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Carnet de voyage de la caravane de la gratuité - Août 2022 - I. Les préparatifs.

Auteurs : Benjamin Grassineau (voir aussi l'historique)
Date de création de l'article : 04-12-2022 17:26
Rubrique: Les espaces de gratuité mobiles
Etat de la rédaction: finalisé
Droit de rédaction : ouvert
Licence : Licence culturelle non-marchande


Création de la page: 04 décembre 2022 / Dernière modification de la page: 17 décembre 2022 / Propriétaire de la page: Benjamin Grassineau


Résumé : Restitution du carnet de voyage de la caravane de la gratuité durant l'été 2022, accompagnée de commentaires à posteriori.



20 juin 2022

[ Lors d'une rencontre avec Jmad, je lui demande s’il connaît quelques lieux alternatifs où nous pourrions aller avec la caravane de la gratuité. Ci-dessous la liste que j'ai notée. ]

  • Ferme légère (Béarn).
  • La Tour du bourreau (Pau)
  • École alternative (Jurançon)
    • + Écolieu
    • + Fondation suisse

Rédaction à posteriori (4 décembre 2022).

Si mes souvenirs sont bons, je croise Jmad à la terrasse du Grand Café sur la place de la République située à Limoux. Nous prenons un café ensemble et je lui parle de la caravane de la gratuité.

J’ai rencontré Jmad à Pau dans une auberge de jeunesse, en 2019 ou en 2020. Je l’avais alors ramené en stop jusqu’à la haute-vallée de l’Aude. Étais-je alors déjà dans une sorte de « voyage-dérive… » ? Toujours est-il que j’étais sans mon ex-compagne Sarah. Nous étions déjà en période de crise, et j’ai donc gardé un souvenir plutôt morose de ce voyage avec les enfants. Je souligne ce point car à contrario, le voyage avec la caravane de la gratuité a eu sur moi un effet réparateur.

Il est vrai que nous nourrissions le projet de partir avec Sarah dans un voyage de ce type depuis de nombreuses années - enfin surtout moi. Nos premières transhumances urbaines, et notamment celle où nous vivions sur un bateau en gardant les chèvres le long du canal du midi, et au préalable mon envie de réaliser un voyage assez proche en bateau1, s’inscrivaient dans cette aspiration de voyage intégral, de voyage où l’on se laisse porter par la vie et où la stabilité s’affirme dans le couple. Peu avant notre séparation, j’espérais que nous continuerions dans cette lancée. Je lui avais proposé qu’on voyage durant l’année tout en gardant un pied à terre. J’ai d’ailleurs recommencé à travailler dans cette optique.

Utopie ? Projet d’une vie trop déstructurée dans laquelle elle se gardait d’entrer ? Je l’ignore. Peut-être surtout qu'elle ne se voyait pas de la faire avec moi... cette vie. Et là résidait le nœud de la discorde. En tous les cas, je constate qu’avec elle, cette vie nomade n’a pas fonctionné, comme notre vie commune. Mais alors, pas du tout !

Maintenant, je m’interroge. Comment la dérive aurait-elle pu nous conduire vers la réparation ? Pouvait-elle vraiment nous porter vers la renaissance d’une histoire d’amour qui chavirait déjà ? Hélas. Je crois que je m’accrochais alors à une bouée percée. Car le vent ne pousse plus pour très longtemps les bateaux qui coulent…

Mais alors, un autre point me questionne. Comment la dérive avec la caravane de la gratuité a-t-elle pu m’aider à me reconstruire, alors que m'enfonçais dans l'errance, profondément blessé par cette séparation très douloureuse, qui venait achever une histoire faite de déceptions, de tentatives ratées, d’espoirs abandonnés, le tout noyé dans une déprime nourrie par le regret d'une vie de famille partie en poussière ? Pourquoi et comment ce voyage m’a-t-il aidé à reprendre le « goût de la vie », pour ainsi dire ? Je dois bien l’admettre, de ces deux années sombres qui marquent ma séparation, je ne garde que lui comme bon souvenir. Il m’a aidé à sortir de cette impasse qui se refermait sur moi.

Était-ce parce que je renouais avec ma « vraie nature » ? Jusqu’à mon arrivée à Puivert, ma vie avait été marquée par le nomadisme. Une enfance nomade, où j'étais sans cesse trimbalé à droite à gauche… Et pourtant, en vérité, je n’ai jamais ressenti un besoin de stabilité géographique. Bien au contraire.

