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L'intérêt de la mobilité dans les espaces de gratuité Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique) Création de la page: 23 juin 2022 / Dernière modification de la page: 31 juillet 2022 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau
Résumé : Texte extrait d'un projet initialement rédigé durant l'été 2020.
Les espaces de gratuité mobiles se caractérisent par leur simplicité, leur faible coût et potentiellement une diffusion facile à mettre en œuvre. Examinons pourquoi. Les avantages de la mobilitéSi elle est nécessaire dans certains cas, la sédentarité des espaces de gratuité conventionnels peut s’avérer limitante. La mobilité d’un espace de gratuité présente alors des avantages pratiques incontestables par rapport à un « local » fixe. Des coûts allégés et une maintenance simplifiéePremier avantage, les coûts d’acquisition et de fonctionnement sont faibles (hors frais d’essence) comparativement à un local. Deuxième avantage, la maintenance est simplifiée :
Un aspect encore plus ludiqueL’aspect ludique, comparativement à un espace de gratuité, peut se trouver renforcé par les points suivants.
D'une manière générale, il permet d'interagir dans l'environnement urbain ou rural de façon dynamique, pacifique et ludique. Une meilleure couverture géographiquePar principe, un espace de gratuité mobile jouit d’une meilleure couverture géographique qu’un espace de gratuité fixe. Sa sphère d'influence couvre les lieux où il circule et où il stationne. D’où plusieurs possibilités élargies. Ne pas limiter l'impact direct à une seule zone géographiqueÀ priori, l'impact en terme d'échanges effectifs, de disponibilité des affaires, de visibilité et de personnes sensibilisées à la question de l'économie non-marchande est plus large géographiquement parlant6. Occuper des lieux normalement « sans espaces de gratuité »Par exemple, des marchés forains, des parkings de grande surface, etc. À condition de pouvoir contourner les limitations réglementaires parfois dissuasives ! L'intérêt est ici clair. Il s'agit d'accroître l'espace non-marchand et l'amener dans des endroits où il n'est pas « attendu ». CartographierC'est l'un des objectifs fondamentaux que l'on peut fixer aux espaces de gratuité mobiles. L'action de cartographie peut alors cibler :
La liste n'est bien sûr pas exhaustive. Construire et enrichir d'autres espaces de gratuitéAu fur et à mesure qu'il se déplace, l'espace de gratuité mobile peut contribuer à la création ou à l'élargissement d'espaces de gratuité. Deux options sont par exemple envisageables.
Faire connaître la gratuitéL'intérêt d'un espace de gratuité mobile semble clair du point de vue de la diffusion des idées. En allant directement à la rencontre des usagers, il facilite notamment :
De plus, l'impact est sans doute différent du point de vue des représentations sur l’économie du don (on vient vous proposer, vous ne devez pas aller chercher, demander, etc.) et du point de vue du « service public », normalement perçu comme un service de proximité. Alimenter l'espace de gratuité mobile et redistribuer les ressources gratuitesDeux types d'actions sont d'ores et déjà envisageables :
Réaliser des activités dans la rueLe format étant plus souple, il permet d'accueillir plus simplement et de façon plus ouverte qu’à l’intérieur d’un local :
Améliorer la viabilité financièreDe meilleures perspectives de « revenus » que dans un local fixe, dans la mesure où le dispositif touche d’avantage de monde, ce qui accroît les possibilités de ressources pour l’association, et il peut être déplacé pour des prestations payantes. Expérimenter sur l'échange et le déplacement du contenantLe déplacement et le transfert d’usage du contenant peut potentiellement obéir à des règles d’échange ou de circulation qui sont proches de celles des objets présents dans un espace de gratuité (par exemple les objets parfois dits « nomades », qui contiennent une condition et un mécanisme incitant à faire circuler gratuitement l’espace de gratuité mobile). Intérêt en terme de rechercheIls sont de trois ordres :
