Quelques propositions d'alternatives face à la marchandisation croissante des activités dans les groupes non-sco

Cette année, le questionnement sur les formes d’échanges possibles et souhaitables pendant les rencontres non-sco s’est posé collectivement.

D’abord en amont par mails, puis sur place lors d’une première discussion (d’une petite dizaine de participant.es) à l’issue de laquelle une réunion de travail de trois personnes a eu lieu. Cette dernière a permis d’approfondir le sujet et d’amorcer une dynamique de propositions concrètes, lesquelles ont été présentées et enrichies lors d’une deuxième discussion avec trois autres nouvelles et nouveaux participant.es.

Et enfin maintenant par ce compte rendu qui vise à poursuivre l’élan afin que mûrisse encore d’ici les prochaines rencontres de nouvelles envies d’expérimentations joyeuses sur le sujet épineux de la valeur et de la monnaie ;-) En IEF, n’avons-nous pas tous.tes la culture commune de la puissance du jeu pour traverser bon nombre de situations tendues ?

• Un premier constat est l’inconfort suscité par l’augmentation constante de propositions monétisées qui contraste avec le refus revendiqué du commerce des toutes premières rencontres. Le biais est que les personnes gênées par ce phénomène ont probablement plus été attirées par la discussion que les autres.
• Un deuxième est que cet inconfort ne se manifeste pas sur les mêmes situations, certaines paraissant acceptables, voire souhaitables aux un.es et pas aux autres (la venue d’un marchand d’alimentation, l’enthousiasme des plus jeunes à « attraper de l’argent »-expression réellement entendues-etc.).
• Le troisième est que globalement quand même, la possession d’argent comme critère de participation, et donc d’exclusion paraît injuste.

Sur ce dernier point, en tant que client.es du camping, se pose également la question de celleux qui ont pu se sentir exclu.es du fait d’une impossibilité à payer leur emplacement.

Voici quelques unes des idées qui ont été amenées.

Ce sont des outils de négociation, des outils de réflexion et des règles collectives qui invitent à ouvrir nos horizons de façon ludique :

Le thermosous

Un dessin ou un objet thermomètre permet de symboliser la somme attendue (pour des raisons à partager : répercussion de coût ?, gratitude monétaire?) et chaque participant.es contribue librement à la somme. Ça ressemble à une mise en scène de l’idée du « prix libre mais nécessaire » avec une notion de « nécessaire » plus ludique et répartie collectivement. Les éventuels surplus pourraient contribuer à une caisse commune assurant un vase communiquant pour un thermosous dont la température n’aurait pas assez monté, donnant ainsi une portée solidaire au dispositif.

Le JEU (Jardin d’Echange Universel)

Système d’échange développé en France, au Québec et en Belgique, il s’agit d’un système d’échange dit souverain et autogéré. Un point JEU correspond à une minute d’attention humaine non qualifiée. Chacun possède un carnet papier qui garde la mémoire de nos échanges (nature et le montant en débit ou crédit). Ce « relevé de transactions» est rempli au fur et à mesure par nos partenaires d’échange, lesquel.les peuvent consulter nos échanges précédent, voire les vérifier.

L’accordage

Le terme est provisoire et modifiable à l’envie !

Outil expérimental d’une participante, il part du constat de la variabilités des ressentis lors de la tentative d’équilibrage que constitue le paiement (éthy payer : « pacifier »).

Dans le cadre d’une situation marchande idéale : l’un se sent débiteur, l’autre créancier, pour un montant identique et avec l’envie de résoudre la dette le plus rapidement possible. Ne pas payer serait un manquement à une dette perçue engendrant un « déséquilibre à pacifier ». Ne pas se faire payer, inversement, engendrerait un déséquilibre par endettement.

Or, les situations vécues sont nettement plus variées : chacun pense que l’autre lui doit ou chacun pense qu’il doit à l’autre, l’un pense devoir et l’autre ne voit pas de déséquilibre etc. Les proportions ne sont également pas toujours équivalentes et bougent même dans le temps (indépendamment des événements du marché boursier ;-) ! L’accordage met en scène les « modèles économiques » en jeu en mettant l’accent sur la conscience de ses ressentis, la curiosité de ceux des autres et la confiance dans l’équilibrage avec une dose finale de hasard. En cela, il invite à envisager toute forme d’issue créative possible dont le transfert de monnaie, le JEU, le troc, le thermosous, la gratuité…

L’idée est de choisir quels possibles sont souhaités par chaque partie et dans quelle proportion, puis de laisser le hasard déterminer la combinaison finale à l’aide d’une toupie, d’un dé…

La version explorée actuellement est le dessin sur papier des choix et de leurs proportions représentés par un diagramme circulaire (le disque est percé en son centre pour être enfilé sur l’axe d’une toupie). Chacun tourne la toupie et les deux résultats sont appliqués.

L’accordage a donné par exemple la constitution d’une caisse commune entre une cliente et des maraîchers pour donner de l’argent à des musiciens au chapeau !

La foire.

En remplacement du marché, cette appellation invite davantage à l’expérimentation (éthy : jour consacré au repos, à la fête). Ce serait un moment dédié à la biodiversité des formes d’échange.

Le tout gratuit.

Revenir à l’absence de prix dans « l’espace public », c’est à dire aucune proposition affichée de vente afin, notamment, de ne pas avoir à gérer les frustrations des plus jeunes et de maintenir la gratuité des apprentissages.

Jeu de la monnaie.

Jeu d’expérimentation en groupe au travers de quatre jeux de 10 minutes avec des cartes pour lesquelles les modalité d’échange varient (don, troc…)

Et aussi

Création de scénettes pour le cabaret, théâtre forum..

Aucune de ces propositions n’est exempte de failles. Le pari serait d’assurer suffisamment de diversité dans les propositions au sein de la rencontre ou d’une rencontre à l’autre pour garder alerte notre curiosité et notre créativité culturelle !

Liens internes

• Instruction en famille VS école non-marchande
• Bibliographie : école gratuite et DIY

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