et civilisation, Paris, Éditions Parenthèses, 2015
  • Mumford. L, Les transformations de l’homme, Paris, Encyclopédie des nuisances, 2008
  • Ogien. A, Sociologie de la déviance, Paris, P.U.F, 2012
  • Rey. O, Leurre et malheur du transhumanisme, Paris, Desclée de Brouwer, 2020
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  • Simondon. G, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 2012
  • Szabo. D, Déviance et criminalité, Paris, Armand Colin, 1970
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Articles

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  • Bucolo. E, « Les gratiferias, des initiatives de réemploi et de consommation alternatives », Terrains et Travaux, 2017/2, n°31, pp. 109-128
  • Cérézuelle. D, « Une nouvelle théodicée ? Remarques sur la sociologie des techniques de Bruno Latour », Revue du MAUSS, vol. 54, no. 2, 2019, pp. 367-393
  • Dubey. G ( 2018 ). « Chapitre 1. Approche sociologique. Technocare : un enfer pavé de bonnes intentions ? » in Hélène Prévôt-Huille éd. « L’avenir des Silver Tech : conception, usage, évaluation », pp. 27-42, Rennes, Presses de l’EHESP.
  • Dubey. G, « Les relations sociales à l’aune de la réalité virtuelle », Quaderni, 1996, n°28, pp.37-46
  • Godrie. B et al., « Repenser la marginalité sociale », Sciences et actions sociales, 2017/2, n°7, pp. 24-43
  • Groenemeyer. A, « La normativité à l’épreuve. Changement social, transformation institutionnelle et interrogation sur l’usage du concept de déviance », Déviance et société, vol.31, n°4, 2007, pp. 421-444
  • Macilotti. G et al., « Normes, déviances et nouvelles technologies : entre régulation, protection et contrôle », Sciences et actions sociales, 2019/2, n°12, pp. 1-9
  • Merton. R-K, « Structure sociale, anomie et déviance », in Szabo. D, Déviance et criminalité, Paris, Armand Colin, 1970, p. 132
  • Mezena. S et al., « Faire vivre et sentir les risques pour les transformer », Sciences et actions sociales, 2019/2, n°12, pp. 112-141
  • Ogien. A, « La formulation du jugement de déviance. De la théorie de la désignation à la sociologie cognitive », Déviance et société, 2020/2, vol.44, pp. 233-248
  • Peretti-Watel. P, « théories de la déviance et délinquance auto-reportée en milieu scolaire », Déviance et société, Vol.25, n°3, 2001, pp. 235-256
  • Pourtau. L, « La subculture technoïde, entre déviance et rupture du pacte hobbésien », Société, vol.n°90, n°.4, 2005, pp. 71-87
  • Stern. M, « Le reggae, remède contre la marginalisation ? Construction de la jeunesse urbaine à travers la musique ( Port-Vila ) », Journal de la Société des Océanistes, 144-145/2017, pp. 117-130
  • Szabo. D, « Urbanisation et criminalité » in Szabo. D, Déviance et criminalité, Paris, Armand Colin, 197

Notes

1 Comme en témoigne cet article : Bucolo. E, « Les gratiferias, des initiatives de réemploi et de consommation alternatives », Terrains et Travaux, 2017/2, n°31, pp. 109-128. De manière générale, les espaces de gratuité sont créés par des associations, par exemple celle nommée « Gratilib » qui existe depuis 2010. C’est aussi le cas de l’association dans laquelle se déroulera le travail de recherche, mais il s’agit d’un cas particulier et original étant donné son objectif social de prévention.

2 Les termes varient selon les auteurs, tous ne parlent pas de « milieu technique ». Cependant ce terme semble être, à ce stade, le plus utile pour présenter le projet en général. Il s’agira en effet d’analyser ensuite, au cours de la thèse, les intérêts et les limites des différents concepts utilisés pour penser le rôle des techniques dans la société contemporaine.

3 Turkle. S, citée dans Dubey, Gras, 2021, p. 290

4 Il ne s’agit d’opposer ces deux pôles mais de montrer que l’existence du pôle non-marchand et non-monétaire, dans lequel les dimensions sociales, techniques et économiques sont fortement imbriquées, est essentiel pour le développement et la transmission d’un ensemble symbolique et pratique nécessaire à l’intégration sociale.

5 D’abord créée par des particuliers, de manière relativement informelle, à partir des années 1950, la prévention spécialisée s’institutionnalise le 4 Juillet 1972 avec le décret « club et équipes de prévention ». Certains principes guident l’action des éducateurs depuis le départ, notamment l’absence de mandat nominatif, la libre adhésion et le respect de l’anonymat. Il s’agit en outre d’agir, sur un territoire, de façon globale afin de prendre en compte le contexte général des phénomènes à prévenir.

6 En partenariat avec l’association Gratilib, le CEDREA, l’ IRTS Paris Parmentier et le LISRA.

7 Cette notion est développé dans Illich. I, La convivialité, Paris, Seuil, 2014

8 Cela sera évoqué dans la partie « méthodologie ».

9 Les détails de son fonctionnement, les comptes-rendus de ses sorties et les réflexions dont il fait l’objet sont notamment publiés sur ce site : https://edgmobile.hypotheses.org/

10 À cet effet, l’aide qu’apportera le responsable scientifique au sein de l’ APSAJ, Mr. Bouhouia, grâce à son expérience dans le domaine de la prévention spécialisée depuis plusieurs dizaines d’années et à son travail de recherche portant sur les relations entre les jeunes marginaux et les institutions socio-éducatives, s’avérera très utile.

11 Cela s’effectuera avec l’aide de l’équipe d’éducateurs que j’intégrerai, tous membres du laboratoire « ligne de crête » mentionné dans l’introduction, c’est-à-dire attachés à penser leurs pratiques et à analyser les situations sociales sur lesquelles ils agissent, avec une démarche sociologique.

12 Essentiellement des groupes de jeunes visés par l’association de prévention, bien qu’il faudra aussi envisager d’autres situations. Ces dernières pourront être abordées grâce à la présence de personnes de tout âge sur les espaces de gratuité.

13 La marginalisation ne se limitant pas aux jeunes, il serait pertinent d’élargir le type de personne à interroger. Pour cela il sera nécessaire d’aller à certains endroits ou se rendent ces personnes, afin d’entrer en contact avec elles. Ces endroits seront choisis avec l’aide des éducateurs d’une part et en fonction de la description du territoire qui aura été faite, d’autre part.

14 Deux à ma connaissance, dont celui de l’APSAJ, ont été conçus à partir de la notion d’outil convivial. Cependant bien d’autres existent, chacun avec des objectifs particuliers : solidarité, écologie, etc.

15 En parallèle de ce travail et ce tout au long de la thèse, la participation aux séminaires du laboratoire permettra d’échanger avec d’autres chercheurs à propos de mon travail mais aussi du leur, ce qui permettra de confronter les points de vue et partager les expériences de recherche.



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