Nous avons eu confirmation de certains de ces aspects « pratiques » dans un dispositif expérimental que nous avons conçu et commencé à tester en 2018 et 2019 : un magasin gratuit itinérant installé dans une caravane, la caravane de la gratuité, qui s’est déplacé dans une zone allant des Corbières à l’Ariège avec un passage dans la Drôme durant le Festival de la Gratuité (2018). Formes et mise en œuvre de la mobilitéComment le dispositif peut s’insérer dans la pratique ? La recherche-action : une démarche adéquateLa méthode la plus adéquate pour développer un espace de gratuité mobile adapté au programme de ceux qui le déplacent, aux contraintes imposées par le terrain et aux multiples possibilités d'action, requiert une approche systémique. Les outils forgés au sein de la recherche-action sont à ce titre particulièrement pertinents. Ils permettent de prendre en compte les multiples dimensions et chemins possibles ouverts par un projet d'espace de gratuité mobile, sans en exclure aucune et tenter de les relier entre elles dans une démarche réflexive. Pourquoi se déplacer ? Comment ? Quelles finalités, quels sens donner collectivement à la mobilité et au voyage ? Et comment rattacher ce sens à d'autres pratiques de mobilité ? Toutes ces questions sont très complexes et gagnent à être inscrites dans une démarche de recherche holistique. C'est ici que la recherche-action prend tout son sens car elle permet notamment de poser un cadre éthique sur lequel la recherche (construction et diffusion de connaissances) et l'action vont se construire. L'espace de gratuité peut alors tendre vers un espace de gratuité mobile convivial, au sens d'Illich, qui :
La formeL’outil principalConcrètement, le dispositif peut prendre de nombreuses formes. Nous avions expérimenté, avec l'association GratiLib, de petits espaces de gratuité mobile sur les marchés dès 2010, à l'aide de caddies ou de petits chariots. En 2014, nous avions pour projet d'installer une barge gratuite tractée par un bateau sur le canal du midi (secteur toulousain), mais finalement, le projet ne vit pas le jour. En pratique, la plupart des moyens de transports aptes à recevoir des « marchandises gratuites », et visitables, peuvent convenir. Retenons néanmoins deux formats qui paraissent intéressants.
Les outils annexes.Ces dispositifs peuvent, et c'est même préférable pour faciliter la communication et la localisation de l'espace de gratuité mobile, être accompagnés :
Les actionsLes différents dispositifs (vélos et caravane) peuvent avoir en commun trois fonctions :
Concernant la caravane proprement dite :
Concernant les vélos, ils fournissent intrinsèquement un outil au service de la mobilité gratuite. La caravane peut se déplacer avec une régularité qui permet d’identifier des jours de passage, mais la caravane elle peut aussi amenée à intervenir dans différentes structures d’accueil ou d’autres lieux intéressants : quartiers, cafés associatifs, marchés, festivals, etc. Notes1 En supposant, toutes choses égales par ailleurs, que la « quantité de rangement » nécessaire à l'obtention d'un résultat donné croisse avec la surface ou le « volume de stockage ». En pratique, les choses s'avèrent parfois plus complexes. D'autres paramètres peuvent intervenir : organisation, nombre d'espaces de rangement (étagères, armoires, etc.), accessibilité, supports, etc. ⇑ 2 Il s'agit d'un des problèmes récurrents dans les espaces de gratuité ouverts au don des usagers. ⇑ 3 En pratique, on économise potentiellement sur deux actions relativement énergivores. 4 Les frais « d’hivernage » sont relativement modestes pour une caravane, sans être nuls pour autant. À cela peut s'ajouter des interdictions de stationnement qui pèsent aujourd'hui sur les habitats légers (même sur un terrain privé). ⇑ 5 Encore faut-il remarquer que cette caractéristique ne doit pas grand chose à la mobilité proprement dite, mais plutôt au format en tant que tel. ⇑ 6 L'expérience que nous avons des magasins gratuits montre à ce sujet que leur impact est fortement lié à la proximité du lieu de résidence des personnes qui y viennent. La logique est à peu de choses près la même que celle qui prévaut dans des structures marchandes. ⇑ 7 La cartographie peut notamment cibler des arbres fruitiers, des zones de cueillettes, des barbecues en libre-accès, des espaces de camping sauvage, etc. ⇑ 8 Pour plus de détails, voir « Quelle plateforme numérique pour un espace de gratuité mobile ? », GratiLab, 23 juin 2022. ⇑ Catégories: Économie non-marchande, Mobilité non-marchande
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