Pour aller au delà de mon cas particulier, je crois qu'il y a en arrière-plan une dialectique qui me paraît difficilement saisissable objectivement (j’entends par là qu’elle repose sur une expérience très « subjective ») entre l’immatérialité des corps qui se meuvent et la matérialité de l’esprit qui s’enracine. À mesure que le corps dérive, l’esprit, accédant à une multitude d’expériences, se stabilise autour d’un « point », d’une « région » qui ne dépendent pas du lieu présent et des conditions de vie immédiates. Il existe un déplacement de l’identité dans le nomadisme, mais aussi un renforcement de l’identité autour de points d’ancrage, qui peut s’appuyer sur l’écriture, notamment.

Il me semble alors important d’établir une distinction entre d'un côté, l’errance, la perdition, et de l'autre, la dérive ; au même titre qu’il est important de bien différencier pauvreté subie et pauvreté volontaire. Les deux n’étant d’ailleurs pas étrangers. En effet, le nomadisme enrichit-il ou appauvrit-il ? Je ne prétends pas répondre ici à une question socio-économique aussi complexe. Je me bornerai à noter que de fait, il enrichit en rencontres, en échanges, en capital relationnel, éventuellement en patrimoine immatériel, tandis qu’au contraire, il appauvrit en terme de patrimoine matériel, puisqu’en voyageant, on ne peut trop se charger. Mais c’est sans doute plus complexe, car patrimoine individuel et disponibilité des ressources pour l’usage ne sont pas liés par une relation simple et systématique. On peut par exemple partir en voyage pour trouver des ressources dont on ne dispose pas sur place.

D’où une autre question. La dérive volontaire peut-elle (ou même doit-elle) se faire dans la pauvreté volontaire ou requiert-elle au contraire un minimum de possession. De facto, elle nécessite en tous les cas que le corps puisse être mobile. Ce qui est déjà un élément de réponse. Ajoutons que la dématérialisation du travail, notamment avec l’essor du télé-travail rabat également les cartes.

2 juillet 2022

Nous venons d’avoir une visio avec Camille, Charles et Julien pour planifier un peu le voyage. Nous avons surtout abordé des questions pratiques. Comment se déplacer ? Est-ce qu’on part à deux voitures ? Qui a le permis ? Qui appeler ?

J’ai donné les contacts de Jmad. Camille et Charles devraient s’en occuper.

Je leur ai également donné un lien vers la page mise à jour de la caravane. Depuis quelques temps, je travaille à sa remise au goût du jour. J’ai notamment pris des parties du projet que j’avais écrit durant l’été 2020 sur le bateau à Sète. Période où j’étais encore avec Sarah. Hélas, Sarah ne participera plus à de telles actions. Cela me rend triste et me rappelle à quel point la caravane de la gratuité est l’aboutissement d’un projet que nous avions créé à deux et dont toutes les bases étaient jetées dès 2010, au Café Citoyen [ il s’agissait, en gros de proposer une alternative gratuite, ou un équivalent gratuit, à tout ce qui est payant – et quand je dis tout, c’est Tout ! Soit en répertoriant et en faisant connaître ce qui est déjà gratuit, soit en créant de nouveaux espaces de gratuité qui venaient directement concurrencer l’économie marchande. ].

Nous étions alors des avant-gardistes et tout ce que nous entreprenions soulevait un vent mauvais de scepticisme. Mais je ne me suis jamais démobilisé. Je n’en dirais pas autant de Sarah qui, dès 2013 s’est tourné davantage vers l’élevage. Quoi qu’il en soit, le projet continue de m’enthousiasmer [ ou plutôt devrais-je dire, me passionner. Tout le reste m’apparaissant encore aujourd’hui quasiment dénué d’intérêt ! ]. Je mourrai avec cette obsession. Sans aucun doute !

Je leur explique que la semaine dernière j’ai vidé la plupart du contenu. En pratique, au moins six ou sept fois le siège passager de ma voiture rempli. Des habits, de la vaisselle… Des rats ou des souris s’étaient installés.

Il y a environ deux semaines, nous avons décidé de l’itinéraire avec Charles. Petite anecdote. Il préférait le faire sur une carte papier. Son côté anti-technique… Et de fait, il s’avère qu’il est devenu difficile de se procurer une carte routière. J’ai dû aller en chercher une à la FNAC. Petite entorse au principe du financement par l’économie non-marchande.

Nous avons ensuite tergiversé. Aller côté Cévennes, Massif central ? Il nous a en tous les cas semblé évident qu’il valait mieux éviter la côte. Trop fréquentée.

Notes

1 J'avais à ce moment pour projet d'installer une barge flottante avec un espace de gratuité, tractée derrière le bateau. Ce projet est tombé à l'eau, pour ainsi dire !

La suite du voyage... >>




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